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Évangile du dimanche - Regards protestants (Regards protestants)

Explorez tous les épisodes de Évangile du dimanche - Regards protestants

Plongez dans la liste complète des épisodes de Évangile du dimanche - Regards protestants. Chaque épisode est catalogué accompagné de descriptions détaillées, ce qui facilite la recherche et l'exploration de sujets spécifiques. Suivez tous les épisodes de votre podcast préféré et ne manquez aucun contenu pertinent.

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1–50 of 301

DateTitreDurée
13 Mar 2020La vengeance et l’amour des ennemis00:13:16
La vengeance et l’amour des ennemis

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13 Mar 2020Être le sel de la terre00:10:51
Être le sel de la terre

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13 Mar 2020Meurtre, adultère, colère… Jésus relit la loi00:14:56

Meurtre, adultère, colère… Jésus relit la loi



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13 Mar 2020Jésus et la Samaritaine00:14:55
Jésus et la Samaritaine

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13 Mar 2020La transfiguration de Jésus expliquée00:13:32
La transfiguration de Jésus expliquée

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13 Mar 2020Jésus tenté par le diable00:15:41
Jésus tenté par le diable

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13 Mar 2020Jésus présenté au temple00:16:04
Jésus présenté au temple

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29 Apr 2020Le bon berger00:21:27
Le bon berger

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04 May 2020Jésus, le chemin de vérité00:16:20
Jésus, le chemin de vérité

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11 May 2020Promesse de l'envoi du Saint-Esprit00:16:07

Promesse de l'envoi du Saint-Esprit



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18 May 2020Prière sacerdotale : l’émouvante prière de Jésus pour ses disciples00:22:11
Prière sacerdotale : l’émouvante prière de Jésus pour ses disciples

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25 May 2020La pentecôte de Jean00:17:36
La pentecôte de Jean

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29 May 2020« Car Dieu a tant aimé le monde... », Jean 3, 16-18 expliqué00:19:59
« Car Dieu a tant aimé le monde... », Jean 3, 16-18 expliqué

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10 Jun 2020Le discours sur « le pain de vie » expliqué00:20:08

Jean 6, 51-58. En prononçant son discours sur « le pain de vie » Jésus choque son auditoire : « Je suis le pain vivant descendu du ciel. Qui mangera de ce pain vivra à jamais. Et le même pain que je donnerai c'est ma chair pour la vie du monde [...] qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour [...] qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. (Jean 6, 56-57). Scandalisée, l'assistance murmure : Ce langage-là est trop fort ! Qui peut l'écouter ! (Jean 6, 60.)

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow tentent d'apporter des pistes de réflexion sur ce passage biblique difficile à comprendre.

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00:07 Lecture de Jean 6, 51-58

01:35 Commentaires du texte biblique

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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17 Jun 2020Se prononcer pour Jésus requiert un oubli de soi00:16:11
Se prononcer pour Jésus requiert un oubli de soi

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22 Jun 2020Préférer Dieu à nos attachements les plus légitimes, est-ce juste ? Matthieu 10, 37-4200:13:55
Préférer Dieu à nos attachements les plus légitimes, est-ce juste ? Matthieu 10, 37-42

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26 Jun 2020La vraie sagesse00:21:56
La vraie sagesse

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06 Jul 2020Réflexions sur la parabole du semeur00:25:53
Cette parabole veut faire réfléchir sur la manière dont chacun écoute la Parole de Dieu et donne chance à cette semence de se développer. Explications de théologiens.

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20 Jul 2020La parabole de la mauvaise herbe commentée00:22:00
La parabole de la mauvaise herbe commentée

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20 Jul 2020En quoi la parabole du trésor caché est une évocation du royaume de Dieu ? Matthieu 13, 44-5200:19:18
En quoi la parabole du trésor caché est une évocation du royaume de Dieu ? Matthieu 13, 44-52

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23 Jul 2020Jésus marche sur les eaux. Matthieu 14, 22-3300:19:08
Jésus marche sur les eaux. Matthieu 14, 22-33

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10 Aug 2020Une femme cananéenne amène Jésus à changer ses plans00:18:24

Une femme cananéenne qui reconnait la place première d'Israël dans le projet de Dieu, a l'audace de revendiquer une place pour elle aussi. Par son insistance cette femme amène Jésus à changer ses plans.

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00:07 Lecture de Matthieu 15, 21-28

01:16 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 15, 21-28.

Production : Fondation Bersier / Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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31 Aug 2020Conflits dans l’Église : oser parler en face00:15:32

Ce qui qualifie l'Église ce n'est pas l'absence de conflit mais comment est-ce qu'elle résout les conflits. L'Évangile propose plusieurs pistes.

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00:07 Lecture de Matthieu 18, 15-20

01:12 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 18, 15-20.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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17 Aug 2020La foi de l’apôtre Pierre mise à l’épreuve00:23:20

Pierre affirme sa foi : Jésus est le Fils de Dieu. C'est le fondement sur lequel se construira la communauté des croyants, l'Église. Explication de Matthieu 16, 13-20.

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00:07 Lecture de Matthieu 16, 13-20

01:25 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 16, 13-20.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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24 Aug 2020Jésus annonce sa passion00:14:55

Reconnaître Jésus comme le Messie, c'est aussi accepter la nécessité de sa mort sur la croix et de sa résurrection.

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00:07 Lecture de Matthieu 16, 21-27

01:27 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 16, 21-27.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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14 Sep 2020On n’achète pas le salut00:15:39

Selon la logique habituelle, la rétribution est proportionnelle à l'effort fourni. Mais Jésus veut montrer que Dieu donne le salut dès lors qu'on le lui demande.

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00:07 Lecture de Matthieu 20, 1-16

02:18 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 20, 1-16.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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07 Sep 2020La parabole du serviteur impitoyable expliquée00:16:32

Complétant ce qu'il a dit sur la façon de désarmer les conflits, Jésus demande ici d'aller jusqu'au pardon illimité. Explications.

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00:07 Lecture de Matthieu 18, 21-35

02:12 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 18, 21-35.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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21 Sep 2020La parabole des deux fils expliquée00:15:54

Jésus reprend son réquisitoire contre le faux comportement religieux qui consiste à dire « oui » à Dieu et à ne rien faire.

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00:07 Lecture de Matthieu 21, 28-32

01:16 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 21, 28-32.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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28 Sep 2020Qui sont les vignerons meurtriers dont parle l’Évangile de Matthieu ?00:17:14

Au travers de la parabole des vignerons meurtriers Jésus dénonce les chefs religieux qui souhaitent se débarrasser de Dieu pour pouvoir vivre comme ils l'entendent.

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00:07 Lecture de Matthieu 21, 33-43

02:03 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 21, 33-43.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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05 Oct 2020Dieu invite : qui répond ?00:14:45

La parabole des noces évoquée dans l'évangile selon Matthieu nous renvoie aux noces de Dieu avec l'humanité. Explications.

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00:07 Lecture de Matthieu 22, 1-14

02:00 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 22, 1-14.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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12 Oct 2020« Rendre à César ce qui est à César »00:13:35

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00:07 Lecture de Matthieu 22, 15-22

01:11 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Michel Barlow commentent le texte biblique de Matthieu 22, 15-22.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow



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19 Oct 2020Jésus résume la loi à deux exigences00:22:28

Jésus surprend les docteurs de la loi en résumant la loi à deux exigences : aimer Dieu et son prochain, tout le reste en découle.

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00:07 Lecture de Matthieu 22, 34-40

00:55 Commentaires du texte biblique

Les théologiens Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Matthieu 22, 34-40.

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Antoine Nouis, Florence Taubmann



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26 Oct 2020La pêche miraculeuse00:15:10

Une avancée en eau profonde qui transforme Simon le pêcheur de poissons en Pierre le pêcheur d'hommes.

Le pasteur Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage Chrétien, pour discuter de Luc 5, 1-11.

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00:07 Lecture de Luc 5, 1-11

01:35 Commentaires du texte biblique :

03:04 Jésus et Simon

04:59 Une pêche surabondante

06:57 La crainte de Dieu

09:39 L’appel des apôtres

Production : Fondation Bersier

Cette vidéo est une rediffusion du 4 février 2019.



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02 Nov 2020La parabole des dix vierges expliquée00:18:31

Cette parabole des vierges folles et vierges sages évoquée dans l’Évangile selon Matthieu, souligne l'importance d'être vigilant dans l'attente. Explications.

Allez directement aux chapitres :

00:07 Lecture de Matthieu 25, 1-13

01:41 Commentaires du texte biblique

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Matthieu 25, 1-13.

Production : Fondation Bersier



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16 Nov 2020Parabole des talents 00:19:23
que faisons-nous de nos talents ? Matthieu 25, 14-30

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16 Nov 2020Le jugement dernier00:21:08

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Matthieu 25, 31-46.

Allez directement aux chapitres :

00:07 Lecture de Matthieu 25, 31-46

02:47 Commentaires du texte biblique

Production : Fondation Bersier

Intervenants : Florence Taubmann, Antoine Nouis



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23 Nov 2020L’appel à la vigilance de Jésus00:08:15

Dans quatre semaines les chrétiens fêteront Noël, la naissance de Jésus. Pour ce premier dimanche de l'Avent, le chapitre 13 de l'Evangile de Marc nous invite à à la vigilance et à l’écoute. Les explications du théologien Antoine Nouis.

Allez directement aux chapitres :

00:07 Lecture de Marc 13, 33-37

00:53 Introduction

01:46 Points d’exégèse

03:51 Actualisation

07:04 Illustration


29 novembre 2020 : Mc 13.33-37 – 1er dimanche de l’avent


Introduction

1er dimanche de l’avent, commencement de l’année liturgique.

Thème de l’avent important pour la théologie car il évoque l’attente, qui est une protection contre tous les intégrismes.

Particularité de la foi chrétienne = Croire en un Dieu que nous attendons, c’est-à-dire que la foi est plus un désir, une aspiration, une attente qu’une capture.

Si Dieu est Dieu, il échappe à toutes les images que nous pouvons nous faire de lui.


Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Au verset 35 :

Veillez donc, car vous ne savez pas quand viendra le maître de maison. Le verbe est au présent en grec : il faudrait traduire : Vous ne savez pas quand vient le maître de maison. La venue du Christ n’est pas un futur mais un présent. (Dans la même veine, le Christ ne revient pas, il vient). Spiritualisation du thème de la venue du Christ.

Dans le même verset : Vous ne savez pas quand vient le maître de maison et le texte se poursuit : le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou au matin. C’est le seul évangile qui évoque le chant du coq en dehors du reniement de Pierre. Or vous savez que selon la tradition, l’évangile de Marc a été rédigé par un disciple de Pierre. Ce n’est pas un hasard si la tradition proche de Pierre est la seule qui ait osé rappeler – par une sorte de clin d’œil – le reniement de Pierre à cet instant.

Dans la tradition rabbinique, le coq est celui qui réveille les humains. L’allusion au coq est une autre façon d’insister sur l’importance d’être éveillé.


Pistes de prédication

1 : Thème = la veille. Veiller, cela ne veut pas dire ne pas dormir… car le sommeil est une bénédiction de Dieu.

Bonne et mauvaise veille comme bon et mauvais sommeil.

Le bon sommeil, c’est celui de Jésus qui dort dans le bateau quand les disciples affrontent la tempête

Le mauvais sommeil est celui des disciples qui ne sont pas capables de veiller avec le Christ quand il mène le combat de la prière à Gethsémané.

Jésus ne dit pas : Ne dormez jamais. Il dit : Demeurer en moi dans votre veille et dans votre sommeil. Veiller, c’est vivre notre sommeil en Dieu.

2 : Thème : L’attente. Une deuxième piste de prédication est de s’interroger sur ce que nous attendons. Dans ce temps qui précède Noël, nous pouvons nous interroger : qu’attendons-nous vraiment ?

Les vacances, une augmentation, la fin du confinement, une promotion, un changement de vie… Ces attentes sont légitimes, mais ce n’est pas ce dont parle l’Évangile. Il nous invite à attendre… la venue du Christ dans noter vie et dans notre histoire.

La venue du Christ, c’est plus de foi, plus de paix, plus d’amour, plus d’espérance, plus de réconciliation… Ce qui est le thème de l’avent : Viens Seigneur Jésus.

Dis-moi ce que tu attends et je te dirai qui tu es.

Ne nous trompons pas d’attente.

3 : Thème : Lutte contre l’habitude.

J’aime bien l’expression du pape François qui dans un de ses textes définit la foi comme la lutte contre la dégradation de l’émerveillement.

Soyons honnête : au début de notre conversion nous étions étonnés, émerveillés… et puis nous nous sommes habitués.

Les temps de l’Église sont comme une pédagogie qui attire notre attention sur un point particulier de la foi. L’avent est un appel à la veille à la lutte contre l’habitude. Un appel qui nous invite à retrouver l’étonnement, la fraicheur, à se redire : « Aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie » pour reprendre le titre d’un film.


Une illustration

Pour terminer, une illustration. À propos de l’attente, j’aime cette réflexion de Ben Gourion qui a été le premier Premier ministre de l’État d’Israël. Il se prétendait agnostique, mais avait une vision assez juste de l’attente en disant que la tension était plus importante que la réalisation. Il disait : « À mon avis, le Messie n’est pas venu, et je n’attends pas le Messie. Quand on trouvera son adresse dans l’annuaire, il ne sera plus le Messie. La grandeur du Messie est qu’on ne connaît pas son adresse, qu’on ne peut pas le joindre et que personne ne sait dans quel type de voiture il roule, ni même s’il en conduit une, s’il voyage à dos d’âne ou encore sur les ailes d’un aigle. La seule utilité du Messie est qu’il ne vienne pas, car l’attente du Messie est plus importante que le Messie lui-même, et le peuple juif vit dans cette attente, dans sa croyance en lui. Sans cela, le peuple juif n’existerait pas. »

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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30 Nov 2020Préparez le chemin du Seigneur00:09:53

Pour ce deuxième dimanche de l'Avent, Marc annonce un évangile, une bonne nouvelle qui est celle de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Explications et notes du théologien Antoine Nouis.

Allez directement aux chapitres :

00:07 Lecture de Marc 1, 1-8

01:18 Introduction

02:04 Points d’exégèse

04:38 Actualisation

08:18 Illustration


6 décembre 2020 : Mc 1.1-8 – 2e dimanche de l’avent

Introduction

2e dimanche de l’avent, premiers versets de l’évangile de Marc.

Chaque évangile a un commencement différent. Matthieu décline la généalogie de Jésus, Luc explique les raisons de son entreprise, Jean fait une déclaration théologique sur l’incarnation, Marc annonce un évangile, une bonne nouvelle qui est celle de Jésus-Christ, Fils de Dieu. Chaque mot de ce verset mérite une prédication.


Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Commencement de la bonne nouvelle de Jésus :

Le premier mot est le même que celui qui ouvre le Premier Testament : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Le mot commencement est temporel : ce qui est au début, mais aussi théologique : ce qui est au principe. Le principe de ce que Marc veut nous transmettre est que le message de Jésus Christ est un évangile, une bonne nouvelle.

Lorsque le message de l’Église n’est pas une bonne nouvelle, ce n’est plus l’évangile de Jésus-Christ.

Ponctuation citation Ésaïe :

Le verset 3 cite le livre d’Ésaïe à propos du Baptiseur : C’est celui qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. » Le passage du livre d’Ésaïe propose une ponctuation différente : « Quelqu’un crie : Dans le désert, frayez le chemin du Seigneur ! Aplanissez une route pour notre Dieu dans la plaine aride ! » (Es 40.3). Il n’y a pas de ponctuation en hébreu comme en grec, mais le rythme de la phrase plaide pour la ponctuation d’Ésaïe. Le baptiseur ne crie pas dans le désert (le verset suivant dit avec un peu d’emphase : Toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui), il dit que c’est dans le désert que se prépare le chemin du Seigneur. Cette ouverture a une valeur programmatique : l’Évangile appelle les habitants au désert, il les appelle au changement de comportement.


Pistes d’actualisation

1er thème : La référence à l’exil

La citation d’Ésaïe est l’introduction de la seconde partie du livre qui évoque le retour d’exil. Dans l’histoire du Premier Testament, l’exil a été un temps d’épreuve, mais aussi un temps de reconfiguration spirituelle et théologique puisqu’Israël a été conduit à trouver les chemins de la fidélité alors qu’il avait perdu sa terre et le temple où il célébrait les sacrifices. C’est dans la période de l’exil qu’ont été rédigés et rassemblés les principaux textes qui ont formé une ébauche de canon. Quand on n’a plus de temple pour retrouver Dieu, on se concentre sur le livre et l’étude. En inscrivant la prédication du baptiseur dans le registre de l’exil, l’évangile de Marc évoque son évangile comme un nouvel exil, une nouvelle reconstruction théologique et religieuse.

2e thème : Le changement de comportement.

Jean prêche un baptême de changement radical. Le changement radical, metanoia, signifie le changement (meta) de notre intelligence (noûs). Le mot noûs évoque plus que la faculté de comprendre, il signifie la mentalité, le siège de la volonté et de la réflexion, le lieu de la pensée et du sentiment. La metanoia correspond à un changement du logiciel dans notre façon de voir le monde. Le chemin de conversion est le long chemin qui conduit à voir et comprendre le monde, les gens et les choses, comme le Christ les voit et les comprend. Tous les jours nous avons besoin de reconfigurer notre logiciel en fonction de l’Évangile.

3e thème : Il vient derrière moi.

Si toute la Judée et tous les habitants de Jérusalem vont écouter le Baptiseur, ce dernier pourrait s’attacher ceux qui viennent se faire baptiser. Au lieu de cela, il renvoieà un autre, le Christ.

On pense au retable d’Issenheim où le Baptiseur désigne le crucifié avec un index disproportionné. Le vrai disciple est celui qui désigne par sa vie et ses paroles un autre que lui-même. La plus belle phrase du Baptiseur se trouve dans le quatrième évangile : Il faut que lui croisse et que, moi, je diminue (Jn 3.30).


Une illustration

À propos du changement de comportement, un commentaire rabbinique raconte qu’avant la création, Dieu, comme un bon architecte, a commencé par dessiner le plan du monde qu’il se proposait de créer afin de vérifier s’il était viable. Mais aucun des plans qu’il faisait ne tenait debout, tous les mondes qu’il dessinait s’écroulaient sur eux-mêmes. Au bout de vingt-six essais infructueux, Dieu a eu l’idée de créer le changement de comportement, et enfin le monde qu’il a dessiné ne s’est pas effondré. Selon cette interprétation, c’est le changement de comportement qui fait que le monde tient debout. Sans la repentance – qui est cette capacité de s’arrêter, de regarder le chemin parcouru, de s’apercevoir qu’on a fait fausse route, de faire demi-tour et de repartir – le monde explose.

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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14 Dec 2020Le récit de l’Annonciation à Marie00:10:45
Ce récit fonde l’Évangile en annonçant un Dieu qui quitte son ciel pour venir habiter au milieu des humains. Explications du théologien Antoine Nouis.

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07 Dec 2020Jean n’est pas la lumière00:11:14
Le troisième dimanche de l’avent présente le personnage du Baptiseur à travers le quatrième évangile. Le théologien Antoine Nouis analyse Jean 1, 6-8 et 19-28.

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22 Dec 2020Le prologue de l'évangile de Jean (avec notes)00:10:55

Le quatrième évangile commence avec le prologue qui essaie de penser le sens de Noël dans un autre registre que celui de la narration.


25 décembre 2020 : Jean 1.1-18 – Jour de Noël

Le prologue de l’évangile de Jean

Introduction

Le quatrième évangile ne parle pas de la naissance de Jésus, il commence avec le prologue qui essaye de penser le sens de Noël dans un autre registre que celui de la narration.

Quand dans l’évangile de Luc, l’ange dit à Marie que l’Esprit la couvrira de son ombre et que l’enfant qui naîtra sera saint, l’évangile de Jean dit que la parole a été faite chair et qu’elle a fait sa demeure parmi nous.

Chaque verset de ce prologue mériterait une prédication. Nous nous contenterons d’ouvrir quelques pistes.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Au commencement était la parole (v.1)

Au commencement était la parole. Il renvoie au premier verset de la Bible (Au commencement Dieu créa le ciel et la terre). Les commentaires disent que la première chose que Dieu a créée est le temps, donc le commencement se situe avant le temps, il est en deçà du temps. Il faut donc entendre cette expression au sens de fondement. On pourrait traduire : Au principe était la parole.

Le mot parole (logos) est un concept philosophique qui évoque à la fois la parole et la raison. Il va bien au-delà de la parole comme moyen de communication pour évoquer la Parole en ce qu’elle dit une vérité essentielle sur celui qui parle.

Ce verset évoque donc ce qui est au fondement de toute chose et de notre personne.

La parole est devenue chair (v.14)

Le mot chair, dans la pensée biblique, évoque la fragilité (la Genèse dit que l’homme n’est que chair pour évoquer sa faiblesse). L’expression faire sa demeure signifie littéralement habiter sous une tente, symbole de précarité. Dire que le logos est devenu chair et qu’il a fait sa demeure parmi nous revient à dire que le principe fondateur, créateur du ciel et de la terre, a quitté le domaine éternel pour entrer dans une fragilité soumise aux limites du temps et de l’espace.

Nous avons vu sa gloire. La gloire de Dieu, c’est son être en profondeur. La gloire de Dieu est qu’il est venu habiter la fragilité de notre humanité.

Ce verset est une bonne façon de comprendre le message de Noël.

Pistes d’actualisation‑

1er thème : Commencement et création

Le v.3 dit que tout est venu à l’existence par la parole. Dans le premier chapitre de la Bible, Dieu crée effectivement par la parole (Gn 1 : 10 fois Dieu dit).

L’épître aux Hébreux dit : Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été formés par une parole de Dieu (Hé 11.3). Autrement dit, croire que Dieu est à l’origine de toute chose est une parole de foi.

Le message de Noël, c’est que le Dieu qui est à l’origine de toutes choses est aussi le Dieu qui est venu jusqu’à nous. Avoir la foi, c’est croire que le Dieu créateur du ciel et de la terre est le même que celui qui s’adresse à moi par la Parole. Il ne s’agit pas de dire : « Qu’il est grand ce Dieu qui est à l’origine du ciel et de la terre », mais « Comme il est étonnant de penser que le Dieu qui est au commencement de tout est en même temps le Dieu qui est venu jusqu’à moi. »

En psychologie, la parole est au commencement de tout ; elle structure l’humain et ses relations à l’autre et aux autres, car elle distingue, différencie, sépare, nomme et relie. Cette parole qui nous structure est celle de l’Évangile.

2e thème : L’évangile et la vie

Le v.4 dit : En elle (la parole) était la vie et la vie était la lumière des humains.

L’Évangile dont parle Jean est un évangile de vie. Toute parole qui n’est pas porteuse de vie n’est pas une parole d’Évangile.

Un des versets les plus importants du Premier Testament est celui qui dit : Tu choisiras la vie. Ce matin l’évangile nous appelle à choisir la vie en écoutant la parole, vivre la parole, habiter la parole.

L’Évangile nous appelle à mettre de la vie dans nos journées, dans notre travail, dans nos paroles, dans nos relations.

3e thème : La loi et la grâce

Le v.17 dit : La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

La question de l’articulation entre la loi et la grâce est une des bases de la théologie chrétienne. La Loi fut donnée par Moïse et quelques siècles plus tard, la grâce et la vérité sont venues en Jésus Christ. La grâce et la vérité ne se substituent pas à la Loi, elles sont un au-delà de la Loi. La Loi est une étape qui doit être dépassée. Dans l’épître aux Galates, Paul a écrit : Ainsi la loi a été notre surveillant (pour nous conduire) jusqu’au Christ, pour que nous soyons justifiés en vertu de la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus soumis à un surveillant (Ga 3.24-25). Le surveillant, ou précepteur est celui qui conduit l’enfant à un maître.

La loi est fondamentale pour que la vie en société soit possible, mais le message de Noël nous invite à la grâce en injectant de l’amour et de la liberté dans la loi.

Une illustration

Personne n’a jamais vu Dieu, dit le dernier verset de notre passage. Il ajoute que le fils est celui qui l’a annoncé. Autrement dit, on ne peut rien savoir sur Dieu en dehors de ce que le fils dit de lui. En dehors du Christ, notre discours sur Dieu tourne dans le vide. Comme le dit C.S. Lewis la moitié de nos grands problèmes théologiques et métaphysiques ressemble à des questions absurdes du type : Combien y a-t-il d’heures dans un kilomètre ? Le jaune est-il carré ou rond ?

Plutôt que de nous poser de grandes questions sur l’être de Dieu, l’évangile nous invite à regarder le Christ. Comme le disait Luther à sa femme : « Un autre prend soin de moi, mieux que toi et tous les anges, il est couché dans la crèche et pendu au sein d’une vierge tout en étant assis en même temps à la droite de Dieu, le Père tout-puissant ».

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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21 Dec 2020La présentation de Jésus au temple de Jérusalem (avec notes)00:10:20

Les premiers hommes qui se sont inclinés devant Jésus sont les bergers. Les suivants sont Syméon que la tradition reconnaît comme un vieillard et Anne, une veuve. Des bergers, un vieillard, une veuve… l’évangile est reconnu par les petits.

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00:07 Lecture de Luc 2, 22-40

02:57 Introduction

03:22 Points d’exégèse

05:50 Actualisation

08:57 Illustration

27 décembre 2020 : Luc 2.22-40 – Présentation de Jésus

La présentation de Jésus au temple de Jérusalem

Introduction

Les premiers hommes qui se sont inclinés devant Jésus sont les bergers. Les suivants sont Syméon que la tradition reconnaît comme un vieillard et Anne, une veuve. Des bergers, un vieillard, une veuve… l’évangile est reconnu par les petits.

Les premiers versets de l’évangile de Luc se passent dans le temple de Jérusalem lorsque Zacharie assume ses fonctions de prêtre et la première chose qui est dite de Jésus après sa naissance et qu’il a été présenté au temple. Jésus s’émancipera de la religion du temple, mais il est né dedans, il est totalement incarné dans une tradition. Ce passage fonde la déclaration de la Samaritaine dans le quatrième évangile : « Le salut vient des juifs. » (Jn 4.22)

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

La consécration des premiers-nés

Les parents de Jésus accomplissent le rite de consécration des premiers-nés prescrit par la Torah dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres.

Cette coutume s’inscrit dans les lois plus générales des prémices qui consistent à offrir à Dieu la première part de ses récoltes, de ses troupeaux, de ses enfants. Offrir à Dieu la part est le signe que nous reconnaissons que tout ce que nous possédons vient de lui. Consacrer son premier-né est une façon d’inscrire l’ensemble de sa famille sous le regard de Dieu.

Un juste appelé Syméon

Syméon est le nom du deuxième fils de Jacob, il signifie = Dieu a entendu ou Dieu a écouté. Parce Syméon était un homme d’écoute, l’Esprit saint était sur lui. Ce qui qualifie la foi, ce n’est pas tant la certitude que l’écoute comme l’a dit Paul dans l’épître aux Romains : « La foi vient de ce qu’on entend » (Rm 10.17). Certes pour écouter, il faut croire qu’il y a quelque chose à entendre, mais il faut aussi reconnaître qu’on ne sait pas tout, qu’on a encore beaucoup à apprendre.

Syméon n’était pas juste et pieux parce qu’il savait tout, mais parce qu’il n’a pas cessé d’écouter. Du coup, quand il a vu le bébé Jésus dans les bras de ses parents, il ne s’est pas trompé : il a su.

Pistes d’actualisation

1er thème : De l’avent à Noël

Le v.25 dit de Syméon qu’il attendait la consolation d’Israël : parce qu’il attendait, il a vu. Dans la même veine, le v.38 dit qu’Anne parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption de Jérusalem.

Le thème de l’attente est celui de l’avent. Dans ce verset, l’attente s’accomplit… dans un bébé âgé de quelques semaines accompagné par de parents pauvres puisqu’ils ne peuvent offrir qu’une paire de tourterelles et deux colombes pour racheter leur enfant.

L’Évangile de Noël et que nous attendions Dieu dans la gloire et dans la grandeur et il vient au-devant de nous dans la fragilité d’un enfant. Nous n’avons jamais fini de méditer le paradoxe de cette annonce.

2e thème : Le particulier et l’universel

Le second personnage qui a accueilli le bébé est une veuve dont le texte dit qu’elle avait quatre-vingt-quatre ans. Une des interprétations est que quatre-vingt-quatre est le produit de douze pas sept. Douze est le nombre d’Israël et sept représente l’ensemble des nations. Notre récit se situe à l’articulation du singulier – le temple de Jérusalem – et de l’universel lorsque Syméon dit dans sa prophétie que Jésus est le salut « que tu as préparé devant tous les peuples, lumière pour la révélation aux nations » (2.31-32)

Dans le Nouveau Testament, le thème de l’ouverture à toutes les nations est le grand thème du ministère de Paul qui a été l’immense théologien qui a pensé cet élargissement.

À L’origine, l’évangile de Luc et les Actes des Apôtres formaient un seul livre, comme une grande fresque qui commence dans le temple de Jérusalem et qui se termine à Rome.

3e thème : Jésus un signe de contestation

Après avoir annoncé que Jésus porterait le salut de Dieu devant pour les peuples, Syméon évoque le mode opératoire : Il sera comme un signe qui provoquera la contradiction et Marie sera transpercée par une épée.

Parce que Syméon était juste et pieux, il savait que le monde ne recevrait pas l’enfant. Comme le dit le prologue de l’évangile de Jean que nous avons médité le jour de Noël : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres n’ont pas pu la saisir » (Jn 1.5). Ce refus de recevoir la lumière préfigure la croix qui sera une épée dans le cœur de Marie. L’évangile de l’enfance s’inscrit déjà dans le tragique.

Ce thème nous interroge aujourd’hui : l’Évangile est-il encore un signe de contestation, et de quoi ? S’il ne l’est plus, est-ce par ce que notre monde est totalement chrétien ou parce que nous n’avons édulcoré le scandale de l’évangile ? La réponse est dans la question.

Une illustration

Syméon était juste et pieux et Anne avait quatre-vingt-quatre ans et participait à la vie du temple par des jeûnes et des prières. Parce qu’ils étaient en Dieu, imprégnés de Dieu, ils ont reconnu dans le bébé Jésus le sauveur du monde.

Syméon et Anne n’ont pas eu besoin de la visite particulière d’un ange, ils ont su dès qu’ils ont vu. Une foi accomplie ne repose pas sur des signes spectaculaires, c’est un travail sur soi qui voir le monde et les gens comme Dieu les voient.

Dans un de ses livres, Christiane Singer raconte : « Certaines rencontres sont inoubliables – ce vieil homme dans un train qui, lorsque j’avais quinze ans peut-être, me mit sur le gril en me racontant qui j’étais, avec une exactitude presque insoutenable ″Comment savez-vous tout cela ?″ lui demandai-je en torturant les franges de mon châle. Et lui avec un sourire amène : ″Mais, mademoiselle ! Vous voyez bien que je suis vieux !″ »

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Amos-Raphaël Ngoua Mouri commentent le texte biblique de Luc 2, 22-40 : https://campusprotestant.com/video/jesus-presente-au-temple/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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28 Dec 2020En quoi les mages apportent une dimension universelle au récit de la Nativité ? (avec notes)00:12:00

L’évangile de Matthieu a ceci de particulier qu’il dit ne dit rien des conditions de la naissance de Jésus. En revanche il raconte la visite des mages qui apportent une dimension universelle à l’événement.

3 janvier 2021 : Matthieu 2.1-12 – Visite des mages

Les mages

Introduction

L’évangile de Matthieu a ceci de particulier qu’il dit que Jésus est né, mais il ne dit rien des conditions de sa naissance. En revanche il raconte la visite des mages qui apportent une dimension universelle à l’événement.

Dimanche dernier, nous avons lu dans l’évangile de Luc la rencontre avec le sage Syméon qui a dit de Jésus qu’il représentait le salut pour tous les peuples et la lumière pour la révélation aux nations (2.31-32). Ce même message est proclamé ici par le récit de la visite des mages.

Avant d’entrer dans le texte, il convient de déconstruire l’image d’Épinal de trois rois qui suivent une étoile pour aller à la crèche. Le texte ne dit pas qu’ils sont trois, il ne dit pas qu’ils sont rois, et l’étoile ne leur a pas montré le chemin depuis l’orient, mais que de Jérusalem à Bethléem.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Le massacre des enfants de Bethléem

Parmi les nombreuses anomalies du lectionnaire, le fait qu’il ne propose jamais à notre méditation le récit du massacre des enfants de Bethléem qui est pourtant intimement lié à notre texte.

Il souligne pourtant le tragique de l’histoire qui se révèle dès le récit de Noël. La liberté des mages par rapport au tyran a été payée au prix du sang des enfants.

La naissance Jésus qui a apporté un message d’amour est liée à l’acte le plus cruel qui soit : la mise à mort d’enfants.

La citation du Premier Testament

Pour savoir où devait naître le messie, les scribes convoqués par Hérode associent deux textes du Premier Testament. Le premier issu du livre du prophète Michée, joue sur l’opposition entre la petitesse de la ville de Bethléem et sa grandeur car c’est la ville de David (Mi 5.1) et le second, issu du deuxième livre de Samuel, dit que David est appelé à faire paître son peuple.

L’association de deux versets très différents pour faire apparaître un sens nouveau est déroutante pour nous, mais ce procédé est classique dans la pensée rabbinique pour qui la fécondité d’une interprétation est plus importante que la rigueur exégétique.

Pistes d’actualisation

1er thème : De l’astrologie à la parole­­­

Les mages ont vu l’étoile du roi des Juifs en Orient. Une idée courante dans l’antiquité voulait que la naissance de grands personnages soit signalée par l’apparition de nouvelles étoiles. L’étoile a conduit les mages à Jérusalem, car ce n’est que dans une capitale que pouvait naître un roi, mais c’est la parole qui les a conduits à Bethléem. La foi dans les astres est universelle, mais c’est la parole qui conduit au Christ.

Un adage du Talmud dit qu’il n’y a pas d’astre pour Israël, il voulait dire le propre d’Israël est de passer de la foi dans le destin à la suivance de la Parole.

2e thème : L’or, l’encens et la myrrhe

Ils lui offrirent de l’or, de l’encens et de la myrrhe, les Pères de l’Église ont vu dans ces offrandes les symboles de la royauté (l’or), de la divinité (l’encens) et de la sépulture (la myrrhe). L’or et l’encens font référence au livre d’Ésaïe qui décrit les temps messianiques par l’arrivée de tous les peuples de la terre à Jérusalem : Tu seras couverte d'une foule de chameaux, de dromadaires de Madiân et d'Épha ; ils viendront tous de Saba ; ils porteront de l'or et de l'encens (Es 60.6). Mais la myrrhe ? Dans l’évangile de Jean, elle a été utilisée pour embaumer Jésus. (Jn 19.39)

De même que Syméon a prophétisé devant Marie qu’une épée la transpercera (Lc 2.35), l’offrande de la myrrhe préfigure la croix. Le message de Noël est indissociable de celui du Vendredi saint pour annoncer la venue du fils de Dieu dans un monde traversé par la violence et le tragique.

3e thème : Devoir de désobéissance

Exercés à décrypter les signes du ciel, les mages n’ont eu aucun mal à entendre la fourberie d’Hérode, c’est pourquoi ils désobéissent et ne retournent pas chez le roi comme il le leur avait demandé.

Dans les premières Déclarations des droits de l’homme (américaine en 1776 et française en 1789), figure à côté des droits à la sûreté, à la liberté, à l’égalité et à la propriété, le devoir de résistance à l’oppression : « l’insurrection est le plus sacré des devoirs. » Il existe des lois injustes qui vont à l’encontre de la morale universelle, et des ordres iniques qui ordonnent ce qui est contraire à notre conscience. Dans ces cas la désobéissance n’est pas qu’un droit, elle devient un devoir.

Il est du devoir des parents, des éducateurs et de l’Église d’enseigner l’obéissance aux enfants pour que la vie en commun soit possible, mais aussi la désobéissance lorsque les ordres sont contraires à la conscience et à la morale universelle. La désobéissance a souvent un prix, mais il n’y a que les esclaves qui disent toujours oui.

Une illustration : Ne pas oublier le massacre des enfants

Nous avons relevé que le lectionnaire de propose jamais le récit du massacre des enfants de Bethléem à notre méditation. Il est pourtant une conséquence de la visite des mages.

À propos de ce récit, je voudrais faire partager la lecture qu’en fait Jacques Ellul : « Ce qui à mes yeux scelle irrévocablement l’unité de Jésus et de son peuple, c’est le Massacre des Innocents. La vie de Jésus est d’abord rachetée par le massacre des enfants juifs. Et, que cela nous plaise ou non, c’est ce sacrifice qui va permettre le ministère de Jésus. La décision d’Hérode n’est pas un accident. Ce n’est pas seulement le caprice d’un vieux roi fou. Il y a là un sens spirituel essentiel. Jésus ne peut plus se séparer ni être séparer du peuple juif parce que les enfants de la tribu de Benjamin sont morts non seulement à cause de lui, mais pour lui puisqu’à sa place. »

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Amos-Raphaël Ngoua Mouri commentent le texte biblique de Matthieu 2.1-12 : https://campusprotestant.com/video/les_mages_venus_dorient/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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04 Jan 2021Le baptême de Jésus : Tu es mon fils bien-aimé (avec notes)00:10:37

10 janvier 2021 : Marc 1.7-11 – Baptême de Jésus

Le baptême de Jésus : Tu es mon fils bien-aimé

Introduction

Le baptême de Jésus a créé un embarras dans la première Église. Il suffit de remarquer que l’évangile de Luc n’en parle pas (il dit que Luc et a été présenté au temple et circoncis, mais pas qu’il a été baptisé) et dans le quatrième évangile, Jean dit que Jésus a été baptisé, mais il ne dit pas que c’est par lui.

Seuls les évangiles de Matthieu et de Marc en parlent ouvertement. La raison en est que dans la première Église, les disciples de Jésus étaient en concurrence avec ceux de Jean (Ac 18.25), il était donc gênant pour eux de reconnaître que Jésus a été baptisé par Jean. Cette gêne prêche en faveur de l’historicité de ce passage, on ne voit pas dans quel but la tradition l’aurait inventé.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

La déchirure des cieux

Au verset 10, lorsque Jésus sort de l’eau, il vit les cieux se déchirer. La déchirure des cieux au commencement de l’évangile fait écho à la déchirure du rideau du temple lorsque Jésus meurt sur la croix (15.38). Les cieux qui se déchirent, c’est le signe d’un Dieu qui quitte son ciel pour se révéler au fils dans le baptême, de même que la déchirure du rideau met à nu le lieu très saint ou symboliquement Dieu se tient. Il n’est plus à chercher ailleurs que dans son fils qui meurt sur une croix. Le baptême par immersion est un signe de mort, mourir à sa propre personne, pour renaître à l’amour et à la grâce.

Tu es mon fils bien-aimé

Dans la même veine, lorsque les cieux se déchirent, une voix a déclaré : Tu es mon Fils bien-aimé. La même voix est survenue de la nuée pour dire la même chose au moment de la Transfiguration (Mc 9.7). Or le récit de la Transfiguration se situe dans les trois évangiles synoptiques après la première annonce de la croix. La voix confirme la filialité de Jésus quand il descend dans les eaux du baptême et lorsqu’il annonce sa passion. C’est deux récits sont une illustration de ce qui a été dit dans l’hymne de l’épître aux Philippiens qui dit à propos du Christ : « lui qui était vraiment divin… il s’est vidé de lui-même… il s’est abaissé lui-même… C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom. » (Ph 2.6-9). Nous retrouvons le message de l’évangile qui dit que les vrais grands sont les petits, les plus fidèles sont les plus serviteurs.

Pistes d’actualisation

1er thème : Jésus se fait baptiser pour le pardon des péchés

Jean baptisait pour le pardon des péchés (1.4) et on imagine Jésus faisant la queue avec les habitants de Jérusalem pour être baptisé. Si la théologie dit que Jésus était sans péché (2 Co 5.21, 1 Pi 2.22…), pourquoi a-t-il besoin d’être baptisé ?

Pour répondre à cette question, il faut entendre que le péché n’est pas une catégorie morale, mais existentielle, le péché est ce qui nous sépare de Dieu. Dans son humanité, Jésus aussi a besoin de s’inscrire en Dieu, c’est pourquoi il prie. Jésus est entré dans les eaux du baptême comme Jésus a prié, pour être totalement dans sa vocation.

2e thème : Le baptême dans l’Esprit

Dans sa prédication, le baptiseur disait que lui baptisait d’eau, mais que celui qu’il annonce baptisera dans l’Esprit saint. Et quand Jésus est baptisé, l’Esprit est descendu vers lui.

Le baptême par l’Esprit est annoncé par le prophète Ézéchiel qui met cette promesse dans la bouche du Seigneur : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon souffle en vous et je ferai en sorte que vous suiviez mes prescriptions, que vous observiez mes règles et les mettiez en pratique. » (Ez 36.26-27). L’Esprit et le souffle sont le même mot, et le mot cœur représente dans l’anthropologie biblique le siège de la pensée et de l’intelligence. La promesse du prophète réalisée dans le baptême de l’Esprit évoque une relation au Seigneur qui ne passe plus par le truchement de la loi, mais de l’écoute, de l’amour et de la liberté.

Pierre reprendra ce thème pour justifier le baptême d’un non-juif devant les chrétiens de Jérusalem qui lui en faisaient le reproche. (Ac 11.15-16)

3e thème : Le baptême, le signifiant et le signifié

La tension entre le baptême d’eau et le baptême dans l’Esprit peut nous aider à relativiser les débats sur le baptême au sein des Églises protestantes. Les Églises se sont divisées pour savoir s’il fallait baptiser enfant ou adulte, par immersion ou par aspersion. Mais dans les évangiles, le baptême d’eau est le signe qui renvoie au baptême dans l’Esprit. Donc la vraie question n’est pas de savoir à quel âge et sous quelle forme j’ai été baptisé, mais comment aujourd’hui je vis de, et dans l’Esprit de Dieu. Un jour j’ai été baptisé, mais le plus important est de savoir comment aujourd’hui je vis le signe de mon baptême.

Une illustration : Être baptisé

À propos du baptême, Péguy a dit qu’il n’y avait pas trop de toute une vie pour que l’eau qui a été versée sur notre tête (nous pourrions ajouter, l’eau dans laquelle nous avons été immergés) arrive jusqu’à nos pieds. Il n’y a pas trop de toute une vie pour que le signe du baptême – qui est en théologie la marque de l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous – vienne habiter la totalité de notre existence.

Le jour de notre baptême, le Seigneur a déclaré : Tu es mon enfant bien-aimé. Comment aujourd’hui je vis cette filiation ? Comme le dit une liturgie de baptême : Nous avons été baptisés une fois, mais nous devons être continuellement baptisés par la foi, de telle sorte que la vie chrétienne ne soit jamais autre chose qu’un baptême quotidien.

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Amos-Raphaël Ngoua Mouri commentent le texte biblique de Jean 1, 29-34 : https://campusprotestant.com/video/le-bapteme-de-jesus-annonce-par-jean/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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12 Jan 2021Les disciples de Jean changent de maître00:09:28
Les disciples de Jean changent de maître

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25 Jan 2021La prédication de Jésus et l’appel des disciples00:07:43
La prédication de Jésus et l’appel des disciples

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25 Jan 2021L’autorité de Jésus00:07:43
L’autorité de Jésus

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01 Feb 2021La résurrection de la belle-mère00:09:53
La résurrection de la belle-mère

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17 Feb 2021Le désir de guérison du lépreux importun00:09:30
La guérison du lépreux évoquée dans le chapitre 1 de l'évangile de Marc présente un certain nombre d’aspérités. Explications du théologien Antoine Nouis.

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17 Feb 2021La tentation de Jésus chez Marc00:08:40
Lors de son baptême, Jésus a vécu une expérience spirituelle forte. Contre la tentation de vouloir la renouveler, Jésus est envoyé au désert pour affronter le réel, la sécheresse et la déception.

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22 Feb 2021La Transfiguration et la croix00:08:38

La théologie de la croix évoque un messie qui se révèle dans le service et l’abaissement. Explications du théologien Antoine Nouis.

28 février 2021 : Marc 9. 2-10 – La transfiguration chez Marc

La Transfiguration et la croix

Introduction

Si le premier dimanche du carême nous invite à méditer le récit de la tentation de Jésus au désert, le deuxième est le récit de la Transfiguration. Il se situe en effet juste après la première évocation de la croix que l’on trouve dans l’évangile. C’est pourquoi nous nous proposons de le lire en lien avec l’annonce de la passion.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Pierre, Jacques et Jean

Pour cet événement particulier, Jésus prend avec lui ces trois principaux disciples. Parmi les Douze, Pierre, Jacques et Jean ont un statut différent : ce sont eux seuls qui ont accompagné Jésus lors du relèvement de la fille de Jaïros, et ce sont eux que Jésus invitera à l’accompagner pour le combat de la prière à Gethsémané.

Ainsi nous voyons plusieurs cercles autour de Jésus, les soixante-dix disciples, les douze apôtres, les trois principaux. Un thème qui parcourt l’évangile est le Jésus a besoin d’hommes pour partager son évangile, et que certains ont un statut particulier, une charge singulière.

Transfiguration de Moïse dans le Premier Testament

La transfiguration de Jésus dont les vêtements sont devenus d’une blancheur surnaturelle rappelle l’aspect de Moïse quand il est redescendu de la montagne du Sinaï après avoir reçu la Torah dont il est dit que la peau de son visage rayonnait.

Le rayonnement vient de la relation particulière qu’il a eue avec le Seigneur. Nous pouvons interpréter la Transfiguration comme un état où une personne est totalement transparente à la présence de Dieu en lui. On dit d’une personne qui a du charisme qu’elle rayonne. À ce moment de son histoire, Jésus rayonne de la présence de Dieu.

Nous nous poserons donc la question de savoir qu’y a-t-il de si singulier à ce moment de l’évangile pour expliquer ce rayonnement.

Pistes d’actualisation

Moïse et Élie face à la croix

Moïse et Élie s’entretenaient avec Jésus. Dans la tradition rabbinique, Moïse est le rédacteur des cinq premiers livres de la Bible et Élie représente la tradition prophétique. Moïse et Élie symbolisent donc la loi et les prophètes qui sont les deux principales parties de la Bible hébraïque. Leur présence aux côtés de Jésus signifie qu’à ce moment de son ministère, le Christ accomplit ce qui a été annoncé dans le Premier Testament.

Nous avons vu dans l’introduction que ce récit se situe juste après la première annonce de la passion. Selon l’évangile, c’est dans l’annonce de la croix que Jésus accomplit de la façon la plus totale ce qui est annoncé dans le Premier Testament. La croix est le jusqu’au bout de la révélation de Dieu qui a commencé à la création et qui s’est poursuivi par la loi et les prophètes.

Cette confirmation est renforcée par la voix qui ordonne aux disciples : Écoutez-le. Le texte dit : Moïse et Élie nous demandent d’écouter Jésus quand il annonce qu’il va être crucifié.

La tentation de la tente : redescendre de la montagne

Pierre propose de dresser trois tentes pour immortaliser l’événement, mais l’évangile précise qu’il ne savait pas ce qu’il disait. Autrement dit, il était à côté du sujet.

Le récit souligne l’importance théologique de l’évangile de la croix et Pierre pense à transformer la parole en institution en dressant des tentes dans le but de ritualiser l’événement.

Les Pères du désert ont appelé cette tentation la gourmandise spirituelle qui consiste à préférer les manifestations de Dieu à Dieu lui-même. Contre la gourmandise spirituelle, Jésus appelle ses disciples à redescendre de la montagne pour retourner dans la vraie vie.

L’incompréhension des disciples

Ce texte est d’autant plus important que dans l’évangile de Marc, les disciples ont opposé une incrédulité farouche à la perspective de la croix. Jésus a annoncé à trois reprises qu’il allait être crucifié[1] et chaque fois les disciples ont été incapables d’intégrer cette perspective puisque la première fois, Pierre a dit que cela ne pouvait pas lui arriver ; la deuxième fois, les disciples se sont ensuite disputés pour savoir qui était le plus grand ; et la troisième fois, Jacques et Jean lui ont demandé le privilège d’être à ses côtés quand il sera dans sa gloire.

Le récit de la Transfiguration multiplie les signes : les vêtements resplendissants + la présence de Moïse et Élie + la nuée qui évoque la présence de Dieu + la voix qui leur ordonne de l’écouter… et les disciples n’entendent pas.

Une illustration : Élie et le messie qui est aux portes de Rome

La théologie de la croix évoque un messie qui se révèle dans le service et l’abaissement. Nous retrouvons cette même image dans un récit de la tradition rabbinique qui évoque le prophète Élie. Un sage demande à Élie où se trouve le Messie et ce dernier répond qu’il le trouvera aux portes de Rome, assis au milieu des miséreux en train de soigner leurs plaies.

La gloire de la Transfiguration, c’est que le Messie est aux côtés des miséreux.

[1] Mc 8.31, 9.31, 10.33.

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Marc 9, 2-10 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-25-fevrier-jesus-transfigure/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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01 Mar 2021Jésus et la religion00:11:29

Dans le récit de l’expulsion des marchands du temple Jésus précise sa position par rapport à la religion. Les explications du théologien Antoine Nouis.


7 mars 2021 : Jean 2. 13-25 – Les marchands du temple

Jésus et la religion

Introduction

Le récit de l’expulsion des marchands du temple se trouve à des commencements différents dans les évangiles synoptiques et chez Jean.

Dans les synoptiques, il est situé au moment où Jésus arrive à Jérusalem, juste après les Rameaux, dans la semaine qui conduira à sa crucifixion.

Dans le quatrième évangile, il se situe au commencement du ministère de Jésus, juste après le récit de Cana, comme une explication de la transformation de l’eau des rites de purification en vin du royaume.

Ces deux commencements donnent une dimension programmatique à ce récit dans lequel Jésus précise sa position par rapport à la religion.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

La tradition prophétique

En chassant les marchands du temple, Jésus s’inscrit dans la tradition des prophètes qui parlent par signe. Ésaïe et Michée ont marché nus et déchaussés pour évoquer l’exil à venir, Osée a épousé une prostituée pour dénoncer l’idolâtrie du peuple, Ézéchiel a fait cuire son pain sur des excréments humains pour signifier la détresse de Juda et Jérémie a porté un joug pour représenter l’oppression des Babyloniens. Il y a des paroles qui se disent avec des mots et d’autres qui se disent avec des signes, l’expulsion des marchands fait partie de ces dernières.

Les quiproquos du quatrième évangile

Lorsque les religieux interrogent Jésus sur les raisons de son signe, ce dernier répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les religieux ne comprennent pas car ils pensent à l’édifice alors que Jésus parlait de son corps.

L’évangile de Jean est parsemé de ces quiproquos. Quand il parle de l’eau vive à la Samaritaine elle pense à l’eau du puits ; quand il dit à Nicodème de naître de nouveau, il ne voit pas comment il peut retourner dans le sein de sa mère.

Lorsque nous lisons les passages de l’évangile, nous sommes invités à sortir d’une lecture première comme l’ont fait les religieux, la Samaritaine ou Nicodème pour entendre le sens spirituel de ses propos.

Pistes d’actualisation

La Pâque et le temple

Le premier verset dit que l’épisode se situe alors que la Pâque des Juifs était proche. La Pâque est la grande fête religieuse qui fait mémoire de la sortie d’Égypte et de la libération de l’esclavage. Les historiens disent que des milliers d’agneaux étaient sacrifiés pour célébrer la fête. En expulsant les marchands, Jésus conteste cette tradition.

De nos jours, la fête de la Pâque est vécue dans le judaïsme au sein les familles et la table familiale a remplacé le temple. En expulsant les marchands alors que la fête arrive, Jésus anticipe cette évolution ?

L’architecture du temple et la théologie

Le temple était organisé selon une architecture qui reflétait une théologie. Il était construit comme une suite de parvis qui donnent les uns dans les autres. À l’extérieur se trouve le parvis des païens où se trouvent les changeurs – le temple avait sa propre monnaie – et les marchands qui vendaient les animaux à sacrifier. Il était ouvert à tous. Puis il donnait accès au parvis des Juifs interdit aux non-Juifs. De là on avait accès au parvis des hommes interdits aux femmes dans lequel on remettait les animaux aux prêtres qui entraient dans la cour des prêtres où les sacrifices étaient offerts puis se trouvait le lieu saint et enfin le lieu très saint où seul le grand prêtre entrer le jour de kippour, la plus grande solennité religieuse. Selon qu’on était juif ou non juif, homme ou femme, prêtre ou non prêtre et enfin grand prêtre, on avait accès aux différents lieux. C’est cette conception que Jésus a contestée radicalement en chassant les marchands. Quand il a dit : « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce »on peut entendre qu’il parlait du vol d’une spiritualité qui était enfermée dans un rite au profit d’une caste de prêtres.

Le rapport au signe

La fin de notre passage dit que beaucoup ont mis leur foi en Jésus à la vue des signes qu’il produisait, il faut entendre ici à la vue des miracles qu’il faisait, mais Jésus ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous. Jésus se méfie de la foi qui ne repose que sur le miracle.

Les sages du judaïsme se sont interrogés sur la raison pour laquelle la génération de l’Exode qui a vu les miracles les plus spectaculaires – les fléaux envoyés à l’Égypte, la mer coupée en deux, la manne et l’eau jaillie du rocher – est aussi la génération qui est tombée dans l’idolâtrie la plus vulgaire en s’inclinant devant un veau d’or qu’ils avaient eux-mêmes fabriqué ? Ils ont répondu qu’une foi qui repose sur le seul miracle est fragile. Une foi enracinée est une foi qui repose sur le long travail d’intériorisation pour que la parole de l’Évangile vienne visiter et convertir nos profondeurs. La foi n’est pas une question d’idée, mais de conversion de notre cœur, notre regard, notre écoute, notre pensée.

Une illustration : La passion jalouse

En voyant Jésus chasser les marchands du temple, les disciples pensent au verset qui dit : La passion jalouse de ta maison me dévorera. Jésus avait une passion, mais une passion contre les enfermements religieux symbolisés par le temple.

Jésus nous appelle à ne pas nous tromper de passion. Martin-Luther King a écrit : « Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour… Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice… Paul n’était-il pas un extrémiste de l’Évangile… la question n’est pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de quelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? »

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Jean 2, 13-25 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-4-mars-jesus-chasse-marchands-temple/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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08 Mar 2021Le salut du monde00:10:08

Naître de nouveau – ou naître d’en haut – c’est entendre que Dieu est amour et laisser cette annonce reconstruire toute notre compréhension de Dieu.


14 mars 2021 : Jean 3. 14-21 – Pour que le monde soit sauvé

Le salut du monde

Introduction

Nous connaissons le verset qui dit que Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. Le protestantisme en a fait la clef de voute de sa théologie. Ce qu’on sait moins, c’est qu’il s’inscrit dans le dialogue entre Jésus et Nicodème à propos de la nouvelle naissance. Naître de nouveau – ou naître d’en haut – c’est entendre que Dieu est amour et laisser cette annonce reconstruire toute notre compréhension de Dieu.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Serpent au désert

Comme Moïse a élevé le serpent au désert. Jésus fait référence à un passage du livre des Nombres. Parce que le peuple s’est plaint contre Dieu et contre Moïse, beaucoup ont été mordus par des serpents et sont morts. Le peuple se repent et Dieu demande à Moïse de faire un serpent d’airain et de le fixer en haut d’une perche. Quand un Israélite était mordu par un serpent, s’il levait les yeux et regardait le serpent d’airain, il était sauvé.

Le serpent est donc une figure ambivalente, il est porteur de mort et de vie. Ce qui est intéressant, c’est que c’est le même serpent, pour dire que notre compréhension de Dieu peut être porteuse de mort ou de vie selon le regard qu’on porte pour lui. Pour reprendre le vocabulaire de cette séquence, il peut être vu comme un Dieu de jugement ou de vie éternelle.

Vie éternelle

Dans le quatrième évangile, la vie éternelle n’est pas la vie perpétuelle comme on le croit souvent, c’est une vie inscrite dans l’éternité de Dieu. Le meilleur verset qui la qualifie est celui qui dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ[1]. »

Quand Jésus parle de vie éternelle, il ne parle pas d’une vie après la mort, mais d’une vie qui traversée, éclairée, habitée par le Dieu de toute éternité. Nous comprenons qu’elle dépasse le cadre de notre vie terrestre, mais c’est aujourd’hui que nous devons la vivre.

Pistes d’actualisation

Dieu a tant aimé le monde

Jésus ne dit pas que Dieu a aimé ceux qui croient en lui, mais qu’il a aimé le monde. Or dans le quatrième évangile, le monde n’est pas le monde gentil, mais le monde qui n’a pas accueilli la lumière dans le prologue[2]  et même qui déteste Jésus[3], autrement dit, le monde hostile. Si Dieu aime le monde, ce n’est pas que le monde est aimable, mais parce que Dieu est amour. Le monde n’aime pas Dieu, mais Dieu aime le monde.

Nous comprenons que ce verset soit le cœur de l’évangile. L’amour que Dieu nous porte ne dépend pas de notre foi ni de nos bonnes œuvres, il est inconditionnel.

L’amour comme un don

L’amour de Dieu n’est pas une promesse, mais un acte qui a été posé : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique. Il y a une chose que même Dieu ne peut pas faire, c’est revenir sur le passé. Il ne peut plus décider de ne pas donner son fils : c’est un fait, il a habité parmi nous.

Nous retrouvons ce thème dans l’épître aux Romains dans le verset qui dit : « Voici comment Dieu, lui, met en évidence son amour pour nous : le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs[4]. » L’amour dans le Nouveau Testament n’est pas une question de sentiment, ce n’est pas un élan de sympathie, mais un acte, un don. Aimer, c’est donner de sa vie pour permettre à son prochain de grandir dans toutes les dimensions de son existence.

La libération du jugement

L’amour de Dieu libère du jugement. Nous trouvons cette idée dans le verset qui dit que Dieu n’a pas envoyé son fils pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé et que celui qui met sa foi en lui n’est pas jugé car il est dans la lumière, alors que celui qui ne croit pas est jugé car il est dans les ténèbres.

En dehors de la foi, notre compréhension de Dieu est celle d’un juge qui tient une comptabilité de nos bonnes et nos mauvaises actions. Quand on comprend que Dieu est amour, nous sommes libérés de cette vision : Dieu ne nous juge pas, il nous a tout donné dans son fils. Nous sommes alors invités à entrer dans cette économie de la grâce.

Une illustration : Fils unique

Dieu a donné son fils unique. Comment comprendre cet adjectif alors que nous sommes tous enfants de Dieu ? Quand Dieu a donné son fils unique, il n’en a plus, il n’a plus que les humains pour dire son amour au monde.

Un apologue raconte que lorsque le Christ ressuscité est monté au ciel, il a jeté un coup d’œil à la terre pour voir une dernière fois ses apôtres. La terre était plongée dans l’obscurité, sauf quelques petites lumières sur la ville de Jérusalem.

Un ange lui a demandé ce qu’étaient ces lumières et il a répondu que c’était ses apôtres à qui il a envoyé l’Esprit pour embraser le monde.

L’ange lui a demandé ce qu’il ferait si son plan échouait. Après un temps de silence, Jésus a répondu : Je n’ai pas de plan B.

[1] Jn 17.3.

[2] Jn 1.10.

[3] Jn 7.7.

[4] Rm 5.8.

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Jean 2, 13-25 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-11-mars-dieu-a-tant-aime-le-monde/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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12 Mar 2021Si le grain ne meurt00:10:51
Si le grain ne meurt

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22 Mar 2021Les Rameaux chez Marc00:09:17

Dans cet évangile, Jésus n’est jamais allé à Jérusalem, la ville est le but de sa marche. Alors qu’il arrive au terme de son voyage, il veut entrer dans la ville en posant un signe prophétique qui manifeste son Évangile.

28 mars 2021 : Marc 11.1-10 – Les Rameaux chez Marc


Le quiproquo de la royauté


Introduction

Avant d’entrer à Jérusalem, Jésus s’arrête dans un lieu indéterminé, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, c’est de là qu’il va préparer son entrée dans la ville sainte.

Cette indication géographique pose les différents lieux où va se jouer le drame de la passion, entre Béthanie où Jésus recevra une onction prophétique[1], le mont des Oliviers où il se retrouvera avec ses disciples pour annoncer la fin du temple[2] et vivre le combat de la prière[3], et le temple de Jérusalem où il s’opposera aux religieux.

Dans cet évangile, Jésus n’est jamais allé à Jérusalem, la ville est le but de sa marche. Il a annoncé à trois reprises qu’il y sera crucifié. Alors qu’il arrive au terme de son voyage, il veut entrer dans la ville en posant un signe prophétique qui manifeste son Évangile.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

L’âne dans la Bible

L’âne est un animal important dans la Bible. Les commentaires rabbiniques disent que c’est le même âne qu’Abraham a scellé pour monter au mont Moriya pour sacrifier son fils, qui a parlé à Balaam pour l’empêcher de maudire Israël et que chevauchera le messie quand il entrera à Jérusalem. Nous pouvons ajouter que c’était sûrement le même âne qui a porté Jésus et Marie quand ils ont fui en Égypte pour échapper au massacre ordonné par Hérode.

Le jeu de piste pour trouver l’ânon

La moitié du texte est occupé par un point qui semble anecdotique, la façon dont les disciples se sont procuré l’ânon que Jésus a chevauché. Les disciples doivent suivre un jeu de piste pour trouver l’animal. Deux remarques sur la démarche.

Nous trouvons la même démarche lorsque Jésus envoie ses disciples préparer la Pâque. La proximité fait le parallèle entre l’humilité de l’ânon et le dernier repas de Jésus dans lequel il va préfigurer la passion.

Elle relève de la culture de la clandestinité. Jésus avait des partisans à Jérusalem qui n’étaient pas connus des Douze. Les mouvements clandestins ont toujours cloisonné les réseaux.

Pistes d’actualisation

L’ânon comme signe messianique

Lorsque le propriétaire de l’ânon interroge les disciples, ils doivent répondre : le Seigneur en a besoin. Pourquoi en a-t-il besoin ? Pour parler, pour poser un signe.

Si Jésus n’est pas arrivé à Jérusalem sur un cheval ou un chameau, ce qui aurait mieux répondu à l’attente de la foule, mais sur un ânon, ce n’est pas par défaut, mais pour transmettre un message.

Le Talmud qui est la compilation de commentaires des maîtres du judaïsme dit que nous trouvons dans la Bible hébraïque deux figures messianiques : la figure cosmique d’un fils de l’homme descendant des nuages[4], et la figure humble d’un homme chevauchant un âne[5]. Il ajoute que le Messie viendra soit quand une génération sera entièrement vertueuse, soit quand elle sera entièrement mauvaise. Dans le cas d’une génération entièrement bonne, le Messie sera cosmique ; et dans le cas d’une génération entièrement mauvaise, il viendra comme un pauvre, sur un âne.

La référence à Zacharie

La venue à Jérusalem sur un ânon est un accomplissement de la prophétie de Zacharie : Sois transportée d’allégresse, Sion la belle ! Lance des acclamations, Jérusalem la belle ! Il est là, ton roi, il vient à toi ; il est juste et victorieux, il est pauvre et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. Je retrancherai d’Ephraïm les chars et de Jérusalem les chevaux ; les arcs de guerre seront retranchés. Il parlera pour la paix des nations, et sa domination s’étendra d’une mer à l’autre[6]. Ce passage est une énigme : comment un roi humble qui chevauche un ânon peut briser les armes et dominer ? Dans notre monde la domination ne s’exerce que par la force.

La réponse de l’évangile est dans la croix. C’est en étant crucifié que Jésus apporte la paix et sauve le monde.

L’ambiguïté de la foule

La foule crie Hosanna ! mais a-t-elle saisi le signe de l’ânon ? Elle célèbre le roi de gloire du Ps 118, mais se souvient-elle que ce Psaume est aussi celui qui dit que la pierre qui est devenue celle de l’angle est aussi celle qui a été rejetée par les bâtisseurs[7] ? Cette foule qui crie Hosanna le dimanche, où est-elle le vendredi lorsqu’une autre foule crie : à mort ! Une autre foule ? En sommes-nous si sûrs ? N’est-ce pas le propre de la foule de crier Hosanna le dimanche et à mort le vendredi ?

Jésus a parlé à la foule car il a eu pitié d’elle, mais son projet est de faire des disciples, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui sont capables de sortir de la foule.

Une illustration : L’exemple de l’âne

Albino Luciani qui a été pape quelques semaines sous le nom de Jean-Paul 1er a fait de l’âne un symbole d’humilité. Pour lutter contre l’orgueil, il propose de se mettre à la place de l’ânon des Rameaux. Il dit : « J’ai cent fois suivi les funérailles de mon orgueil, m’illusionnant de l’avoir laissé à deux mètres sous terre et cent fois je l’ai vu réapparaître plus vif qu’avant. Quand on me fait un compliment, j’ai besoin de me comparer à l’ânon qui portait le Christ le jour des Rameaux. Et je me dis : si en entendant les applaudissements de la foule, il s’était enorgueilli et s’il s’était mis à remercier à droite et à gauche en faisant des révérences, quel âne il aurait été. Il ne l’a pas fait, je n’ai pas à être plus âne que lui. »

[1] Mc 14.3-9.

[2] Mc 13.3.

[3] Mc 14.26,32.

[4] Dn 7.13

[5] Za 9.9

[6] Za 9.9-10

[7] Ps 118.22

Pour aller plus loin :

Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Marc 10, 1-10 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-25-mars-lentree-de-jesus-a-jerusalem/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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19 Apr 2021Inquiétante résurrection00:07:55
Inquiétante résurrection

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19 Apr 2021La Pentecôte et la foi de Thomas00:09:34
La Pentecôte et la foi de Thomas

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19 Apr 2021L’apparition du ressuscité aux disciples00:09:32
L’apparition du ressuscité aux disciples

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20 Apr 2021Jésus le bon berger00:07:48

25.04.2021 : Jean 10. 11-18 – Jésus, le bon berger

Jésus le bon berger

Introduction

Ce chapitre de l’évangile de Jean évoque deux images pour parler de Jésus, il est la porte et il est le berger. La porte protège les brebis quand elles sont dans l’enclos et le berger les conduit lorsqu’elles sortent de l’enclos. Les versets de ce dimanche décrivent les qualités du bon berger.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Image du berger

Le bon berger est celui qui n’abandonne pas ses brebis quand le loup se pointe, mais qui les protège. On pense à David qui parlait de son métier de berger en disant que lorsqu’il faisait paître le troupeau de son père : « Quand le lion ou l’ours venait enlever une bête du troupeau, je lui courais après, je le frappais et je délivrais la bête de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la barbe, je le frappais et je le tuais[1]. »

Dans les évangiles, plusieurs images sont données du Christ, il est l’avocat, l’ami, le sauveur, ici il est le berger qui protège et qui montre le chemin.

Le berger connaît ses brebis

Le bon berger se distingue du mauvais en ce qu’il connaît ses brebis. Dans le Premier Testament, le verbe connaître et parfois traduit par aimer. Dire que le Christ nous connaît, c’est dire qu’on est précieux à ses yeux.

En français, co-naître, c’est aussi naître avec. Nous qui sommes connus du Christ, nous sommes invités à naître – renaître – avec lui.

Pistes d’actualisation

1er thème : Les bergers dans la Bible

Les hommes de la Bible ont souvent été des bergers. Abel était berger ; Abraham, Isaac et Jacob ont passé leurs vies sous des tentes ; Moïse et David ont reçu leur vocation alors qu’ils étaient bergers ; Amos était berger et ce sont encore des bergers qui ont été les premiers avertis de la naissance de Jésus. Les bergers ont une relation particulière avec le Seigneur parce qu’ils veillent ; plus souvent que les autres, ils contemplent les étoiles et écoutent ce que raconte le vent.

Dans cette parabole, c’est le Seigneur qui est le berger comme dans le Psaume 23 ou dans la parabole de la brebis perdue et retrouvée. Il nous appartient de nous laisser conduire pour entrer dans le grand troupeau de ceux qui le suivent.

2e thème : Le bon berger se défait de sa vie

Dans le quatrième évangile, Jésus est aussi défini comme l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde[2], c’est-à-dire l’agneau sacrifié. Jésus est l’agneau et il est le berger, mais un berger qui se défait de sa vie.

Cette expression renvoie au grand commandement de ce quatrième évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie pour ses amis[3]. » L’amour dans ce verset n’est pas un sentiment, c’est un acte, donner de sa vie. Aimer son prochain, ce n’est éprouver un sentiment de sympathie à son égard, c’est donner de sa vie pour qu’il grandisse dans toutes les dimensions de sa personne.

Jésus n’est pas un berger qui conduit son troupeau à la baguette, c’est un berger qui aime ses brebis et qui se donne pour elles.

3e thème : Jésus a d’autres brebis

Jésus annonce qu’il a d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. D’un point de vue historique, les commentaires disent que ce verset fait référence aux non-Juifs qui vont rejoindre la première Église. Nous pouvons l’actualiser en pensant que ce verset s’oppose à toutes les visions sectaires qui veulent faire coïncider l’Église de Jésus-Christ avec leur chapelle.

J’aime à penser que l’Église est plus grande que ce que je vois et crois et que mon prochain qui est d’un autre enclos est aussi une brebis dont prend soin le Christ.

Une illustration

Un commentaire rabbinique décrit une vision d’un bon berger. Il raconte que Dieu a observé comment Moïse s’occupait du troupeau de son beau-père. Lorsqu’il arrivait sur une nouvelle pâture, il commençait par envoyer les agneaux pour qu’ils mangent l’herbe la plus tendre, ensuite il envoyait les brebis quand l’herbe était plus dure et enfin les boucs quand il ne restait que les épines. Ayant vu que Moïse était un bon berger, Dieu a pensé qu’il pourrait conduire son peuple, c’est pourquoi il l’a appelé depuis un buisson en feu. Un bon berger fait attention à ce que chacun ait la part qui lui convient.

[1] 1 S 17.34-35.

[2] Jn 1.29.

[3] Lc 15.12-13.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 10, 11-18 : https://campusprotestant.com/video/bon-berger/

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26 Apr 2021Comment comprendre l’image des sarments attachés à la vigne ?00:08:34

02.05.2021 : Jean 15.1-8 – La vigne et les sarments

La vigne et les sarments

Introduction

Une singularité de l’évangile de Jean se trouve dans la deuxième moitié du chapitre 13 et dans les chapitres 14, 15 et 16 qui se présentent comme un résumé de son enseignement. Sous la forme d’un testament spirituelJésus expose à ses disciples une récapitulation de son évangile. Au centre de ce résumé se trouve la première partie du chapitre 15 que nous méditerons aujourd’hui et dimanche prochain.

Points d’exégèse

Pur par la parole (v.3)

Après avoir utilisé l’image des sarments attachés à la vigne, Jésus déclare à ses disciples qu’ils sont purs à cause de la parole qu’il a dite. Ce qui fait la pureté, ce ne sont pas les bonnes actions ni les bonnes pensées, mais la bonne écoute. Le pur n’est pas celui qui se conduit impeccablement, mais qui ne triche pas avec la parole et qui ne cesse de la méditer.

David est considéré comme un grand roi alors qu’il a été adultère et meurtrier et qu’il a mal élevé ses fils. S’il est considéré comme une image du messie, c’est qu’il est toujours resté devant Dieu, dans ses bons et ses mauvais jours, comme en témoigne la tradition des Psaumes qui lui sont attribués.

La gloire de Dieu (v.8)

Le père est glorifié par les fruits portés par les disciples. Dans le vocabulaire biblique, le mot gloire évoque l’être le plus profond d’une personne. La gloire de Dieu, ce ne sont pas des anges qui jouent de la musique dans le ciel, ce sont des disciples qui portent du fruit sur la terre.

Dans l’épître aux Galates, Paul a dit que les fruits de l’amour, la joie, la paix, la bonté, la bienveillance, la foi et la douceur… chaque fois que ces fruits sont vécus, le Dieu du ciel et de la terre est glorifié.

Pistes d’actualisation

1er thème : La foi comme demeure

Souvent la foi est comprise en termes de croyance. A la foi celui qui croit que Jésus est la vérité. Cet évangile déplace un peu notre compréhension en définissant la foi en termes de demeure. A la foi celui qui demeure en Christ. L’essentiel n’est pas tant ce que je crois au fond de moi que ce que je vis.

Jésus dit Demeurez en moi, comme moi en vous ; le mouvement est réciproque : aller au Christ et l’accueillir, la foi est à la fois un mouvement et une hospitalité.

2e thème : Hors de moi, vous ne pouvez rien faire

Des tas de choses sont faites hors du Christ. Cette phrase suggère que tout ce qui est fait et qui ne peut se rattacher au Christ, est vain. Pourtant nous faisons des tas de choses hors du Christ, et surtout nous voyons autour de nous des hommes et des femmes faire de belles choses hors du Christ.

Voilà comment je comprends cette expression. Jésus m’appelle à considérer que tout ce que je fais de bon et de beau – tout ce que je fais qui a de l’importance – est un fruit de mon attachement au Christ. De même que Paul a dit : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi fais-tu le fier, comme si tu ne l’avais pas reçu ? Je dois me considérer comme un simple sarment et si je porte quelques fruits, ils ne sont que le produit de la sève qui vient de la vigne.

3e thème : L’exaucement de la prière

Si vous demeurez en moi… demandez tout ce que vous voudrez, et cela vous arrivera. La promesse de l’exaucement de toutes les prières se retrouve régulièrement dans les évangiles et elle se heurte à notre expérience : nous avons tous traversé l’épreuve de prières justes qui n’ont pas été exaucées. Comment sortir de cette contradiction entre la promesse de l’évangile et notre expérience humaine. Trois pistes :

  • Je n’ai pas encore la foi. Si ma prière n’est pas exaucée, c’est que me demeure en Christ n’est pas entière. Il me faut la travailler.
  • Je suis porté par l’espérance de ce verset. Un jour ma prière sera totalement en Christ. Je peux continuer le combat de la foi, car je sais qu’un jour ma communion sera parfaite et ma prière entendue.
  • Je suis appelé à la persévérance et à ne pas me décourager dans ma prière et mon habitation spirituelle. Continuer à prier et entendre la parole redoutable de Jésus en conclusion de la parabole de la veuve et du juge : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18.8)

Une illustration

L’Église est ici comparée à une vigne. Les sages qui ont médité cette image ont relevé les analogies suivantes :

La vigne est plus basse que les autres arbres ; elle est pourtant plus élevée que ceux-ci par la qualité de son produit.

La vigne porte des grandes et des petites grappes, mais les grandes pendent toujours plus bas que les petites.

Tout n’est pourtant pas parfait dans la vigne : elle produit aussi bien du jus acide que du vin.

Elle est foulée aux pieds pour donner son jus, mais son produit est présent à la table des rois.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 15, 1-8 : https://campusprotestant.com/video/vraie-vigne/

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03 May 2021Aimez-vous les uns les autres00:08:18

09.05.2021 : Jean 15.9-17 – Aimez-vous

Aimez-vous les uns les autres

Introduction

Une singularité de l’évangile de Jean se trouve dans la deuxième moitié du chapitre 13 et dans les chapitres 14, 15 et 16 qui se présentent comme un résumé de son enseignement. Sous la forme d’un testament spirituelJésus expose à ses disciples une récapitulation de son évangile. Dimanche dernier, nous avons entendu l’appel à demeurer en Christ pour porter du fruit, dans l’évangile de ce jour, les fruits de l’évangile est l’appel à s’aimer les uns les autres.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Définition de l’agapé : se défaire de sa vie

L’amour, tout le monde est pour, mais le mot a plusieurs significations. Nous avons tous besoin d’être aimés, mais jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour aimer notre prochain ? Une première définition de l’amour est ce qui nous fait du bien : lorsque nous disons que nous aimons un bon vin, une belle musique ou faire la sieste, c’est parce que cela est agréable. Lorsque Jésus dit que personne n’a de plus grand amour que celui qui se défait de sa vie pour ses amis, il inverse la perspective : l’amour, ce n’est pas ce qui me fait du bien, mais ce qui fait du bien à mon prochain. Dans l’évangile, la définition de l’amour agapé est ce que je donne de ma vie pour aider mon prochain à grandir dans toutes les dimensions dans son existence.

La prédestination : être appelé pour aimer

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis pour que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure. Se savoir choisi par le Christ est une libération. Ma foi ne dépend pas de mes actions ni de mes réussites, mais trouve son enracinement dans un appel qui ne vient pas de moi.

Ma responsabilité humaine n’est pas l’origine de la foi qui ne m’appartient pas, mais ma fidélité : que votre fruit demeure. Le combat de la foi est celui de la persévérance, de la résistance à l’usure de la grâce et à la dégradation de l’étonnement.

Pistes d’actualisation

1er thème : La racine de notre amour : celui du Christ de sa vie

Aimez-vous… comme je vous ai aimés. La particularité de l’amour auquel nous sommes appelés dans les évangiles est qu’il ne vient pas de nos propres forces, mais qu’il trouve sa source dans celui du Christ. Lorsque je n’arrive pas à aimer mon prochain, je suis invité à me ressourcer dans l’amour du Christ afin qu’il vienne alimenter mon propre amour.

La psychologie dit qu’un enfant ne peut s’épanouir s’il n’a été aimé inconditionnellement. Il en est de même de la foi qui ne peut se développer sainement si elle n’est pas enracinée dans l’amour inconditionnel du Christ. Si je me sais inconditionnellement aimé, alors je n’ai plus rien à prouver, je n’ai plus à chercher l’approbation de mon existence dans le regard de mon prochain. Je suis libre et je peux aimer.

2e thème : Amitié de Dieu

Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelés amis. Dimanche dernier, nous avons défini la foi comme une demeure et un attachement au cep, ici elle est exprimée en termes d’amitié : entrer dans l’amitié de Dieu. Un ami est quelqu’un à qui on ouvre son cœur, à qui on peut tout dire, avec qui on partage ce qui est au fond de sa personne.

Les chrétiens ont l’habitude de se reconnaître comme disciples du Christ, pourquoi ne se considèrent-ils pas plutôt comme amis du Christ ? Les quakers ont raison d’appeler leur mouvement la société des amis.

3e thème : Joie comme vertu spirituelle

Je vous ai parlé ainsi pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Le but de la foi chrétienne est une joie chrétienne. La joie devient la mesure de la foi, elle est le fruit de ce sentiment d’avoir trouvé en Christ la vraie demeure de son existence. Elle repose sur un sentiment de plénitude, sur la capacité de savourer le temps présent : poser un regard positif sur le prochain, accueillir ce qui advient, cultiver la gratitude face à ce qui est.

Nous comprenons pourquoi l’apôtre Paul a fait de cette vertu un commandement : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. » (Ph 4.4)

Une illustration : les amis de Dieu

Dans le Premier Testament, deux hommes ont été appelés amis de Dieu. Le premier est Abraham qui est appela ainsi dans le livre d’Ésaïe (Es 41.8), cette tradition existe toujours dans le Nouveau Testament puisque nous l’épître de Jacques la rapporte (Jc 2.23). Le second est Moïse dont le texte dit qu’il parlait avec le Seigneur comme un homme parle à son ami (Ex 33.11).

La particularité d’Abraham et de Moïse est qu’ils ont contesté une décision de Dieu, Abraham lorsqu’il a défendu le sort de Sodome que le Seigneur voulait détruire, et Moïse lorsqu’il s’est opposé au projet de Dieu de faire mourir peuple après la chute du veau d’or pour en choisir un autre.

Un ami, c’est quelqu’un à qui on peut tout dire, quand on est d’accord et quand on n’est pas d’accord.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 15, 1-8 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-commandement-de-jesus/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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10 May 2021Prière de Jésus pour ses disciples00:08:22

16.05.2021 : Jean 17.11-19 – Prière de Jésus pour ses disciples

Prière de Jésus pour ses disciples

Introduction

Après avoir résumé son Évangile dans son testament, Jésus a une dernière chose à faire pour ses disciples avant de les quitter : il prie pour eux. Il mesure les dangers et les difficultés qu’ils vont affronter. Il connaît les faiblesses de ses disciples, il sait que l’un va trahir et que le premier parmi eux va renier, mais il prie quand même.

Sa prière est plus qu’une prière, c’est aussi un traité d’une belle facture théologique sur la situation de l’Église dans le monde.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Qu’ils soient uns

Ce verset est souvent cité dans les groupes œcuméniques, mais le texte dit qu’ils soient uns comme nous, comme le fils et le père. L’unité dont il est question ici peut être entendue comme une unité entre les disciples, mais aussi comme l’unité interne à chacun. Jésus prie pour que ses disciples soient unifiés, qu’ils réalisent l’unité entre leur foi, leur pensée, leurs paroles, leurs désirs et leurs actions. Dans cette perspective, le contraire de l’unité n’est pas la diversité, mais l’éclatement. Jésus prie pour l’unification personnelle de ses disciples.

Je les ai préservés et aucun d’eux ne s’est perdu

Cette phrase sera reprise au moment de l’arrestation de Jésus lorsque ce dernier ira au-devant de ceux qui le cherchaient et demandera à Pierre de ranger son épée lorsqu’il a voulu le défendre.

La première conséquence de la non-violence de Jésus au moment de son arrestation est que ses disciples n’ont pas été inquiétés. S’il s’était défendu, ceux qui auraient combattu à ses côtés auraient connu le même sort que lui.

Jésus s’est livré pour ses disciples au sens premier du terme.

Pistes d’actualisation

1er thème : Dans le monde sans être du monde

À trois versets d’intervalle, Jésus dit de ses disciples qu’ils sont dans le monde (v.11) et qu’ils ne sont pas du monde (v.14). La tension entre ces deux expressions est le défi de la foi chrétienne : Comment être totalement dans le monde tout en conservant notre différence par rapport au monde du fait de notre foi.

Le philosophe Gustave Thibon a évoqué cette tension en disant : « Face aux incroyants, cultiver tout ce qui nous unit, mais ne jamais renoncer à ce qui nous distingue ; sinon, l’union extérieure se fera aux dépens de notre propre cohésion interne… le chrétien est à la fois le plus distinct et le moins séparé de tous les hommes. » Être dans le monde, le moins séparé de tous les hommes, sans être du monde, en restant le plus distinct.

2e thème : Jésus annonce à ses disciples qu’ils seront détestés

Les disciples porteront une parole de paix, d’amour, de guérison et de réconciliation, et pourtant… ils seront détestés car ils seront différents.

Le professeur Henri Baruk, qui a dirigé pendant des années l’hôpital psychiatrique de Charenton, a travaillé sur l’origine de la haine à partir de ses observations cliniques. Sa conclusion est « que les haines humaines étaient provoquées par la conscience morale refoulée et accusatrice. L’homme qui viole le droit se sent accusé intérieurement et réagit en accusant les autres, d’où la haine inextinguible. » Par leur simple différence, les disciples seront les révélateurs des logiques mortifères de leur monde.

Cette remarque nous pose une question. Si par hasard nous ne sommes pas détestés, est-ce parce que nous vivons dans un monde converti à l’évangile, ou parce que nous avons édulcoré notre témoignage ?

3e thème : Les disciples sont consacrés par la vérité

Consacre-les par la vérité. La consécration évoque la séparation, les disciples sont différents par leur rapport à la vérité. Ce verset nous rappelle celui dans lequel Jésus qu’il était le chemin, la vérité et la vie. La vérité de l’évangile est à la fois un chemin et une vie. Les disciples sont appelés à cheminer dans leur foi, à ne pas rester statiques, bloqués, et ils sont appelés à avoir une foi vivante, qui soit porteuse de vie.

La vraie consécration consiste à être dans le monde sans être du monde, à être toujours en chemin et à être porteur de vie.

Une illustration

La semaine dernière, nous avons entendu que Jésus appelait ses disciples pour que leur joie soit complète, ici Jésus déclare dans deux versets qui se suivent que ses disciples auront en eux une joie complète et qu’ils seront détestés. Peut-on être joyeux quand on est détesté ? C’est le paradoxe de ce texte. Comme il y a des choses qui ne s’expliquent pas, mais qui se racontent, nous avons une illustration de cette contradiction dans le livre des Actes.

À Philippes, Paul et Silas ont été dénoncés aux pouvoirs publics comme agitateurs. Le texte dit qu’ils ont été roués de coups et jetés en prison. Dénoncés, frappés, emprisonnés, que font Paul et Silas. Ils auraient de bonnes raisons de se plaindre, mais le texte dit qu’ils priaient et chantaient des louanges (16.25). Leur joie était si complète qu’elle a fait tomber les murs de leur prison.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 17, 11-19 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-jesus-prie-disciples/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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16 Aug 2021Des disciples quittent Jésus00:07:42

22.08.2021 : Jean 6. 60-69 – Les paroles de la vie éternelle

Des disciples quittent Jésus

Introduction

Dans la méditation de la semaine dernière, nous avons dit que Jésus faisait de la théologie à coups de marteau en invitant ses interlocuteurs à manger sa chair – être anthropophages – et boire le sang, ce qui est la transgression de l’interdit qui fonde les prescriptions alimentaires. Il ne faut donc pas s’étonner de trouver dans la séquence d’aujourd’hui une parole qui est unique dans les évangiles : des disciples quittent Jésus. Il va nous falloir comprendre ce qui est si dur dans ces paroles pour justifier une telle séparation.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : L’occasion de chute

Une cause de chute, le verbe utilisé (skandalizô) a donné scandale en français. Le skandalon est la pierre d’achoppement, le caillou qui est au milieu du chemin, sur lequel on bute et qui fait tomber. Dans les évangiles, l’image d’une pierre d’achoppement est souvent utilisée pour évoquer le ministère de Jésus, nous l’avons déjà rencontrée dans le récit de la prédication à Nazareth.

La foi est parfois une question clivante. Il y a une part de folie dans le fait de croire en Dieu. À un moment, il faut faire le saut, le pari de la confiance : il y a ceux qui le font et ceux qui restent toujours sur le bord du chemin.

Titre : Encore la vie éternelle

Lorsque Jésus demande à ses disciples s’ils ne veulent pas aussi le quitter, Pierre répond : « À qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. » Les disciples ont entendu la parole de Jésus qui dit que celui qui mange sa chair a la vie éternelle. Cette parole, pierre d’achoppement, fait fuir les uns et vivre les autres.

Rappelons que la vie éternelle, ce n’est pas la vie perpétuelle, mais une vie ancrée dans l’éternité de Dieu. Les disciples ont fait le choix de la confiance radicale, même s’ils ne comprennent pas tout, même s’ils sont souvent surpris par celui qu’ils ont décidé de suivre, ils savent au fond d’eux que la parole de l’Évangile est une parole de vie, et qu’elle mérite qu’on y attache sa vie.

Pistes d’actualisation

1er thème : La non-foi de certains

Jésus dit à ses disciples : « Il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient pas. » Pourtant ce sont des disciples ! On comprendrait que Jésus dise qu’ils croient mal, ou qu’ils croient peu, mais comment ose-t-il dire qu’ils ne croient pas ? Il continue sa prédication à coup de marteaux.

Dans les évangiles, Jésus dit d’un centurion romain que jamais il n’a trouvé une telle foi (Mt 8.10) et d’une femme cananéenne que sa foi est grande (Mt 15.28), mais il dit des disciples qu’ils n’ont pas la foi. Jésus bouleverse notre compréhension de la foi. Ce n’est pas une question d’étiquette, ce n’est même pas une question de pratique, mais de confiance radicale.

2e thème : Une parole dure, difficile à entendre

Nous avons dit que la parole difficile à entendre était l’appel à manger la chair de Jésus, à boire son sang. Une autre hypothèse repose sur l’architecture du chapitre. Pour l’entendre, il nous faut faire un zoom arrière et relire l’enchaînement des séquences.

Jésus multiplie les pains – la foule est séduite et veut le faire roi – Jésus s’esquive et traverse le lac dans la nuit – la foule le rejoint et lui demande un signe – Jésus répond que le signe c’est sa personne, son corps donné, son sang versé – des disciples quittent Jésus. On peut poser l’hypothèse qu’ils quittent Jésus parce qu’ils sont déçus par son discours sur le pain de vie. Ils voulaient un messie qui les conduit à la victoire, ils ont en face d’eux un Christ qui se présente sous la forme d’un morceau de pain, d’une nourriture pour la vie éternelle.

3e thème : Personne ne peut venir à moi, si cela ne lui est donné par le Père.

Souvent la foi est décrite comme un don. Pourquoi est-ce que je crois alors que mon frère qui a reçu la même éducation que moi reste sur le bord de l’évangile ? Il n’y a pas d’explication, mais deux conséquences.

D’abord cela me conduit à l’humilité. Si la foi est un don, je n’ai aucun mérite, et je n’ai surtout par le droit de juger celui qui suit un autre chemin. Je n’ai qu’une chose à faire ; rendre grâce.

Ensuite, cela m’oblige. Si le Père m’a donné d’aller à Jésus, ce n’est pas pour profiter de ce don, mais pour le faire fructifier en étant témoin de l’évangile, par ma vie et par ma parole.

Une illustration : la prédestination ?

Lorsque Jésus dit que la foi est donnée par le père, il nous invite à considérer tout ce que nous avons de foi comme un don de Dieu. On a posé la question au cardinal Etchegaray de savoir pourquoi il était chrétien, il a répondu : « Pourquoi suis-je chrétien ? Drôle de question ! J’ai envie de répliquer : Aller le demander au Christ lui-même ! C’est lui qui m’a saisi. Moi, je me suis laissé faire. J’ai beau m’évertuer à assumer en adulte le baptême de mon enfance, je ne cesse de voir que c’est Lui, toujours Lui qui fait le premier pas vers moi, le pas de l’amour, le pas du pardon. Et moi, même cardinal, je ne fais que sauter de joie, comme un gosse qui sort de l’eau, tout ruisselant de soleil. »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis éclaire le texte biblique de Jean 6, 60-69 : https://campusprotestant.com/video/la-decision-de-la-foi/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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21 Jun 2021Deux guérisons féminines00:10:43

27.06.2021 : Marc 5. 21-43 – Fille Jaïros

Deux guérisons féminines

Introduction

Le récit qui précède est la guérison du démoniaque de Gérasa en terre étrangère. Jésus a juste fait un aller-retour en terre étrangère pour libérer un homme qui était lié en envoyant ses démons dans un troupeau de cochons. Quand il retourne en terre d’Israël, on pourrait penser que c’est pour trouver une situation plus apaisée, mais le voilà harcelé par une foule qu ile presse de toutes parts.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Une femme impure

Les deux personnages principaux du récit sont un chef religieux, Jaïros, et une femme atteinte d’une perte de sang. Dans un premier temps, tout oppose les deux personnages. Le premier est un chef religieux, respecté, et en plus tout le monde le plaint car la maladie d’un enfant suscite naturellement la compassion.

La seconde est une femme ruinée qui a dépensé tout son argent auprès de médecins qui ont été incapables de la guérir, et qui est atteinte d’une maladie qui la rend en permanence impure comme le sont les femmes pendant leurs périodes.

Deux récits enchâssés

Nous avons vu que tout opposait Jaïros à la femme atteinte d’une perte de sang. L’évangéliste suggère le rapprochement entre les deux guérisons par le nombre douze : la femme est malade depuis douze ans, ce qui est précisément l’âge de la fille. Les deux récits, enchâssés l’un dans l’autre, deviennent proches car ils parlent de la difficulté de deux femmes à trouver leur identité de femme.

La première est touchée au creux de sa féminité et la seconde est à l’âge où elle devient nubile et on peut imaginer que la maladie et liée à sa situation.

Pistes d’actualisation

1er thème : Jésus et la foule

La foule est très présente dans ce récit. Quand Jésus accompagne Jaïros, elle le presse, au point que la femme pense pouvoir toucher Jésus de façon anonyme, et lorsqu’il arrive chez Jaïros, il la renvoie car la maladie d’une fillette est une question intime qui n’a pas besoin de témoins.

Dans l’évangile, Jésus a eu compassion des foules parce qu’elles étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger (Mt 9.36), mais il a toujours refusé de prendre la tête de la foule pour lui montrer le bon chemin. Il ne l’a pas fait car il ne veut pas s’adresser à des foules, mais à des sujets uniques. Quand il rencontre un homme, il commence par le sortir de la foule, il le défoule.

2e thème : Guérison rendue

Lorsque la femme atteinte d’une perte de sang touche le manteau de Jésus, elle est dans une démarche superstitieuse. Le texte dit qu’elle a tout essayé pour guérir et qu’elle a d’ailleurs dépensé tout son argent pour cela. Lorsque Jésus s’annonce, comme il est précédé d’une réputation de thaumaturge, elle est prête à essayer ça aussi, alors elle touche son manteau discrètement.

Lorsque Jésus demande qui l’a touché, elle aurait pu se sauver, se réfugier dans l’anonymat de la foule, mais elle sait qu’elle est guérie, alors elle se jette aux pieds de Jésus et lui dit toute la vérité. Elle n’est plus dans une démarche superstitieuse, mais dans une quête de vérité. C’est pourquoi Jésus lui rend sa guérison : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. » Une façon de lui dire : ta guérison, tu ne l’as pas volée, tu la mérites.

3e thème : Secret messianique

Lorsque Jésus relève la fille de Jaïros, on peut penser qu’il profite de cette guérison pour renforcer son ministère, mais au lieu de cela « Il leur fit de sévères recommandations pour que personne ne le sache. »

Cette discrétion de Jésus nous étonne, mais on la comprend quand on pense à la foule. Elle ne suit pas Jésus pour sa parole mais parce qu’elle veut voir des miracles. Jésus n’a pas guéri pour soigner sa popularité, mais pour poser des signes de la compassion de Dieu. Le problème avec les miracles, c’est que les hommes s’attachent au signe sans prêter attention à ce qu’il désigne.

Ce qui est premier dans l’évangile, c’est la Parole et le signe ne fait que désigner l’Évangile, alors que la plupart de ses interlocuteurs veulent le signe et pas la parole.

Une illustration : La foi dans nos deuils

Lorsqu’on apprend à Jaïros que sa fille est morte, Jésus lui dit : N’aie pas peur, crois seulement. Nous savons que la foi ne nous libère pas de l’épreuve du deuil. Face à la mort, qu’apporte la foi ? L’apôtre Paul dit dans l’épître aux Thessaloniciens : Ne vous attristez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance (1 Th 4.13)Paul ne dit pas qu’il ne faut pas être triste dans le deuil, mais qu’il ne faut être triste comme les autresÀ cause de l’espérance, notre tristesse peut être différente, et cette différence repose sur la confiance. C’est la raison pour laquelle ce verset : Ne crains pas, crois seulement est parfois écrit sur les faire-part de deuil et sur les pierres tombales.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 5, 21-43 : https://campusprotestant.com/video/la_fille_de_jairos/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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14 Jun 2021Jésus apaise une tempête00:08:54

21.06.2021 : Marc 4.35-41 – Tempête apaisée

Jésus apaise une tempête

Introduction

Dans le passage de l’évangile que nous avons médité la semaine dernière, nous avons entendu un appel à la confiance avec la parabole de la plante qui pousse toute seule, même quand le semeur dort. Dans la nuit qui suit, Jésus dort au milieu de la tempête, mais pas les disciples qui luttent contre les vents contraires. C’est alors que leur confiance est mise à l’épreuve.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Les disciples et la navigation

La mer de Galilée est basse (200 mètres au-dessous du niveau de la mer) et entourée de hautes collines, ce qui favorise les changements de temps. Les tempêtes s’y lèvent rapidement. Parmi les disciples plusieurs étaient pêcheurs (Mc 1.16-20), ils connaissent la dangerosité des tempêtes et la gravité de la situation.

Il faut ajouter qu’Israël n’était pas un peuple marin ; l’eau, c’est le lieu de froid, du ténébreux, du mouillé ; dans le Premier Testament, la mer est peuplée de monstres infernaux et de puissances maléfiques.

La nuit

Le soir de ce même jour, les disciples vont vers l’autre rive. Le mot autre évoque l’inconnu, le non-familier. Et on peut se poser la question : pourquoi le soir ? Ils auraient pu attendre le lendemain, d’autant qu’ils devaient être fatigués. L’épisode se passe de nuit et la nuit est le temps des ténèbres et métaphoriquement de l’absence de Dieu. Mais dans la Bible, c’est aussi la nuit où Dieu a conclu son alliance avec Abraham (Gn 15,12), où Jacob a lutté avec l’ange avant de recevoir un nouveau nom, Israël (Gn 32,25), et où la loi a été donnée à Moïse au mont Sinaï (Ex 20,21). En cela, nous pouvons dire que la nuit s’apparente au désert qui est à la fois le lieu de l’épreuve et celui d’une compréhension nouvelle de Dieu.

Pistes d’actualisation

1er thème : Éloge du sommeil

Une tempête est toujours bruyante, les vents hurlent, les vagues déferlent, le capitaine crie ses ordres aux marins… et l’eau remplit le bateau. Où est Jésus ? Il dortCe verset joue sur le contraste entre la terreur des disciples et le sommeil de Jésus, le fracas de la tempête et le calme du dormeur.

Les évangiles évoquent deux types de sommeil, le sommeil de la confiance et le sommeil du paresseux ; le sommeil du Christ au cœur de la tempête et le sommeil de disciple qui ne peut veiller avec Jésus à Gethsémané. C’est ce premier sommeil dont il est question ici. Jésus met en application ce qu’il a enseigné dans la parabole de la semence qui pousse toute seule. Une fois que la semence a été semée, elle se déploie, même quand le semeur dort. Jésus a semé, il peut se reposer… même au milieu de la tempête.

2e thème : Le contraire de la foi, ce n’est pas l’incroyance, mais la peur

Jésus leur dit : Pourquoi êtes-vous peureux ? N’avez-vous pas encore de foi ?

La peur est le contraire de la foi parce qu’elle est un manque de confiance et qu’elle paralyse. Dans la parabole des talents, le serviteur qui a caché son talent est celui qui avait peur.

Le commandement : N’ayez pas peur ! est celui qui est le plus souvent répété dans le Nouveau Testament. Jésus n’a pas eu peur de toucher le lépreux (Mc 1.41), de partager la table d’un collecteur des taxes (Mc 2.15), de guérir une main atrophiée le jour du sabbat (Mc 3.1-5) ; dans la suite, il n’aura pas peur de la femme atteinte d’une perte de sang (Mc 5.34), des religieux et de leurs traditions (Mc 7.6-8), des chiens de la Cananéenne (Mc 7.27-29) ; il n’aura pas peur des marchands du Temple, du parfum de grand prix, de Judas, de Caïphe et de Pilate. Il nous invite à entrer dans la confiance qui était la sienne : Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice. (Mt 6.33)

3e thème : La crainte de Dieu et celle des hommes

Après que Jésus a calmé la tempête, ils furent saisis d’une grande crainte. Cette crainte n’est plus celle de la tempête, mais la crainte de Dieu dont le Psaume déclare qu’elle est le commencement de la sagesse. (Ps 111.10)

Cette crainte se retrouve tout au long des évangiles, depuis l’annonce aux bergers à la découverte du tombeau vide en passant par les différentes guérisons. Cette crainte vient de la prise de conscience que Dieu n’est pas une idée, mais qu’il est le créateur du ciel et de la terre venu rencontrer notre humanité. Elle n’est pas de la peur dans la mesure où je ne dois pas avoir peur de Dieu, elle est un signe de respect.

Une illustration : Qu’est-ce que la crainte de Dieu ?

Un enseignement de la tradition soufie raconte qu’un maître demande un jour à ses disciples en quoi consiste la véritable crainte de Dieu. Ils répondent : « À aimer Dieu ». Le maître secoue la tête et dit : « Pas au sens qu’on donne habituellement à l’expression « aimer Dieu ». Car celui qui dit : « J’aime Dieu », se trouve encore sous la contrainte. Vous devez dire : « Je crois fermement que Dieu m’aime ». Telle est la véritable crainte de Dieu. »

Quand on y pense, croire que Dieu m’aime et qu’il se préoccupe de la toute petite personne que je suis : il y a de quoi avoir peur ! Et cette peur est bonne !

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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05 Jul 2021Jésus envoie ses disciples00:08:15

11.07.2021 : Marc 6.7-13 – Envoi des Douze en mission

Jésus envoie ses disciples

Introduction

Après l’échec de sa prédication dans son pays, Jésus décide de donner de l’ampleur à son ministère en envoyant ses disciples en mission pour proclamer, pour libérer et pour guérir. Il leur fait des recommandations de sobriété pour que leur comportement soit en cohérence avec le message qu’ils doivent annoncer.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Jésus donne autorité à ses disciples

L’autorité est la marque du ministère de Jésus. Lorsqu’il parle, les auditeurs sont étonnés par ce qu’il parle avec autorité. D’où vient l’autorité ? Dans ce récit elle est associée au comportement des disciples qui doivent voyager avec simplement un bâton, une paire de sandales et une seule tunique. L’autorité vient de la cohérence entre ce qu’une personne dit et ce qu’elle vit : l’autorité de la simplicité et des mains nues.

L’image de cette autorité est celle du Christ qui a été le maître de ses disciples en devenant leur serviteur, qui a révélé sa messianité en leur lavant les pieds.

Titre : Secouer la poussière

Si les disciples ne sont pas écoutés, ils doivent simplement secouer la poussière de leurs pieds et poursuivre leur chemin. Secouer la poussière, c’est une façon de dire : « Je prends acte que vous ne voulez pas accueillir la Parole, alors gardez votre poussière ! »

Jésus prépare les apôtres à n’être pas toujours bien reçus. Si on s’étonne que l’évangile ne soit pas toujours bien accueilli, on peut se souvenir qu’il en était de même au temps des apôtres. Le rejet fait aussi partie du programme.

Pistes d’actualisation

1er thème : Une Église aux mains nues

En voyageant avec un simple bâton et une paire de sandales, les apôtres sont les modèles d’une Église aux mains nues. Dans le livre des Actes, lorsque les apôtres se présentent à la porte du Temple où mendie un infirme, Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j’ai je te le donne : par le nom de Jésus-Christ, le Nazôréen, lève-toi et marche ! (Ac 3.6)

Face aux problèmes immenses de notre monde – les injustices, le chômage, la pollution, les maladies, les violences – l’Église n’a ni or ni argent. Elle n’est experte en rien du tout, elle n’a que sa parole et sa prière, mais c’est exactement ce dont notre monde a besoin.

2e thème : La prédication du changement radical

Les disciples sont appelés à prêcher le changement radical qui était déjà au cœur de la prédication du Baptiseur et de Jésus (Mc 1,4,15). Elle est la marque de la Bonne Nouvelle.

L’expression est la traduction du mot metanoïa qui signifie le changement (meta) de notre intelligence (noûs). Le mot employé pour dire l’intelligence (noûs) est beaucoup plus que la faculté de comprendre, il signifie la mentalité, le siège de la volonté et de la réflexion, le lieu de la pensée et du sentiment. Le changement radical est un changement de logiciel, c’est la transfiguration de notre intelligence pour voir et comprendre le monde comme Dieu le voit et le comprend.

3e thème : L’Église et les malades

Le récit dit que les disciples faisaient des applications d’huile à beaucoup de malades et les guérissaient. L’huile était utilisée comme médicament pour soigner les malades. Les disciples sont appelés à témoigner de l’amour de Dieu en soignant les malades. Ce n’est pas un hasard si dans l’histoire des missions, les envoyés au nom du Christ ont construit des chapelles, des écoles et des hôpitaux.

À propos de l’onction d’huile, un père du désert a fait la comparaison suivante : « Celui qui prend de l’huile dans le creux de sa main et en frotte un malade obtient pour lui aussi un avantage de l’onction : car l’huile pénètre sa propre peau. De même, si l’un de nous fait une prière pour un frère, il en partage le profit. » Il concluait son enseignement en disant : « Priez les uns pour les autres si vous voulez être guéris. »

Une illustration : Quelle radicalité ?

Jésus appelle ses disciples à prêcher le changement radical, mais de quelle radicalité s’agit-il ? Dans un de ses sermons, Martin Luther King a abordé cette question en déclarant : « Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour… Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice… Paul n’était-il pas un extrémiste de l’Évangile… la question n’est pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de quelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 6, 7-13 : https://campusprotestant.com/video/la-mission-des-douze/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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12 Jul 2021Jésus, les disciples et la foule, le repos et l’agitation00:07:02

18.07.2021 : Marc 6.30-34 – Jésus appelle ses disciples à l’écart

Jésus, les disciples et la foule, le repos et l’agitation

Introduction

Dans le passage que nous avons médité la semaine dernière, les disciples ont été envoyés pour prêcher le changement radical, chasser les démons et soigner les malades. Une fois leur mission terminée, ils se retrouvent avec Jésus. Ils ont beaucoup de choses à partager. On les imagine avides de pouvoir raconter ce qu’ils ont vécu, mais ils ne vont pas le pouvoir.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Apôtres

Le premier verset dit : Rassemblés auprès de Jésus, les apôtres lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait. Depuis leur vocation, c’est la première fois que les disciples sont appelés apôtres. En grec, le mot apostolos signifie envoyé. Les Douze ne sont jamais autant apôtres que lorsqu’ils sont en mission.

Titre : Le repos et l’agitation

Cette péricope repose sur la tension entre l’agitation et le repos. Jésus propose à ses disciples de se reposer, mais ils vont être empêchés par la foule : Beaucoup venaient et repartaient, et ils n’avaient pas même le temps de manger.

Dans la Bible, le repos est important, tellement important qu’on en trouve le commandement dans les Dix paroles. Six jours tu travailleras, un jour tu te reposeras. Le repos n’est pas une concession faite à notre humanité, c’est un commandement. La Bible s’oppose à l’oisiveté et à l’agitation.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le besoin de désert

Jésus appelle ses disciples à aller à l’écart, dans un lieu désert. Dans la Bible, le désert est un lieu de ressourcement, de retour vers l’essentiel. Au désert, il n’y a pas d’automobile pour abolir les distances, pas de télévision pour passer le temps, pas d’ordinateur pour s’abîmer dans le travail, pas de football pour se distraire, pas de café pour se retrouver entre amis. Les rapports sociaux et culturels n’existent plus, l’humain est nu, dépouillé, conduit à la solitude, ramené à l’essentiel.

Le Petit Prince a dit que ce qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puits quelque part. Le problème est qu’il faut parfois creuser profond pour trouver l’eau du puits.

2e thème : La foule ambiguë

Le personnage principal de ce récit n’est pas le groupe des apôtres, mais la foule. La foule qui vient de la ville pour aller vers Jésus au désert. Jésus a toujours eu une relation ambiguë avec les foules. Il s’en est méfié parce qu’une foule, c’est plus qu’une somme d’individus. Dans une foule, les sujets sont noyés dans la collectivité. La foule est capable de l’acclamer lors de sa venue à Jérusalem et de crier À mort ! quelques jours plus tard.

Lors de la tentation du désert, le diable a proposé à Jésus de prendre la tête d’une foule d’adorateurs, mais il a refusé, car il ne veut pas mener des foules, il veut appeler des sujets.

3e thème : La foule en quête de parole

Si en général, Jésus se méfie des foules, il a accueilli cette foule-là parce qu’elle vient de toutes les villes à pied. Elle a fait le chemin qui va de la ville au lieu désert. La ville est le lieu de l’anonymat quand le désert est le lieu de la rencontre.

Parce que les hommes qui vont à Jésus ont fait le chemin de la ville au désert, Jésus a enseigné la foule. Dans la séquence qui suit que nous méditerons dimanche prochain, Jésus nourrira la foule en multipliant les pains.

Ici Jésus enseigne la foule. On peut penser que dans son enseignement il a invité les hommes et les femmes à ne plus se considérer comme les membres d’une foule mais comme des sujets uniques.

Une illustration : Une foule sans berger

Jésus n’est pas ému par la foule en général, mais par la foule qui n’a pas de berger. La grosse accusation de ce passage s’adresse aux bergers qui n’assument pas leur responsabilité. Dans le livre d’Ézéchiel, le prophète est appelé à interpeller les bergers : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Quel malheur pour les bergers d’Israël, qui se repaissaient eux-mêmes ! Les bergers ne devraient-ils pas faire paître le troupeau ? Vous mangez la graisse, vous êtes vêtus avec la laine, vous avez sacrifié les bêtes grasses : vous ne faites pas paître le troupeau. Vous n’avez pas fait reprendre des forces aux bêtes qui étaient faibles, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée ; vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue ; mais vous les avez dominées avec force et avec rudesse. Elles se sont dispersées faute de berger ; elles sont devenues la proie de tous les animaux sauvages ; elles se sont dispersées. (Ez 34.2-6).

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 6, 30-34 : https://campusprotestant.com/video/le-retour-des-apotres/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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28 Jun 2021L’incrédulité des habitants de Nazareth00:06:09

04.07.2021 : Marc 6.1-6 – La prédication de Jésus à Nazareth

L’incrédulité des habitants de Nazareth

Introduction

Nous sommes à un moment de l’évangile où Jésus vient de guérir un démoniaque en terre étrangère, une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans et la fille d’un chef religieux. À l’heure où son ministère se déploie et connaît un certain succès, il retourne dans la ville où il a grandi pour saluer les siens.

Les habitants de Nazareth sont dans un premier temps impressionnés par ses propos, mais très vite ils s’interrogent sur sa personne : ils le connaissent trop bien pour recevoir ses paroles avec des oreilles disponibles.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Jésus en itinérance

Les premiers versets de notre séquence disent : Parti de là, il vient dans son pays. Ils soulignent que Jésus est en permanence en itinérance. Il ne rentre pas dans son pays pour s’y installer, mais il est de passage. Un verset de l’évangile de Luc évoque cette itinérance lorsque Jésus déclare : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où poser sa tête. » (Lc 9.58)

L’itinérance de Jésus s’oppose dans ce récit à l’immobilité des habitants de Nazareth qui sont enracinés dans leur terroir. Les racines nourrissent, mais les racines immobilisent, ce qui les empêche de voir en Jésus autre chose que l’enfant qui a grandi au milieu d’eux et l’artisan qui travaillait pour eux.

Les habitants de son pays s’opposent ici aux disciples qui, eux, marchent à la suite de Jésus.

L’enseignement dans la synagogue

Une belle coutume qu’on trouve dans la Bible consiste à donner la parole à un étranger de passage dans une ville. Une façon de dire : « Toi qui viens de loin, as-tu une parole pour nous, des fois que le Seigneur aurait un message à nous adresser par ton intermédiaire ? » Paul bénéficiera de cette hospitalité de la parole dans ses voyages et il en profitera pour annoncer l’Évangile dans les synagogues.

Jésus n’est pas un étranger dans son pays, mais les hommes sont curieux de l’écouter.

Pistes d’actualisation

1er thème : Nul n’est prophète dans son pays

Jésus a du mal à être reconnu par les habitants de son village, de même qu’il n’a pas été reconnu par ses frères et sœurs qui ont cherché à le ramener à la maison.

Parce qu’ils le connaissaient trop bien, parce qu’ils étaient du même sang que lui, ils ont été incapables d’entendre ses paroles. Dans les familles, il y a deux types de liens, les liens du sang qui unissent les proches parce qu’ils appartiennent à la même histoire, et les liens de la parole qui unissent des hommes et des femmes qui ont des histoires différentes. Jésus a déclaré que ses frères et sœurs sont ceux qui écoutent sa parole. Ici, ce sont plus les disciples que ceux avec qui il a grandi.

2e thème : Une occasion de chute

Non seulement les habitants de la ville de Jésus n’ont pas entendu ses paroles, mais il a été pour eux une occasion de chute, parce qu’ils ne pourront pas dire qu’ils n’ont pas entendu l’Évangile.

Il est étonnant d’entendre que la parole de Jésus puisse être une cause de chute. Les habitants de Nazareth chutent parce qu’ils restent à la surface de ce qui est dit et qu’ils s’interrogent sur celui qui parle au lieu de se laisser interpeller par ce qui est dit.

La bonne façon de ne pas chuter est d’être toujours prêt à entendre une parole pour nous. Quand on entre dans une cérémonie religieuse, toujours se dire : « Aujourd’hui, le Seigneur a une parole pour moi : saurais-je l’entendre ? »

3e thème : Parole pour l’Église d’aujourd’hui

Pour éviter que ce texte ne soit pour nous aussi une cause de chute, nous devons nous interroger sur notre propre écoute. Dans ce récit, notre place est dans la synagogue de Nazareth. Trop souvent, nous sommes tellement installés dans notre foi que nous ne sommes plus prêts à entendre l’Évangile comme une parole nouvelle, une parole pour notre vie de ce jour.

Nous sommes appelés à ne pas être comme les habitants du pays de Jésus, à nous garder des ravages de l’habitude, à lutter contre la dégradation de l’étonnement, à toujours accueillir l’évangile comme une parole nouvelle, comme une parole qui est aujourd’hui la parole la plus importante prononcée sur notre histoire.

Une illustration : L’ambiguïté des miracles

Une des raisons de l’échec de la prédication de Jésus est le rapport aux miracles. Les auditeurs se demandent comment il peut faire des miracles, et le texte se conclut en disant que Jésus ne pouvait faire là aucun miracle, sinon qu’il guérit quelques malades.

Les guérisons de l’évangile ont été un frein dans son ministère, car elles ont conduit les hommes à se focaliser sur le surnaturel et à se détourner de la Parole. Dans l’évangile de Jean, beaucoup d’hommes ont mis leur foi en Jésus à cause des signes qu’il posait, mais le texte précise qu’il « ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous » (Jn 2.25). Jésus sait qu’une foi qui repose sur le miracle est une foi fragile.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 6, 1-6 : https://campusprotestant.com/video/jesus-de-nazareth/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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23 Aug 2021L’originalité de l’enseignement de Jésus00:11:16

29.08.2021 : Marc 7.1-23 – Jésus redéfinit la pureté

En redéfinissant les règles de pureté, Jésus change les catégories religieuses

Introduction

Une des questions les plus importantes dans l’interprétation du Nouveau Testament est de savoir comment l’enseignement de Jésus se positionne par rapport à celui des sages de son époque. Notre meilleure connaissance des maîtres rabbinique met en valeur des analogies avec des passages de l’évangile. Selon le professeur Daniel Marguerat, le passage que nous méditions aujourd’hui est un des enseignements les plus originaux de Jésus qui redéfinissent les critères de pureté.

Points d’exégèse :

Attention sur deux points.

Titre : Les pharisiens et quelques scribes

Le chapitre qui précède montre que partout il se rend en Galilée, les gens accourent pour qu’il les guérisse. Sa réputation est allée jusqu’à Jérusalem pour que des pharisiens soient envoyés pour enquêter sur sa personne. Les pharisiens et les scribes représentent le judaïsme du livre à la différence des prêtes qui relèvent du judaïsme du temple. C’est un mouvement laïc attaché à l’interprétation des Écritures et à la mise en pratique de la Torah. Au sein du judaïsme, ils appartiennent au courant le plus proches de Jésus, mais ils vont achopper dans notre récit sur la redéfinition de la pureté.

Titre : Quelques disciples

Les pharisiens voient quelques-uns de ses disciples manger avec des mains non lavées. Parmi les disciples, certains sont plus scrupuleux que d’autres dans l’application des règles de pureté. Dans le groupe des disciples, cela reste une question secondaire. Cela rappelle l’attitude de Paul par rapport aux prescriptions alimentaires : « Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange car il rend grâces à Dieu ; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas ; il rend aussi grâces à Dieu » (Rm 14.6). L’important n’est pas ce qu’on fait, mais l’état d’esprit dans lequel on le fait.

Pistes d’actualisation

1er thème : Jésus et la loi

Jésus applique aux règles de pureté relatives à la nourriture le principe qu’il a posé par rapport à un autre pilier de la pratique du judaïsme : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » Il reproche à ses interlocuteurs la dérive légaliste qui consiste à être attachés à la lettre du commandement quitte à en oublier le sens.

Il définit son différend avec les pharisiens en citant Ésaïe (Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est très éloigné de moi), une façon de montrer que le débat ne se situe pas entre des très croyants et des moins croyants, mais qu’il s’agit d’une opposition entre une pratique purement rituelle et une pratique qui témoigne d’une disposition de cœur. Le reproche qu’il fait aux pharisiens rejoint celui d’Ésaïe aux religieux de son époque.

2e thème : Redéfinition de la pureté

L’univers religieux du judaïsme était organisé autour de la grande distinction entre le pur et l’impur. Des hommes étaient purs et d’autres impurs selon leur métier ou leurs activités, les femmes étaient en situation de pureté ou d’impureté selon leurs périodes. Le but de la religion était de maintenir les fidèles dans le champ de la pureté, ou leur permettre de le réintégrer quand ils l’avaient quitté.

Jésus pervertit cette compréhension en disant que la pureté n’est pas une affaire extérieure, cela ne dépend pas de ce qu’on mange, ce qu’on touche ou des lieux où on se trouve, c’est une question de disposition du cœur. Le but de la religion n’est pas de se purifier les mains, mais de se purifier le cœur.

Pour être sûr qu’on a bien compris jusqu’où va cette nouvelle lecture, Marc ajoute : « Il purifiait tous les aliments. »

3e thème : Les disciples, modèles de l’Église à venir

L’enseignement de Jésus est tellement révolutionnaire pour l’époque que lorsque les disciples se retrouvent seuls avec lui, ils lui demandent de confirmer ses dires. Jésus le confirme en dessinant les traits d’une Église qui est un rassemblement d’hommes et de femmes qui ont en commun de chercher à purifier leur cœur. C’est exactement ce que dit Paul dans le verset qui fonde sa théologie : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ » (Ga 3.27-28). L’identité du sujet ne se trouve plus dans son statut religieux (Juif ou Grec), professionnel (esclave ou homme libre) ou social (homme ou femme) mais dans la façon dont il a revêtu Christ et dont il a laissé ce dernier purifier son cœur.

Une illustration

Dans l’archipel du Goulag, Alexandre Soljenitsyne se souvient des années où il était officier de l’Armée rouge et des crimes dont il était capable. Ensuite, il a connu la déportation. Fort de cette double expérience, il a écrit : « Peu à peu j’ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États, ni les classes, ni les partis, mais qu’elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l’humanité. » En chaque humain, se trouve du pur et de l’impur. En chaque frère, même le plus vil, se trouve du pur ; en chaque croyant, même le plus sanctifié, se trouve de l’impur.

Dans la même veine Etty Hillesum, juive hollandaise qui sera assassinée à Auschwitz, écrit dans son journal ce que nous pouvons considérer comme sa conversion éthique : « jusqu’au jour où est venue soudain cette pensée libératrice qui a levé comme un jeune brin d’herbe encore hésitant au milieu d’une jungle de chiendent : n’y aurait-il plus qu’un seul allemand respectable, qu’il serait digne d’être défendu contre toute la horde des barbares, et que son existence vous enlèveraient le droit de déverser votre haine sur son peuple entier. »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 7, 1-23 : https://campusprotestant.com/video/jesus-remet-en-cause-la-tradition/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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30 Aug 2021La parole et l’écoute00:07:36

Dans le texte biblique de cette semaine Jésus rend l'écoute et la parole à un sourd-muet. Au-delà de cette guérison physique Jésus invite à expérimenter une parole, une rencontre, un partage. Explications du théologien Antoine Nouis.

05.09.2021 : Marc 7.31-37 – Jésus guérit un sourd-muet

La parole et l’écoute

Introduction

Dans le texte qui précède, Jésus s’est laissé évangéliser par la foi d’une femme syro-phénicienne qui l’a conduit à mettre en pratique son discours sur la pureté que nous avons analysé la semaine dernière. Cette femme était étrangère, mais son cœur était sincère, c’est pourquoi Jésus a guéri sa fille.

Dans la même veine, il va opérer une seconde guérison en terre étrangère.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : La décapole

La guérison du sourd-muet a lieu alors que Jésus traverse la Décapole. Il a déjà opéré une guérison dans cette région lorsqu’il a libéré l’homme qui était prisonnier du démon légion. La foule avait alors supplié Jésus de quitter son territoire (Mc 5,17), mais elle a apparemment changé d’idée puisqu’elle lui amène un sourd qui avait des difficultés à parler et qu’elle le supplie de poser la main sur lui.

Le verbe amener (pherô) peut aussi se traduire par porter, il évoque la bienveillance de la foule vis-à-vis de l’infirme.

Titre : Jésus le mène à l’écart

Nous avons souvent vu l’ambiguïté de la foule dans nos différentes méditations. Jésus commence par l’emmener à l’écart. Il le sort de la foule, le dé-foule. Il ne veut pas avoir avec lui une relation d’un guérisseur quelconque à un malade anonyme, mais d’homme à homme. Il va entrer dans son intimité pour lui permettre de retrouver l’écoute et la parole.

Ensuite, le texte dit qu’il a poussé un soupir. Une façon de dire au malade : « Tes oreilles n’ont pas été créées pour être sourdes. Ta langue n’a pas été faite pour bredouiller. » Parce que Jésus a rejoint le malade dans son monde intérieur, il a réussi à percer la carapace de silence et de solitude dans laquelle il était enfermé.

Pistes d’actualisation

1er thème : Langage corporel de Jésus

Comme le malade est sourd, il ne peut entendre Jésus, c’est pourquoi ce dernier a usé d’un langage corporel pour entrer en communication avec lui : « Il lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; puis il leva les yeux au ciel et soupira. »

Si nous sommes des entendants, il est difficile de se mettre à la place d’un sourd, d’un homme enfermé dans un silence perpétuel. Jésus invente un langage pour s’adresser à lui. Son exemple nous invite à faire preuve d’imagination lorsque nous visitons des malades. Nous le savons, parfois des gestes, des attitudes, une simple présence fidèle sont plus éloquents que des paroles verbeuses.

2e thème : L’écoute et la parole

Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia. Nous savons que les malentendants ont souvent des difficultés à s’exprimer, mais nous pouvons souligner cette articulation dans le domaine spirituel.

Bonhoeffer a dit à propos de l’écoute : Se taire ne signifie rien d’autre qu’attendre la Parole pour pouvoir s’en aller avec sa bénédiction. Il faut beaucoup écouter pour dire une parole juste. En dehors d’une écoute attentive, la parole risque de n’être qu’un bavardage.

3e thème : Le secret messianique

Comme nous l’avons déjà vu dans l’évangile de Marc, Jésus demande à la foule de rester discrète sur cette guérison, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle.

La raison de cette demande de discrétion vient de la particularité de la vérité de l’Évangile. Elle n’est pas une information – il y a là un homme qui guérit – mais une parole, une rencontre, un partage.

Un maître du judaïsme disait : « Les secrets de la Torah sont si bien cachés qu’on ne peut, en général, rien en transmettre selon qu’il est écrit : “Le secret du Seigneur est à ceux qui le craignent“ (Ps 25.14). On ne peut les saisir que dans la crainte de Dieu, hors laquelle on ne comprend rien. »

Une illustration sur le secret messianique

Un élève entreprend un voyage de plusieurs mois pour rencontrer un maître qui possède le secret de la vie. Après bien des péripéties, l’élève découvre enfin le lieu où le maître se cache et il lui pose la grande question qui est à l’origine de son voyage :

– Connais-tu le secret de la vie ?

– Oui ! répond le maître.

– Peux-tu me le dévoiler ? demande le disciple plein d’espérance car il pense être arrivé au terme de sa quête.

– Non ! répond le maître.

– Pourquoi ?

– Parce que c’est un secret !

Cette anecdote est plus qu’une pirouette humoristique, elle énonce une vérité profonde : le secret de la vie, ou de la foi, n’est pas une vérité qu’on peut apprendre comme une recette de cuisine, c’est une expérience de vie.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 7, 31-37 : https://campusprotestant.com/video/jesus-guerit-un-sourd-muet/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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06 Sep 2021Le Christ et la croix00:09:29

Le récit de cette semaine se situe géographiquement à Césarée de Philippe, en pays non juif, près des sources du Jourdain. Symboliquement, cette localisation inscrit l’évangile en dehors de la terre d’Israël. Le pays de l’Évangile, c’est la croix.

12.09.2021 : Marc 8.27-35 – Confession de foi de Pierre

Le Christ et la croix

Introduction

Ce texte se situe à un tournant de l’évangile de Marc puisque c’est la première fois que Jésus est confessé comme Christ et que c’est aussi la première fois qu’il annonce sa passion, les deux affirmations étant intimement liées.

Ce récit si important est situé géographiquement à Césarée de Philippe, en pays non juif, près des sources du Jourdain. Symboliquement, cette localisation inscrit l’évangile en dehors de la terre d’Israël. Le pays de l’Évangile, c’est la croix.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Jean le baptiseur – Élie – Un des prophètes

Les trois figures proposées : Jean, Élie, un des prophètes sont très proches. Dans le dernier verset des bibles chrétiennes, le retour d’Élie précède le jour du Seigneur (Ml 3.23) et Jésus assimile Jean à Élie (Mc 9.13), et l’expression un des prophètes est une récapitulation du message des prophètes qui aussi associé à Élie. Ces trois figures ont en commun d’annoncer le messie sans l’être. Pierre sera le premier à confesser que Jésus n’est ni Jean, ni Élie, ni un des prophètes, mais le Christ.

Titre : Le disciple confessant est rabroué

Dans le parallèle de l’évangile de Matthieu, lorsque Pierre confesse que Jésus est le Christ, ce dernier lui dit : « Heureux es-tu, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux ! Moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je construirai mon Église » (Mt 16.17-18). Chez Marc, aucune parole de reconnaissance, mais au contraire une parole d’avertissement : « Il les rabroua, pour qu’ils ne disent rien à personne à son sujet. »

Cette réaction nous étonne. Une explication se trouve dans les versets qui suivent lorsque Pierre rabroue à son tour Jésus qui vient d’annoncer sa passion. Elle montre qu’il est incapable d’intégrer toutes les conséquences de sa confession. S’il dit que Jésus est le Christ, il se trompe sur le type de messianité qu’endosse Jésus.

Pistes d’actualisation

1er thème : Toi, qui dis-tu que je suis ?

Les questions de Jésus conduisent à passer du « on » (Au dire des gens, qui suis-je ?) au « tu » (Pour vous qui suis-je ?). Cette question est posée à chacun et personne ne peut se cacher derrière la réponse de son voisin.

La première fois que les partisans de Luther ont été appelés Protestants c’est parce qu’ils ont émis une protestation à la diète de Spire qui disait : « Pour les choses qui concernent la gloire de Dieu, le bonheur et le salut des âmes, chacun paraîtra devant Dieu et lui rendra compte pour sa propre personne, sans pouvoir alléguer pour excuse des décisions prises à la majorité des suffrages. » Le croyant adulte est celui qui dit « je » sans se cacher derrière les autres.

Aujourd’hui qu’elle est ma réponse – la mienne, pas celle d’un autre – à la question de Jésus.

2e thème : La croix comme figure messianique

Si Jésus annonce sa passion juste après la confession de Pierre, c’est pour nous dire en quoi il est Christ, mot qui peut aussi se traduire par messie.

Nous trouvons dans le Premier Testament plusieurs représentations messianiques. On peut citer la figure de l’accomplissement royal, davidique ; la figure de Cyrus comme messie historique ; la figure, teintée d’apocalypse, du fils de l’homme de l’époque perse ; et enfin la figure du serviteur souffrant des prophètes de l’Exil.

En général, dans les évangiles, le modèle dominant est celui du messie royal qui restaurera Israël alors que Jésus se révélera plus dans la figure du serviteur souffrant. Tant qu’une ambiguïté demeure autour du mot Christ, il ne sert à rien de dire que Jésus est le Christ, c’est pourquoi il demande à ses disciples de se taire.

3e thème : Le satan et le refus de la croix

Jésus enseigne à ses disciples qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté et qu’il soit tué. Pourquoi le faut-il ? Il y a autant de réponses à cette question que de théologies. Dans ce récit, l’évangile n’y répond pas, mais affirme que celui refuse cette voie relève du Satan.

À trois reprises dans l’évangile de Marc, Jésus annonce la croix (aux chapitres 8,9 et 10) et à chaque fois, les disciples ne vont pas entendre ce qu’il dit. Ici, c’est Pierre qui le rabroue, ce qui lui vaut la réplique la plus cinglante faite à un humain dans l’évangile : « Va-t’en derrière moi, Satan ! lui dit-il. Tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les humains. » Dans l’évangile, la meilleure description du Satan se trouve dans le récit de la tentation lorsqu’il propose à Jésus le pouvoir et la domination, ce qui est effectivement le contraire de la croix qui représente le jusqu’au bout du don de Dieu. Quand Pierre s’oppose à la croix, il est effectivement dans les catégories du Satan.

Cette réplique nous rappelle que toutes les théologies qui valorisent plus la gloire du Christ que la croix sont, selon ce passage, dans les catégories du Satan.

Une illustration : témoignage sur la théologie de la croix

François Cheng est un écrivain et poète français d’origine chinoise. Il raconte que lorsqu’il avait 8 ans, le Japon a déclenché une guerre contre son pays, la Chine. Il a découvert les horreurs de la guerre, les exécutions en masse, les concours de décapitation, les jeunes filles violées, les femmes enceintes éventrées… Il a pensé qu’aucune vérité en ce monde n’avait de sens si elle ne pouvait se tenir face à cette réalité. Il a erré dans sa quête spirituelle jusqu’au jour où il a rencontré le Christ qui, à la croix, a affronté le mal radical tout en montrant que l’amour restait le bien absolu.

Le mal est vertigineux, mais confesser que le crucifié est le Christ, c’est affirmer qu’il a traversé les abîmes les plus ténébreux.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 8, 27-35 : https://campusprotestant.com/video/pierre-declare-que-jesus-est-le-christ/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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13 Sep 2021Le contre-pied de la croix00:07:08

Dimanche dernier, nous avons médité la première annonce de la passion qui s’est soldée par le refus de Pierre. Ici, la réaction des disciples va montrer qu’ils n’ont toujours pas saisi toutes les conséquences de la théologie de la croix.

19.09.2021 : Marc 9.30-37 – Deuxième annonce de la passion

Le contre-pied de la croix

Introduction

Ce récit se situe à la fin du ministère de Jésus en Galilée, au chapitre suivant, il commencera sa montée à Jérusalem où il sera crucifié. Il prépare progressivement ses disciples à cette échéance en multipliant les annonces de la passion. Dimanche dernier, nous avons médité la première annonce de la passion qui s’est soldée par le refus de Pierre. Ici, la réaction des disciples va montrer qu’ils n’ont toujours pas saisi toutes les conséquences de la théologie de la croix.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : La maison

Jésus interroge ses disciples lorsqu’il fut à la maison. Avec ses disciples il a eu un ministère itinérant, mais dans l’évangile de Marc, la maison est évoquée à plusieurs reprises comme point fixe. Il s’agit probablement de la maison de Pierre à Capharnaüm.

Jésus profite de cette pause pour faire le bilan de la journée avec ses disciples et les interroger sur leurs débats.

Titre : L’enfant

Il prit un enfant, dans le monde antique, l’enfant représentait ce qui est petit, sans importance, sans valeur. Le mot paidion est le diminutif de pais qui signifie aussi esclave. On peut presque traduire petit esclave. Jésus appelle à prêter attention à ce qui est petit.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le contre-pied

Aux disciples qui se demandent qui est le plus grand, Jésus leur donne comme modèle le plus petit. Il pratique la technique du contre-pied qui est plus qu’un moyen de communication, mais qui est ici une affirmation théologique.

La théologie de la croix dit que c’est par sa faiblesse que Jésus est vainqueur et qu’il dévoile les dominations, c’est par son abaissement qu’il est glorifié. Il en fera un principe en disant que c’est le plus petit qui est le plus grand, le plus serviteur qui est le plus fidèle.

2e thème : Sens de l’enfant : les trois métamorphoses

Quand il nous demande d’accueillir Jésus comme un enfant, il ne nous propose par de régresser à l’état enfantin mais à accéder à l’esprit d’enfance.

Dans son livre Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche parlait du cheminement spirituel en disant : « Je vais vous énoncer trois métamorphoses de l’esprit : comment l’enfant devient chameau, comment le chameau devient lion et comment enfin le lion devient enfant. » Le chameau accumule les savoirs sur Dieu, le lion est le symbole du disciple combattant, mais Jésus ajoute : il vous faut encore devenir enfant. L’enfant est celui qui est dépendant, qui garde les mains ouvertes car il sait que tout vient de Dieu.

Les disciples se demandent qui est le plus grand, Jésus leur répond d’être le plus enfant.

3e thème : Prendre soin de l’enfant qui est en soi

Cet appel à accueillir la foi comme un enfant nous invite à la simplicité. Un maître hassidique s’appelait Rabbi Zoussia. Au soir de sa vie, on lui prête la réflexion suivante : « Quand je me présenterai devant le tribunal céleste, on me demandera si j’ai été juste, je dirai : Non. On voudra ensuite savoir si j’ai été charitable, je dirai : Non. Ai-je consacré ma vie à l’étude ? Non. À la prière peut-être ? Pas plus. Alors le juge suprême me dira en souriant : Tu dis la vérité. Grâce à cette seule vérité, tu auras ta part dans le monde à venir. » Seul un saint ou en enfant pourrait dire la même chose. Dans sa vie, Zoussia a été un maître, c’est-à-dire qu’il a été chameau, il est devenu lion ; et voilà qu’au soir de son existence, il a totalement retrouvé la simplicité de l’enfant. Il est devenu lui-même, il a cessé de s’inquiéter de son image pour être en totale vérité devient Dieu et devant les hommes.

Une illustration

Le fondateur du hassidisme moderne dans le judaïsme est le Baal Shem Tov. Il a fait une comparaison sur la question de savoir qui est le plus grand : « Nous ressemblons tous aux étoiles. D’ici, étant données les distances, certaines nous paraissent petites et d’autres grandes, mais au ciel la petite étoile est peut-être grande en vérité, et la grande, petite. Il en va de même des hommes, ceux qui ici-bas semblent insignifiants sont ceux qui là-haut diffusent la plus vive lumière. » En disant cela, je pense à des visages que j’ai croisés dans mon ministère qui sont pour moi des exemples de foi et de dévouement, mais qui restent tout petits aux yeux des hommes.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 9, 30-37 : https://campusprotestant.com/video/jesus-annonce-sa-mort-et-sa-resurrection/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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31 May 2021Le dernier repas de Jésus avec ses disciples00:09:54

Lors de son dernier repas, Jésus pose un nouveau fondement qui est le don de sa vie. Explications du théologien Antoine Nouis.

06.06.2021 : Marc 14.12-26 – Dernier repas de Jésus

Le dernier repas de Jésus avec ses disciples

Introduction

Le dernier repas de Jésus a lieu le premier jour des pains sans levain, qui correspond à la fête de la Pâque qui célèbre la libération de la servitude égyptienne. Cette fête fonde l’éthique du Premier Testament puisque les Dix paroles commencent par ce rappel : Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de la servitude. Lors de son dernier repas, Jésus pose un nouveau fondement qui est le don de sa vie.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Fête des pains sans levain

Dans la Bible, le levain représente ce qui est à même de gonfler le cœur de l’humain et de le rendre inapte au service de Dieu et des hommes (1 Co 5.7-8). Ce sont particulièrement l’orgueil, la jalousie, la convoitise et la recherche des honneurs.

Le pain sans levain est à la fois un pain sans mélanges et un pain nouveau. Lors de son dernier repas, Jésus va donner un sens nouveau au pain de l’Évangile.

Jeu de piste – culture de clandestinité

Jésus ne dit pas dans quelle maison les disciples doivent aller, mais il leur fait un jeu de piste : vous trouverez un homme avec une cruche, suivez-le, il vous montrera le chemin. Ce procédé relève d’une culture de la clandestinité avec des réseaux qui ne se connaissent pas. Nous apprenons aussi que Jésus avait des sympathisants à Jérusalem à l’insu de ses disciples.

Pistes d’actualisation

1er thème : Annonce de la croix – don de la vie

Dans le deuxième évangile, à trois reprises, Jésus a annoncé sa passion et à chaque fois, les disciples ont montré qu’ils n’ont pas compris ce que leur maître disait. Ils ont montré une opposition farouche à la perspective de la croix tant il était impossible pour eux d’associer le mot Christ et le mot croix.

L’arrivée à Jérusalem, l’acclamation de la foule aux rameaux, les mystères qui entourent le lieu où ils partageront le repas pascal… tous ces points suggèrent que quelque chose va se passer. Comme une tradition dit que c’est la nuit de la Pâque que le messie va se révéler, les disciples ont le secret espoir d’un accomplissement. En annonçant que l’un d’entre eux va le trahir, Jésus les douche. Oui, l’accomplissement est proche, mais pas dans le sens où ils l’entendent.

2e thème : Personnage de Juda

Le personnage de Juda est tragique. Il est resté dans la tradition comme le traître étalon, une lecture attentive permet d’apporter trois précisions.

  • Lorsque Jésus annonce qu’un des disciples va trahie, tous les regards ne se portent pas vers Judas, mais chacun se demande si c’est lui. Judas aurait pu être n’importe lequel de ses disciples.
  • Jésus dit : Le fils de l’homme s’en va selon ce qui est dit de lui. Autrement dit, Judas n’est pas celui qui a tué Jésus, il est celui par lequel Jésus a accompli son destin.
  • Enfin Jésus déclare que Judas est l’objet d’un grand malheur. Comme toutes les tragédies, son histoire se termine dans le malheur. Pour tout cela, il mérite notre compassion.

3e thème : Le corps et le sang du Christ

Jésus sait qu’il va mourir, mais au lieu de subir, il fait de sa mort un don. Il annonce à ses disciples que son corps sera broyé et que son sang sera répandu, mais il fait de la mort affreuse de la croix une offrande. En mangeant son corps et en buvant son sang, les disciples sont appelés à accueillir le Christ dans leur intimité.

Dans le livre de la Genèse, le péché est symbolisé par un fruit qui a été mangé ; de la même manière, le don de Dieu est représenté par un morceau de pain et un peu de vin. La grâce vient se poser sur le lieu des contradictions internes du disciple afin de lui permettre d’être renouvelé et fortifié par la présence du Christ en luison et dans notre histoire.

Une illustration : Les disputes dans l’histoire

La Réforme s’est opposée au catholicisme sur la compréhension de l’expression c’est mon corps, et notamment la nature du verbe être. Les uns disent que le pain devient le corps du Christ, d’autres qu’il représente le corps du Christ. En Araméen, la langue que parlait Jésus, le verbe être n’existe pas, si bien qu’il a dû dire : Ceci, mon corps. Il est bien de chercher à faire de la théologie, mais peut-être que vient un moment où il ne faut pas trop se disputer sur le sens d’un verbe qui n’a pas été prononcé : il nous suffit de croire qu’une certaine présence du Christ est offerte dans le pain et le vin. Comme le dit une liturgie eucharistique : « C’est une joie de n’avoir plus à parler, à expliquer ni à commenter, mais seulement à prendre et à recevoir. »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 14, 12-16 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-jesus-prend-repas-de-paques-disciples/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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02 Aug 2021Le pain qui donne la vie00:08:26

Dans ce passage biblique Jésus fait de la théologie à coup de poings pour bousculer les certitudes spirituelles de ses interlocuteurs. Explications du théologien Antoine Nouis.

08.08.2021 : Jean 6.41-51 – Le pain de vie

Le pain qui donne la vie

Introduction

Après avoir interpellé la foule sur le sens du miracle, Jésus envoie un coup de poing à la figure en disant qu’il est le pain de vie qui doit être mangé. Au pied de la lettre, ce passage nous invite à être anthropophage, ce qui correspond à la transgression d’un interdit universel.

Il va falloir interpréter, mais avant, on doit retenir que Jésus fait ici de la théologie à coup de poings pour bousculer les certitudes spirituelles de ses interlocuteurs.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Les hommes maugréent.

Les hommes maugréaient à son sujet. Le verbe maugréer (gogguzo) est une onomatopée qui évoque le roucoulement des colombes. Dans les évangiles, en dehors de ce récit, il est toujours employé pour évoquer la protestation des religieux face à la grâce : Quand Jésus partage la table des pécheurs, quand il est accueilli chez Zachée ou quand le maître de la parabole est généreux avec l’ouvrier de la onzième heure (Lc 15.2, Mt 20.11, Lc 19.7). Dans ce récit, les religieux maugréent parce que Jésus se présente comme un pain qui donne la vie à quiconque qui met sa foi en lui, ce qui vient bouleverser leur propre compréhension de la religion.

Titre : Jésus, fils de Joseph, dont on connaît le père et la mère.

Les religieux ont la même réaction que les habitants de Nazareth, ils essayent de contourner l’interpellation du Christ en l’interrogeant sur ses origines : « Qui est-il pour nous parler ainsi ? » Quand la parole bouscule, une façon d’esquisser l’interpellation de contester sa légitimité alors que la démarche de foi nous invite à écouter ce qu’il y a de juste en elle.

Pistes d’actualisation

1er thème : La référence à l’eucharistie

Jésus se présente comme le pain vivant descendu du ciel. Le prologue du quatrième évangile disait que la Parole qui était au commencement de toute chose a été faite chair, et maintenant, la chair est devenue pain pour la nourriture du monde. Non seulement Dieu est descendu de son ciel, mais il se donne à nous à travers le symbole du pain.

Cette lecture enrichit notre compréhension de l’eucharistie qui devient une marque de l’incarnation, le signe d’un Dieu qui est allé jusqu’au bout de l’offrande de sa personne pour que nous ayons la vie.

2e thème : Il est écrit dans les prophètes : Tous seront instruits de Dieu

L’objet de la foi est la connaissance de Dieu, c’est cette assurance que notre vie est en Dieu. Parmi les passages des prophètes, j’aime le verset qui dit à propos des temps messianiques : « La connaissance du Seigneur remplira la terre comme les eaux recouvrent la mer. » (Es 11.9)

Chez Ézéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon souffle en vous et je ferai en sorte que vous suiviez mes prescriptions, que vous observiez mes règles et les mettiez en pratique. » (Ez 36.26-27)

Le royaume est présent lorsque la connaissance de Dieu couvre les montagnes et les vallées de mon histoire. Grâce à cette connaissance, je sais qui je suis et pourquoi je vis.

3e thème : La vie éternelle

Le pain est lié ici à la vie éternelle. Un verset du quatrième évangile dit : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17.3)

Dans le quatrième évangile, la vie éternelle n’est pas une notion de temps mais de relation. La vie éternelle, ce n’est pas une vie perpétuelle, mais une vie inscrite dans l’éternité de Dieu, une vie qui déborde des limites de notre humanité. La vie éternelle c’est s’inscrire dans cette assurance que notre vie est précédée par le désir de Dieu et qu’elle s’achèvera dans son amour.

Une illustration : Celui qui mange de ce pain vivra toujours

Jésus veut-il dire que celui qui mange de son pain devient immortel ? Bien sûr que non, nous savons bien que la foi ne nous fait pas sortir des contraintes de notre humanité. Jésus n’est pas devenu pain de vie pour que nos sortions des limites de notre vie.

Donc, nous mourrons, mais la promesse de ce verset est que la vie en Christ nous permet d’espérer une vie en Christ au-delà de notre mort. Dans ses propos de table, Luther a dit alors qu’il était malade : « Debout ou couché, je m’en remets à la volonté de Dieu. Je m’abandonne totalement à lui, il fera bien ce qu’il fera. Car je suis sûr d’une chose, c’est que je ne mourrai point, car il est la Vie et la Résurrection, et celui qui vit et croit en lui ne mourra pas. Aussi je m’en remets à sa volonté et je le laisse faire ! »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis propose un autre éclairage du texte biblique de Jean 6, 41-51 : https://campusprotestant.com/video/le-pain-du-ciel/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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17 May 2021Le vent de Pentecôte00:08:17

L’envoi de l’Esprit est à la fois l’aboutissement de la résurrection et le commencement de l’histoire de l’Église. Explications du théologien Antoine Nouis.

23.05.2021 : Actes 2.1-11 – La Pentecôte

Le vent de Pentecôte

Introduction

Dans l’évangile de Jean, nous avons déjà médité le récit où Jésus envoie l’Esprit à ses disciples le soir de la Résurrection, elle a lieu ici cinquante jours plus tard. Les deux récits sont vrais dans la mesure où l’envoi de l’Esprit est à la fois l’aboutissement de la résurrection à la fin de l’évangile et le commencement de l’histoire de l’Église, au début des Actes des Apôtres.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

La Pentecôte dans le Premier Testament

Le sens de la fête de la Pentecôte a évolué avec le temps. Initialement, il s’agissait d’une fête des moissons. L’offrande des prémices était un signe de gratitude pour la récolte. Progressivement cette fête a évolué vers la fête de l’alliance conclue par Dieu avec Noé qui intègre la promesse de la fécondité de la nature. Cette fête de l’alliance a elle-même évolué vers la célébration de l’Alliance avec un grand A, le don de la Torah. Dans une perspective chrétienne, l’Esprit est le canal par lequel la parole nous rejoint et prend son autorité.

Les images qui parlent de l’Esprit

Pour évoquer l’Esprit, notre texte utilise deux images pour dire l’indicible : le vent et le feu : le premier rafraîchit, le second réchauffe.

Les métaphores du vent et du feu utilisées dans le livre des Actes pour évoquer l’Esprit se trouvent dans les évangiles. Le Baptiseur avait annoncé que Jésus était celui qui baptisera dans l’Esprit saint et le feu et, dans sa rencontre avec Nicodème, Jésus a dit : Le vent souffle où il veut…, il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit. Le vent désigne la liberté de l’Esprit qui ne peut être enfermé, et le feu la chaleur et la lumière qu’il procure.

Pistes d’actualisation

1er thème : La rouah dans le Premier Testament,

Le mot hébreu pour dire l’Esprit est rouah mais dans le Premier Testament, la rouah ne renvoie pas à la présence divine. La Bible parle d’une rouah de prostitution[1], de jalousie[2], d’impureté[3] ou de mensonge[4]. Si nous traduisons rouah par esprit, il ne faut pas confondre esprit et Esprit saint. L’Esprit est la force de la rouah quand elle est au service de la sainteté, c’est-à-dire au service de l’Évangile, d’une parole de grâce et de libération.

Ce jour-là à Jérusalem, les apôtres ont reçu un souffle qui leur a permis de sortir de la pièce dans laquelle ils étaient enfermés pour rendre témoignage à tous les pèlerins qui étaient rassemblés à Jérusalem.

2e thème : Tous étaient stupéfaits et perplexes

La première qualité de l’Esprit est de créer l’étonnement, d’apporter de la nouveauté. Les pèlerins qui ont fait le voyage pour aller à Jérusalem sont dans une routine religieuse, dans la répétition d’un rite qui se renouvelle toujours à l’identique lorsqu’ils sont surpris par un souffle un vent qui les décoiffe.

Accueillir l’Esprit, c’est se préparer à être étonnés. Pour nous, à entendre ce matin l’évangile comme la nouvelle la plus importante qui n’a jamais été dite à notre vie. Entendre le Seigneur nous dire : Aujourd’hui, je fais toutes choses nouvelles.

3e thème : Ces gens ne sont-ils pas tous Galiléens ?

Pour les religieux orthodoxes, les Galiléens étaient mal vus, c’était des hommes du nord qui étaient considérés comme des mauvais croyants car venant d’un lieu où les populations sont mélangées et où on doit faire des compromis avec la Torah.

C’est de l’extérieur des cadres religieux habituels que vient le souffle de nouveauté qui va être à l’origine de l’Église. Souvent, c’est de l’autre, de l’étranger, que vient la grâce et la nouveauté.

Une Église qui vit la Pentecôte est une Église qui écoute ce qui se passe à ses marges, car c’est bien souvent de là que Dieu parle.

Une illustration

Le propre du vent est qu’on ne peut pas l’enfermer. Si un homme sort par un jour de grand vent avec une boîte, qu’il l’ouvre face au vent, puis la referme promptement pour emprisonner le vent, lorsqu’il rendre chez lui et qu’il ouvre la boîte… il ne se passera rien ! Le vent ne se met pas en boîte ni en conserve, il ne peut se thésauriser.

Comment décrire le vent ? On peut dire : « Le vent est ce qui fait chanter les arbres lorsqu’il passe dans les branches. » On peut dire : « Le vent est ce qui fait danser les blés lorsque la moisson est mûre. » On peut dire : « Le vent est ce qui fait avancer le bateau lorsque la voile est gonflée ». Mais quand on dit cela, on ne décrit pas le vent en tant que tel, on décrit l’action du vent dans les branches, sur les blés ou dans les voiles. Si on ne peut décrire le vent, on peut observer ses effets : « Le vent fait chanter, il fait danser, il fait avancer. » C’est ce que Jésus a annoncé à Nicodème : « Le vent souffle où il veut ; tu l’entends, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit.[5] »

 

[1] Os 4.12.

[2] Nb 5.14.

[3] Za 13.2.

[4] 1 R 22.23.

[5] Jn 3.8.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Actes 2, 1-11 : https://campusprotestant.com/video/venue-de-lesprit-saint/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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26 Jul 2021Les vrais et les faux signes00:08:31

Le miracle peut parfois être donné au commencement d’une histoire spirituelle, mais une foi adulte ne peut pas reposer dessus.

01.08.2021 : Jean 6.24-35 – Le boulanger du ciel

Les vrais et les faux signes

Introduction

La semaine dernière, nous avons lu la multiplication des pains au début de ce chapitre 6 et nous nous sommes arrêtés sur le verset qui dit que certains ont voulu se saisir de Jésus pour le faire roi, mais que ce dernier s’est retiré, seul dans la montagne.

Dans la nuit, les disciples traversent le lac sur un bateau et Jésus les rejoint en marchant sur l’eau. Lorsque la foule apprend que Jésus a traversé le lac, des hommes font de même pour le suivre. Leur rencontre permet à Jésus de tenir son discours sur le pain de vie qui parcourt toute la suite du chapitre.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Le signe du pain

Notre texte joue sur la tension entre le pain que la foule a mangé lorsqu’elle avait faim et que Jésus a nourri avec cinq pains d’orge et deux poissons, et le pain qui vient du ciel. Le propre de la démarche spirituelle est de voir l’enseignement que l’on peut tirer des événements de la vie.

En français, on dit qu’on gagne son pain, mais la démarche de foi consiste à poser un regard spirituel sur le pain qu’on gagne.

Titre : La nourriture qui vient du ciel

Le verset fait le lien avec la manne : il leur donna à manger du pain venu du ciel. C’est une citation de deux Psaumes qui font une relecture de l’exode qui est au fondement de l’histoire, de l’éthique et de la foi du judaïsme (Ps 78.24, 105.40). Ces deux Psaumes jouent sur l’opposition entre les signes posés par le Seigneur et les infidélités du peuple. Cette tension traverse ce chapitre de l’évangile de Jean qui nous interroge sur notre propre fidélité.

Pistes d’actualisation

1er thème : Quiproquo sur la traversée

Le soir, les hommes ont laissé Jésus sur la montagne et le lendemain, il est de l’autre côté du lac. La foule se demande comment il a traversé, elle ne peut s’imaginer qu’il a marché sur les eaux. Jésus ne répond pas à leur question, mais dévoile ce qu’ils ont dans le cœur : « vous mes cherchez parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasié. » On retrouve toute l’ambiguïté des foules qui est une quête de miracles.

Les hommes courent derrière Jésus à la recherche de miraculeux alors que le cœur de l’Évangile est la proclamation d’une foi qui ne nous fait pas sortir de notre humanité, mais qui nous ramène au cœur de notre existence la plus matérielle.

2e thème : Le vrai sens du signe

Le chemin que doit parcourir la foule est symbolisé par l’opposition entre deux événements. La veille au soir, la foule est prête à faire de Jésus son roi à la vue du signe de la multiplication des pains (v.14-15), et le lendemain elle lui dit : « Quel signe produis-tu donc, toi, pour que nous voyions et que nous te croyions ? » (v.30)

Le propre d’un signe est qu’il désigne autre chose que lui-même. La multiplication des pains ne dit pas que nous devons envoyer tous les boulangers au chômage, elle est le signe que Jésus est le pain de vie.

3e thème : L’œuvre de Dieu

Le verset 29 dit que l’œuvre de Dieu, c’est que nous mettions notre foi en celui qu’il a envoyé, la personne de Jésus. L’œuvre de Dieu, la démarche de foi, c’est de tout considérer à partir de la personne du Christ.

On peut voir dans le pain un mélange, d’eau, de farine, de sel et de levure, on peut aussi y voir le signe d’un Dieu qui prend soin de nous dans toutes les dimensions de notre personne.

Une illustration : De la bonne compréhension du miracle

Les hommes ont traversé le lac parce qu’ils ont assisté à un vrai miracle, la multiplication des pains. Jésus les fait passer d’un désir de miracle à un cheminement plus profond et l’intériorisation de la parole.

Le miracle peut parfois être donné au commencement d’une histoire spirituelle, mais une foi adulte ne peut pas reposer dessus. Wesley a écrit à propos des manifestations miraculeuses : « J’ai souvent observé que ces symptômes se manifestent plus ou moins au commencement des grands réveils… mais au bout de quelque temps, ces phénomènes diminuent et l’œuvre se poursuit dans le calme et le silence. Ceux qu’il plaît à Dieu d’employer dans son œuvre doivent être absolument passifs à cet égard ; ce n’est pas à eux, mais à Dieu, de choisir les conditions dans lesquelles s’accomplit son œuvre. »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Jean 6, 24-35 : https://campusprotestant.com/video/le-pain-du-ciel/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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09 Aug 2021Manger le Christ pour la vie éternelle00:07:47

Dans l'Evangile de Jean au chapitre 6, Jésus déclare à ses disciples qu'il est le pain de vie qui doit être mangé. Le Christ provoque son auditoire afin qu’il entende la radicale nouveauté apportée par l’Évangile. Explications du théologien Antoine Nouis.

Manger le Christ pour la vie éternelle

Introduction

Ce discours prolonge ce que nous avons vu la semaine dernière. Jésus a une pensée circulaire, il revient sur les mêmes thèmes en les approfondissant.

Le dernier verset de notre séquence nous apprend que le discours sur le pain de vie se teint dans la synagogue de Capharnaüm. C’est dans ce lieu d’enseignement qu’il transmet le message central de l’Évangile : En Christ, le Dieu du ciel et de la terre et entré dans notre humanité jusqu’à se donner, se laisser dévorer pour le salut du monde.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Le signe de la manne

Dans la Bible, la manne est un signe de libération. Elle est le rappel que Dieu prend soin de son peuple dans son exode et qu’il l’accompagne dans ses marches. Une fois que le peuple est entré en terre promise, le livre de Josué dit que la manne s’est arrêtée (Jos 5.12), lorsque le peuple est passé de l’économie du désert à celle de notre monde.

Jésus évoque ici le retour de la manne, mais il dit que le pain qu’il propose est plus que la manne, puisqu’il n’est pas uniquement une nourriture pour cette vie, mais en vue de la vie éternelle. Le pain du Christ est une nourriture qui nous ouvre à l’éternité de Dieu.

Titre : Le sang dans le Bible

Si vous ne buvez pas mon sang, vous n’avez pas la vie en vous. Le rôle du sang dans la Bible est ambivalent puisqu’il est à la fois source d’impureté et source de salut. Le sang est symbole de mort, c’est pourquoi lorsqu’un humain a été en contact avec le sang, il doit se purifier, mais il est aussi une marque de salut, puisque c’est par le sacrifice animal que l’humain reçoit le pardon de Dieu. L’impureté et le salut sont des signes de mort et de résurrection. La richesse symbolique du sang nous parle de la personne du Christ.

Pistes d’actualisation

1er thème : Une théologie à coup de marteau

Dans le crépuscule des idoles, Nietzsche se proposait de philosopher à coups de marteau pour déconstruire les idoles. En invitant ses interlocuteurs à manger sa chair et boire son sang, on peut considérer que Jésus fait de la théologie à coups de marteau.

Manger la chair, c’est être anthropophage et boire le sang, c’est transgresser un des premiers interdits qu’on trouve dans la Bible. À la sortie de l’arche, Dieu a autorité Noé se nourrir des animaux, mais il a ajouté : « Vous ne mangerez pas de chair avec sa vie, c’est-à-dire avec son sang » (Gn 9.4), sous-entendu parce que la vie ne vous appartient pas. L’interdit de consommer du sang est le fondement des prescriptions alimentaires si importantes pour le judaïsme.

Cette parole de Jésus est parfaitement choquante, et on peut poser l’hypothèse que Jésus l’a prononcée pour provoquer son auditoire afin qu’il entende la radicale nouveauté apportée par l’Évangile.

2e thème : Foi comme demeure

Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, comme moi en lui. Tout au long du quatrième évangile, nous trouvons cette idée de la foi comme demeure. L’image est riche, car elle ne parle pas de la foi en termes de croyance, mais d’habitation. La foi n’est pas une idée, c’est une vie : inscrire son existence en Christ et laisser l’évangile habiter nos journées et nos nuits.

Cette idée est encore renforcée par l’image du pain. Le pain n’est pas une idée, c’est un aliment. La foi ne se présente comme une théorie, mais comme une nourriture qui vient renouveler nos journées.

3e thème : Le sang et le sacrement

À propos du sang qui donne la vie, la référence biblique est le sang que les Hébreux ont badigeonné sur les linteaux de leurs portes pour être protégés lors de la dixième plaie. À propos de ce récit, un commentaire pose une question qui peut éclairer notre rapport au sacrement. Il se demande si le sang a été badigeonné à l’intérieur ou à l’extérieur des portes. La réponse la plus immédiate est que c’est à l’extérieur, puisque le sang est le signe qui permet que les maisons des Hébreux soient épargnées. Mais un autre commentaire dit que c’est l’intérieur des portes, car les anges savaient quelles étaient les maisons des Hébreux et que c’est ces derniers qui avaient besoin du signe pour être rassurés.

Si nous transposons dans notre lecture des sacrements, nous pouvons entendre que nous avons besoin de manger le pain et de boire le vin pour nous assurer que pour nous, le Christ a tout donné.

Une illustration : Le pain de vie comme clef de la multiplication des pains

Dans le quatrième évangile, les signes posés par Jésus sont au service d’une parole.

Les noces de Cana disent que Jésus est la gloire de Dieu, la guérison de l’aveugle dit qu’il est la lumière, le relèvement de Lazare dit qu’il est la résurrection et la vie… Dans cette même veine, la multiplication des pains dit qu’il est le pain de vie.

Ces résonnances nous invitent à ne pas confondre le signe et ce qu’il signifie. L’important dans la multiplication de pains est que le Christ pour notre pain de ce jour, ce dont nous avons besoin pour vivre et pour aimer.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Michel Barlow, essayiste, romancier et théologien pour éclairer le texte biblique de Jean 6, 51-58 : https://campusprotestant.com/video/pain-de-vie/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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07 Jun 2021Petites paraboles du royaume expliquées00:08:17

Le théologien Antoine Nouis explique deux paraboles agricoles qui parlent du royaume : la semence qui pousse toute seule et la graine de moutarde.

13.06.2021 : Marc 4.26-34 – Paraboles de grâce

Petites paraboles du royaume

Introduction

Le chapitre 4 de l’évangile de Marc est un discours de Jésus au bord du lac dans lequel il raconte quatre paraboles sur le royaume. Ce dimanche, nous méditerons les deux dernières : la semence qui pousse toute seule et la graine de moutarde. Deux paraboles agricoles qui parlent du royaume.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Les paraboles du chapitre 4

Jésus raconte une série de quatre paraboles. Les deux premières – la parabole du semeur et celle de la lampe – invitent à être attentifs et à travailler sa foi. Quelle terre sommes-nous et l’appel à vivre dans la lumière. Les deux dernières que nous méditons aujourd’hui sont à l’inverse orientées vers la grâce. Une fois semée la graine pousse qu’on dorme ou qu’on veuille et la plus petite de ces graines peut donner naissance à la plus grande des plantes. Ces deux messages sont en tension et ils sont tous les deux vrais : à la fois nous devons être attentifs à prendre soin de notre foi et nous devons apprendre à laisser faire la grâce.

Le discours en paraboles

Dans le dernier verset de notre texte, il est écrit que Jésus ne parlait pas sans paraboles, pourtant nous trouvons dans l’évangile des tas de paroles de Jésus qui ne sont pas des paraboles. Voici comment je comprends ce verset : toutes les paroles de l’évangile doivent être reçues comme des paraboles, c’est-à-dire comme des enseignements qui s’adresse autant à notre cerveau gauche, celui de la rationalité et de l’analyse logique, qu’à notre cerveau droit, celui de la sensibilité et de la relation humaine. Nous devons accueillir les paroles de l’Évangile à partir de notre histoire, de notre raisonnement, mais aussi de notre cœur et de nos passions.

Un dernier point : En privé, il expliquait tout à ses disciples. J’aurais tant aimé participer à une étude biblique avec Jésus.

Pistes d’actualisation

1er thème : La semence qui pousse toute seule

Avec la parabole du semeur, il y a un temps pour prendre soin de notre terre et avec la parabole de la semence qui pousse toute seule, il y a un temps pour… dormir. Dans un de ses livres, Luther raconte sa liturgie du coucher : « Je vais dans ma chambre et je jette les clefs aux pieds de mon Seigneur Dieu en lui disant : “Seigneur, c’est ton affaire et non la mienne. C’est sans moi que tu l’as conservée depuis le début du monde, sans moi tu peux bien la conserver jusque dans l’éternité“. »

Nous sommes appelés à être des témoins et Dieu compte sur ses serviteurs, mais nous sommes aussi appelés à croire que le royaume ne dépend de nos bonnes actions et que la semence peut pousser même quand on dort.

2e thème : La graine de moutarde

La plus petite des graines donne naissance à la plus grande des plantes. Cette parabole est sûrement la plus vraie d’un point de vue historique. Lorsque Marc écrit son évangile, la petite Église à laquelle il s’adresse est minuscule par rapport à la puissante organisation de l’Empire romain, et pourtant elle va conquérir l’empire. C’est le thème du livre de l’Apocalypse qui met en scène l’opposition entre un dragon terrifiant et un agneau immolé… et c’est l’agneau qui est vainqueur. Ce genre de renversement ne s’explique pas, mais il peut se raconter. C’est à chacun d’entendre que c’est avec ses mains nues que l’évangile s’est répandu dans le monde.

3e thème : Apprendre la confiance

Le grand thème qui traverse ces deux paraboles est celui de la confiance. En hébreu, le mot confiance se dit amen, il évoque ce qui est solide, ferme, durable. Nous ne pouvons avancer dans la vie que parce que nous faisons confiance à ceux qui nous entourent. Nous ne pouvons avancer dans la foi que si nous faisons confiance à la parole de l’Évangile pour oser la mettre en pratique.

La confiance nous fonde, elle nous permet de vivre selon ce qu’on croit et à sortir du grégarisme. Une étymologie du mot hébreu dit que c’est celui qui se tient sur l’autre rive, qui est capable de dire non quand tout le monde dit oui, et réciproquement. Il faut une belle confiance pour cela.

Une illustration : Les paraboles

Le mot parabole, mashal en hébreu, donne lieu à toutes sortes de traductions : parabole, comparaison, fable, proverbe, révélation, énigme, pseudonyme, symbole, fiction, exemple, motif, argument, objection, jeu de mots… La polysémie du mot est immense.

Les paraboles font appel à l’imagination plutôt qu’au raisonnement car il est des choses qu’on ne peut expliquer, on peut seulement les raconter, les susciter, les suggérer. L’important dans une parabole est la façon dont nous l’accueillons, dont nous laissons sont histoire entrer en résonnance avec notre propre histoire.

Un disciple un jour va voir son maître pour lui dire : « Tu nous racontes souvent des histoires, mais tu ne nous expliques jamais ce qu’elles veulent dire. » Le maître a répondu : « Que dirais-tu si je t’offrais un fruit, mais qu’avant de te le donner, je le mâchouillais ? »

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 4, 26-34 : https://campusprotestant.com/video/jesus_et_les_paraboles/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis




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20 Sep 2021L’Évangile du verre d’eau00:07:36

Les disciples ne supportent pas qu’un homme guérisse au nom de Jésus sans faire partie du groupe des disciples. Le Christ répond en développant l’évangile du verre d’eau : « Quiconque vous donnera à boire une coupe d'eau parce que vous appartenez au Christ, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense. »

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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27 Sep 2021Jesus légitime t-il le divorce ?00:09:50

Dans le texte de ce dimanche, Jésus aborde l'un des trois grands domaines de l’éthique : le rapport à la sexualité. Réflexions du théologien Antoine Nouis.

Production : Fondation Bersier

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04 Oct 2021Les richesses en impasse00:09:58

Dans ce récit, la rencontre avec un homme riche donne l’occasion à Jésus de prolonger son enseignement sur l’argent et les richesses.

Production : Fondation Bersier

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11 Oct 2021Qui sont les vrais grands ?00:09:00

Dans ce récit, l’évangile aborde la question de notre rapport au pouvoir. Explications du théologien Antoine Nouis.

Production : Fondation Bersier

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07 Oct 2021Bartimée : l’aveugle intrépide00:08:50

Sur la route de Jericho à Jérusalem, l’aveugle Bartimée saisit l’opportunité d’adresser à Jésus sa demande de guérison. Ce dernier l’invite premièrement à le suivre comme disciple avant de lui offrir la guérison physique. Analyse du théologien Antoine Nouis.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 10, 46-52 : https://campusprotestant.com/video/jesus-guerit-laveugle-bartimee/

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07 Oct 2021Le résumé de l’Évangile00:08:14

Un scribe, impressionné par les réponses de Jésus, lui pose la grande question de la hiérarchie des commandements.

Pour aller plus loin :

Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Marc 12, 28-34 : https://campusprotestant.com/video/les-deux-grands-commandements/

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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15 Dec 2021Jean et la prophétie d’Ésaïe… Luc 3, 1-6_100:06:40
Jean et la prophétie d’Ésaïe… Luc 3, 1-6_1

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15 Dec 2021Jésus, le roi des Juifs. Jean 18, 33-37_100:06:21
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15 Dec 2021La fin des temps. Marc 13, 24-32_100:07:26
La fin des temps. Marc 13, 24-32_1

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15 Dec 2021La prédication du baptiseur. Luc 3, 10-18_100:07:06
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15 Dec 2021Le règne est proche, alors priez. Luc 21, 25-36_100:07:30
Le règne est proche, alors priez. Luc 21, 25-36_1

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15 Dec 2021Les scribes, des religieux dévoyés. Marc 12. 38-4400:06:47
Les scribes, des religieux dévoyés. Marc 12. 38-44

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15 Dec 2021La visite de Marie. Luc 1, 39-4500:06:21
La visite de Marie. Luc 1, 39-45

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03 Jan 2022La deuxième naissance de Jésus00:07:02
Les récits de Noël sont suivis du récit du baptême de Jésus qui parle de sa naissance spirituelle. Explications du théologien Antoine Nouis.

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10 Jan 2022Noces de Cana : la subversion de la religion00:07:48
Dans le premier chapitre de l’évangile de Jean, Jésus est désigné comme la Parole, l’agneau de Dieu, le messie et le fils de Dieu. Tous ces titres peuvent être interprétés de différentes façons.

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17 Jan 2022La prédication du jubilé00:08:18
La prédication du jubilé. Le mot gloire dans la Bible évoque l’identité profonde d’une personne. La gloire de Jésus, c’est qu’il partage la parole de l’Évangile qui est dite ici à partir de ce passage d’Ésaïe.

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24 Jan 2022L’exemple d’une veuve et d’un lépreux00:08:17
Les habitants de Nazareth ne vont pas recevoir la grâce annoncée par Jésus. Ils vont trouver une stratégie d’évitement, ils contester sa personne au lieu de se laisser interroger par sa parole.

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31 Jan 2022La conversion du pêcheur de poissons00:08:40
La pêche demande de la patience et de la persévérance, deux vertus qui sont essentielles pour être disciple.

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07 Feb 2022Béatitudes et anti-béatitudes00:09:44
Le texte sur les béatitudes est souvent mis en parallèle avec le don de la Torah sur le mont Sinaï dans le livre de l’Exode. Explications.

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14 Feb 2022L’éthique paradoxale de l’Évangile00:09:34
Le texte que nous méditons cette semaine, l'évangile de Luc, chapitre 6, versets 27 à 38, développe une éthique de la non-violente. Explications du théologien Antoine Nouis.

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21 Feb 2022La mise en pratique de l’Évangile00:08:09

Cette séquence prolonge le passage que nous avons médité la semaine dernière qui insistait sur l’amour des ennemis et l’éthique de la non-violence.

Production : Fondation Bersier

Intervenant : Antoine Nouis



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28 Feb 2022Les pièges du diable00:07:53
Le récit de la rencontre de Jésus avec le diable au désert est un des récits du Nouveau Testament qui a la plus grande densité théologique. Explications du théologien Antoine Nouis.

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