
Nouveau Départ (Laetitia Vitaud & Nicolas Colin)
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Pub. Date | Title | Duration | |
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23 Feb 2023 | L'ambition n'a pas d'âge | 00:52:04 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Frédérique Cintrat. Consultante en “silver écocomie” après une carrière dans l’assurance, elle s’est penchée pendant des années sur le sujet de l’ambition. Son livre, Ré-entreprendre sa vie après 50 ans est sorti chez Dunod en 2023. L’ambition n’a pas d’âge. La cinquantaine peut être un nouveau départ. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Frédérique : * De son parcours, sa carrière et ses tournants ; * Des quinquados ; * Du contraste entre l’image que l’on se fait des quinquas et la réalité ; * De l’ambition sous toutes ses formes ; * Des transitions et phases de la vie ; * De la génération “sandwich” et du “nid vide” ; * De l’entrepreneuriat des “séniors” ; * Des conseils pour les trentenaires et quarantenaires … Prendre sa place (épisode 1 de notre série “Places à prendre” avec Laetitia, Céline Alix et Sandra Fillaudeau) 🎧 Vous êtes unique, montrez-le ! (avec Aurélie Cerffond) 🎧 Vieille, c’est à quelle heure ? (avec Sophie Dancourt) 🎧 Sociologie du vieillissement (avec Mélissa-Asli Petit) 🎧 Couples à double carrière (avec Anne-Cécile Sarfati) 🎧 Qui a peur des vieilles ? (avec Marie Charrel) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
02 Mar 2023 | La naissance sous toutes les coutures | 00:56:28 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview d’Agnès Gepner, médecin et entrepreneur. Anesthésiste dans une maternité, elle est aussi directrice médicale dans une startup. Cet épisode traite des sujets de la naissance, de la maternité et de leur accompagnement médical. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Agnès : * De son parcours de médecin et de ses multiples pivots de carrière ; * De l’entrepreneuriat dans le domaine médical ; * De l’histoire de l’obstétrique, des changements culturels et avancées médicales ; * De mortalité infantile et maternelle ; * De la péridurale ; * De la standardisation de l’accouchement ; * De la “lutte des classes” dans les maternités ; * Des progrès rêvés ; * Du désir d’enfants et son absence … La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) 🎧 La grossesse : nouvelle frontière du féminisme (avec Judith Aquien) 🎧 Les femmes, les jeunes et les enfants d’abord (avec Bruno Palier) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
27 Apr 2023 | Aux thunes, citoyennes ! Partie 2 | 01:10:18 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est la seconde partie de notre double interview avec Héloïse Bolle et Insaff El Hassini dans la série “L’argent, ça s’apprend”. Les autrices de Aux Thunes, citoyennes ! (📚 « manuel d’action de la liberté financière des femmes », Alisio, 2023) y parlent d’épargne, d’investissement et de risque. Ce podcast avec Héloïse et Insaff est le 6ème de notre série“L’argent, ça s’apprend” avec des personnalités remarquables qui parlent d’argent sans tabou. C’est aussi la seconde partie de l’entretien débuté avec les deux femmes à l’épisode précédent. 👉 Si vous avez manqué l’épisode précédent, le voici : Aux thunes, citoyennes ! Partie 1 🎧 Pour en finir une bonne fois pour toutes avec le mythe du grand frisson. Si vous aviez de l’investissement en Bourse une vision faite d’émotions fortes et d’adrénaline, vous vous trompez. On peut investir sans transpirer devant un écran, sans être sous l’emprise de la cocaïne, sans avoir deux écouteurs téléphoniques dans la même oreille. Vous n’allez pas passer votre temps à acheter et vendre des titres. C’est même pour cette raison que les performances financières des femmes sont plus élevées de 0,4 points que celles des hommes: elles passent deux fois moins d’ordres qu’eux, et dépensent donc deux fois moins en frais de courtage. (Aux Thunes, citoyennes !) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Héloïse et Insaff : * De l’épargne ; * Des différentes méthodes pour épargner ; * Des placements ; * De l’investissement immobilier ; * De l’arbitrage entre gratification immédiate et gratification différée ; * Des questions à se poser quant à sa résidence principale ; * De l’investissement financier ; * De l’investissement “en charentaises” ; * Du rapport à l’argent hérité … Aux thunes, citoyennes ! Partie 1 (interview d’Insaff El Hassini & Héloïse Bolle, 5ème épisode de la série “L’argent, ça s’apprend”) 🎧 Ma juste valeur : négocier sa rémunération (interview d’Insaff El Hassini, 4ème épisode de la série) 🎧 Investir, c’est punk (interview de Clara Moley, 3ème épisode de la série) 🎧 Mon Budget Bento (interview de Maeva, 2ème épisode de la série) 🎧 L’effet Snowball (interview de Yohann Lopez, premier épisode de la série) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Actualité ⛰️ Laetitia et Samuel Durand organisent un séjour RANDO BOULOT DODO : du 18 au 21 mai dans les Alpes, future of work et randonnée pour réfléchir aux transformations à l'œuvre. Il reste DEUX PLACES. Venez ! Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
14 Oct 2020 | Relancer une marque puissante : Têtu | 01:00:09 | |
Bonjour à tous ! Chaque mercredi, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 👆🎧, accessible à tous et complété par une mise en perspective ci-dessous. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Albin Serviant sur la relance de Têtu * Peut-on s’habiller comme on veut ? * Féminisme : la nouvelle génération * La Cour suprême des États-Unis J’ai rencontré Albin, entrepreneur et investisseur, lorsque nous habitions tous les deux Londres qu’il y animait French Founders, une association d’entrepreneurs français au Royaume-Uni. Nous nous sommes ensuite revus plusieurs fois à l’époque où il bouclait un tour de table pour reprendre un titre légendaire, Têtu, et le réinventer pour en faire une plateforme vouée à la promotion de la diversité et de l’inclusion. Albin et moi échangeons sur son parcours, de PepsiCo au monde des startups, sur l’histoire de Têtu, ce que veut dire reprendre une entreprise “à la barre”, comment lui et son équipe ont rendu Têtu rentable en faisant monter en gamme le magazine, en optant pour le modèle de l’abonnement de soutien et en diversifiant la marque dans plusieurs directions : un festival annuel, un forum pour promouvoir la diversité et l’inclusion en entreprise, et un message décidément positif. Têtu fête ses 25 ans cette année, c’est le moment d’écouter ma conversation avec Albin en cliquant sur le lien vers le podcast en tête de cet article 👆 Il y a quelques temps, Jean-Michel Blanquer a créé la polémique en parlant des vêtements dans les établissements scolaires et des règlements les concernant : « L'école n'est pas un lieu comme les autres, ce n'est pas comme si vous allez à la plage ou en boîte de nuit. Chacun peut comprendre qu’on vient habillé d’une façon républicaine » a-t-il expliqué à la radio. Mais que signifie « d’une façon républicaine » ? L’expression n’a pas manqué de faire réagir et Laetitia et moi avons souhaité revenir sur la question de l’émancipation dans l’histoire des normes vestimentaires. Laetitia parlons de vêtements, de nudité et de culture, et arrivons à la conclusion que le vêtement est le terrain de toutes les guerres culturelles. Pour l’occasion, Laetitia a également rédigé une “Note de lecture” sur l’ouvrage La Robe : Une histoire culturelle—Du Moyen Âge à aujourd’hui de Georges Vigarello (2017). 👉 Normes vestimentaires et émancipation (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé à nos abonnés. Rebecca Amsellem est entrepreneuse et féministe. Avec sa newsletter Les Glorieuses, elle a mis ses qualités entrepreneuriales au service du féminisme. On lui doit aussi le mouvement associé au hashtag #5novembre16h47, né en 2016 pour sensibiliser les Français aux inégalités salariales. Elle en a eu l’idée après avoir observé la “grève” des femmes islandaises de 2016, qui sont massivement descendues dans les rues pour protester contre les inégalités salariales. “Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose en France ?”, s’est-elle alors demandé. Dans ce podcast mis en ligne il y a quelques semaines, Rebecca parle à Laetitia de son parcours, de la création des Glorieuses, des inégalités de revenus entre hommes et femmes, et ce qu’on pourrait faire pour y remédier. Nous parlons aussi de politique et de symboles. Pour elle, en politique, l’écart entre le discours et la réalité n’a probablement jamais été aussi grand. 👉 Féminisme : la nouvelle génération (conversation avec Rebecca Amsellem)—accessible à tous. L’actualité politique aux États-Unis est dominée par l’audition de la juge Amy Coney Barrett, que Trump souhaite nommer à la Cour suprême à trois semaines d’une élection présidentielle qu’il a de grandes chances de perdre. Si cette nomination est confirmée par le Sénat, elle pourrait donner aux conservateurs une majorité solide pendant plusieurs décennies et bloquer les velléités de réformes progressistes d’un Congrès dominé par les démocrates. En effet, la Cour a le pouvoir de judicial review, ce qui signifie qu’elle peut valider ou invalider les lois votées par le Congrès. Cela pourrait également provoquer le démantèlement complet de la réforme du système de santé passée sous l’administration Obama (Affordable Care Act) et faire reculer les droits des personnes LGBT. Dans ce podcast “À deux voix”, Laetitia et moi rappelons ce qu’est la Cour suprême des États-Unis, qui sont les juges, quelle est son histoire et quels sont ses pouvoirs. C’est toujours avec un grand plaisir que nous reprenons ces sujets que nous avions déjà traités “à deux voix” dans les cours que donnions ensemble à Sciences-Po il y a maintenant plus de dix ans ❤️ 👉 La Cour suprême dans l'histoire 🇺🇸 (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé à nos abonnés. * Les secrets pour faire grandir des startups 🧪 (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. * Gare aux entreprises zombies ! 🧟♀️ (“Édito” par moi)—accessible à tous. * Normes vestimentaires et émancipation 💪 (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. * La robe. Une histoire culturelle 👗 (“Note de lecture” par Laetitia)—réservé aux abonnés. * Entreprendre en Afrique 💻 (conversation avec Serge Boupda)—accessible à tous. * 30 ans d'unité allemande 🇩🇪 (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. * Défendons l’instruction à domicile ✋ (“Édito” par Laetitia)—réservé aux abonnés. * #AskUsAnything (épisode 1) ❓ (conversation entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. * Pourquoi la bourse va bien quand tout va mal 📈 (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. * Makers & Takers, de Rana Foroohar 💰 (“Note de lecture” par moi)—réservé aux abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. 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23 Mar 2023 | Le syndrome du wonderparent | 00:53:50 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview d’Anne Peymirat, coach parentale et autrice d’un livre paru en 2023 chez Payot, Le syndrome du wonderparent. Travailler comme si on n’avait pas d’enfants et élever nos enfants comme si on n’avait pas de travail 📚 Dans cet épisode, nous parlons de parentalité active, du mythe du wonderparent et des pistes pour faire baisser la pression. Le problème est systémique : tant que la société n’aura pas effectivement muté vers un modèle intégrant pleinement l’égalité hommes-femmes et notamment l’arrivée sur le marché du travail — et sa corrélation naturelle : leur désertion de la sphère domestique —, on ne pourra espérer une vie supportable pour les parents actifs. (Anne Peymirat, Le syndrome du wonderparent) Les progrès des droits des femmes sont réjouissants, mais ils auraient dû engendrer une transformation profonde de nos modes de vie, notamment parce qu’on ne peut pas être à la fois à la maison et au travail tel que ce dernier se pratique aujourd’hui. La « désertion » de la sphère domestique par les femmes n’a été nullement contrebalancée : les parents ont juste dû faire deux journées en une. (Anne Peymirat, Le syndrome du wonderparent) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Anne : * De son parcours, du conseil chez Accenture au « conseil parental » ; * Du mythe du wonderparent ; * Des emplois de la révolution industrielle à nos jours ; * Des exigences croissantes de la parentalité ; * De la famille nucléaire et du cercle élargi ; * De calmer parenting : l’attention, les compliments descriptifs et l’écoute empathique ; * De la question des écrans dans la vie des familles ; * De la « révolution de la parentalité active » qu’elle appelle de ses voeux … La naissance sous toutes les coutures (avec Agnès Gepner) 🎧 La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) 🎧 La grossesse : nouvelle frontière du féminisme (avec Judith Aquien) 🎧 Les femmes, les jeunes et les enfants d’abord (avec Bruno Palier) 🎧 Réflexions sur le ménage (“À deux voix” avec Nicolas & Laetitia) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
15 Oct 2020 | Apprendre à vivre avec l’incertitude | 00:51:20 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine, enregistré pour la première fois à distance, est consacré à l’éducation et la stratégie dans un monde d’incertitude. Comment pouvons-nous apprendre à vivre avec l’incertitude ? L’année 2020 nous pousse à poursuivre ou transformer notre activité et notre vie de famille dans un contexte d’incertitude extrême. Pourrons-nous nous déplacer normalement dans deux mois ? Faut-il organiser un événement programmé en mai 2021 à distance ? À quelle sauce serons-nous “mangés” économiquement parlant dans six mois ? Quand nous aurons tourné la page de la crise sanitaire, aurons-nous d’autres surprises liées au réchauffement climatique ou aux tensions géopolitiques ? Le concept d’incertitude est sur toutes les lèvres. Il passionne les stratèges comme les éducateurs. Il s’applique dans différents domaines : la gastronomie, l’entreprise, la finance, l’éducation et la société en général. Et il nous incite à repenser nos manières de faire héritées de l’économie de masse du siècle dernier et basées sur les processus fiables, prévisibles et réplicables. Récemment, Laetitia a découvert les travaux d’un professeur en stratégie du nom de Vaughn Tan, qui vient de publier un livre fascinant, The Uncertainty Mindset. Elle mettra en ligne prochainement un interview de lui réalisé pour Building Bridges (dont nous publierons la transcription en français pour nos abonnés Nouveau Départ). Dans son livre, Vaughn Tan explique les leçons à tirer de l’innovation dans les cuisines des grands chefs. Aujourd’hui, il faut innover pour survivre. Or l’innovation, c’est l’incertitude permanente. C’est donc un “esprit d’incertitude” dont on a besoin : “L’innovation est par nature vraiment incertaine. Avec le travail d’innovation, vous ne savez pas ce que vous cherchez jusqu’à ce que vous le trouviez ou le créiez. L’incertitude, c’est inévitable quand vous cherchez à faire quelque chose qui n’a jamais été fait ou imaginé auparavant.” “Un management efficace de l’innovation implique la formation de personnes et d’équipes désireuses et capables d’arrêter de faire ce qu’elles font bien pour chercher à développer autre chose.” (The Uncertainty Mindset) Laetitia vient aussi de publier cet article pour Welcome to the Jungle, intitulé “Ce que les chefs étoilés peuvent vous apprendre sur l'innovation” : Alors que Vaughn Tan explore les leçons que les managers et les innovateurs peuvent tirer des meilleurs chefs du monde et de leurs équipes talentueuses, il défend l’idée d’un changement de paradigme managérial. Dans l’ancien paradigme, il fallait donner à chaque travailleur un rôle fixe et clairement défini. En revanche, dans un monde d’incertitude, les rôles doivent être ouverts et changeants dans une équipe conçue pour l’innovation. Chacun.e doit être capable d’apprendre constamment les un.e.s des autres et l’esprit d’incertitude doit imprégner et influencer la manière dont le travail est organisé. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
11 May 2023 | Les fonctionnaires et l'argent | 01:08:50 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est consacré à l’argent des fonctionnaires. Entre tabou et complexité, l’argent est un sujet peu ou mal traité à propos de la fonction publique. On parle de grandes masses salariales présentées comme des “charges”… et peu des rémunérations individuelles qu’elles cachent. Pour parler de ce sujet, j’ai invité Charlotte Cador. Après un parcours dans la fonction publique, où elle s’est penchée sur l’aspect RH de la fonction publique, Charlotte est devenue coach et consultante en accompagnement au changement. Elle exerce son métier auprès de clients privés et publics. La fonction publique, c’est 5,6 millions de paies ! Quel employeur privé peut se targuer de gérer autant de paies aussi bien ? Au fil de notre conversation, nous discutons avec Charlotte : * Du tabou de l’argent chez les fonctionnaires ; * Des grades et des échelons ; * De la réalité contrastée de l’emploi dans la fonction publique (3 fonctions publiques / fonctionnaires et contractuels) ; * De la machine RH de l’État ; * De la paupérisation relative des agents publics ; * De la mise en place d’une politique de rémunération par métiers au sein de la Direction interministérielle du numérique ; * De la marque employeur de l’État ; * Des compétences en interne ou en externe et de l’affaire McKinsey ; * De l’existence de certaines formes de négociation dans la fonction publique ; * Des inégalités de genre dans la fonction publique … Ma juste valeur : négocier sa rémunération (interview d’Insaff El Hassini, 4ème épisode de la série) 🎧 Suppression de l'ENA : une mesure populiste ? (épisode “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
20 Apr 2023 | L'IA et l'avenir du travail | 01:13:17 | |
Notre format Nouveau Départ “À deux voix” est de retour après une longue absence 😊 Cette semaine, avec Nicolas, nous avons voulu prendre un peu de recul (si tant est que cela soit possible !) sur les débats qui entourent l’impact de chatGPT et les outils d’IA sur le travail, l’emploi, la productivité… Au fil de notre conversation, nous discutons avec Nicolas : * Du débat “classique” sur le progrès technique et l’emploi ; * De leçons des Luddites et de la révolution du textile ; * Des tâches et des emplois ; * Du “fossé exponentiel” induit par le machine learning ; * De “tournant” (Laetitia) et de “continuité” (Nicolas) ; * De Sam Altman et OpenAI ; * Du tsunami de contenus qui s’abat sur nous ; * Du sort des créateurs (copywriters, illustrateurs et graphistes) ; * De notre propre utilisation de chatGPT ; * Du secteur de la santé ; * De productivité et de créativité ; * Des insiders (salariés “complétés” par l’IA) et des outsiders (freelances parfois “remplacés”) ; * Du travail des développeurs ; * Du Mechanical Turk inversé ; * Des débats sur la protection des données, les droits d’auteurs, le pillage du travail des autres et l’interdiction (difficile) à l’échelle d’un pays ; * Du grand avenir du métier d’avocat face à la démultiplication des litiges potentiels ; * Des gourous et prospectivistes qui produisent des prédictions en série… Web3 & Futur du Travail (avec Flavie Prevot) 🎧 La naissance sous toutes les coutures (et l'innovation dans le monde médical) (avec Agnès Gepner) 🎧 Grande démission et avenir du travail (conversation"À deux voix") 🎧 Attention au “fossé exponentiel” (conversation “À deux voix”) 🎧 En finir avec la productivité (conversation"À deux voix") 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Jun 2023 | Et vous, êtes-vous féministe ? | 00:54:15 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Laura Lesueur, conférencière et créatrice du podcast Legend Ladies, qui traite de l’ambition féminine et du féminisme dans sa pluralité. Dans son Manifeste contre le féminisme radical et pour un féminisme éclairé (Le Cherche Midi, 2023), Laura insiste sur le fait qu’il faut inclure les hommes dans le féminisme. Rappelons que ce n’est pas parce qu’on est un homme blanc de plus de cinquante ans qu’on doit être automatiquement regardé comme si on avait vendu ses voisins et leurs enfants à la Gestapo (…) Un tabou s’est abattu comme une chape de plomb sur ce que les hommes ont ou n’ont pas le droit de dire au sujet du féminisme. Quel est l’objectif ? Développer chez eux un syndrome de l’imposteur sur la question ? (Laura Lesueur) Et vous, êtes-vous féministe ? « Oui, mais … » « Non, pas vraiment, mais … » « Féministe, pas du tout ! » « Évidemment, nous le sommes toutes ! » Au fil de notre conversation, nous discutons avec Laura : * De son parcours, de tout ce qui l’a amenée à prendre la parole sur l’ambition ; * Du féminisme contre et du féminisme pour ; * Du féminisme avec et sans les hommes ; * De la radicalité dans les médias ; * De la fenêtre d’Overton et des femmes trollées ; * De la non mixité et des safe spaces ; * De la pluralité des définitions de l’ambition ; * De l’argent et du pouvoir comme moyens ; * De l’entrepreneuriat et du salariat ; * Du verbe oser ; * De la vision déterministe et du “yakafokon” … L’ambition n’a pas d’âge (avec Frédérique Cintrat) 🎧 Aux thunes, citoyennes ! Partie 1 (avec Héloïse Bolle et Insaff El Hassini) 🎧 Vous êtes unique, montrez-le ! (avec Aurélie Cerffond) 🎧 Ma juste valeur : négocier sa rémunération (avec Insaff El Hassini) 🎧 Prendre sa place (avec Sandra Fillaudeau & Céline Alix) Merci mais non merci, j’ai choisi une carrière d’un autre genre (avec Céline Alix) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
22 Jun 2023 | De plus en plus stressés au travail | 00:41:23 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est consacré au stress au travail. Toutes les études le montrent : nous sommes de plus en plus stressés au travail. Pour en parler, je reçois Lionel Pages. Aujourd’hui conférencier, expert APM et CEO d’Actistress, une société dont l’objet est d’aider les dirigeants à lutter contre le mauvais stress, Lionel a d’abord été ostéopathe pendant 27 ans. Face au stress, on se trompe depuis trop longtemps en s’appuyant exclusivement sur les médicaments, la psychologie ou les coachs. Le stress est physiologique et s’adresse d’abord au corps ! Au fil de notre conversation, nous discutons avec Lionel : * De son parcours : d’ostéopathe à chef d’entreprise ; * Du stress et de l’illusion qu’on le “gère” ; * De la préparation des militaires et des athlètes ; * De l’homéostasie et de l’allostasie ; * De la “psychologisation” du stress ; * Du corps au travail ; * Du mauvais stress ; * Des signes qui ne trompent pas ; * De nos usages numériques ; * De la contagiosité du stress ; * Des travailleurs indépendants ; * De posture managériale … L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Le syndrome du wonderparent (avec Anne Peymirat) 🎧 Que faire contre le harcèlement au travail ? (avec Élise Fabing) 🎧 Travail : que devient la frontière pro / perso (avec Samuel Durand) 🎧 En finir avec la productivité (conversation “À deux voix”) 🎧 Télétravail : le bon environnement (avec Fabienne Broucaret) Qu’est-ce que la culture d’entreprise ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
25 May 2023 | Le suicide de l'espèce | 00:49:44 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de santé, d’environnement et d’économie. Dans un ouvrage éclairant intitulé Le Suicide de l’espèce (Éditions Denoël, 2023), Dr Jean-David Zeitoun explique comment les activités humaines produisent de plus en plus de maladies et pourquoi nous devrions mieux réguler les industries responsables de l’offre de risques (industries fossiles, chimie, agro-alimentaire…). Les dépenses engendrées par les maladies (dont les cancers et les maladies cardio-vasculaires) augmentent plus vite que l’économie mondiale. Pour la première fois depuis deux siècles, les progrès épidémiologiques pourraient être en train de s’inverser… Dans l’économie pathogène, les prix mentent car ils ne contiennent pas les dépenses supplémentaires qu’ils provoquent. S’ils disaient la vérité, ils augmenteraient dans des proportions qui rendraient les produits toxiques suspects voire inabordables. La réalité est que les entreprises pathogènes vendent leurs produits pas cher parce qu’elles n’assument pas le coût des dommages qu’elles imposent à la société. Dans le langage des économistes, elles n’internalisent pas leurs externalités. Les mêmes mécanismes à l’origine de la pollution et des maladies métaboliques sont en train de générer d’autres risques, comme le changement du climat et l’émergence des microbes. (Jean-David Zeitoun, Le Suicide de l’espèce) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Jean-David : * De la genèse de son livre ; * De l’espérance de vie et de tous les autres indicateurs de la santé ; * Des risques environnementaux, comportementaux et métaboliques ; * Des pathologies en croissance ; * De la chimie et des perturbateurs endocriniens ; * De l’obésité ; * De l’industrie alimentaire, l’erreur du low fat, le fructose et les aliments ultra-transformés ; * De l’épidémiologie populaire ; * De la dépendance et de l’élasticité-prix ; * Du Nutella ; * Des morts du désespoir et de la crise des opiacés aux États-Unis ; * Du rôle joué par les écrans et les réseaux sociaux, et pourquoi il a choisi de ne pas l’aborder dans son livre ; * Du suicide et de sa « version lente » ; * Du biopouvoir positif et négatif ; * Du lien entre transition épidémiologique et transition environnementale … La naissance sous toutes les coutures (avec Dr Agnès Gepner) 🎧 Les États-Unis : une nation de drogués ? (Conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
08 Jun 2023 | Mode et travail : aucun style n'est neutre | 00:52:39 | |
Bonjour ! Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de travail et de mode vestimentaire, avec Pauline Rochart, experte au Lab de Welcome to the Jungle. Du point de vue social, corporel et économique, aucun style vestimentaire n’est neutre ! Pauline et moi ne sommes pas franchement des influenceuses en matière de mode. Moi, je mets toujours le même jean. Pauline s’habille chez Promod depuis 2001. Pourtant, la mode et ses enjeux sociaux, culturels, économiques au travail, ça nous intéresse énormément Au fil de notre conversation, nous discutons avec Pauline : * Des uniformes au travail ; * De la “cognition habillée” ; * De la maîtrise des codes sociaux associés aux vêtements ; * De l’impact de la pandémie : confort et confusion ; * De la mode Silicon Valley et de Patagonia ; * Du minimalisme chic et du “Quiet Luxury” ; * Du marqueur social que représentent les tendances écolo ; * De Shein et de Vinted ; * De l’évolution des emplois dans la mode ; * Des femmes qui ne sont jamais tranquilles en matière d’habillement ; * Des différences culturelles et du langage vestimentaire ; * Des femmes de pouvoir qui portent l’uniforme masculin ; * De Dunkerque et de Munich ; * Du fait que revendiquer l’absence de style est un signe de pouvoir ; * Du vieillissement et d’une certaine libération … Travail : sociologie de l'expérience (conversation avec Pauline Rochart) 🎧 Les masculinités au travail (avec Haude Rivoal) 🎧 Travail : que devient la frontière pro / perso ? (avec Samuel Durand) 🎧 La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) 🎧 Ces 20% de diplômés qui se détachent (avec Jean-Laurent Cassely) 🎧 Diversité en entreprise : progrès ou pas progrès ? (avec Caroline Chavier) 🎧 Sociologie du vieillissement (avec Mélissa-Asli Petit) 🎧 Qui a peur des vieilles ? (avec Marie Charrel) 🎧 La robe. Une histoire culturelle (note de lecture) 👀 Normes vestimentaires et émancipation (conversation “À deux voix”) 🎧 L’apparition libératrice des cheveux gris (édito) 👀 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 15 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 Jun 2023 | Maternité : Place à l'ambivalence ! | 00:39:23 | |
Bonjour ! Le podcast Nouveau Départ est le quatrième épisode de notre série de podcasts intitulée Places à prendre. Céline Alix, Sandra Fillaudeau et moi discutons à trois voix de la question de l’ambivalence autour de la maternité, en nous demandant si elle avait plus de place, si elle était plus audible, aujourd’hui. Nos dernières lectures, visites d’expos et écoutes de podcasts ont nourri ces échanges… Au fil de notre conversation, nous discutons avec Céline et Sandra : * De la représentation plus réaliste de la maternité (en particulier l’accouchement dans la peinture ) ; * Du livre Screaming on the Inside de Jessica Grose, qui évoque l’insoutenabilité du rôle des mères aux Etats-Unis (analyse très transposable dans d’autres cultures, malgré les spécificités du contexte américain) ; * Du lien d’attachement et des recherches d’une mère pour comprendre comment l’amour qu’elle porte à sa fille peut coexister avec des émotions plus inconfortables comme l’agacement, l’impatience, la colère, à travers le livre Strange Situation de Bethany Saltman ; * De l’idéalisation du lien mère-enfant et la pression induite par la famille nucléaire moderne occidentale telle que nous la connaissons… Bonne écoute ! Les autres ressources mentionnées dans l’épisode : * Les artistes évoquées par Céline : au Palais de Tokyo et au Centre Pompidou * Le livre Chasseur, Cueilleur, Parent évoqué par Sandra Cet épisode de “Places à prendre” revient sur des thèmes que j’ai abordés avec plusieurs de mes invités Nouveau Départ. Pour aller plus loin, je vous invite à (re)découvrir les podcasts suivants : * La naissance sous toutes les coutures (avec Dr Agnès Gepner) * La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) * La grossesse, nouvelle frontière du féminisme (avec Judith Aquien) Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des entrepreneurs, professionnels, citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans la crise et la transition. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
07 Sep 2020 | Après David Graeber, où sont les anarchistes ? | 00:04:09 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons désormais un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Voici le troisième “Édito” de cette nouvelle saison, en forme d’hommage à l’anthropologue David Graeber, décédé il y a quelques jours. David Graeber, l’anthropologue brillant et provocateur à qui on doit le concept des b******t jobs, est mort la semaine dernière. Son décès a suscité en France une vague d’émotion peu habituelle pour un intellectuel étranger (Graeber était américain, diplômé de Yale, exilé depuis quinze ans au Royaume-Uni, où il enseignait à la London School of Economics). La raison de cette émotion, que je partage, c’est que Graeber remplissait un rôle indispensable que trop peu d’intellectuels français remplissent aujourd’hui : celui de l’anarchiste. Avec une érudition hors pair et une intelligence implacable, David Graeber n’a eu de cesse de révéler les structures du pouvoir, les manières dont elles se perpétuent et les mécanismes de domination qu’elles entretiennent. Ses analyses sur l’histoire de la dette, la bureaucratie, la nature de l’argent, ou encore la “valeur” du travail, servent à contester la légitimité du pouvoir en place. Il pointait du doigt la ploutocratie comme le patriarcat. Figure tutélaire du mouvement Occupy Wall Street en 2011, il a donné sa voix, sur la place publique, à la contestation du pouvoir financier. Il y a une forme de paradoxe dans la popularité de David Graeber. Ses b******t jobs, par exemple, sont devenus mainstream, mais on les a appauvris en les réduisant au malaise de ceux qui s’ennuient au bureau et à la “quête de sens” des travailleurs. La popularité édulcore la radicalité. Ceux qui dominent s’approprient ces idées pour mieux en neutraliser la puissance contestataire – comme le monde de la publicité et l’entreprise se sont approprié les symboles des mouvements contestataires des années 1970 pour mieux les “recycler” (greenwashing, social washing…). Mais cette popularité est également le signe que Graeber satisfaisait notre besoin irrépressible de dénoncer un pouvoir illégitime, de dire “merde”, et de choquer les “légitimistes”, ceux qui ne voient pas les mécanismes de domination dans la société et ceux qui défendent activement le statu quo. L’intellectuel anarchiste est un poil à gratter, fait pour provoquer des irritations et des démangeaisons chez les uns, et de la Schadenfreude chez les autres (la joie qu’on éprouve quand, à la lecture, on imagine les démangeaisons des premiers). David Graeber me manquera d’autant plus qu’il poussait l’anarchisme jusqu’au féminisme. Or l’histoire de l’anarchisme français ne brille pas par son féminisme. En tant que Français, on peut tirer une certaine fierté d’avoir Pierre-Joseph Proudhon et “la propriété, c’est le vol” en héritage. Mais Proudhon était misogyne même pour son époque. Pour ce qui était de la famille et du foyer, Proudhon était absolument “légitimiste”. Pour lui, la place légitime des femmes n’était pas à l’usine mais à la maison. Convaincu de l’infériorité naturelle des femmes, il les pensait incapables de produire des idées. Les analyses de Graeber étaient, elles, profondément féministes. Ce féminisme est l’une des choses à côté desquelles sont passés beaucoup des hommages qui lui ont été rendus ces derniers jours. Sa théorie des b******t jobs en est une bonne illustration. Elle révèle une division sexuelle du travail qui réserve les métiers du soin (santé, éducation) ou de l’entretien (ménage) aux femmes, mais refuse de les valoriser. Elle questionne, par exemple, la vision que nous avons de la “vocation” des enseignants ou des soignants dont la récompense essentielle est censée se trouver au-delà des conditions d’exercice de leur travail. Bien sûr, les analyses de Graeber, sur le féminisme ou les b******t jobs, ne sont aucunement des systèmes parfaits. Elles présentent de nombreuses limites. Mais elles sont un poil à gratter dont l’effet est de questionner les structures de notre société, de cultiver notre esprit critique et d’engendrer de nouvelles formes de contestation. Alors que la France, comme d’autres pays de l’OCDE, voit se creuser les inégalités de richesse et alors que les mécanisme de reproduction sociale se renforcent, on a plus que jamais besoin de Graeber et de tous les anarchistes qui voudront prendre sa suite. 💻 Télétravail, menace ou opportunité pour l’inclusion ? Jeudi 10 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le télétravail et l’inclusion. Nous avons été nombreux, dans le petit monde des entrepreneurs, à nous réjouir du développement fulgurant du télétravail. Il est temps, maintenant, de l’analyser avec plus de nuances : tout le monde n’a pas la chance de pouvoir télétravailler ; d’autres, en revanche, peuvent saisir le télétravail comme une opportunité d’inclusion. 🇩🇪 Un entrepreneur français en Allemagne Mercredi 9 septembre | Interview 🎧 de Vincent Huguet sur le développement d’une startup française en Allemagne. Malt, une plateforme qui rapproche les entreprises et les travailleurs en freelance, cherche à se développer sur plusieurs marchés européens. L’Allemagne, en particulier, est si stratégique que Vincent, fondateur de Malt, a décidé de s’y installer en famille ! Lui et moi échangeons sur son expérience. 🏭 Le retour de la planification Jeudi 10 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la politique industrielle. Au sortir (?) de la pandémie, les pouvoirs publics ne se sont pas contentés d’annoncer l’allocation de 100 millards d’euros à la relance de l’économie. Ils ont aussi mis en place un nouveau Haut-Commissariat général au Plan, dirigé par… François Bayrou. Autant dire que ça nous inspire un certain… scepticisme 😩 Pour ne rien manquer de ces contenus, abonnez-vous si ce n’est déjà fait 👇 🏙 Les villes après la pandémie On lit, notamment dans la presse américaine, des gros titres alarmistes sur le déclin à venir de New York ou l’exode massif des habitants de San Francisco. Dans notre podcast “À deux voix”, Nicolas et moi apportons des nuances à cette vision et rappelons une loi universelle révélée par l’Histoire : les villes ne meurent jamais ! 👉 Écoutez 🎧 Les villes après la pandémie 🏙—réservé aux abonnés. ✊ Féminisme : la nouvelle generation À partir du #5novembre16h47, les femmes travaillent gratuitement. Le mouvement à l’origine de ce hashtag est né il y a quatre ans pour sensibiliser l’opinion publique aux inégalités salariales. Derrière ce projet, Rebecca Amsellem, une entrepreneuse féministe, fondatrice des Glorieuses. Au fil de cette interview, Laetitia dresse le portrait d’une activiste qui a fait du féminisme son métier. 👉 Écoutez 🎧 Féminisme : la nouvelle génération ✊—accessible à tous. 🇺🇸 Universités américaines : le bout de la piste ? Nous sommes tous vaguement familiers des spécificités du système universitaire américain : concentration des ressources et du prestige dans quelques établissements mondialement connus ; endettement massif des étudiants pour accéder à l’enseignement supérieur ; importance de la vie sur le campus. Que restera-t-il de tout ça après la pandémie ? 👉 Écoutez 🎧 Universités américaines : le bout de la piste ? 🇺🇸—réservé aux abonnés. * Les « b******t jobs » ou le labeur à son paroxysme (Medium, 2019). * Le travail et la valeur : un grand malentendu (Medium, 2019). * Des sorcières aux femmes de ménage : le futur du travail au féminin (Medium, 2019). * B******t Jobs, la théorie de David Graeber (Welcome to the Jungle, 2019). * B******t Jobs : est-ce que ça te concerne ? (Medium, 2016). * Quelle reconnaissance pour les travailleurs du “back office” (entretien avec Denis Maillard, 2019). Nouveau Départ a sa page LinkedIn. Suivez notre média sur Twitter ici : @_NouveauDepart_. Et suivez-nous tous les deux sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
19 Oct 2020 | La banalité domestique : notre salut ? | 00:04:55 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. L’“Édito” de cette semaine parle de deuil et de leadership. Et si notre salut se trouvait dans la banalité domestique ? Les mots me manquent dans cette période terrifiante. Face aux actes indicibles, rien de tel que le silence. Face au chaos géopolitique, à l’effondrement de l’économie, aux menaces sur les libertés individuelles, aux risques de guerres, au repli sur soi et à la haine, je me demande quels mots sont à la hauteur. C’est bien embêtant quand on a fait son métier de coucher des mots sur le papier. Où que l’on regarde, les mots que l’on entend et que l’on lit sont tirés du champ lexical de la guerre. Qu’il s’agisse de pandémie, d’économie, de politique, de culture ou de nature, il n’est plus question que de belligérance, de combat, d’armes, de blessures et de mort. Ces mots-là me fatiguent et m’abattent davantage. Si c’est ça l’écriture aujourd’hui, alors je n’ai pas envie de prendre la plume. J’aurais plutôt envie de passer l’aspirateur ou la serpillière, de faire un gâteau, de pétrir un pain et de m’occuper de ma famille. Et si la banalité de la sphère domestique, qui n’est jamais représentée dans les livres d’histoire (où l’on ne parle que de guerres), était notre salut ? Est-ce un hasard si dans la période actuelle, les mots qui conviennent le mieux sont ceux qui évoquent la banalité domestique ? “Restez chez vous”, a dit Angela Merkel dans un discours à la nation. "Ce que sera l'hiver, ce que sera notre Noël, sera décidé dans les jours et les semaines à venir", a-t-elle ajouté. Il y a peu, elle parlait d’ouvrir les fenêtres et de l’importance d’une bonne aération des espaces privés et publics, car "c'est l'une des solutions les moins chères et les plus efficaces". Tant de banalité domestique ! L’archétype de la “bonne ménagère” serait-il l’avenir du leadership ? Jacinda Ardern, qui vient de remporter à nouveau les élections en Nouvelle-Zélande, en partie pour sa bonne gestion “ménagère” de la pandémie, offre, elle aussi, une nouvelle définition non belliqueuse du leadership : "Il faut du courage et de la force pour être empathique, et je suis très fière d'être un leader empathique et compatissant. J'essaie de tracer un chemin différent, et cela attirera les critiques, mais je ne peux être fidèle qu'à moi-même et à la forme de leadership en laquelle je crois". C’est toujours avec le plus grand mépris que l’on parle de la “ménagère”. Les annonceurs publicitaires ne la voient que comme une proie stupide dont il s’agit de vider le portefeuille. Les historiens l’ignorent totalement ou bien lui accordent une place insignifiante. Parfois, on l’associe à une forme de lâcheté : se réfugier dans la sphère domestique quand le monde est en guerre, c’est ne pas avoir le courage de se battre. Mais rien n’est plus faux. Panser les blessures et nourrir les vivants, il faut bien continuer à le faire. “Tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut aider Maman à faire la vaisselle.” Dans la période actuelle, c’est comme si Maman devenait la vraie héroïne de l’histoire. Merkel incarne cet archétype (bien que n’ayant pas d’enfants). Elle a fait l’histoire en étant constamment sous-estimée en politique, sous-estimée parce qu’elle a tout de la ménagère. Pourtant, elle incarne les valeurs du “monde libre” comme aucun autre dirigeant politique aujourd’hui. Elle a vécu la dictature de la RDA ; elle sait ce qu’est l’absence de liberté. C’est vers elle ou Jacinda Ardern que j’ai le plus envie de me tourner, parce que je suis en deuil. Il y a environ 50 ans, la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a conçu le modèle des cinq étapes du deuil. La première phase est celle du déni, où les émotions semblent absentes. La seconde est celle de la colère. La troisième est une phase de “marchandage” faite de négociations et de chantages. La quatrième, c’est une longue dépression dont on a l’impression qu’on ne sortira pas. La cinquième, enfin, c’est l’acceptation de la perte, après laquelle on réorganise sa vie en fonction de cette perte. La tristesse ne disparaît pas, mais on vit avec, on peut même la faire cohabiter avec de la joie. Souvent, ces phases ne se suivent pas de manière linéaire. Il ne s’agit pas forcément de passer par toutes ces étapes dans cet ordre-là. Il arrive qu’on fasse des retours en arrière avant de pouvoir recommencer à avancer. Mais sans l’acceptation, on ne peut pas se reconstruire. D’une certaine manière, la ménagère, c’est l’héroïne de la dernière phase du deuil, celle qui permet la reconstruction, la continuité et la liberté d’action. Je ne sais pas si on arrivera collectivement à cette phase-là, mais je comprends pourquoi je ressens le besoin d’une autre forme de leadership. Sur ce, je vais aller faire la vaisselle et pendre le linge pour sauver le monde... 🇬🇧 Brexit : enfin, le dénouement ? Mardi 20 octobre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le Royaume-Uni et l’imminence d’un Brexit “No Deal” sans accord avec l’Union européenne. L’histoire du Brexit est interminable. Il y a 4 ans et demi, quand le référendum a créé la surprise, le contexte était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le Brexit s’inscrivait dans la promesse de “Global Britain” et “Take Back Control”. L’incurie du gouvernement pendant la crise sanitaire prouve la vacuité de cette promesse. 🌐 Tout sur Nouveau Départ (1/2) Mercredi 21 octobre | Interview 🎧 de moi par Nicolas. Nouveau Départ a six mois déjà 🎉 Pour l’occasion, nous réalisons une interview croisée sur deux semaines. Cette semaine, Nicolas m'a interviewée à propos de Nouveau Départ, de Building Bridges et de mon travail. La semaine prochaine, je l’interviewerai sur son actualité et son travail. Entre la première et la seconde interview, nous vous proposerons une offre promotionnelle exceptionnelle sur l’abonnement annuel à Nouveau Départ. ❓ Ask Us Anything #2 Jeudi 22 octobre | Podcast “À deux voix” 🎧 pour répondre aux questions de nos abonnés. Lors du premier épisode “Ask Us Anything”, nous n’avons pu répondre qu’à un peu plus de la moitié des questions qui nous ont été posées par nos abonné.e.s. Avec ce deuxième épisode, nous répondons à toutes les autres, notamment toutes celles qui concernent le futur du travail post-pandémie… 🧪 Les secrets pour faire grandir des startups Beaucoup de pays, de villes et de territoires cherchent à faire grandir leur version de la Silicon Valley. Mais peu nombreux sont ceux qui savent quelles ressources rassembler et mélanger pour créer un écosystème entrepreneurial digne de ce nom. Dans cette conversation, Nicolas et moi discutons du livre de Brad Feld et Ian Hathaway The Startup Community Way. 👉 Écoutez 🎧 Les secrets pour faire grandir des startups 🧪 (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🏳️🌈 Relancer une marque puissante : Têtu La communauté gay française a longtemps eu son magazine : Têtu, fondé en 1995 par Didier Lestrade et Pascal Loubet. Mais après une longue période de difficultés économiques, celui-ci a mis la clef sous la porte en 2018… avant d’être repris par un groupe d’investisseurs rassemblés par Albin Serviant et de renouer avec la rentabilité. Nicolas a interviewé Albin pour Nouveau Départ ! 👉 Écoutez 🎧 Relancer une marque puissante : Têtu 🏳️🌈 (conversation avec Albin Serviant)—accessible à tous. 😨 Apprendre à vivre avec l’incertitude Le concept d’incertitude semble omniprésent. Il s’applique dans différents domaines : la gastronomie, l’entreprise, la finance, l’éducation et la société en général. Il y a peu, j’ai découvert le travail de Vaughn Tan, auteur de The Uncertainty Mindset. Nous discutons dans ce podcast des leçons à tirer des cuisines des grands chefs, et de l’importance du concept d’incertitude dans l’économie d’aujourd’hui. 👉 Écoutez 🎧 Apprendre à vivre avec l’incertitude 😨 (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
21 Oct 2020 | 🌐 Tout sur Nouveau Départ (1/2) | 00:54:24 | |
Cette semaine et la semaine prochaine, nous faisons une pause dans notre format habituel de l’interview du mercredi car Nouveau Départ fête ses 6 mois d’existence 🎂 🎁 À cette occasion, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à la semaine prochaine, nous vous proposons un tarif exceptionnel pour l’abonnement annuel à Nouveau Départ. Profitez vite de notre offre spéciale “6 mois de Nouveau Départ” à -25% : l’abonnement annuel vous est proposé cette semaine à 112,50€/an, au lieu de 150€/an 🎉 Par ailleurs, aujourd’hui puis mercredi prochain, nous vous proposons deux interviews croisées : cette semaine, j’interviewe Laetitia à propos de Nouveau Départ, de la programmation à venir et de ses projets du moment. Mercredi prochain, c’est elle qui me posera des questions à son tour ! Dans notre conversation, Laetitia nous explique qu’elle va publier dans les tous prochains jours le premier numéro du podcast Building Bridges (en anglais) où elle interviewe des personnalités non francophones. Une version française de ces interviews sera proposée un mercredi sur deux à nos abonnés Nouveau Départ à partir du mois de novembre, en alternance avec l’interview d’une personnalité en français. Parmi les personnalités que Laetitia a déjà interviewées pour Building Bridges, il y a : * Leslie Kern, l’autrice canadienne de Feminist City (dont voici notre “Note de lecture”) ; * James Crabtree, journaliste au Financial Times à qui on doit l’excellent The Billionaire Raj sur l’Inde contemporaine ; * Andrew Scott, un économiste britannique spécialiste de la longévité et des questions démographiques ; * Vaughn Tan, l’auteur de The Uncertainty Mindset dont nous parlons dans ce podcast “À deux voix” sur l’incertitude ; * Bruno Maçães, un ancien ministre portugais, auteur du récent History Has Begun sur les États-Unis aujourd’hui. Dans ce podcast, Laetitia raconte les interviews qu’elle a réalisées et pourquoi elle veut partager le fruit de ces rencontres avec nos abonnés Nouveau Départ. Au cours des prochaines semaines, elle ajoutera à cette liste une interview de l’économiste Mariana Mazzucato et une de l’entrepreneuse et autrice Hilary Cottam. En 6 mois, Nouveau Départ a bien grandi. Vous êtes déjà plus de 2 300 à vous être inscrits sur notre liste de diffusion ! Pour continuer (et aller plus loin encore), nous avons besoin de votre soutien 🚀 Ce média est financé exclusivement par vos abonnements (pas par des sponsors ni des recettes publicitaires). Rejoignez cette semaine la communauté Nouveau Départ et participez activement au développement de notre média 🤗 🎧 Au passage, pour découvrir l’histoire de la genèse de Nouveau Départ, vous pouvez également écouter ce podcast de Zevillage réalisé par Xavier de Mazenod qui nous a interviewés tous les deux sur les transformations du travail. 👉 Laetitia Vitaud et Nicolas Colin et la transformation du travail Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
07 Sep 2023 | Les startups, c'est fini ? | 00:51:20 | |
Bonne rentrée à tous ! Nous sommes heureux de démarrer cette nouvelle saison de Nouveau Départ avec un podcast “À deux voix” 😊 Cette semaine, nous posons une question qui vous étonnera peut-être : est-ce bientôt la fin des startups ? Nous vivons indéniablement un tournant qui marque la fin des années 2010. Notre économie entre dans une nouvelle phase… dans laquelle les startups deviendront probablement marginales. C’est bien la fin d’une ère ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De la définition d’une startup, notamment celle de Steve Blank ; * Des vraies et des “fausses” startups ; * Des paradigmes techno-économiques (Carlota Perez) ; * Des évolutions récentes de notre économie ; * De la phase de consolidation qui a débuté ; * Du télétravail dans les startups ; * De la fin du modèle du campus façon Silicon Valley ; * Du backlash contre les startups ; * Du fait que les gens se divisent en 3 catégories dans leur vision des startups ; * De l’entrepreneuriat et des grandes entreprises… Web3 & Futur du Travail (avec Flavie Prevot) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
14 Sep 2023 | Femmes, réseaux et entrepreneuriat | 00:45:05 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Marie Eloy. Ancienne journaliste, elle est la fondatrice de plusieurs réseaux féminins, Femmes des territoires (création d'entreprise) et Bouge ta Boîte (business et croissance). La mission qu’elle s’est fixée ? Faire grandir la place des femmes dans l’économie ! Au fil de notre conversation, nous discutons avec Marie : * De son parcours ; * De la difficulté de créer une école (Montessori) ; * Des réseaux de femmes qu’elle a créés ; * Du développement des réseaux dans les territoires ; * Des anywheres, des somewheres et de l’ancrage territorial ; * Des 67% de femmes entrepreneures qui gagnent moins de 1500 € par mois ; * De l’importance de la sororité dans l’entrepreneuriat ; * Des rituels pour apprendre à gagner de l’argent… L’ambition n’a pas d’âge (avec Frédérique Cintrat) 🎧 Aux thunes, citoyennes ! Partie 1 (avec Héloïse Bolle et Insaff El Hassini) 🎧 Aux thunes, citoyennes ! Paris 2 (avec Héloïse Bolle et Insaff El Hassini) 🎧 Vous êtes unique, montrez-le ! (avec Aurélie Cerffond) 🎧 Ma juste valeur : négocier sa rémunération (avec Insaff El Hassini) 🎧 Prendre sa place (avec Sandra Fillaudeau & Céline Alix) Merci mais non merci, j’ai choisi une carrière d’un autre genre (avec Céline Alix) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
20 Sep 2023 | La Reprise | 01:06:42 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Thi Nhu An Pham, l’autrice du livre La Reprise. Le tabou de la condition des femmes après le congé maternité, paru cette année chez Payot, et host du podcast éponyme. Devenir mère est vu comme un coup de canif dans le contrat tacite de loyauté au travail qu’une salariée aurait signé avec son employeur : « Quoi, elle a d’autres priorités dans sa vie que le travail ?! » (…) La reprise est le reflet de toutes les charges et injonctions qui pèsent sur les femmes, le baromètre de la culture sexiste et maternophobe du monde du travail, et le catalyseur de toutes les inégalités sociales. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Thi Nhu An : * De son parcours, de son podcast, de son livre ; * De la reprise en France et son inexistence en Allemagne ; * De l’ambivalence maternelle ; * De la pénalité maternelle en France et ailleurs ; * Du défi identitaire ; * Des mères solos ; * Des minorités à l’intersection des violences ; * Des questions et difficultés auxquelles les immigrées sont confrontées ; * Des reconversions professionnelles des mères… Reprise après un congé mat : quand le bureau devient hostile (mon article à propos du livre La Reprise dans Welcome to the Jungle) 👀 La pénalité maternelle, ça vous parle ? (mon article Welcome to the Jungle) 👀 Maternité : Place à l’ambivalence ! (avec Céline Alix et Sandra Fillaudeau) 🎧 Et vous, êtes-vous féministe ? (avec Laura Lesueur) 🎧 Le syndrome du wonderparent (avec Anne Peymirat) 🎧 La naissance sous toutes les coutures (avec Agnès Gepner) 🎧 “Nice Girl” au travail (avec Céline Alix et Sandra Finnaudeau) 🎧 Travail : que devient la frontière pro / perso ? (avec Samuel Durand) 🎧 La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) 🎧 La grossesse : nouvelle frontière du féminisme (avec Judith Aquien) 🎧 Merci mais non merci, j’ai choisi une carrière d’un autre genre (avec Céline Alix) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
28 Sep 2023 | Faut-il être jeune pour innover ? | 01:08:12 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré à l'âge et l'innovation. Faut-il être jeune pour innover ? Nous avons tous en tête cette idée reçue selon laquelle il faut être jeune pour porter un regard différent sur le monde et innover. Beaucoup de gens voient le vieillissement de la population avec inquiétude et se demandent si l'on va pouvoir continuer à innover dans ce contexte de raréfaction de la jeunesse, du fait de la transition démographique en cours. Tant Laetitia et moi travaillons sur le sujet ces jours-ci et nous avons donc pensé que c'était une belle occasion de confronter nos idées. Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De l’âge chronologique, biologique et social ; * Des effets d’âge, de génération et de période historique ; * De l’âge et du contexte de vie ; * Des origines de la Silicon Valley, repaire de jeunes premiers de la classe ; * De Gordon Moore, Robert Noyce et Steve Jobs ; * De ce qu’est l’innovation et de ce qu’elle n’est pas ; * Des innovations d’optimisation, d’amélioration et de rupture ; * De où se fait l’innovation ; * De la non-visibilité d’une partie des innovations ; * De l’industrie automobile allemande ; * Du mythe du jeune entrepreneur… Are older people less innovative? Laetitia@Work #61 (en anglais) Who (And Where) Are Today’s Innovators? European Straits #242 (en anglais) Les startups, c'est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 L’ambition n’a pas d’âge (avec Frédérique Cintrat) 🎧 Vieille, c’est à quel âge ? (avec Sophie Dancourt) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
05 Oct 2023 | Le grand retour des syndicats | 01:01:33 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré au grand retour des syndicats aux États-Unis, en France et en Europe. L’année 2023 marque probablement un tournant. La négociation collective, après des années de traversée du désert, a-t-elle à nouveau de beaux jours devant elle ? À Détroit, le syndicat de l’automobile américain bloque les usines et exige la semaine de 4 jours pour ses ouvriers. À Hollywood, les acteurs sont encore en grève alors que les scénaristes viennent d’obtenir un accord qui les satisfait. L’Europe n’est pas en reste. En France, la bataille à propos de la réforme des retraites a provoqué des milliers de nouvelles adhésions. Avec l’inflation, les syndicats ont trouvé un nouveau cheval de bataille : faire en sorte que les salaires ne soient plus à la traîne. Bonne écoute !  Au fil de notre conversation, nous discutons : Des grèves à Hollywood ; Des deux traditions syndicales aux États-Unis (syndicat corporatiste vs syndicat industriel) ; Des grands moments de l’histoire syndicale américaine ; De ce qui se passe à Détroit ; Des États industriels du Nord contre les États sans syndicats du Sud ; De la place du PC dans l’histoire syndicale et politique française ; Du caractère “redistributif” de l’inflation ; De la paupérisation des agents du service public ; De l’importance de la négociation collective…  Les profs démissionnent en masse (article de Laetitia) Les fonctionnaires et l’argent (conversation avec Charlotte Cador) 🎧 Les startups, c'est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Travail : sociologie de l’expérience (conversation avec Pauline Rochart) 🎧 En finir avec la productivité (conversation “À deux voix”) 🎧 Les États-Unis : une nation de drogués ? (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas. 👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia.  Le média de la transition “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Je m'abonne 🤗 Qui nous sommes Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
12 Oct 2023 | Humain ou IA ? Qui décidera ? | 00:46:12 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Grégoire Colombet à propos de l’IA. Grégoire est consultant, spécialiste de l’IA : il a dirigé IBM AI Decision Coordination, une startup dédiée à l’adoption de l’IA dans les organisations. Il vient de publier chez Dunod un livre intitulé Humain ou IA ? Qui décidera le futur ?, co-écrit avec Jean-Philippe Desbiolles. Grégoire est aujourd’hui entrepreneur. La véritable question est donc finalement sur la notion capitale de prise de décision : comment s’assurer qu’une décision qui est prise a été la plus optimale possible ? Et cela dans un monde où nous avons la coexistence des êtres humains et des machines apprenantes de plus en plus performantes. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Grégoire : * De son parcours de consultant dans l’IA ; * De ce qu’est vraiment l’IA ; * Des sciences cognitives et de la prise de décision ; * Des biais et du bruit ; * Du biais d’automatisation : * De l’histoire de l’IA : des systèmes experts aux systèmes probabilistes ; * De l’idée d’intelligence augmentée et ses limites ; * De la (non) réalité opérationnelle de l’intelligence augmentée ; * De confiance et de performance ; * De la co-décision et de la responsabilité ; * Du manque de données qualitatives qui pourrait dégrader ChatGPT ; * Des boîtes noires et des boîtes de Pandore… Recrutement, évaluation... Comment « le bruit » peut nuire à vos décisions RH (mon article à propos du livre Noise dans Welcome to the Jungle) 👀 Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
19 Oct 2023 | La place des femmes dans la santé | 00:43:18 | |
Bonjour ! Le podcast Nouveau Départ est le cinquième épisode de notre série de podcasts intitulée Places à prendre. Céline Alix, Sandra Fillaudeau et moi discutons à trois voix de la place des femmes dans la santé, qu’elles soient patientes ou soignantes. Serait-ce grâce à elles que les lignes bougent, au bénéfice de tous et toutes ? Nos dernières lectures, rencontres, et expériences de vie convergent vers cette idée-là. Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons avec Céline et Sandra : * De l’histoire de la médecine, et en particulier l’évolution vers la séparation des sachants et des soignants ; * La question de la santé des femmes, la manière dont elles sont écoutées et prises en compte ; * Et la place des femmes soignantes dans les hôpitaux aujourd’hui… Les ressources mentionnées dans l’épisode : * Sorcières, sages-femmes et infirmières – une histoire des femmes soignantes de Barbara Ehrenreich & Deirdre English * Zizanies de Clara Schulman * Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple de Didier Eribon * Easy Beauty de Chloé Cooper Jones (en anglais) * Femmes invisibles de Caroline Criado Perez * Claire Mounier-Vehier et sa fondation Agir pour le cœur des femmes * L’association Donner des elles à la santé, qui agit pour que les femmes occupent tous les échelons de la hiérarchie dans les métiers de la santé Cet épisode de “Places à prendre” revient sur des thèmes que j’ai abordés avec plusieurs de mes invités Nouveau Départ. Pour aller plus loin, je vous invite à (re)découvrir les podcasts suivants : * De plus en plus stressés au travail (avec Lionel Pagès) * Le suicide de l’espèce (avec Dr Jean-David Zeitoun) * La naissance sous toutes les coutures (avec Dr Agnès Gepner) * La grossesse, nouvelle frontière du féminisme (avec Judith Aquien) Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des entrepreneurs, professionnels, citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans la crise et la transition. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
26 Oct 2023 | Un Nobel contre la pénalité maternelle | 00:41:34 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré au “Prix Nobel” d’économie 2023, attribué à Claudia Goldin, une économiste américaine qui a analysé la participation des femmes au marché du travail et l’impact de la maternité sur les inégalités au travail. Ce prix met en lumière le phénomène de la “pénalité maternelle”. Les années passées à élever des enfants pénalisent les femmes au travail, tandis que les hommes gagnent à devenir pères. Pour les hommes, le fait d'avoir des enfants et une épouse qui assure les soins est lié à une augmentation de leurs revenus (…) la pénalité liée à la maternité diminue à mesure que les enfants grandissent, mais l'avantage lié à la paternité reste important et augmente avec l'âge… Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De la spécificité du “Prix Nobel” d’économie (qui n’est pas tout à fait un “Prix Nobel”) ; * De la participation des femmes au marché du travail dans l’histoire ; * Du travail de Claudia Goldin ; * De l’influence du travail gratuit sur le travail rémunéré ; * De la pénalité maternelle et du “boost” paternel ; * Des “greedy jobs” ; * Du couple et du travail ; * Des dynamiques de genre sur le marché du travail ; * Des femmes qui gagnent plus que leur conjoint … La pénalité maternelle, ça vous parle ? (un article de Laetitia pour Welcome to the Jungle) La pénalité maternelle (avec Mathilde Ramadier) 🎧 La reprise (avec Thi Nhu an Pham) 🎧 Maternité : place à l’ambivalence ! (épisode de la série “Place à prendre” avec Céline Alix et Sandra Fillaudeau) 🎧 En finir avec la productivité (conversation “À deux voix”) 🎧 Le piège du couple à deux carrières (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
02 Nov 2023 | La semaine de 4 jours : une folie ? | 00:40:12 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré à la semaine de 4 jours (de 32h). Laetitia a beaucoup travaillé sur ce sujet ces deux dernières années. Ces temps-ci, la semaine de 4 jours est en train de devenir un phénomène mondial de grande ampleur. Une “folie” ? L’idée n’est pas nouvelle : on en parlait déjà dans les années 1990, dans un contexte de chômage de masse. Mais on considérait à l’époque qu’il fallait être un doux rêveur pour y accorder du crédit. Aujourd’hui, de nombreuses organisations dans des pays divers l’ont déjà mise en place. Et elle fait l’objet de revendications nouvelles : par exemple, l’UAW, le grand syndicat américain de l’automobile, la réclame pour ses ouvriers. Pourrait-elle donc devenir un nouveau standard du travail ? Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De Pierre Larrouturou et sa semaine de 32 heures ; * De ce qu’est et ce que n’est pas la semaine de 4 jours ; * De la semaine de 5 jours née dans l’industrie automobile américaine en 1926 ; * Du “momentum” historique de la semaine de 4 jours ; * De Laurent de la Clergerie, le fondateur de LDLC ; * Des différents cas de figure au travail ; * Des doux rêveurs et des révolutionnaires ; * Des standards de travail ; * D’une société où une partie des gens travaille 4 jours et l’autre partie 5 jours… La semaine de 4 jours : Soutien ou frein à l’égalité hommes-femmes ? (article de Laetitia pour Welcome to the Jungle) Pourquoi la semaine belge de 4 jours n’est pas le bon modèle (article de Laetitia pour Welcome to the Jungle) Pourquoi la semaine de 4 jours n’est pas un remède miracle (article de Laetitia pour Welcome to the Jungle) Semaine de 4 jours : un levier attractif pour l'artisanat ? (article du Monde des Artisans) Le grand retour des syndicats (conversation “À deux voix”) 🎧 De plus en plus stressés au travail (avec Lionel Pages) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
09 Nov 2023 | Crypto et châtiment | 00:47:27 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré au monde des cryptos et aux nombreux délits et arnaques qu’il a engendrés. Il y a quelques jours, Sam Bankman-Fried, l’ancienne star des cryptomonnaies, fondateur de la plateforme FTX, a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent. Après 5 semaines d’un procès suivi par tous les médias, le jury à New York a rendu son verdict : coupable. Au-delà de l’affaire FTX, l’une des affaires de blanchiment les plus spectaculaires de l’histoire de la finance, que dire du monde des cryptos dans son ensemble ? Systèmes Ponzi, fraudes, manipulations, extortions en tout genre, les délits y sont-ils endémiques ? Si oui, pourquoi ? Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De l’affaire FTX ; * Du personnage de Sam Bankman-Fried ; * Du storytelling de SBF et son échec face au jury ; * De son storytelling capillaire ; * De l’hubris et de l’arrogance des “génies” de la Silicon Valley ; * Des cryptomonnaies et de l’absence de réglementation et surveillance ; * De Tether ; * Des ICO (offres initiales de pièces) frauduleuses ; * Du livre Number Go Up du journaliste Zeke Faux ; * Des fermes à extortion au Cambodge ; * Des influenceurs et acteurs qui ont vendu les cryptomonnaies ; * De l’avenir des cryptos… Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Humain ou IA : Qui décidera ? (avec Grégoire Colombet) 🎧 Faut-il être jeune pour innover ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Web3 et futur du travail (avec Flavie Prevot) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Meta et le complexe de Dieu (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
23 Nov 2023 | Énergie : comment les Américains ont pris leur indépendance | 00:43:16 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré à la situation énergétique des États-Unis. Depuis 20 ans environ, le développement de la fracturation hydraulique a permis au pays de trouver une nouvelle indépendance énergétique. La mise au point de nouvelles techniques d'extraction de gaz et de pétrole par les frackers a ouvert des réserves considérables mais jusqu'ici non exploitées des gaz et pétrole de schiste. Nous faisons le point sur cette révolution américaine méconnue, sur les controverses qu’elle suscite et sur ses conséquences spectaculaires d’un point de vue géopolitique, économique et industriel. Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * Du gaz et du pétrole de schiste et de la fracturation hydraulique ; * Des raisons environnementales qui ont conduit à son interdiction en France ; * De l’histoire du fracking ; * De la concurrence des différents types d’énergie aux États-Unis ; * Du lobbying et de l’histoire politique du pétrole ; * Du mythe de la frontière appliqué au fracking ; * Du pétrole et tous ses dérivés ; * De la réindustrialisation / reshoring aux États-Unis ; * De l’indépendance énergétique américaine et ses conséquences géopolitiques ; * Du lifestyle énergivore des Américains ; * D’économie, d’innovation et de santé… 📚 The Frackers: The Outrageous Inside Story of the New Billionaire Wildcatters de Gregory Zuckerman (le livre dont parle Nicolas dans le podcast) 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Nov 2023 | Crise du logement & marché du travail | 00:48:40 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré à la crise du logement et au marché du travail. La difficulté majeure à trouver un logement abordable dans les grandes villes est devenu un problème si important pour l'emploi que les entreprises s'impliquent davantage et cherchent différentes approches pour soutenir leurs employés. La SNCF, par exemple, où la fin du statut de cheminot, décidée par la réforme ferroviaire de 2018, a fait perdre en attractivité. Face aux réelles difficultés pour embaucher, elle propose depuis 2019 une « garantie logement » en région parisienne : l’entreprise s’engage à fournir un hébergement à tout cheminot nouvellement recruté, dans un délai de quatre mois et à proximité de son lieu de travail, au prix du logement social. A la RATP, le nouveau PDG, Jean Castex, a lui aussi fait du logement des salariés une priorité. (Le Monde) Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * De la crise du logement et des tensions sur le marché du travail ; * Des causes structurelles et conjoncturelles de cette crise ; * De la prise de conscience des employeurs ; * De l’histoire du logement de fonction et son déclin ; * Des travailleurs saisonniers et des migrants ; * Des dortoirs et des marchands de sommeil ; * Du marché de l’ancien et du marché du neuf ; * Des étudiants et des nouveaux entrants ; * Des DPE et leur impact sur le marché ; * Des taux d’intérêt et de la construction ; * De l’indifférence de la sphère publique ; * Du stress test des JO de 2024 ; * Des situations de rente ; * De Henry George et du “Georgism”… La semaine de 4 jours : une folie ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Les profs démissionnent en masse (article de Laetitia) Les fonctionnaires et l’argent (avec Charlotte Cador) 🎧 Notre civilisation du cocon (avec Vincent Cocquebert) 🎧 Télétravail : le bon environnement (avec Fabienne Broucaret) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 Nov 2023 | La transition numérique des villes | 00:56:04 | |
Bonjour à tous, Voici un nouvel épisode de notre série “À deux voix” consacré aux villes. Nous avions enregistré plusieurs épisodes sur ce sujet pendant la pandémie. Télétravail, applications de mobilité, plateformes de livraisons et de services de proximité… la transition numérique a semblé atteindre son apogée pendant la pandémie. Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? Où en sommes nous des smart cities, villes connectées et numériques imaginées il y a une dizaine d’années ? “Les villes sont immortelles car elles attirent et accueillent les marginaux et les excentriques. Les entreprises sont mortelles car elles font précisément l’inverse.” (Geoffrey West) Bonne écoute ! Au fil de notre conversation, nous discutons : * Des “données miroir” que nous produisons ; * Des données et des plateformes numériques ; * Des smart cities imaginées il y a 10 ans ; * De la géographie du travail ; * Des réflexions des années 2000 et 2010 concernant la ville ; * De bottom up et de top down ; * D’utopie et de dystopie ; * De l’économie urbaine orchestrée par les collectivités territoriales ou par des grandes entreprises ; * De l’approche “entreprise” de la ville numérique ; * D’Uber et Airbnb et ce que ces plateformes sont devenues ; * Du retour de bâton réglementaire ; * Du mode de vie insoutenable qui était le nôtre pendant la pandémie… L’économie du XXIe siècle ne sera pas intégralement numérique, de même que celle du XXe siècle n’était pas intégralement organisée autour de la production de masse Crise du logement et marché du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Faut-il être jeune pour innover ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Humain ou IA ? Qui décidera ? (avec Grégoire Colombet) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
08 Sep 2020 | Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? | 00:47:04 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré au télétravail et aux menaces et opportunités du point de vue de l’inclusion. Dans le petit monde des entrepreneurs, nous avons été nombreux à nous réjouir du développement fulgurant du télétravail. Mais Nicolas et moi tentons ici de l’analyser avec plus de nuances. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir télétravailler. Il pourrait même se développer une fracture profonde entre ceux qui travaillent où ils veulent et les autres. En revanche, on pourrait aussi saisir le télétravail comme une opportunité pour mieux inclure ceux qui, jusqu’ici, sont restés cantonnés à la marge du marché du travail. La période actuelle est propice à des interrogations multiples sur l’avenir du travail, le management et les inégalités entre les travailleurs. La montée du télétravail favorisée par la pandémie contribue-t-elle à accroître ces inégalités ? De plus en plus, les salariés des entreprises sont dans des situations hybrides : certains sont au bureau (ou sur site), d’autres à domicile ou ailleurs. Ce qui se banalise, c’est surtout une plus grande distribution des équipes. L’inclusion, c’est la capacité de l’organisation à intégrer des profils divers et leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes. Quand tout le monde n’est pas dans un même espace pour partager des rituels et une machine à café, comment fait-on pour développer une culture inclusive ? Nous l’avons déjà évoqué dans cet épisode “À deux voix” intitulé “La récession et les femmes”, nous ne sommes pas égaux face au télétravail. Les personnes qui ont la charge d’enfants en bas âge voient le bureau comme un refuge où on peut échapper aux corvées domestiques et se concentrer sur son travail. Mais le télétravail s’accompagne aussi d’opportunités nouvelles d’inclure les catégories d’actifs pour lesquels la vie de bureau, les déplacements et le présentéisme sont insoutenables. Le télétravail est notamment un facteur d’inclusion professionnelle pour les personnes handicapées. Et ne perdons pas de vue que ce qui sert les personnes handicapées est bon pour tout le monde ! Comme le disait Seymour Papert, professeur au MIT et inventeur du langage LOGO, “nous sommes tous en situation de handicap — certains un peu plus que d’autres.” En France, on a trop tendance à n’appréhender le sujet du handicap que sous l’angle des obligations légales. On passe donc souvent à côté des opportunités d’inclusion que recèlent le numérique et le télétravail. Pour aller plus loin, vous pouvez aller écouter les podcasts suivants 🎧 👉 Quel avenir pour la Silicon Valley ? (“À deux voix”) 👉 Les villes après la pandémie (“À deux voix”) 👉 La récession et les femmes (“À deux voix”) 👉 Un marché du travail sans frontières ? (Interview d’Alex Bouaziz) 👉 Quitter Paris pour la province (Interview d’Aurore Thibaud) 👉 Le nouveau management, révélé par la crise (“À deux voix”) Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
25 Jan 2024 | Toilettes publiques : histoire et politique | 00:55:02 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Julien Damon, essayiste, professeur à Sciences Po, HEC, l’école nationale supérieure de sécurité sociale, spécialiste des questions urbaines. Nous parlons des toilettes, de leur histoire et de leur importance dans les villes. « Le sujet mérite de ne pas être pris seulement à la légère et à la rigolade. Ici, le loufoque et le bizarre rencontrent l’intime et le droit » explique Julien dans un livre paru il y a quelques mois aux presses de SciencesPo, intitulé Toilettes publiques. Essai sur les commodités urbaines 📚 J’en recommande chaudement la lecture à tous les passionnés de questions urbaines, de design et d’histoire. Observer les sociétés par la lunette de leurs toilettes ouvre des éclairages singuliers sur les villes, les cultures, les inégalités, les civilisations, les moeurs. Se préoccuper des toilettes publiques revient à s’inquiéter du monde. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Julien : * De son parcours et de son travail ; * De la place de son ouvrage Toilettes publiques dans sa bibliographie ; * De l’histoire de la civilisation humaine à travers l’histoire des toilettes ; * Des inégalités de genre en matière de toilettes ; * Des enseignements de la pandémie ; * De l’histoire des villes ; * Des vespasiennes et des sanisettes ; * De JC Decaux ; * Du passage du tout-à-la-rue au tout-à-l'égout si déterminant pour les villes ; * Des différences culturelles et de design ; * De l’Inde et de la Chine ; * De l’histoire des innovations en la matière ; * Des déjections chevalines et canines en ville ; * De la question de la gratuité des toilettes publiques ; * Des personnes sans abri ; * Du développement durable et de Bill Gates ; * Des défis liés aux JO ; * Des inégalités nord-sud ; * Des pistes pour l’avenir des commodités urbaines… « Partout dans le monde, l’accès aux toilettes est révélateur des inégalités entre les populations » (article Le Monde) La transition numérique des villes (conversation “À deux voix”) 🎧 Crise du logement et marché du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
01 Feb 2024 | L'équipe, cet animal fantastique | 00:47:02 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de Vanina Lanfranchi. Coach d’équipe, elle a publié un livre intitulé Équipe n. f. Animal fantastique qui (nous) travaille autour de ces grandes questions du management “Comment travaille-t-on ensemble ?”, “Comment fait-on équipe ?” Pour y répondre, elle a échangé avec plus d’une centaine de dirigeants, managers et entrepreneurs. Si l’équipe ressemble à un animal fantastique, nous allons tenter d’en percer le mystère. Il s’agirait d’un organisme vivant, hybride, singulier, d’un organisme aux confins de l’imaginaire et de l’illusoire. Beaucoup cherchent à apprivoiser, dompter, domestiquer cet animal fantastique. Le dompteur en puissance pourrait réaliser, sans aller jusqu’à se laisser dévorer; qu’il est partie intégrante de cet organisme vivant. Qu’il soit la tête, le coeur ou les yeux, sa place reste ambigüe. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Vanina : * De son parcours et de sa reconversion ; * De ce qu’est une équipe ; * De la métaphore de l’animal fantastique ; * De ses 102 interviews et de sa méthode ; * Des maux récurrents qui frappent les équipes (manque de clarté, problèmes inter-relationnels et problèmes managériaux) : * De ce qui fait la santé d’une équipe ; * De la dynamique d’équipe ; * Du burn-out des managers ; * Des injonctions parfois contradictoires qui pèsent sur les managers ; * Des tâches pour le collectif et des objectifs individuels ; * Des équipes distribuées ; * Du fait que la machine à café ne fait pas tout, et les outils numériques non plus ; * Des différences culturelles dans l’équipe… Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 L’IA et l’avenir du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 Le grand retour des syndicats (conversation “À deux voix”) 🎧 De plus en plus stressés au travail (interview de Lionel Pages) 🎧 Travail : sociologie de l’expérience (interview de Pauline Rochart) 🎧 Diversité en entreprise : progrès ou pas ? (interview de Caroline Chavier) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
18 Jan 2024 | Quelle place pour l’intime ? | 00:34:34 | |
Le podcast Nouveau Départ est le 6ème épisode de notre série de podcasts Places à prendre. Céline Alix, Sandra Fillaudeau et moi discutons à 3 voix de la place de l’intime dans les arts et le discours. En filigrane, les 5 premiers épisodes du podcast traitaient déjà de cette question. Alors quelle place pour l’intime, dans une époque qui en raffole (pour le meilleur et le pire) ? Nous avons partagé nos lectures et réflexions sur ce sujet, en abordant, entre autres : * L’importance de l’évocation de l’intime pour « normaliser » l’expérience humaine * Le partage de l’intime pour nommer l’universel dans les vécus individuels * La question de la protection du lecteur face à l’intime dévoilé * Ce qui rend l’intime des unes « utile » aux autres Bonne écoute ! Les ressources mentionnées dans l’épisode : * Un si gros ventre, Expériences vécues du corps enceint de Camille Froidevaux-Metterie * Ladyparts, A Memoir de Deborah Copaken * Newsletter Ladyparts de Deborah Copaken * Triste Tigre de Neige Sinno * Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple de Didier Eribon * Retour à Reims de Didier Eribon * Au vent mauvais de Kaouther Adimi * The Atlantic magazine américain * Bobbi Jene, le documentaire sur l’artiste, chorégraphe et danseuse Bobbi Jene Smith Cet épisode de “Places à prendre” revient sur des thèmes que nous avons abordés dans les premiers épisodes de la série. Pour aller plus loin, je vous invite à (re)découvrir les autres épisodes : * La place des femmes dans la santé * Maternité : place à l’ambivalence ! * La place des femmes dans l’Art Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des entrepreneurs, professionnels, citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité : critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans la crise et la transition. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
11 Jan 2024 | Économie / Travail : 7 tendances en 2024 | 01:00:14 | |
Le 1er épisode “À deux voix” de cette nouvelle année est une conversation sur 7 tendances en matière d’économie et de travail qui feront 2024. En ce début d’année, nous nous sommes prêtés avec plaisir au petit jeu des “tendances” pour parler de souveraineté, de démographie, de recrutement, des JO, du soin et du travail, de l’économie de l’anxiété et de la “Vibecession”. 🍾 Nous profitons de cette newsletter pour vous adresser à toustes nos vœux les plus chaleureux pour cette nouvelle année ! 🤗 En 2024, nous continuerons à décrypter avec passion les enjeux économiques, sociaux et du monde du travail, dans nos podcasts “À deux voix”, dans des interviews avec des personnalités remarquables et dans des articles ! Nous discutons de 7 tendances : * Souveraineté : le maître-mot pour 2024 ? Alors que le monde se fragmente, que Trump menace de revenir (mais même sans Trump, le repli sur soi des États-Unis est une tendance forte), que nos chaînes d’approvisionnement se fragilisent, l’idée de souveraineté se retrouve partout. Réindustrialisation, alimentation, santé, numérique, défense : Nicolas commente les idées du géopolitologue Peter Zeihan. * Démographie : le déclin est plus rapide que prévu. L’espérance de vie a cessé d’augmenter voire se dégrade. La surmortalité se poursuit au-delà du Covid. Et nous avons tendance à surestimer le nombre des naissances à venir. À l’image de la Chine dont la population actuelle (1,4 milliards) pourrait être plus que divisée par 2 d’ici la fin de ce siècle, de nombreux pays (dont la France) surestiment encore leur démographie. Quelles conséquences pour l’année qui vient ? * Recrutement : ça sera encore plus dur dans les services de proximité. Il y a plusieurs raisons à cela : le tournant anti-immigration (plus de tracas pour les immigrés, moins de fluidité pour les recruteurs), le départ à la retraite des générations (nombreuses) nées dans les années 1960, les difficultés croissantes en matière de logement (taux d’intérêts élevés et décrochage entre les salaires dans les services et les prix du logement). * JO du chaos : en France, un événement cristallise plusieurs éléments discutés dans ce podcast. Aujourd’hui, ce sont essentiellement les pétro-monarchies (et autres régimes autoritaires) qui se portent candidats pour accueillir des événements sportifs de cette ampleur. En France, les externalités négatives (transport, logement, arrêt de l’activité d’entreprises locales non tournées vers les touristes…) font déjà couler beaucoup d’encre. * Travail : la crise du soin provoque hausse de l’absentéisme et baisse de la productivité. Les difficultés de recrutement (+ congés maladie des travailleurs) dans la santé, l’enseignement, les soins aux personnes âgées (à domicile ou dans les EHPAD), ou chez les gardes d’enfants ont des conséquences importantes sur la disponibilité des actifs aidants et parents et sur la productivité de toustes. Étant donnée la démographie, le nombre des actifs aidants augmente. * Économie de l’anxiété : pour parler de notre société hyper changeante et instable, l’anthropologue américain Jaime Cascio propose de remplacer le sigle VUCA (volatile, uncertain, complex, ambiguous), déjà usé, par celui de BANI (brittle, anxious, nonlinear, incomprehensible). L’anxiété influence nos comportements et décisions : on s’accroche à ce qu’on a (on lutte pour défendre les acquis) et on rêve de ce qu’avaient nos parents (c’était mieux avant). * Vibecession : il y a un décalage croissant entre les indicateurs économiques bons (PIB / taux de chômage) et la perception des gens. L’influenceuse Kyla Scanlon a inventé l’expression Vibecession. Aux États-Unis, cela pourrait influencer l’élection présidentielle. Pourquoi les gens ne pensent-ils que du mal de l’économie alors que le chômage est au plus bas. Sont-ils trop sous l’emprise de médias anxiogènes et de fake news ou bien y a-t-il d’autres explications ? 💡Dites-nous sur laquelle (lesquelles) de ces tendances vous aimeriez que nous revenions dans un épisode de podcast complet ! (Il suffit pour cela de répondre à cette newsletter en écrivant « tendance #X »). Crise du logement et marché du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 La transition numérique des villes (conversation “À deux voix”) 🎧 Énergie : comment les Américains ont pris leur indépendance (conversation “À deux voix”) 🎧 Un Nobel contre la pénalité maternelle (conversation “À deux voix”) 🎧 Le grand retour des syndicats (conversation “À deux voix”) 🎧 Les profs démissionnent en masse (article de Laetitia pour Nouveau Départ) Le suicide de l’espèce (avec Dr Jean-David Zeitoun) 🎧 Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Humain ou IA ? Qui décidera ? (avec Grégoire Colombet) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
15 Feb 2024 | Éloge du bricolage | 00:53:25 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine est une interview de la philosophe Fanny Lederlin. Dans un beau livre intitulé Éloge du bricolage, elle oppose la « logique d’ingénieur » dominante dans les organisations comme dans la société à la logique bricoleuse, une manière d’être et d’agir qui prend soin de ce qui est déjà là, les choses comme les vivants. Une logique salutaire face au désastre écologique. Le bricoleur oriente et réoriente sans cesse son projet — le fin qu’il se donne n’étant jamais définitivement arrêtée (…) Ainsi, résume Claude Lévi-Strauss, “l’ingénieur cherche toujours un passe et à se situer au-delà, tandis que le bricoleur, de gré ou de force, demeure en-deçà.” Une telle disposition suppose de se résoudre à ce que son existence ne soit au fond qu’un “éternel imparfait”, c’est-à-dire de renoncer aussi bien à la visée de l’accomplissement qu’à celle de la perfection. Il s’agit donc, en appartenant au monde, de s’en remettre à lui, et de faire ainsi l’expérience d’une liberté non pas conquérante et accaparante, mais ouverte et accueillante… Au fil de notre conversation, nous discutons avec Fanny : * De son parcours de la publicité à la philosophie ; * Des leçons de Well-E (Pixar) ; * D’une citation d’Emil Cioran : “Être moderne, c’est bricoler dans l’incurable” ; * De la débrouille, de la bidouille (et de tous les mots en “ouille”) et de ce qu’ils disent de la culture française ; * Du piège de la logique d’ingénieur ; * Du soin des choses et du soin des vivants ; * De la fin et des moyens ; * De la faible place du bricolage dans le travail moderne ; * Du bricolage comme religion ; * De la question du bricolage et du genre… Un « Eloge du bricolage » comme façon de prendre soin du monde (un article dans Le Monde consacré au livre de Fanny) 👀 En finir avec la productivité (conversation “À deux voix”) 🎧 La place des femmes dans la santé (épisode “Places à prendre” avec Sandra Fillaudeau et Céline Alix) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 16 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
08 Feb 2024 | Les "vibes" auront-elles la peau de Biden ? | 00:45:20 | |
Notre épisode “À deux voix” de cette semaine est une conversation sur la Vibecession, le décalage entre les indicateurs économiques bons (PIB / taux de chômage) et la perception des gens. C’est l’influenceuse Kyla Scanlon qui a inventé l’expression Vibecession en 2022. Aux États-Unis, le consumer sentiment index progresse un peu ces dernières semaines mais les “vibes” persistantes pourraient néanmoins influencer l’élection présidentielle. Pourquoi les gens ne pensent-ils que du mal de l’économie alors que le chômage est au plus bas ? Sont-ils trop sous l’emprise de médias anxiogènes et de fake news ou bien y a-t-il d’autres explications ? Un mauvais récit économique consiste à dire aux Américains que les difficultés financières sont seulement dans leur tête. Un bon récit consiste à rendre compte de leur expérience et imaginer un avenir meilleur. Les gens ont besoin de garde d’enfants, de dentistes, de logements abordables, de transports fiables, d’une éducation accessible. Leur dire qu’ils devraient se réjouir de pouvoir enfin acheter une Tesla, c’est une incompréhension fondamentale de ce que la politique économique est censée faire, c’est-à-dire améliorer la vie des gens. (Tressie McMillan Cottom, New York Times) Au fil de notre conversation, nous discutons : * De la Vibecession ; * De ses conséquences en année électorale ; * Des transformations du paysage médiatique ; * Des bulles algorithmiques et des médias de masse conservateurs ; * De numérique et d’anxiété ; * De la mémoire de l’inflation ; * Des externalités non prises en compte par les indicateurs économiques ; * Des différences entre l’élection de Reagan en 1984 et l’élection de cette année ; * De communication politique ; * De “pédagogie” et de récits ; * Des différences culturelles entre France et États-Unis en la matière ; * Du coût de l’isolement croissant des Américains ; * De Trump et de Biden… Économie / Travail : 7 tendances en 2024 (conversation “À deux voix”) 🎧 Crise du logement et marché du travail (conversation “À deux voix”) 🎧 La transition numérique des villes (conversation “À deux voix”) 🎧 Énergie : comment les Américains ont pris leur indépendance (conversation “À deux voix”) 🎧 Un Nobel contre la pénalité maternelle (conversation “À deux voix”) 🎧 Le grand retour des syndicats (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
07 Mar 2024 | Pourquoi la retraite des femmes est-elle 40% plus basse ? | 00:52:53 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le premier épisode du podcast Vieilles en puissance dont la première saison comprendra 12 épisodes. C’est un podcast à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Et si c’était par la retraite qu’il fallait commencer ? Pour notre série de podcasts, nous sommes parties de ce point de départ. Les femmes retraitées sont plus nombreuses mais aussi plus pauvres. Pour tout comprendre au sujet, nous avons invité le chercheur Bruno Palier. Directeur de recherche du CNRS à Sciences Po, il est spécialiste des réformes des systèmes de protection sociale en France et en Europe et l’auteur de nombreux livres. Avec lui, nous discutons des inégalités de genre à la retraite et de tout ce qui les cause. C’est important de commencer par la retraite car cette dernière amplifie les inégalités femmes-hommes. Elle est la somme de tous les obstacles rencontrés, de toute une série de phénomènes (temps partiel, congés parentaux, aidance, pénalité maternelle, discriminations en tout genre) dont on voit pleinement les effets à ce moment-là. En somme, l’écart en matière de pensions de retraite nous montre à quel point le monde du travail rémunéré et notre système de protection sociale restent encore bien trop andro-centrés, pensés par des hommes et pour des hommes, laissant les femmes dans une plus grande précarité. Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * l’écart de 38% pour les pensions de droit direct ; * les mécanismes compensatoires, en particulier la pension de réversion et les raisons pour lesquelles la compensation perd du terrain ; * la réforme des retraites et son impact sur les femmes; * la maternité et l’aidance dont le système de retraite tient peu compte ; * les NENR (ni en emploi ni en retraite) ; * l’écart de durée de vie entre femmes et hommes ; * la pauvreté des vieilles : en France, il n’y en a pas tant que ça (contrairement au Japon et en Allemagne, par exemple) ; * ce que serait un système de retraite égalitaire ; * la différence entre la compensation et la redistribution ; * des conseils aux jeunes aujourd’hui… Pour aller plus loin : * Retraites : les femmes et les enfants d’abord ! Entretien avec Bruno Palier : une courte vidéo Arte disponible sur Youtube * Réformer les retraites, Presses de Sciences-Po, 2021 : l’ouvrage de Bruno Palier « pour mieux comprendre la portée et le sens des grandes réformes qui se sont succédé en France depuis 1993 » * « Je ne veux pas être une vieille pauvre » : un article de Laetitia pour Vives Média This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
22 Feb 2024 | La putréfaction des plateformes | 00:57:37 | |
Notre épisode “À deux voix” de cette semaine est une conversation sur la “putréfaction” des grandes plateformes numériques. Meta, Google, Amazon, Apple, Twitter… nous avons le sentiment diffus que ces plateformes apportent aujourd’hui de plus en plus de prédation et d’externalités négatives (fake news, pubs, contenus mauvais…). Progressivement, les belles promesses d’hier ont fait place à de la pourriture. Dernier exemple en date ? Twitter, sous la houlette d’Elon Musk. La putréfaction des plateformes n’est pas qu’une vague impression. C’est un processus en 4 étapes : * D’abord, les plateformes rendent un service à leurs utilisateurs. Ils ont l’impression qu’elle est bonne pour eux ; * Puis, elles abusent de la confiance de ces utilisateurs pour rendre des services à d’autres utilisateurs qui payent (des clients corporate, par exemple) ; * Enfin, elles abusent de leurs clients corporate aussi pour accaparer toute la valeur pour elles-mêmes ; * Elles meurent. La conversation dans cet épisode nous a été en grande partie inspirée par cet (excellent) article du FT sur le processus d’enshittification conceptualisé par Cory Doctorow : Il est possible d’inverser la putréfaction d'Internet. Il est possible d’arrêter la putréfaction rampante de chaque appareil numérique. Il est possible de construire un meilleur système numérique qui y résiste, un système capable de coordonner les mouvements de masse dont nous aurons besoin pour lutter contre le fascisme, mettre fin au génocide, sauver notre planète et notre espèce. Martin Luther King a dit : "Il est peut-être vrai que la loi ne peut pas me faire aimer un homme, mais elle peut l'empêcher de me lyncher, et je pense que c'est plutôt important." Il est peut-être vrai que la loi ne peut pas contraindre les entreprises à vous voir comme un être humain ayant droit à la dignité (…) et non pas seulement comme un portefeuille ambulant (…) Mais elle peut leur faire assez peur pour vous traiter mieux, avec dignité, même si elles ne pensent pas que vous la méritiez. (FT) Au fil de notre conversation, nous discutons : * Des plateformes d’hier et d’aujourd’hui ; * De la grande distribution ; * De Facebook, Twitter & Co ; * Des étapes de la putréfaction ; * Des remparts à cette putréfaction ; * Des monopoles d’hier et d’aujourd’hui ; * De politique de la concurrence ; * Du comportement des utilisateurs ; * Des salariés des plateformes ; * De la réglémentation ; * Des apps et du Web ; * De la propriété intellectuelle ; * De cycles et de rapports de force… Économie / Travail : 7 tendances en 2024 (conversation “À deux voix”) 🎧 La transition numérique des villes (conversation “À deux voix”) 🎧 Crypto et châtiment (conversation “À deux voix”) 🎧 Les startups, c’est fini ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Faut-il être jeune pour innover ? (conversation “À deux voix”) 🎧 Humain ou IA ? Qui décidera ? (conversation avec Grégoire Colombet) 🎧 Le grand retour des syndicats (conversation “À deux voix”) 🎧 👉 Abonnez-vous à European Straits, la newsletter hebdo de Nicolas.👉 Abonnez-vous à Laetitia@Work, la newsletter mensuelle de Laetitia. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
21 Mar 2024 | Comment la peur de vieillir appauvrit les femmes | 00:51:24 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 2ème épisode du podcast Vieilles en puissance dont la première saison comprendra 12 épisodes, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode sera inspirant ! L’espérance de vie a beaucoup augmenté depuis deux siècles. Nous vivons plus longtemps. Et la part des personnes âgées dans la population n’a jamais été aussi élevée. Pourtant, la peur de vieillir et d’être mise à l’écart et décrédibilisée saisit les femmes de plus en plus tôt ! Cette peur nous coûte beaucoup. C’est avec Sophie Dancourt, journaliste, que nous avons choisi d’en parler. Sophie a fondé le média J’ai piscine avec Simone dans lequel elle dénonce sans relâche, depuis des années, l’invisibilisation des femmes de plus de 50 ans. J’ai rencontré beaucoup de femmes qui m’ont raconté s’être pris la porte du vieillissement dans la figure de façon plus ou moins violente. L’expression “syndrome du couvent” m’a paru évidente. Il y a une injonction à disparaître qui évoque cette période où les veuves devaient quitter la société des vivants pour partir au couvent. Cette image forte résume bien ce que les femmes de notre génération ressentent quand elles passent le cap fatidique des 50 ans, explique Sophie. L’autrice américaine Susan Sontag parlait déjà du « double standard du vieillissement » en 1972. La vieillesse est souvent perçue comme un déclin ou une perte de valeur pour les femmes tandis que le vieillissement masculin est généralement mieux accepté socialement. A-t-on fait des progrès en 50 ans ? Pas assez. Le double standard coûte encore beaucoup aux femmes. Le marketing se nourrit encore de ce double standard. Comme s’il fallait dépenser une fortune pour être « belle » !?! 🤪 Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * le paradoxe démographico-culturel : les femmes âgées sont plus nombreuses mais toujours déconsidérées par notre culture ; * le double standard du vieillissement et le marketing ; * l’âge des femmes et le monde du travail ; * la peur de vieillir qui saisit les jeunes ; * la ménopause et la ménopause sociale ; * l’injonction à vieillir « avec grâce » ou « bien conservée » (comme des légumes en boîte) ; * l’aspect économique lié au contrôle permanent du corps ; * le coût de la peur de vieillir ; * le tabou de l’argent des « vieilles »… Pour aller plus loin : * J’ai piscine avec Simone : le média « à remous » créé par Sophie Dancourt * Vieille, c’est à quelle heure ?!, Éditions Leduc : le livre de Sophie sur le nouvel âge d’or des femmes de plus de 50 ans, « le moment pour ces femmes de se libérer du syndrome de la bonne élève et de la femme parfaite, et de se réaliser pleinement ». * La jeunesse éternelle n’est pas un modèle viable pour les femmes actives : une autre conversation de Laetitia avec Sophie, à lire dans Welcome to the Jungle. * Vieille peau - Les femmes, leur corps, leur âge, Fiona Schmidt, Belfond : « Comment dire aux femmes : "C'est merveilleux de vieillir !" quand depuis leur plus jeune âge on les met en garde contre les rides et les cheveux blancs ? Quand le spectre de la vieille peau continue de hanter tous les esprits ? » s’interroge la journaliste Fiona Schmidt dans cet essai percutant. 🎤 ATELIERS / CONFÉRENCES / TABLES RONDES EN ENTREPRISE 🎤 L'employabilité des séniors est sans aucun doute LE sujet RH de la prochaine décennie ! Mais comment l’adresser de façon pertinente en interne auprès des différents acteurs de l’entreprise ? Comment bien appréhender l’impact du vieillissement sur les RH, le travail et les carrières ? “Vieilles en puissance” et “J’ai piscine avec Simone” créent ensemble 2 programmes de conférence / ateliers pour les managers et les RH. On reprend tout depuis le début pour une réappropriation des mots-clés de l'emploi et du recrutement débarrassés des biais qui les limitent. 👉 Programme 1 : Manager entre les générations 👉 Programme 2 : Recruter et gérer des carrières 💡 Pour en savoir plus : Contactez-nous sur Vieilles en puissance en répondant à cette newsletter ou bien contactez Laetitia Vitaud ou Sophie Dancourt. This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
26 Oct 2020 | La santé ou l’économie : faut-il choisir ? | 00:06:04 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. L’“Édito” de cette semaine parle des arbitrages en temps de pandémie. L’idée qu’il y aurait un choix à faire entre la santé des individus et celle de l’économie est fallacieuse. Depuis le confinement, de nombreux commentateurs ont pris l’habitude de mettre en balance la gestion de la crise sanitaire et celle de la crise économique. Il y aurait, dit-on, des arbitrages à faire entre des points de croissance et des “points” de contagion. Chaque mesure restrictive mise en place pour limiter la propagation (fermeture d’établissements, couvre-feu, confinement…) devrait se payer en terme de PIB. Mais est-ce vraiment si simple ? En réalité, il n’existe pas, à l’échelle des pays, de corrélation évidente entre la dureté de la gestion de la crise sanitaire et la vigueur de l’économie. D’autres facteurs jouent un rôle plus important : la qualité du système de santé, la confiance de la population, la transition numérique des entreprises, la part de l’économie informelle ou encore le degré de dépendance de l’économie nationale vis-à-vis des autres pays. Certains pays plus laxistes du point de vue de la gestion sanitaire subissent néanmoins la crise économique de plein fouet. Par exemple, la Suède n’a pas, contrairement aux autres pays scandinaves (Danemark, Finlande, Norvège), confiné sa population. Les restaurants sont constamment restés ouverts. Le masque n’y est pas obligatoire. Il n’y a pas de couvre-feu. Malgré cela, au second trimestre 2020, le PIB suédois a chuté de 8,6%, alors qu’il n’a chuté “que” de 7,4% au Danemark et 3,2% en Finlande. Laisser mourir les personnes âgées dans les maisons de retraite (il y a eu six fois plus de décès que dans les autres pays scandinaves), cela n’a visiblement pas “payé” en points de croissance ! Au printemps, Donald Trump fustigeait, au nom de l’économie américaine, les gouverneurs des Etats qui avaient mis en place les mesures de confinement les plus strictes. “Laissez les Américains manger au restaurant, aller dans les salles de sport et au cinéma”, disaient alors les Républicains. Depuis plusieurs mois, même si la plupart des Etats ont levé les restrictions, et l’essentiel des restaurants, salles de cinéma ou parcs d’attraction peuvent accueillir des clients plus ou moins normalement, leur activité ne reprend pas. La demande est au point mort. Les faillites se multiplient. Tant que les restrictions étaient en place, cela s’accompagnait souvent de dispositifs d’aide aux acteurs concernés. La fermeture des restaurants, des parcs d’attraction, des salles de spectacle ou des clubs de sport provoquaient une chute de l’offre qui expliquait clairement la baisse de l’activité économique. Depuis que ces restrictions ont été levées, la plupart des dispositifs d’aide ont également disparu. Et c’est désormais un problème de demande qui explique la catastrophe économique. Ce n’est pas parce qu’on a le droit de consommer librement qu’on va consommer forcément. Disneyland a ré-ouvert en Floride, mais à cause de la hausse du nombre de cas de Covid dans l’Etat, les quelques optimistes qui avaient fait des réservations annulent en masse. Les touristes étrangers ne sont pas là. La demande intérieure est d’autant plus faible que les Américains sont inquiets et que beaucoup sont au chômage. Sans que des mesures restrictives ne soient en cause, Disneyland a décidé de réduire les horaires d’ouverture des parcs et de licencier 28 000 employés, faute de visiteurs. Il en va de même des salles de sport qui sont nombreuses à mettre la clef sous la porte, et des salles de cinéma. En septembre, les salles de cinéma étaient ouvertes dans 44 États sur 50. Warner Bros a alors fait le pari de sortir le film Tenet de Christopher Nolan avec l’espoir d’en faire un blockbuster sans la concurrence d’autres grosses productions dans les salles. Le film est sorti dans près de 3 000 salles américaines, mais (presque) personne n’est allé le voir. Les studios hollywoodiens en ont conclu qu’il valait mieux reculer la sortie de leurs films les plus coûteux (parmi lesquels le dernier James Bond et le nouveau Wonder Woman). Inquiets du fait de la propagation du virus et de leur situation économique, les Américains sont d’autant moins retournés dans les salles qu’on n’y montrait pas assez de films susceptibles de leur faire quitter leur canapé domestique. Du coup, la chaîne Cineworld a déjà fermé 536 salles de cinéma à travers le pays, et le groupe AMC, qui gère le plus grand nombre de multiplexes aux Etats-Unis, a annoncé qu’il serait à court de trésorerie d’ici la fin de l’année 2020. Dans l’ensemble, face à une pandémie qu’on ne contrôle plus, et une incertitude qui nous dépasse, la défiance, la peur, ou la simple prudence incitent de nombreux consommateurs à rester chez eux et à garder leur portefeuille fermé. En voyant les courbes affolantes de la propagation, une part significative de la population renonce d’elle-même à aller au restaurant. Tant que nous n’aurons pas de maîtrise de la situation sanitaire, les points de croissance ne peuvent pas être “sauvés”. Penser qu’il existe, à ce stade, un arbitrage à faire entre l’économie et la santé, c’est donc fallacieux, exactement comme l’est la mise en balance de l’économie et de la planète faite par certains médias (et par les entreprises les plus polluantes). Il n’y a pas de choix à faire entre l’économie et la santé des individus, comme il n’y en a pas entre l’économie et la santé de la planète – car sans la bonne santé (des individus et de la planète), il n’y a pas d’économie solide. Aujourd’hui, les seuls arbitrages qui méritent d’être considérés sont entre la santé des uns et la santé des autres. Il semble presque absurde, à ce stade, de parler des dangers “économiques” d’un éventuel reconfinement. En revanche, il est pertinent de s’interroger sur les dangers d’un reconfinement pour la santé mentale et physique des personnes isolées et des personnes précaires, et toutes les manières de mieux les protéger. 👔 Qu’est-ce que “faire carrière” aujourd’hui ? Mardi 27 octobre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la notion de “carrière” aujourd’hui. Alors que les plans de licenciement se multiplient dans les grandes entreprises, que la transition démographique se traduit par des vies actives plus longues, et que la révolution numérique transforme les métiers, c’est la notion même de carrière qui est bouleversée. Que veut dire “faire carrière” dans un contexte de changement de paradigme ? 🌐 Tout sur Nouveau Départ (2/2) Mercredi 28 octobre | Interview 🎧 de Nicolas par moi. Nouveau Départ a six mois déjà 🎉 Pour l’occasion, nous avons réalisé des interviews croisées sur deux semaines. La semaine dernière, c’est moi qui était interviewée par Nicolas. Cette semaine, c’est moi qui ai interviewé Nicolas sur son travail, The Family, sa newsletter European Straits et bien d’autres choses. J’ai même cherché à lui faire partager les secrets de sa légendaire productivité ! 🇺🇸 Comprendre la géographie électorale américaine Jeudi 29 octobre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la géographie électorale aux États-Unis et son impact sur les élections de la semaine prochaine. On parle beaucoup des nombreux sondages qui donnent Joe Biden largement gagnant face à Donald Trump. On parle moins, en revanche, du système compliqué du “collège électoral” et de la façon dont le vote dans les différents États pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Nous y reviendrons à moins d’une semaine de l’élection ! Durant cette semaine “anniversaire”, nous vous proposons l’abonnement annuel à Nouveau Départ à -25% 🎉 Profitez-en vite : notre offre promotionnelle ne dure plus que quelques jours ! 🇬🇧 Brexit : enfin, le dénouement ? L’histoire du Brexit est interminable. Il y a 4 ans et demi, quand le référendum a créé la surprise, le contexte était bien différent de ce qu’il est aujourd’hui. Le Brexit s’inscrivait dans la promesse de “Global Britain” et “Take Back Control”. L’incurie du gouvernement pendant la crise sanitaire prouve la vacuité de cette promesse. 👉 Écoutez 🎧 Brexit : enfin, le dénouement ? 🇬🇧 (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🌐 Tout sur Nouveau Départ (1/2) Pour les six mois de Nouveau Départ, nous réalisons une interview croisée sur deux semaines. La semaine dernière, Nicolas m'a interviewée à propos de Nouveau Départ, de Building Bridges et de mon travail. Entre autres choses, nous avons parlé des nouveaux modèles de médias et du choix de vivre en Allemagne… 👉 Écoutez 🎧 Tout sur Nouveau Départ 🌐 (interview de moi par Nicolas)—accessible à tous. ❓ Ask Us Anything #2 Quels sont les profils les plus recherchés par les recruteurs ? Quels secteurs sortent renforcés de la crise ? Que doivent faire les métropoles pour redevenir attrayantes ? Comment attirer à nouveau les travailleurs au bureau ? Comment mieux intégrer le travail à notre vie quotidienne, notamment à la maison ? Quels obstacles rencontrent les femmes sur le marché du travail ? ... Nicolas et moi avons répondu aux questions de nos abonnés dans ce deuxième épisode de “Ask Us Anything”. 👉 Écoutez 🎧 Ask Us Anything (épisode 2)❓(conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. 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04 Apr 2024 | Comment agir contre les violences économiques | 01:00:56 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 3ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Qu’est-ce donc que les violences économiques envers les femmes ? L’expression a beau être récente, la réalité ne l’est en rien. « Les violences économiques conjugales se définissent par un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes. » C’est ainsi Les Glorieuses les définissent. En 2024, lors d’une campagne remarquée, ce média féministe a fait parler des violences économiques. Héloïse Bolle a participé à cette campagne.Héloïse est la fondatrice d’Oseille & Compagnie. Avec du conseil et de l’éducation financière (notamment grâce à une newsletter incontournable), elle s’est donné pour mission d’aider les femmes à se constituer un patrimoine. Ma conviction : pas la peine de gagner des mille et des cents pour construire un patrimoine solide. Il suffit d’une bonne dose de curiosité, d’un peu de discipline, et d’une véritable stratégie de long terme. En revanche, il faut se pencher sérieusement sur le sujet, et le plus tôt possible. Or, pour se constituer un patrimoine, encore faut-il disposer librement de son argent et ne pas être empêchée d’en gagner ! Pour Héloïse, le sujet des violences économiques est donc central. Il l’est d’autant plus qu’une femme qui subit ces violences risque aussi d’autres types de violences. Une femme a deux fois plus de chances d’être victime de violences économiques conjugales si elle gagne beaucoup moins que son conjoint. 27% des femmes avec un conjoint qui gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre 14% des femmes aux revenus équivalents à leur conjoint. Le message de la newsletter Les Glorieuses est le suivant : prévenez les violences économiques conjugales, payez les femmes justement en mettant fin aux inégalités salariales. (Les Glorieuses) Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * L’émergence du concept de « violences économiques » ; * Sa définition ; * Le manque à gagner auquel les femmes en couple font face ; * Le lien entre violences économiques et violences physiques ; * Les comptes bancaires joints ; * Les divorces et séparations ; * Les régimes matrimoniaux ; * La fiscalité qui s’applique aux couples ; * Le patrimoine qu’on se constitue (ou pas) ; * Les points de vigilance à avoir ; * Le crash test que tout individu en couple devrait faire… Pour aller plus loin : * Oseille et compagnie, la newsletter d’Héloïse : une mine d’or * Le crash test à faire quand on est en couple * L’étude des Glorieuses sur les violences économiques This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
27 Oct 2020 | Qu'est-ce que "faire carrière" aujourd'hui ? | 00:48:42 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à la notion de carrière aujourd’hui. Pourquoi sommes-nous toujours plus nombreux à rejeter le concept de “carrière” 👔 ? Que révèle ce rejet des transitions que nous vivons ? Qu’est-ce qu’une “carrière” au juste ? Étonnamment, on utilise le même mot pour désigner plus ou moins la même chose dans de nombreuses langues : carrière, career, Karriere, carrera, carriera… Le mot vient de l’italien (carriera). Il désignait à l’origine un chemin de chars. C’était l’espace délimité permettant la course du cheval. À partir du XVIIe siècle, on s’est mis à l’utiliser de manière métaphorique pour désigner l’espace temps (bien délimité aussi) durant lequel un travailleur exerce sa profession. L’étymologie indique trois choses intéressantes sur la notion de carrière : * La carrière s’inscrit dans un cadre bien délimité que l’on doit accepter ; * Le travail, c’est un peu comme une course de chevaux dont le but est de finir en tête ; * L’espace-temps dans lequel on est actif est fondamentalement linéaire : on y progresse dans une seule direction. Alors que les plans de licenciement se multiplient dans les grandes entreprises, que la transition démographique se traduit par des vies (actives) plus longues, et que la révolution numérique transforme les métiers, le paradigme fordiste de la carrière est de plus en plus mis à mal. Il nous faut des nouveaux concepts et des nouvelles institutions pour soutenir et accompagner le travail. Que veut dire “faire carrière” dans ce contexte de changement de paradigme ? Découvrez notre conversation “À deux voix” sur le sujet ! Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
18 Apr 2024 | Comment donner du pouvoir à son moi futur quand on est salariée | 01:05:25 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 4ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! La carrière de salariée est un parcours semé d’embûches multiples, particulièrement ardu pour les femmes. Moins rémunérées, moins valorisées au travail, moins promues, elles doivent jongler avec le syndrome de l’imposteur et leur envie de (trop) bien faire. Les femmes se font donc souvent avoir sur l’argent. Pour en parler, nous avons invité Sarah Zitouni, une femme inspirante et influente dont le franc-parler n’a d’égal que l’énergie militante. Sarah a deux vies : elle est stratège dans un grand groupe automobile suédois (un monde très masculin) et elle a lancé une entreprise de coaching féministe pour aider d’autres femmes à prendre le pouvoir au travail. Elle gère un compte Instagram, Powher ta carrière, qui compte plus de 144 000 abonnés. Elle a publié un guide féministe éponyme sans langue de bois qui offre des conseils aux lectrices pour éviter les écueils misogynes de la vie professionnelle. Pour une carrière qui paye, il faut bien négocier, ne pas s’épuiser et apprendre à bien mettre en avant ses succès et ses compétences ! La méritocratie, c’est un prank géant. On fait croire aux étudiants et aux nouveaux employés que si tu bosses vraiment bien et vraiment dur, c’est toi qui auras droit aux bonbons (...) quand les gens y croient, ils font le boulot de ceux qui, eux, s’occupent de vraiment progresser dans leur carrière. (...) La vérité, c’est que la personne qui bosse le plus va surtout se cramer. En entreprise, si tu dis jamais non, que tu ne choisis jamais tes projets, tu peux êtres sûre qu’on va continuer à te remettre du travail. (Sarah Zitouni) Aie la confiance d’un homme blanc médiocre ! (...) Un bon épouvantail, c’est le mec que tu peux poser dans tes pensées comme un contrepoids au syndrome de l’imposteur. Typiquement, c’est le vieux tonton qui a un avis sur tout même quand il a entendu parler du sujet pour la première fois hier à la télé. C’est le collègue qui est coincé toute la journée devant la machine à café mais qui sait mieux que tout le monde comment faire leur boulot. C’est le présentateur de talk show qui se pense compétent pour parler religion, climat, économie, parentalité dans la même émission, sans préparation et mieux que les spécialistes eux-mêmes. Un vrai repoussoir, en somme ! Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * Son parcours d’ingénieure dans un monde d’hommes * Son activité de coach féministe * La négociation salariale * La déperdition des femmes dans le monde corporate * Comment ne pas laisser sa peau au travail * Comment bien dire NON au travail * L’épouvantail qu’on devrait se choisir * L’histoire d’immigration de sa famille * Sa grand-mère et la guerre d’Algérie * La sororité, la filiation et les mentors * La force d’un réseau intergénérationnel * Le moi passé, le moi futur et comment les réconcilier * Les vieilles en puissance Pour aller plus loin : * Le compte Instagram de Sarah * PowHer ta carrière. Comment réussir ta vie pro sans y laisser ta peau : son livre * Ces phrases à bannir pour être sûr d’être augmenté (vidéo Welcome to the Jungle avec Sarah) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
02 May 2024 | Quel est le prix à payer du couple ? | 01:13:12 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 5ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Quel est pour les femmes le « prix à payer » du couple hétérosexuel ? C’est la question que s’est posée la journaliste et coach Lucile Quillet dans son livre Le prix à payer. Son diagnostic est sans appel : le couple hétéro coûte cher aux femmes. Où passe l’argent des femmes, celui qu’elles ont et celui qu’elles n’auront jamais ? À force d’écrire sur la vie des femmes, leur travail, leurs enfants, leur corps, leur vie affective, leur argent depuis des années, j’ai réalisé tout ce que l’idéal du couple hétéronormé leur coûtait. Et me suis demandé : le couple est-il une arnaque ? Dans ce livre, Lucile a fait la « grande addition » : avant, pendant et après le couple, les femmes ont plus de dépenses mais aussi plus de manque à gagner. Charges esthétique, contraceptive, sexuelle, émotionnelle… corvées domestiques, carrière freinée, etc. Tant de temps passé à des tâches altruistes, non rémunérées et non reconnues, qui finit par les appauvrir ! Bien qu’on en parle un peu plus depuis quelques années, l’argent reste encore tabou au « royaume du don de soi qu’est l’amour ». Et surtout, les calculs du couple défavorables aux femmes sont soutenus par l’État, notamment notre système fiscal. Hommes et femmes n'ont pas été éduqués et socialisés de la même façon vis-à-vis de l'argent. Pour les premiers, il est un attribut de pouvoir viril, un pré carré masculin. c'est un outil de puissance, qui fortifie l'ego. L'imagerie de l'argent est constituée de hautes tours grises, d'hommes en cravate, de traders et politiciens sérieux. Longtemps, le salaire des femmes a été versé à leur mari ou leur famille. Elles n'ont plus ouvrir leur propre compte en banque qu'en 1965. Et n'ont été autorisées à pénétrer dans l'enceinte de la bourse de Paris qu'en 1967. En miroir, il est pour les femmes un terrain interdit. Celles qui parlent argent, pensent argent et en gagnent beaucoup sont un peu des mantes religieuses. Vénales, calculatrices, avares, suspectes, dangereuses. Elles fragilisent les hommes en mettant un pied dans leur domaine réservé. La notion d'appétit monétaire, comme sexuel ou alimentaire d'ailleurs leur est défendu. Car elles donnent la vie et sont censés ne jamais s'arrêter de donner. Clé de voûte de la cellule familiale, l'ordre social repose sur leur dévotion. Les femmes ne peuvent être égoïstes, penser à leur argent, donc à leur intérêt ou leur plaisir : c'est « anti-féminin ». Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * Les charges esthétique et contraceptive ; * Le travail gratuit dans le couple ; * La maternité ; * Les dépenses du couple ; * L’épargne et l’investissement (“Madame PQ et monsieur Voiture”) ; * L’impact du couple sur la carrière des uns et des autres ; * Les divorces et séparations (“lever de rideau” ou “passage à la caisse”) ; * Les prestations sociales et leur fiscalité conjugalisées ; * Les centaines de milliers de places en crèche qui manquent ; * Le congé paternité… Pour aller plus loin : * Le prix à payer : le livre de Lucile sur ce que le couplé hétéro coûte aux femmes * Les articles de Lucile pour Welcome to the Jungle This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
23 May 2024 | Mangeuses : les femmes et la nourriture, c'est compliqué | 00:59:46 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine traite du rapport compliqué que les femmes entretiennent avec la nourriture. Mon invitée, Lauren Malka, journaliste et podcasteuse, vient de publier un essai brillant (et délicieux) intitulé Mangeuses. Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l’excès, aux éditions Les Pérégrines, dans lequel elle décortique l’histoire de la gastronomie et de l’alimentation sous le prisme du genre. Comment a-t-on déréglé l’appétit des femmes ? Pourquoi les femmes ont-elles tout le temps faim ? Quel rôle ont joué les mythes dans notre rapport à la nourriture ? Dans un échange passionnant, nous évoquons les mythes, la culture populaire, les troubles alimentaires et l’histoire de la gastronomie à travers le prisme du genre. Dans la mythologie, la littérature, le cinéma, les hommes mangent, dévorent, gloutonnent. Ils musclent leur fraternité autour de grandes bouffes, de banquets. Les femmes ? Elles ne mangent pas. Aucun roman ni aucun film célèbres ne les réunissent autour de tablées. La sororité s’émiette à chaque siècle en conseils et astuces pour briller aux fourneaux, rester « appétissantes » et, surtout… ne pas manger. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Lauren : * Des femmes de lettres et de la littérature ; * Du rapport compliqué des femmes à la nourriture ; * Des troubles alimentaires ; * De chasse, de cueillette et de stéréotypes ; * De l’univers très fermé de la gastronomie et des critiques ; * Des hommes chefs et des femmes cuisinières ; * De la peur de grossir ; * De la faim ; * Du rapport à la graisse ; * De l’injonction à être mince et grosse à la fois ; * Des mouvements féministes qui parlent de nourriture… 📚 Mangeuses. Histoire de celles qui dévorent, savourent ou se privent à l'excès : le livre de Lauren Malka La revanche des autrices (conversation avec Julien Marsay) 🎧 Quelle place pour l’intime ? (épisode “Places à prendre” avec Céline Alix & Sandra Fillaudeau) 🎧 Comment la peur de vieillir appauvrit les femmes (conversation avec Sophie Dancourt pour “Vieilles en puissance”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
09 May 2024 | Le sport (et les JO), c'est politique | 01:08:18 | |
Avant que ne soit finie la diffusion de la première saison du podcast Vieilles en puissance, nos épisodes Nouveau Départ « classiques » font leur retour aujourd’hui ! À quelques semaines des JO, j’ai voulu que l’on parle de sport dans ce podcast. « Le sport, c’est politique » : c’est la tagline du podcast de mon invitée (et amie), Clothilde Sauvages. Son podcast, intitulé Vent Debout, explore toutes les intersections entre le sport et la politique. Ancienne du collectif Ouishare, Clothilde a elle-même été sportive de haut niveau. Son propre parcours s’est accompagné d’un cheminement de politisation du sport. Quel regard porter sur les JO parisiens ? Quel impact peut-on en attendre ? Et quid de ceux de 2030, encore plus controversés ? Entre économie et écologie, nous explorons la dimension politique des grands événements sportifs et leur avenir. Pourquoi ne faudrait-il pas politiser le sport ? Les milieux des sports en pleine nature sont déjà touchés par le dérèglement climatique : les glaciers fondent, les forêts partent en fumée, les cours d’eau s’assèchent et les océans s’acidifient. Nos compétitions sportives tentent de s’adapter, mais à quel prix ? On arrose les routes du Tour de France, on importe de la neige pour pratiquer le biathlon, on exploite des travailleurs sans papiers pour les Jeux Olympiques et Paralympiques… (Vent Debout, Clothilde Sauvages et Sylvain Paley) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Clothilde : * De son parcours de sportive de haut niveau ; * De la place du sport dans son identité personnelle et professionnelle ; * De son cheminement politique sur le sujet du sport ; * De sport et d’écologie ; * De sociologie du sport ; * De l’avenir des grands événements sportifs ; * De l’impact des JO sur la ville ; * De la Seine-Saint-Denis ; * De sport et de questions sociales ; * Des stations de ski et de leur avenir ; * De démocratie et de surveillance ; * Du Qatar et de l’Arabie saoudite ; * Des JO de 2030… Vent Debout, le podcast de Clothilde et Sylvain Paley 🎧 Réinventer le sport à l'ère du réchauffement climatique avec Clothilde Sauvages (interview à lire) 👀 JO : 5 leçons de grands champions français applicables au monde de l'entreprise (un article récent pour Welcome to the Jungle) 👀 Économie / Travail : 7 tendances en 2024 (conversation “À deux voix”) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 May 2024 | Pourquoi les inégalités patrimoniales femmes / hommes augmentent | 01:05:17 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 6ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Pourquoi les inégalités patrimoniales entre les femmes et les hommes sont-elles en augmentation ? C’est la question que nous avons posée dans ce 6ème épisode du podcast Vieilles en puissance à Marion Leturcq, économiste, chercheuse à l’Ined (Institut national d’études démographiques). Les inégalités de revenus ne sont pas en augmentation. Les inégalités de pensions de retraite non plus. Les femmes ont obtenu de grandes avancées pour gagner davantage de pouvoir économique. Mais alors POURQUOI les inégalités patrimoniales sont-elles en augmentation ? Elles ont même doublé en 20 ans !!Dans le livre Le genre du capital. Comment la famille reproduit les inégalités (récemment adapté en BD), Sibylle Gollac et Céline Bessière se penchent (entre autres causes) sur la manière genrée dont les « biens structurants » se transmettent au sein des familles et le rôle que jouent les notaires dans ces transmissions. Marion Leturcq et Nicolas Frémeaux, eux, analysent le rôle des évolutions matrimoniales dans l’augmentation des inégalités de patrimoine. En bref, le régime dit de la « communauté de biens » a beaucoup décliné ces dernières années. Il y a davantage de couples non mariés (séparation de biens par défaut), de couples pacsés (séparation de biens aussi) ou de couples mariés sous le régime de la séparation de biens. On assiste donc depuis environ 20 ans à une individualisation croissante du patrimoine. Pour schématiser :- Avant, les femmes s'occupaient de leurs enfants et gagnaient moins d'argent par leur travail MAIS grâce au régime matrimonial de la communauté de biens (réduite aux acquêts ou universelle), en cas de divorce, elles avaient tout de même la moitié de l'appartement ou de la maison achetée (ou de n’importe quel autre bien acquis) pendant leur union ;- Maintenant, les femmes s'occupent toujours des enfants et gagnent moins d'argent par leur travail MAIS, le plus souvent, il y a séparation de biens (ou concubinage ou PACS), donc elles n'ont plus droit à la moitié du patrimoine accumulé. En 20 ans, les mariages avec séparation de biens, le PACS et le concubinage ont beaucoup progressé. Davantage de gens ne voient plus l'intérêt du mariage « classique » et sous-estiment les conséquences de leur choix sur le patrimoine de femmes. De 1998 à 2010, la manière dont le patrimoine est détenu au sein des couples a profondément changé. La généralisation de la cohabitation hors mariage, l’essor du pacs et le recours plus fréquent au régime de la séparation de biens pour les couples mariés ont conduit à une individualisation du patrimoine. Cette individualisation a eu pour conséquence une augmentation des inégalités de patrimoine entre conjoints. Cette transformation du mode de détention du patrimoine n’a toutefois pas été prise en compte dans la fiscalité du patrimoine en France, celle-ci tendant à faire l’hypothèse d’une mise en commun des ressources au sein du couple. De ce point de vue, la fiscalité actuelle fait preuve d’incohérences dans le traitement fiscal des couples. (Nicolas Frémeaux et Marion Leturcq) Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * La notion de patrimoine ; * La question de la valeur ; * Les travaux de recherche de Marion ; * Les différents types de régimes matrimoniaux et leur évolution ; * Le quotient conjugal ; * Le divorce comme « moment de vérité » ; * Les biens structurants et les rendements futurs ; * Les différences entre les pays anglo-saxons (Common Law) et la France ; * Pourquoi les inégalités patrimoniales entre femmes et hommes ont augmenté ; * La bonne nouvelle du développement des compétences financières des femmes … Pour aller plus loin : * Pourquoi les inégalités genrées de patrimoine ont doublé en vingt ans (L’Humanité) * L’individualisation des patrimoines accentue les inégalités entre les femmes et les hommes (Ined) * Individualisation du patrimoine au sein des couples : quels enjeux pour la fiscalité ? (Revue de l’OFCE) * Le genre du capital. Comment la famille reproduit les inégalités (récemment adapté en BD), Sibylle Gollac et Céline Bessière This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 May 2024 | Les vieilles en puissance, c'est nous : bilan à mi-parcours | 00:29:34 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 7ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. C’est un épisode un peu particulier puisque, à mi-parcours, alors que plus de la moitié des épisodes de la saison 1 de Vieilles en puissance ont déjà été publiés, nous prenons le micro et discutons à trois voix de tous les sujets déjà évoqués dans le podcast, des leçons que nous avons apprises, des choses que nous avons changées dans nos vies grâce à ces apprentissages et prises de conscience, des impressions que nous ont laissé les invités géniaux interviewés dans les six premiers épisodes.Une chose est sûre : c’est notre propre rapport à l’argent et à l’âge que nous questionnons grâce à ce projet qui nous est cher. Retraite, vieillissement, violences économiques, empowerment au travail, impact du couple, régime matrimonial et patrimoine… nous explorons grâce à Vieilles en puissance des thématiques essentielles que nous avions jusqu’ici un peu ignorées. Voici les 6 premiers épisodes déjà publiés : * Pourquoi la retraite des femmes est 40% plus basse (avec Bruno Palier) * Comment la peur de vieillir appauvrit les femmes (avec Sophie Dancourt) * Comment agir contre les violences économiques (avec Héloïse Bolle) * Comment donner du pouvoir à son moi futur quand on est salariée (avec Sarah Zitouni) * Quel est le prix à payer du couple ? (avec Lucile Quillet) * Pourquoi les inégalités patrimoniales augmentent (avec Marion Leturcq) Les vieilles en puissance, c’est nous : Laetitia Vitaud (en haut à gauche), Katerina Zekopoulos (en haut à droit), et Caroline Taconet (en bas). Ce n’est pas fini. La première saison n’est pas encore terminée. Les prochains épisodes seront à nouveau des interviews. Et nous réfléchissons déjà sérieusement à la saison 2 tant les sujets sont nombreux et nous sentons que nous avons encore du chemin à faire pour devenir vraiment des vieilles en puissance… This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
06 Jun 2024 | En finir avec le travail "low cost" | 00:59:02 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle du monde du travail et des politiques publiques. En France, depuis plusieurs décennies, nos politiques publiques cherchent à réduire le coût du travail à coups de « baisses de charges ». Et si cette stratégie était complètement à côté de la plaque ? Et s’il fallait plutôt miser sur la qualité ? C’est en substance le message de mon invité, le chercheur Bruno Palier. Directeur de recherche du CNRS à Sciences Po, il est spécialiste des réformes des systèmes de protection sociale en France et en Europe et l’auteur de nombreux livres. Il a récemment dirigé un ouvrage collectif sur le travail, intitulé Que sait-on du travail ? (Presses Sciences-Po) À force d’être considéré exclusivement comme un coût, du fait des stratégies du low cost des entreprises et des gouvernements, le travail s’est trouvé fortement dévalorisé et abîmé… D’autres stratégies sont pourtant possibles, celles qui considèrent le travail comme un atout pour les entreprises et pour le pays. Depuis plus de 30 ans, on cherche en France à baisser le coût du travail pour améliorer la compétitivité des entreprises et lutter contre le chômage. Cette approche repose sur des exonérations de cotisations sociales et diverses subventions, visant à alléger le fardeau des "charges". Mais cette stratégie a conduit à la dévalorisation et à l'intensification du travail, affectant particulièrement les secteurs où les travailleurs sont déjà mal rémunérés. Les entreprises françaises, adoptant des stratégies de "low cost", ont intensifié les tâches, dégradé les conditions de travail, et marginalisé les travailleurs âgés et moins qualifiés. Les conséquences de ces stratégies sont désastreuses. Elles ont maintenu de nombreux emplois de faible qualité et créé des trappes à bas salaires, empêchant ainsi l’amélioration des compétences et de la qualité de la production française. Les entreprises ont souvent préféré délocaliser, sous-traiter, et intensifier le travail restant plutôt que d'investir dans l'innovation et la qualification des employés. Cette approche a non seulement dégradé les conditions de travail, mais aussi exacerbé le stress et réduit le sens et la satisfaction au travail. En réponse, les travailleurs français, confrontés à une intensification croissante et des conditions de travail difficiles, montrent une réticence croissante à prolonger leur carrière professionnelle, préférant partir en retraite dès que possible. 📚 Que sait-on du travail ? : l’ouvrage collectif dirigé par Bruno Palier (Presses Sciences-Po) Comment les stratégies du low cost à la française ont intensifié et abîmé le travail ? : article de Bruno (Sciences-Po) Pourquoi la retraite des femmes est-elle 40% plus basse ? (épisode du podcast “Vieilles en puissance” avec Bruno Palier) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
13 Jun 2024 | Quels liens entre santé financière et santé mentale ? | 01:02:28 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 8ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Quels liens y a-t-il entre santé financière et santé mentale ? C’est sur ce thème que nous avons échangé avec Philippa Motte, autrice, consultante, coach certifiée… et spécialiste de la santé mentale au travail. Elle s’est fixé un défi : déstigmatiser les personnes touchées par des troubles psychiques et favoriser leur (ré)insertion socio-professionnelle. Pour ce faire, elle a créé un cabinet de conseil. La mauvaise santé financière (et notamment le stress causé par la précarité) peut altérer la santé mentale. Réciproquement, une mauvaise santé mentale représente un frein à la carrière. C’est dangereux pour la santé financière. La mauvaise santé mentale précarise fortement les femmes concernées. Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * le parcours de vie de Philippa et ce qui l’a amenée à travailler sur ce sujet ; * ce qu’est la santé mentale ; * l’impact économique des problèmes de santé mentale ; * le fait que la précarité est source de fragilité mentale ; * les mères solos et des formes de violence qu’elles subissent ; * le prix de la santé ; * les ruptures de parcours et la réinsertion professionnelle ; * l’isolement et l’importance des liens ; * les vieilles en puissance ; * l’écriture de ses romans… Pour aller plus loin : 📚 Le jour où ma mère m'a tout raconté (un roman de Philippa) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
20 Jun 2024 | Longévité : une nouvelle médecine | 01:01:05 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de médecine de la longévité. Sommes-nous programmés à l’obsolescence ou bien les limites que nous pensions infranchissables peuvent-elles encore être franchies ? Mon invité cette semaine, Dr Christophe de Jaeger, est médecin, chercheur et spécialiste du vieillissement du corps humain. Il a notamment publié récemment Médecine de la longévité : une révolution ! (Guy Trédaniel éditions) Nous nous sommes habitués à considérer qu'il était normal et inéluctable de se dégrader progressivement, de tomber malade et de mourir. Or, depuis trente ans, grâce à une multitude de découvertes scientifiques, nous pouvons enfin espérer mettre fin à des millénaires de fatalité. La sénescence est le processus biologique par lequel les cellules, les tissus et les organismes vivants subissent des changements avec le temps, menant finalement à un déclin de nos fonctions physiques. Elle se caractérise par une diminution de la capacité des cellules à se diviser et à fonctionner correctement, ainsi que par une accumulation de dommages cellulaires et moléculaires. Ce processus est associé au vieillissement et à diverses maladies liées à l'âge, comme les maladies cardiovasculaires, le cancer, et les maladies neurodégénératives. La médecine de la longévité est un domaine de la médecine qui se concentre sur l'étude et la mise en œuvre de stratégies pour prolonger la durée de vie humaine et améliorer la qualité de vie pendant le vieillissement. Elle vise à comprendre les mécanismes biologiques du vieillissement et à développer des interventions pour ralentir, arrêter ou même inverser le processus de vieillissement. Ces interventions peuvent inclure des changements de mode de vie, des régimes alimentaires spécifiques, des suppléments nutritionnels, des médicaments, ainsi que des thérapies avancées comme la thérapie génique, les cellules souches, et d'autres technologies émergentes. L'objectif ultime de la médecine de la longévité est de permettre aux individus de vivre plus longtemps en bonne santé, en retardant l'apparition des maladies liées à l'âge et en améliorant la vitalité physique et mentale au fil du temps. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans et vivons à Munich, en Allemagne, avec nos deux enfants. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
27 Jun 2024 | Entrepreneures : apprenez à vendre comme vous respirez ! | 00:42:33 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 9ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Entrepreneures : apprenez à vendre comme vous respirez ! C’est Catherine Barba, notre invitée, qui le dit. Son 4ème projet entrepreneurial est une école pour les indépendants, Envi, dont l’ambition est d’aider les nouveaux indépendants à vivre durablement de leur activité. Et il y en a de plus en plus : les travailleurs non salariés sont aujourd’hui plus de 3,5 millions en France. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers l’entrepreneuriat. Mais en France, deux femmes qui entreprennent sur trois se rémunèrent moins de 1500€ par mois. (Source Lab’ Bouge ta Boite) Moins de 1500€ par mois ? Tant d’efforts pour si peu ? Pour Catherine Barba, ce n’est pas acceptable : il faut apprendre à vendre. « On ne se demande pas si on aime respirer. Pourquoi se demander si on aime vendre ? C’est nécessaire à la survie. » On aime aussi les mots de Catherine sur la confiance : « la confiance, cela se muscle de plusieurs manières. D'abord en faisant un retour sur tes petites victoires et tes grandes victoires. Tu te regardes capable de faire. Après, c'est l'action, c'est se mettre en mouvement qui donne confiance. » Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * les nombreuses formes que peut prendre l’entrepreneuriat ; * la relative précarité des femmes qui entreprennent ; * la nécessité d’apprendre à vendre “comme on respire” ; * le parcours d’entrepreneure de Catherine ; * la puissance du réseau (les amis, la famille, les proches) ; * l’art de la relance ; * la confiance ; * ce qu’on gagne avec l’âge ; * ses conseils de sage aux entrepreneures en puissance ; * les vieilles en puissance… Pour aller plus loin : 🎒 Envi, l’école et la communauté de tous les indépendants (allez voir le site !) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
04 Jul 2024 | Qui prend soin des travailleuses du soin ? | 00:53:37 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le 10ème épisode du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Qui prend soin des travailleuses du soin ? Docteure en sociologie clinique et en études de genre, Rose-Myrlie Joseph, étudie le travail des femmes du soin avec une approche intersectionnelle, internationale et interdisciplinaire. Sa thèse portait sur le travail des femmes haïtiennes, plus précisément « l’articulation des rapports sociaux, de sexe, de classe et de race dans la migration et le travail des femmes haïtiennes ». Avec elle, nous regardons de plus près qui sont ces travailleuses et les vieilles en puissance qu’elles sont (ou devraient être). Les femmes du soin sont le plus souvent invisibles. Elles s’occupent des enfants, des malades et des personnes âgées, à domicile ou dans des établissements collectifs. Ce sont essentiellement des femmes et très souvent, des femmes migrantes. Beaucoup d’entre elles sont à la tête de familles monoparentales et travaillent dans des conditions précaires. Le sort des femmes du soin est lié à celui de tous les actifs : sans elles, de très nombreux actifs ne pourraient pas travailler. Et oui, comme on l’a “découvert” pendant les confinements, quand il n’y a plus personne pour garder les enfants, d’autres adultes ne peuvent plus faire leur travail. Nous entretenons un lien de dépendance étroit avec ces personnes. Non seulement le travail domestique et le travail de soin concerne de nombreuses femmes mais il rend possible le travail de tous les autres. Comme l’explique Rose-Myrlie, il est important de considérer le care drain. Le concept désigne la migration des travailleuses (travailleurs) du soin (infirmières, aides-soignants, gardes d'enfants ou aides à domicile) depuis leurs pays d'origine vers des pays plus riches en quête de meilleures opportunités économiques. Dans les pays d'origine, la perte de professionnels qualifiés aggrave les pénuries de personnel de soins, dégrade la qualité et l'accessibilité des services de santé et représente une perte d'investissement pour les gouvernements qui ont financé leur formation. Les pays d'accueil, eux, bénéficient de l'arrivée de ces travailleuses, qui les aident à combler les déficits de main-d'œuvre. Ces femmes font un travail essentiel. Mais elles sont souvent à temps partiel, avec des horaires « atypiques », peu rémunérées et peu protégées. Que leurs enfants et leurs proches soient avec elles ou dans leur pays d’origine (ou les deux), elles ont un accès limité aux bonnes écoles pour leurs enfants, aux services de soin pour elles-mêmes et leurs proches et à la protection sociale. Qui prend soin des femmes du soin, de leur santé, de leurs enfants, de leurs aînés ? Quelle est leur vie quand elles sont vieilles ? Combien sont des « vieilles pauvres » quand elles ont l’âge de la retraite ? Comment appréhendent-elles leur propre vieillissement ? 🙏 Cet échange avec Rose-Myrlie Joseph est à écouter absolument ! Aucune réflexion sur le travail ne peut se permettre d’oublier à quel point notre société et notre économie sont dépendantes des travailleuses migrantes. Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * le travail de recherche de Rose-Myrlie ; * l’articulation des rapports sociaux dans la migration des femmes haïtiennes ; * le travail des haïtiennes ; * celles qui partent et celles qui restent ; * le fait que “la retraite, c’est les enfants” ; * le vieillissement des femmes du soin ; * la division sexuelle du travail et la division internationale du travail ; * le care drain ; * les familles des migrantes ; * les liens de dépendance qui existent dans le monde du travail ; * les vieilles en puissance… Pour aller plus loin : 💡 Domesticités : Groupe de recherche interdisciplinaire sur les domesticités : Que deviennent les enfants des travailleuses domestiques? Comment ces travailleuses de care arrivent-elles à prendre soin de leurs enfants ? Il est fondamental de se demander comment font ces cheffes de fil des familles transnationales pour “concilier” leur travail domestique et leur vie familiale.Comment se définit le projet parental pour ces femmes ? Quelle est la place du projet de mobilité sociale intergénérationelle dans ces familles où les parents, les travailleuses domestiques et de care en particulier, ont l’impression d’avoir échoué ? Comment font-elles pour réussir leurs enfants ? Entre leur projet de réussite scolaire pour leurs enfants et les contraintes de la domesticité, comment articulent-elles leurs sphères de vie? Comment concilient-elles le service domestique, le travail scolaire, et les tâches parentales plus généralement ? Comment font-elles face à l’institution (pré)scolaire, ses attentes, la coéducation? This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
12 Sep 2024 | Les batailles de la natalité | 01:17:26 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de natalité et de démographie. Julien Damon, enseignant à Sciences-Po et à HEC, conseiller scientifique de l’École nationale supérieure de Sécurité sociale (En3s) et rédacteur en chef de la revue Constructif, est un auteur prolifique, dont le dernier ouvrage, intitulé Les batailles de la natalité. Quel « réarmement démographique » ? vient de paraître aux éditions de L’Aube. Il y analyse les causes multiples de la baisse de la fécondité et les politiques familiales et il propose quelques pistes pour les réactualiser. Rhétorique guerrière et vocabulaire militaire accompagnent depuis longtemps le natalisme à la française. À partir de la fin du XIXe siècle, le souci de repopulation, au moins de lutte contre la dépopulation, irrigue les discours politiques. La France explique sa défaite dans la guerre de 1870-1871, en partie, par la supériorité démographique prussienne. Les débats parlementaires et les tribunes dans la presse de l’époque évoquent profusément une mobilisation générale et un devoir moral, pour faire des enfants. Des innovations institutionnelles jettent les bases de politiques à vocation nataliste. (Les batailles de la natalité, Julien Damon) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Julien : * de la polémique engendrée par l’expression macronienne « réarmement démographique » et de ses sources historiques ; * du décalage entre le choix individuel et intime de faire (ou pas) un enfant et le focus collectif sur la natalité (soldats, contribuables, travailleurs pour la nation) ; * de la baisse de la natalité et de la transition démographique ; * des indicateurs — l’indice conjoncturel de fécondité et la descendance finale ; * du fait que l’égalité parentale et domestique n’a pas suivi la (relativement) meilleure égalité femmes-hommes dans la sphère professionnelle ; * des « no kids » et du (non) désir d’enfants ; * de l’accès au logement et de la pénalité maternelle ; * des allocations familiales et de la préférence française pour les familles nombreuses ; * du quotient familial ; * des familles recomposées et des familles homoparentales ; * du soutien aux pères / aux seconds parents… 📚 Les batailles de la natalité : le dernier ouvrage de Julien Damon (L’Aube, 2024) Toilettes publiques : histoire et politique (avec Julien Damon) 🎧 Un Nobel contre la pénalité maternelle (conversation « À deux voix ») 🎧 Faut-il être jeune pour innover ? (conversation « À deux voix ») 🎧 Maternité : Place à l’ambivalence ! (épisode « Places à prendre » avec Céline Alix et Sandra Fillaudeau) 🎧 Le suicide de l’espèce (avec Jean-David Zeitoun) 🎧 Le syndrome du wonderparent (avec Anne Peymirat) 🎧 La naissance sous toutes les coutures (avec Agnès Gepner) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
10 Oct 2024 | Souffrance au travail : la boule au ventre | 00:45:40 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de souffrance au travail, de harcèlement, d’emprise et de violences sexuelles. Spécialiste de la défense des salariées (et salariés), l’avocate Élise Fabing, a publié cette année un livre aussi révoltant que passionnant, intitulé Ça commence avec la boule au ventre (Les Arènes, 2024), en collaboration avec le journaliste Jules Thomas. J’ai compris que les femmes étaient en première ligne face aux agressions et au harcèlement moral ou sexuel, et que ni l’entreprise ni la loi ne les protégeaient suffisamment. (Élise Fabing) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Élise : * de l’écriture de son livre (une réussite !) avec Jules Thomas ; * d’emprise et ce que sa carrière lui a appris sur le sujet ; * des rapports de force et de la soumission ; * de l’archétype de l’assistante dévouée ; * du travail invisible ; * du corps des femmes, souvent utilisé contre leur progression professionnelle ; * de l’hypersexualisation des corps féminins ; * de maternité, de menstruation et de ménopause ; * des femmes séniors au travail ; * de son travail d’avocate et de son regard (sombre) sur le monde du travail … 📚 Ça commence avec la boule au ventre : le dernier ouvrage d’Élise (Les Arènes, 2024) Que faire contre le harcèlement au travail ? (avec Élise Fabing) 🎧 Qui prend soin des travailleuses du soin (avec Rose-Myrlie Joseph, Vieilles en puissance) 🎧 Pourquoi la retraite des femmes est-elle 40% plus basse (avec Bruno Palier, Vieilles en puissance) 🎧 La reprise (avec Thi-Nhu An Pham) 🎧 Les masculinités au travail (avec Haude Rivoal) 🎧 “Nice Girl” au travail (Places à prendre) 🎧 Ma juste valeur : négocier sa rémunération (avec Insaff El Hassini) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
28 Oct 2020 | 🌐 Tout sur Nouveau Départ (2/2) | 00:57:44 | |
Cette semaine de célébration des 6 mois d’existence de Nouveau Départ 🎂 se termine ce mercredi par une interview de Nicolas par moi-même. 🎁 Pendant quelques heures encore (jusqu’à minuit ce soir !) vous pouvez profiter d’un tarif exceptionnel sur l’abonnement annuel à Nouveau Départ. Profitez vite de l’offre spéciale “6 mois de Nouveau Départ” à -25% : l’abonnement annuel est à 112,50€/an, au lieu de 150€/an 🎉 Deux mercredis de suite, nous avons réalisé des interviews croisées : la semaine dernière, c’est Nicolas qui m’a interviewée : 🌐 Tout sur Nouveau Départ (1/2) à propos de la programmation à venir et de mes projets. Cette semaine, je renvoie ces questions à Nicolas, qui raconte son travail à The Family, l’impact de la crise sur les startups du portefeuille de The Family, son travail d’écriture, ses newsletters et la genèse de Nouveau Départ. Dans notre conversation, Nicolas raconte l’histoire des 7 ans de The Family, et comment son rôle et son travail ont évolué au fil des années. Créée en 2013, The Family a joué un rôle crucial dans “l’écosystème” des startups parisien. Aujourd’hui sans aucun bureau physique, 100% en ligne, The Family peut avoir des ambitions encore plus internationales… mais doit aussi être en concurrence avec des acteurs du monde entier. Nicolas écrit depuis des années. Formé à la rigueur de l’écriture dans sa carrière dans l’administration (particulièrement à l’Inspection des Finances), il a fait de l’écrit sa plus grand force. En 2015, il a même commencé à faire de l’anglais sa langue par défaut : un défi de taille. Quel est son secret pour continuer à progresser à l’écrit ? Écrire absolument tous les jours, dans les conditions les plus inconfortables possibles ! Nicolas partage quelques conseils de productivité et fait le récit de la genèse de Nouveau Départ. Il parle aussi de ses newsletters, et de notre déménagement en Bavière cette année, de ces projets à venir et de sa vision de l’éducation. Interviewer son associé et conjoint, c’est un exercice riche d’enseignements auquel nous n’aurions pas pensé sans Nouveau Départ. Nous le recommandons 😜 En 6 mois, Nouveau Départ a beaucoup grandi. Vous êtes déjà près de 2 350 à vous être inscrits sur notre liste de diffusion ! Pour aller plus loin, nous avons besoin de votre soutien 🚀 Ce média est financé exclusivement par vos abonnements (nous n’avons ni sponsor ni recettes publicitaires). Participez activement au développement de notre média. Rejoignez la communauté Nouveau Départ en vous abonnant 🤗 Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
02 Nov 2020 | "The New Long Life", de Andrew J. Scott et Lynda Gratton | 00:06:39 | |
L’allongement de la vie et la transition démographique marquent une révolution dans notre rapport au travail et à la “carrière”, comme Nicolas et moi en avons parlé dans ce podcast “A deux voix” : Qu’est-ce “faire carrière” aujourd’hui ? La vie en trois phases (formation, travail, puis retraite) était la norme dans le paradigme fordiste. Elle associait une “phase” à chaque âge de la vie. Les carrières étaient linéaires et l’âge chronologique était déterminant. Après la dernière révolution technologique et grâce à une longévité inédite dans l’histoire humaine, les institutions de cet époque-là, pensées pour soutenir la vie active en trois phases (l’école, les syndicats, la sécurité sociale, les systèmes de retraite), volent en éclat. Il en va de même pour toutes les idées concernant l’âge. Dans leur livre précédent, The 100-Year Life: Living and Working in an Age of Longevity (2016), Gratton et Scott évoquaient déjà ce à quoi l’avenir du travail pourrait ressembler dans un contexte de vie (beaucoup) plus longue. Dans un livre publié cette année, les deux auteurs poursuivent cette réflexion entamée dans The 100-Year Life. L’une des idées les plus remarquables du livre, c’est que “l’âge est malléable” et que nous devrions cesser de nous focaliser sur l’âge chronologique pour regarder plutôt l’âge biologique et l’âge subjectif. Après tout, l’âge chronologique (indiqué sur nos actes de naissance) est une “invention” des bureaucraties modernes. D’ailleurs, avant le XXe siècle, on ne fêtait pas les anniversaires ! Ce qui comptait, c’était la validité de la personne et son rôle dans la communauté. L’âge est malléable. Comme le révèlent les travaux les plus récents des neurologues, notre cerveau a une plasticité surprenante. Quand votre cerveau est-il au mieux de sa forme ? Eh bien, cela dépend de ce que vous essayez de faire. C’est probablement à la fin de l'adolescence que vous serez le plus rapide en calcul mental. Mais c’est dans la trentaine que votre mémoire à court terme atteint son maximum. Quant à votre compréhension sociale et culturelle, elle ne sera à son apogée qu’une, deux ou trois décennies plus tard ! Ces descriptions ne s'appliquent pas à tout le monde, bien sûr. Il existe des très grandes variations au sein même des “classes” d'âge. Ce qu’il faut savoir, c’est que la stimulation constante de votre cerveau contribuera à en maintenir la plasticité et la performance. Comme l’écrivent Andrew Scott et Lynda Gratton : La vraie raison pour laquelle vous ne pouvez pas apprendre de nouveaux tours à un vieux chien, ce n'est pas parce que le chien est devenu vieux, mais parce qu'il a cessé d’apprendre continuellement de nouveaux tours. Andrew J. Scott est professeur d'économie à la London Business School et chercheur consultant au Center on Longevity de l'université de Stanford. Lynda Gratton, elle, est professeure de gestion à la même London Business School, et psychologue de formation. À eux deux, ils abordent le sujet de la longévité sous toutes ses coutures. C’est en effet un phénomène qui intéresse autant les neurologues et les médecins que les économistes, les sociologues et les philosophes. C’est pour cela qu’ils ont souhaité aborder ce thème en mêlant plusieurs disciplines. Les experts et les politiques ont tendance à ne regarder le vieillissement que comme un fardeau et un “problème”. Les systèmes de retraite ne seront plus soutenables, dit-on, si le ratio actifs / inactifs atteint un certain seuil. C'est pourquoi, disent-ils, il faut augmenter l'âge de la retraite. À quelques exceptions, les gouvernements comme les employeurs agissent comme s’il ne fallait rien changer à la vie en trois phases, seulement l’ajuster ici ou là, par exemple, en allongeant la deuxième phase. Pour Gratton et Scott, ce sont en réalité toutes les institutions et les catégories qu’il s’agit de voir autrement ! L’âge n’est pas un “fardeau”, c’est un cadeau, pourvu qu’on le regarde autrement. Par exemple, il est indispensable de remodeler l'éducation pour en faire un processus qui dure toute la vie plutôt qu'un service que l’on ne consomme qu'à l'adolescence. De plus, les employeurs doivent mieux comprendre la valeur des travailleurs plus âgés. Un management qui sait tirer le meilleur parti des différentes générations est fait de souplesse et d’empathie : on ne devrait pas être obligé de prendre de plus en plus de responsabilités à mesure que l’on vieillit, on vous offre des opportunités de mobilité horizontale pour continuer à vous stimuler, et il est possible de s’arrêter un temps pour s’occuper d’un parent ou d’un enfant, sans voir sa carrière pénalisée. Pour mieux dénoncer les stéréotypes associés aux générations (baby-boomers, millennials, etc.), les auteurs s’appuient sur les travaux des chercheurs sur la longévité. Ils montrent notamment que les travailleurs âgés font souvent preuve d'une “intelligence cristallisée" grâce à laquelle "les informations, les connaissances, la sagesse et les stratégies s'accumulent au fil du temps". Mais il est tout aussi important que les individus eux-mêmes fassent preuve d’innovation et deviennent des “pionniers” de la vie multi-phases, pour mieux imaginer leur vie autrement en investissant dans la formation continue, en réfléchissant au travail qu'ils pourraient faire par la suite et en restant en contact avec les jeunes. Faisant valoir que "actuellement, trop de politiques d'entreprise sont incompatibles avec l'épanouissement humain", Gratton et Scott proposent un nouveau modèle d'entreprise qui invite les employeurs et les gouvernements à favoriser un environnement de travail plus tolérant à l'égard des parcours professionnels longs et non linéaires, et à assurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. C’est un élément essentiel pour les travailleurs comme les chefs d'entreprise qui cherchent à s'adapter à un monde en transition. Le sujet nous tient à coeur. C’est pourquoi il occupe en place centrale dans la grille de Nouveau Départ. J’ai récemment interviewé le professeur Andrew Scott dans le cadre de Building Bridges. Nous enverrons bientôt à nos abonnés une transcription en français de cette interview. À suivre… This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
03 Oct 2024 | Les vieilles pauvres : un sujet politique | 00:45:45 | |
Cette semaine, sur Nouveau Départ nous diffusons le dernier épisode (11ème) de la saison 1 du podcast Vieilles en puissance, à l’intersection de 3 sujets : l’âge, l’argent, les femmes. Comment ne pas être une vieille pauvre ? Et comment nous réconcilier avec les (futures) vieilles en nous mais aussi les vieilles autour de nous, les aimer, les soigner, les laisser nous soigner et nous inspirer ! Ce sont toutes ces questions qui ont déclenché notre projet de podcasts avec Caroline Taconet, Katerina Zekopoulos, et Laetitia Vitaud. J’espère que cet épisode vous plaira ! Claire Flury est la « marraine » de Vieilles en puissance. Depuis qu’elle a lancé son podcast PLAFF (Place aux femmes fortes), sur l’emploi des femmes de plus de 50 ans, elle est devenue très calée sur ce sujet, comme sur celui des retraites. Claire est une personne qui nous inspire beaucoup. Elle a accepté d’écouter tous les épisodes religieusement pour enregistrer l’épisode-bilan de la saison 1 et nous faire ses retours réfléchis et incarnés sur le podcast. Comme elle l’a souligné, nous n’avions pas interviewé de « vieille » dans cette saison 1, du moins personne de plus de 70 ans comme elle. Il était donc grand temps qu’on donne la parole à quelqu’un de sa génération ! Et puis, le mot vieille dans Vieilles en puissance, c’est aussi un peu à elle qu’on le doit, comme nous l’évoquons dans la conversation… La première saison du podcast Vieilles en puissance s’achève, avec 10 épisodes déjà diffusés et cet épisode-bilan aujourd’hui. On y a parlé des retraites, du couple, des violences économiques, de la pénalité maternelle, de santé mentale, des travailleuses du care… On a mené tout un tas de conversations passionnantes à l’intersection entre l’âge, les femmes et l’argent pour vieillir « en puissance », ne pas devenir une vieille pauvre. Pourquoi la retraite des femmes est 40% plus basse (avec Bruno Palier) Comment la peur de vieillir appauvrit les femmes (avec Sophie Dancourt) Comment agir contre les violences économiques (avec Héloïse Bolle) Comment donner du pouvoir à son moi futur quand on est salariée (avec Sarah Zitouni) Quel est le prix à payer du couple ? (avec Lucile Quillet) Pourquoi les inégalités patrimoniales augmentent (avec Marion Leturcq) Les vieilles en puissance, c’est nous : bilan à mi-parcours (avec les VEP) Quels liens entre santé financière et santé mentale ? (avec Philippa Motte) Entrepreneures : apprenez à vendre comme vous respirez ! (avec Catherine Barba) Qui prend soin des travailleuses du soin ? (avec Rose-Myrlie Joseph) Pour clôturer la saison et préparer la transition avec la prochaine, Claire a accepté de revenir sur plusieurs sujets et de nous partager ses réflexions sous la forme d’un rapport d’étonnement. Parmi les sujets évoqués dans ce podcast : * le vieillissement et quand on devient « vieille » ; * son podcast PLAFF ; * ce qu’on fait par amour ne fait généralement pas gagner d’argent ; * la pauvreté des vieilles femmes ; * l’impact de la réforme des retraites sur les femmes ; * l’aidance et son importance ; * l’argent que les femmes ne gagnent pas ; * les injonctions qui pèsent sur les individus ; * ce qu’on peut faire de toutes les connaissances accumulées sur le sujet des inégalités ; * les mesures politiques qui permettraient d’ “empouvoirer” les femmes… Mercredi 25 septembre, nous avons organisé une table ronde-apéro Vieilles en puissance à la cité audacieuse à Paris, pour célébrer la fin de la saison 1 et surtout, pour vous rencontrer et échanger avec vous 🤗 Nous avons parlé (avec passion) de l’argent des femmes tout au long de la vie. Un immense MERCI à vous d’être venues aussi nombreuses (nombreux) et de nous avoir fait passé un moment chaleureux mémorable ! Nous adorerions remettre le couvert en 2025 ! This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
18 Oct 2024 | Les mots du travail | 00:46:30 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle des mots du travail. En effet, les mots que l’on utilise pour parler du travail ont une histoire et véhiculent un imaginaire. On nous a tant répété que le mot travail vient du latin tripalium (un instrument de torture pour écarteler les rebelles) qu’on a fini par associer toujours travail et torture. Pourtant, cette étymologie est fausse : travail ne vient pas de tripalium ! Avec Mariette Darrigrand, on va déboulonner ce mythe et discuter des mots. Sémiologue, elle vient de publier un livre intitulé L’atelier du tripalium. Non, travail ne vient pas de torture ! aux éditions des Équateurs. Cette fausse étymologie nous détourne de territoires imaginaires riches et variés portés par d’autres mots. (…) Et voilà le « trabalh » ! puisque le mot appartient à la langue d’oc. Il désigne en provençal (…) une machine de bois, constituée de quatre poteaux et de courroies de cuir, construction à l’intérieur de laquelle on place le cheval à ferrer. Le travail est donc d’abord l’outil principal du maréchal-ferrant. En ancien français, la « trave » est une poutrelle (…) Travailler, c’est construire des traves : des poutres, des solives qui solidifient les toits des bâtiments. (…) « Travail » venu du bois désigne peu à peu l’ensemble des efforts fournis pour construire des charpentes et des toitures. (L’atelier du tripalium, Mariette Darrigrand) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Mariette : * de son travail de sémiologue ; * de la fake news qui dit que travail vient de tripalium ; * des mots du travail qui se sont longtemps fait concurrence (labeur et travail) ; * du work de Hannah Arendt ; * d’ergon, d’ergonomie et du plaisir d’imiter les dieux ; * de la technique et de la mythologie grecque ; * de la vocation (Beruf) ; * de l’oisiveté, différente de la paresse ; * de nos erreurs sur le « droit à la paresse » de Lafargue ; * du travail et du voyage (travel)… En finir avec le travail « low cost » (avec Bruno Palier) 🎧 Éloge du bricolage (avec Fanny Lederlin) 🎧 En finir avec la productivité (à deux voix) 🎧 Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de CNVC Research, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
31 Oct 2024 | La nouvelle place des chiens dans nos vies | 00:42:17 | |
Le podcast Nouveau Départ de cette semaine parle de la nouvelle place des chiens dans nos vies — « de la niche… au canapé… puis au lit de ses maîtres parents » — des activités économiques et rituels qui se développent autour de ces animaux, de nos habitudes de vie et de consommation. Pour en parler, je reçois la journaliste Mylène Bertaux. Elle vient de sortir un livre intitulé Toutoute. La nouvelle place des chiens dans nos vies. Pour les besoins de son enquête, Mylène est partie à Chihuahua au Mexique, mais aussi aux États-Unis ou en Corée du Sud… (…) toute cette enquête est aussi une histoire d’être humains, dog parents urbanisés et encapsulés dans des logements de plus en plus petits, avec leur besoin irrépressible de nature sous forme d’animaux de compagnie et de plantes ultratransformées. Un chien, un monstera. Nous avons, sans le savoir, sculpté leur ADN comme de la pâte à modeler pour les mouler à nos besoins. (…)Plus tout à fait animaux, pas tout à fait humains, que sont-ils exactement ? (…) Quelle nouvelle forme de relation nous unit à eux ? Comment changent-ils nos vies et redéfinissent-ils notre rapport au monde ? (Mylène Bertaux) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Mylène : * de Toutoute, sa chienne et Toutoute, son livre ; * des 9 et quelques millions de chiens en France ; * des activités économiques en croissance autour des animaux domestiques ; * de l’histoire des chiens et des humains ; * des races, des “it-dogs” et “designer dogs” ; * de l’anthropomorphisme et ses conséquences ; * de chiens et de féminisme ; * des livres marquants publiés ces dernières années à propos des chiens ; * des chiens et du « retour au bureau » ; * des voyages de Mylène ; * de démographie (humaine) et d’animaux domestiques… (Toutoute dégustant un pupuccino. Crédit photo: Sébastien Vincent) 📚 Assise, debout, couchée, Ovidie (JC Lattès, 2024) : cet essai féministe est passionnant de bout en bout. Je l’ai adoré ! 📚 Son odeur après la pluie, Cédric Sapin-Defour (Stock , 2023) : ce roman est l’un des grands succès français de 2023 … mais je ne l’ai pas encore lu. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
09 Sep 2020 | Un entrepreneur français en Allemagne | 00:58:27 | |
Bonjour à tous ! Chaque mercredi, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 👆🎧, accessible à tous et complété par une mise en perspective ci-dessous. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Un entrepreneur français en Allemagne * Les forces et faiblesses de l'Allemagne * Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? * La grande fragmentation : comment s'y préparer ? * Les villes après la pandémie Vincent Huguet est CEO et cofondateur de Malt, la plus grande plateforme européenne pour mettre en relation les freelances et les entreprises. Je connais Vincent depuis des années et ai collaboré avec Malt sur plusieurs études (et publications) depuis 2017. Malt a été créée en 2013 sur l’idée qu’il était difficile pour un entrepreneur de trouver des développeurs et autres talents pour des missions ponctuelles, et qu’il y avait quelque chose à faire pour aider les entreprises à trouver des freelances (et les freelances à trouver des missions). Depuis, des dizaines de milliers de freelances et des milliers d’entreprises (petites et grandes) ont pris l’habitude d’utiliser la plateforme. En sept ans, l’entreprise Malt a connu plusieurs phases. Comme l’explique Vincent, le recrutement et la gestion des ressources humaines sont aujourd’hui le sujet principal pour une entreprise de cette taille. Depuis deux ans, le grand sujet, c’est aussi l’internationalisation de la plateforme. Devenir “européen” ne va pas de soi car chaque marché du travail est différent. Malt s’est lancée en Espagne il y a trois ans. Mais le plus gros morceau en Europe, c’est l’Allemagne. Ce marché est si stratégique que Vincent a décidé de s’y installer en famille. Depuis un an, il habite à Munich et travaille à construire son équipe localement, et à y construire des relations commerciales dans le tissu commercial (dense) des entreprises du Mittelstand. Avec Vincent, nous discutons de son expérience allemande, des différences culturelles, de l’impact de la pandémie sur le travail et sa géographie, de ce qu’il perçoit déjà du marché allemand et ses spécificités, de la fragmentation en Europe, des villes et de l’éducation des enfants dans un monde d’incertitudes, et de bien d’autres choses encore. J’espère que vous aurez plaisir à écouter notre conversation ! Dans cet épisode de notre série “À deux voix”, Nicolas et moi parlons de l’Allemagne, de son économie, de ses forces et de ses faiblesses dans un monde en transition. Le sujet nous tient d’autant plus à coeur que nous nous apprêtons à nous y installer pour plusieurs années (et à y retrouver une partie de notre famille) 🇩🇪 L’Allemagne réveille toutes les jalousies et tous les complexes d’infériorité des Français depuis que l’on sait que le pays s’en sort nettement mieux que ses voisins européens. Le pays a mieux anticipé la crise sanitaire, mieux équipé les personnels de santé, et enregistré moins de décès du Covid-19 que l’Italie, la France, ou l’Espagne – le tout avec un confinement moins long et moins strict que ces pays. Pour couronner le tout, la reprise économique annoncée sera également meilleure (ou plutôt moins mauvaise) que prévu. Tout cela nourrit un sport national français bien connu : les sempiternelles comparaisons avec notre voisin d’outre-Rhin et les tentatives d’importer le(s) “modèle(s) allemand(s)”. Pourtant, ces comparaisons présentent de nombreuses limites, bien que nos deux pays soient de taille comparable. Par exemple, on aurait tort de chercher à imiter les réformes Schröder (réformes Hartz) du début des années 2000. Hélas, de Sarkozy à Macron, en passant par Hollande, tous nos présidents sont obsédés par ces réformes du marché du travail, même 20 ans après… 👉 Les forces et faiblesses de l'Allemagne (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Un autre podcast “À deux voix”, mis en ligne hier, est consacré au télétravail et aux menaces et opportunités du point de vue de l’inclusion. Dans le petit monde des entrepreneurs, nous avons été nombreux à nous réjouir du développement fulgurant du télétravail. Mais Nicolas et moi tentons ici de l’analyser avec plus de nuances. Tout le monde n’a pas la chance de pouvoir télétravailler. Il pourrait même se développer une fracture profonde entre ceux qui travaillent où ils veulent et les autres. En revanche, on pourrait aussi saisir le télétravail comme une opportunité pour mieux inclure ceux qui, jusqu’ici, sont restés cantonnés à la marge du marché du travail. 👉 Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Dans cet épisode de notre série “À deux voix”, Nicolas et moi parlons de la “démondialisation” et de ses conséquences pour les individus. Comment se préparer à un monde plus fragmenté ? Les États-Unis se désengagent du commerce international et le Royaume-Uni vote pour le Brexit : tels sont les deux grands symboles de ce mouvement de “grande fragmentation” qui amène nos économies à se “démondialiser”. La pandémie a accéléré ce repli sur soi des économies nationales… et des familles. On a fermé les frontières, et nous avons tous compris qu’il fallait que nous comptions davantage sur nous-mêmes. Nous sommes convaincus de l’importance de la communication inter-culturelle dans un monde où les conflits pourraient devenir plus nombreux. Pour la démonstration, nous nous appuyons sur le livre La carte des différences culturelles d’Erin Meyer. 👉 La grande fragmentation : comment s’y préparer ? (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—accessible à tous. Ce podcast “À deux voix” est consacré à l’avenir des villes 🌆 Comment la pandémie et la crise économique affectent-elles la géographie du travail et la vivacité urbaine ? De nombreux débats font rage dans cette période de pandémie à propos du “déclin” de certaines villes comme New York ou San Francisco. Alors que le télétravail se banalise dans les entreprises, on commence à se demander ce que cela pourrait changer à la géographie du travail. À San Francisco, où les géants numérique prolongent le télétravail jusqu’en 2021 et certaines entreprises envisagent de le pérenniser au-delà, les départs sont déjà massifs. Certains s’installent ailleurs en Californie, d’autres dans le Colorado ou l’Arizona, où les loyers sont moins élevés. Mais la pandémie ne transforme pas la géographie du travail de manière aussi brutale qu’on pourrait le penser. Le futur du travail est fait en grande partie de ce que Nicolas et moi appelons les “services de proximité”. Ces derniers se développent là où il y a une densité de population suffisante, et là où des effets de réseaux sont possibles… 👉 Les villes après la pandémie (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? 💻 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Après David Graeber, où sont les anarchistes ? ✊ (“Édito” par moi)—accessible à tous. * Universités américaines : le bout de la piste ? 🇺🇸 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Féminisme : la nouvelle génération 💪🏿 (conversation avec Rebecca Amsellem)—accessible à tous. * Les villes après la pandémie 🌆 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * "Feminist City", de Leslie Kern🌆 (note de lecture par moi)—réservé aux abonnés. * Pour ne rien changer, mettez un masque😷 (“Édito” par Nicolas)—accessible à tous. * Comprendre le régime chinois 🇨🇳 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * "The Party", de Richard McGregor 🇨🇳 (note de lecture par Nicolas)—réservé aux abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Jan 2025 | Retour au pays et hybridation | 01:05:41 | |
Dans ce nouvel épisode du podcast Nouveau Départ, je m’entretiens avec Pauline Rochart, consultante, autrice, et “sociologue de l’expérience”. Pauline vient de publier Ceux qui reviennent aux éditions Payot, un livre passionnant qui explore le phénomène des "revenants" : ces Français qui, après avoir vécu et travaillé à Paris, décident de retourner dans leur région d'origine. À travers son récit personnel, des entretiens et de nombreuses lectures, elle met en lumière une quête de sens, de racines et de communauté qui résonnent profondément aujourd’hui. Depuis que je suis rentrée, je suis sûre d’une chose : j’ai toujours des convictions, mais de moins en moins de certitudes.Le retour est un phénomène d’hybridation. Et s’hybrider, c’est accepter de se laisser questionner, chambouler par l’autre. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Pauline de : * ceux qui reviennent ; * son retour à Dunkerque ; * ses réflexions sur l’hybridation identitaire que ce choix implique ; * le télétravail, le travail indépendant et les combinaisons différentes dans les couples ; * les somewhere et les anywhere et l’écueil de la binarité ; * le mythe de l’archipellisation de la société ; * les revenants “traits d’union” ; * le rapport au territoire et à l’identité ; * le voyage intérieur qui accompagne toute mobilité ; * le syndrome du cul entre deux chaises ; * ceux qui reviennent de l’étranger… Ceux qui reviennent… et créent du lien : mon article Nouveau Départ, Nouveau Travail Avec Pauline, nous avons enregistré plusieurs podcasts Nouveau Départ qui n’ont rien perdu de leur actualité 🎧 Carrière et parentalité : le soutien précieux des grands-parents : un article de Pauline dans Welcome to the Jungle Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
23 Jan 2025 | L'avenir de l'automobile | 00:54:51 | |
Dans ce nouvel épisode du podcast Nouveau Départ, je reçois Sarah Zitouni, directrice de la stratégie chez Aurobay, en Suède. Passionnée d’automobile depuis son enfance, Sarah pose un regard expert sur les mutations du secteur automobile et les grands enjeux qui le traversent. En parallèle, elle est la fondatrice de PowHER ta carrière, un réseau qui aide des milliers de femmes à prendre leur place dans le monde du travail. Dans cet épisode, nous discutons de l’avenir de l’automobile : la montée en puissance des constructeurs chinois, l’électrification, Volkswagen, les constructeurs européens, les enjeux géopolitiques et les défis économiques qui redessinent les équilibres mondiaux. J’ai trouvé cette conversation passionnante ! Je ne saurais trop vous recommander de l’écouter. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Sarah de : * l’origine de sa passion pour l’automobile ; * sa carrière dans l’automobile ; * la crise des constructeurs européens, avec des fermetures d’usines comme celles annoncées par Volkswagen ; * comment les constructeurs chinois se sont imposés dans le marché des voitures électriques ; * Musk et Tesla ; * les éventuels futurs droits de douane de Trump et leur impact ; * les nouveaux comportements des consommateurs ; * les concessionnaires et le marché de seconde main ; * la promesse ratée des voitures autonomes ; * la voiture de demain… Elon Musk et l'extrême-droite allemande : clefs pour comprendre : article Nouveau Départ de Laetitia & Nicolas. Volkswagen : l’Allemagne va-t-elle enfin tourner la page du XXe siècle ? : article Nouveau Départ de Laetitia. L'inflation et les limites du progrès technologique : des années 1970 à aujourd’hui : article Nouveau Départ de Nicolas. Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Sep 2020 | Le futur de la garde d'enfants | 01:01:53 | |
Bonjour à tous ! Chaque mercredi, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 👆🎧, accessible à tous et complété par une mise en perspective ci-dessous. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Le futur de la garde d’enfants * La récession et les femmes * Quelle reconnaissance pour les travailleurs du "back office" ? * Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? Maïmonatou Mar a fondé l’association Gribouilli en famille avec sa mère et sa soeur, pour aider les professionnelles de la petite enfance, auxiliaires parentales ou assistantes maternelles, à mieux valoriser leurs compétences et faire évoluer leur carrière avec le soutien d’une communauté organisée. Parmi les presque deux millions de travailleurs à domicile en France (essentiellement, travailleuses pour être plus précis), les “nounous” ont tout à gagner à faire partie de collectifs pour valoriser leurs compétences professionnelles. La période de la pandémie a mis leur sécurité (sanitaire et économique) à rude épreuve, en même temps qu’elle a révélé à des millions de Français à quel point ces services étaient indispensables au fonctionnement de l’économie dans son ensemble. Nous avions déjà reçu Maïmonatou à Nouveau Départ pour parler des transitions du secteur de la garde d’enfants. Nous avons voulu la recevoir à nouveau pour parler de son parcours exceptionnel, et du chemin parcouru par son association. Maïmonatou a un PhD de chimie, a travaillé dans la Silicon Valley, mais a choisi de mettre ses compétences au service d’une communauté engagée (qui commence par sa famille). Depuis notre dernier entretien, Maïmonatou a multiplié les interviews (dont certaines sont visibles sur la chaîne Youtube de Gribouilli, et une sur la chaîne BSmart). Elle a également été sélectionnée parmi une cohorte de jeunes leaders européens par la fondation Obama ! Dans ce podcast, elle nous raconte sa vie et ses choix, nous décrit le secteur des “nounous” et sa sociologie, les grands enjeux auxquels ce secteur fait face et les combats qu’elle mène avec Gribouilli. La “garde d’enfants” n’a rien d’un sujet anecdotique. C’est l’un des plus premiers sujets de société quand on s’intéresse aux inégalités entre femmes et hommes sur le marché du travail. C’est un sujet complexe qui intéresse autant les territoires que les entreprises — car pour pouvoir travailler, il faut faire garder ses enfants. Maïmonatou et moi abordons aussi le futur du travail dans son ensemble, sa distribution territoriale et les problèmes de logement qui l’accompagnent, le sujet de l’immigration et la division internationale du travail. La pandémie a révélé l’importance des travailleurs “essentiels” du “back office” (pour reprendre l’expression de Denis Maillard). Personne ne les défend mieux que Maïmonatou ! Dans cet épisode de notre série “À deux voix”, Nicolas et moi parlons de l’impact de la crise actuelle sur les inégalités entre les femmes et les hommes. Nous discutons du poids des services de proximité (et en particulier du care) dans ce que les Américains ont déjà surnommé la ‘shecession’ (une récession qui touche particulièrement les femmes). Même lorsqu’elles ne perdent pas leur emploi, de nombreuses femmes voient leur carrière mise en péril par les contraintes domestiques qui retrouvent une place plus grande pendant la pandémie. Faute de pouvoir externaliser l’essentiel des tâches domestiques (y compris, surtout, l’éducation des jeunes enfants), de nombreuses femmes sont au chômage partiel. D’autres doivent se contenter de travailler à mi-temps. Une partie des services domestiques passent ainsi dans l’économie non-marchande et enlèvent de nombreuses femmes actives à leur activité marchande. Enfin, le télétravail, dix fois plus fréquent qu’avant la pandémie, n’est pas vécu de la même manière par les femmes et les hommes, car le travail à domicile reproduit les inégalités du foyer. Les femmes se retrouvent moins disponibles que leurs homologues masculins. Elles disposent moins souvent d’une “chambre à elles”. 👉 La récession et les femmes (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Denis Maillard est l'un des meilleurs experts sur le sujet du travail et du dialogue social. Il a publié de nombreux livres, dont le dernier, Une Colère française (2019), évoque la crise des gilets jaunes et ses causes, parmi lesquelles le déclin rapide des corps intermédiaires (dont les syndicats). Dans ce véritable “nouveau monde”, les conflits ne disparaissent pas, mais ils revêtent des formes beaucoup plus directes (...). Un colère française, à cheval entre un mouvement de citoyens, de consommateurs, de contribuables et de travailleurs ; l'ensemble de ces termes étant presque synonymes pour les révoltés. Écoutez cette conversation pour mieux comprendre le secteur des services de proximité et le climat actuel marqué par la montée de la défiance entre les citoyens et leurs dirigeants. 👉 Quelle reconnaissance pour les travailleurs du "back office" ? (conversation avec Denis Maillard)—accessible à tous. La période actuelle est propice à des interrogations multiples sur l’avenir du travail, le management et les inégalités entre les travailleurs. La montée du télétravail favorisée par la pandémie contribue-t-elle à accroître ces inégalités ? De plus en plus, les salariés des entreprises sont dans des situations hybrides : certains sont au bureau (ou sur site), d’autres à domicile ou ailleurs. Quand tout le monde n’est pas dans un même espace pour partager des rituels et une machine à café, comment fait-on pour développer une culture inclusive ? Nous ne sommes pas égaux face au télétravail. Les personnes qui ont la charge d’enfants en bas âge voient le bureau comme un refuge où on peut échapper aux corvées domestiques et se concentrer sur son travail. Mais le télétravail s’accompagne néanmoins d’opportunités nouvelles d’inclure les catégories d’actifs pour lesquels la vie de bureau, les déplacements et le présentéisme sont insoutenables. Le télétravail est notamment un facteur d’inclusion professionnelle pour les personnes handicapées. 👉 Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Que se passe-t-il en Inde ? 🇮🇳 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * The Billionaire Raj, de James Crabtree 🇮🇳 (note de lecture par moi)—réservé aux abonnés. * Pandémie : la France du '0' ou '1' 🇫🇷 (“Édito” par Nicolas)—accessible à tous. * Le retour de la planification 🗺 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * The Wise Men, de Walter Isaacson & Evan Thomas 🇺🇸 (note de lecture par Nicolas)—réservé aux abonnés. * Un entrepreneur français en Allemagne 🇩🇪 (conversation avec Vincent Huguet)—accessible à tous. * Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ?💻 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Après David Graeber, où sont les anarchistes ?✊ (“Édito” par moi)—accessible à tous. * Universités américaines : le bout de la piste ? 🇺🇸 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * Féminisme : la nouvelle génération 💪🏿 (conversation avec Rebecca Amsellem)—accessible à tous. * Les villes après la pandémie 🌆 (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. * "Feminist City", de Leslie Kern🌆 (note de lecture par moi)—réservé aux abonnés. Lire des biographies pour changer de vie ? Nous sommes partenaires de Longue Vue, qui vient de lancer une campagne remarquée sur Ulule. Longue Vue, c’est 1 biographie hors du commun livrée chez vous chaque mois, avec un club privé, des événements et plein d’avantages (dont des abonnements à Nouveau Départ 🤗). À suivre ! 🚀 Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 Jan 2025 | L'IA, le travail et les RH : au-delà des idées reçues | 00:58:45 | |
🎙️ Dans le podcast Nouveau Départ de cette semaine, j’ai le plaisir de recevoir Pierre Monclos pour parler de l’IA et de son influence sur le travail et les ressources humaines. Avec un double parcours d’entrepreneur RH et de DRH, Pierre est l’une des figures de proue dans le décryptage des impacts de l’IA sur la fonction RH. Auteur du livre Quand les start-up, scale-up et licornes réinventent les RH (Éditions Dunod), il a aussi conçu la première certification française sur "Les RH à l’ère de l’intelligence artificielle" et un MOOC suivi par près de 12 000 professionnels en 2024. Ensemble, nous allons explorer comment l’IA transforme les métiers RH, ses opportunités, ses paradoxes, mais aussi ses défis éthiques et inclusifs. Au fil de notre conversation, nous discutons avec Pierre de : * l’automatisation des tâches administratives ; * la personnalisation des parcours ; * l’évaluation des compétences ; * la productivité du travail ; * le paradoxe de Solow ; * le recrutement et la gestion des talents ; * le feedback et le bien-être au travail ; * la diversité et inclusion dans l’IA ; * les risques liés aux biais dans les algorithmes ; * les défis éthiques à venir ; * la transparence des outils ; * la régulation européenne ; * les principaux enseignements de Pierre pour préparer les RH à l’ère de l’IA… Quand l’IA fait BAISSER la productivité : article Nouveau Départ Lire (et écrire) à l'âge des IA génératives : 3 pistes pour éviter la noyade : article Nouveau Départ La fin des programmes Diversité & Inclusion dans les entreprises ? : article Nouveau Départ Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
13 Feb 2025 | Mal-entendus : les Français, les médias et la démocratie | 00:56:53 | |
🎙️ Dans l’épisode de cette semaine du podcast Nouveau Départ, je reçois la journaliste Nina Fasciaux, dont le livre Mal-entendus. Les Français, les médias et la démocratie vient de paraître aux éditions Payot. Dans cet ouvrage, elle s’interroge sur la responsabilité des médias dans la polarisation du débat national et explore les fractures qui traversent notre société. Ensemble, nous discutons du rôle du journalisme dans une démocratie en crise, de la défiance croissante envers les médias et des pistes pour recréer des espaces d’écoute et de dialogue. À l’heure où les débats se radicalisent et où les incompréhensions se creusent, comment repenser l’information et le débat public pour restaurer la confiance ? Le philosophe Maxime Rovère résume, dans son livre Se vouloir du bien et se faire du mal, Philosophie de la dispute, qu’écouter, c’est avant tout chercher ce que l’autre dit de vrai : « On a tous envie de s’exprimer. On a tous envie d’être écouté. Mais tant qu’on est tous dans la même posture, il n’y aura personne pour entendre, il n’y aura personne pour écouter. C’est pour ça qu’on s’énerve, c’est parce que chacun ne se sent pas écouté. Ce cercle vicieux s’inverse quand il y en a un, seulement un, qui se met à écouter, qui se met à entendre. Dans cette écoute, il y a quelque chose qui va reconstruire une confiance dans notre capacité collective à la vérité (…) » (Mal-entendus) Au fil de notre conversation, nous discutons avec Nina de : * son histoire personnelle : ses années en Russie ; * son travail avec le think-tank Destin Commun ; * les « laissés pour compte », les « identitaires » et les autres familles de la typologie de Destin Commun ; * l’écoute comme compétence ; * le looping ; * les récits complexes et la langue simple ; * le journalisme, le divertissement et la propagande ; * la bollorisation des médias ; * le caractère protéiforme des médias d’aujourd’hui ; * l’IA et l’écoute… Ceux qui reviennent … et créent du lien : article Nouveau Départ Retour au pays et hybridation : podcast avec Pauline Rochart Quand l’IA fait BAISSER la productivité : article Nouveau Départ Lire (et écrire) à l'âge des IA génératives : 3 pistes pour éviter la noyade : article Nouveau Départ Travailler dans un monde anxieux : article Nouveau Départ La putréfaction des plateforme : podcast “À deux voix” avec Nicolas Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
27 Feb 2025 | Fermentations : pourquoi le moisi nous fascine | 00:52:03 | |
🎙️ Dans l’épisode de cette semaine, je vous propose de plonger dans le monde fascinant de la fermentation avec Anne-Sophie Moreau, philosophe, journaliste et autrice du livre Fermentations. Kéfir, compost et bactéries : pourquoi le moisi nous fascine (Seuil, 2025) 📚 Pourquoi tant de personnes se passionnent-elles aujourd’hui pour le levain, le kombucha ou le kimchi ? Pourquoi la fermentation est-elle si riche pour de nouveaux imaginaires politiques et philosophiques ? À travers son enquête, Anne-Sophie explore les métaphores du pourri, les liens entre fermentation et écologie, l’impact des microbes sur notre santé et notre identité, mais aussi les imaginaires qu’ils nourrissent. Dans cet échange, nous parlerons de notre rapport aux bactéries, de la transition entre hygiénisme et fascination pour le vivant, du féminisme fermentatif et même des implications politiques et existentielles de la fermentation. Laissons fermenter toutes ces idées ! Au fil de notre conversation, nous discutons avec Anne-Sophie de : * son parcours de philosophe et écrivaine ; * la genèse du livre Fermentations ; * la passion croissante pour la fermentation et ses festivals ; * de la transition d’un monde hygiéniste qui fait la guerre à tous les microbes… à un monde qui distingue les “bonnes” des “mauvaises” ; * le cru, le cuit et le pourri ; * la "blessure narcissique” que représente la découverte des microbiotes ; * le féminisme fermentatif ; * le bedrotting, le tangping et le désespoir ; * les fantasmes de dissolution et les ferments révolutionnaires… Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
10 Apr 2025 | Naviguer en incertitude, survivre dans le flou | 00:35:36 | |
🎙️ Dans l’épisode de cette semaine, nous nous interrogeons sur l’action dans l’incertitude. J’ai eu le plaisir d’échanger avec Caroline Loisel, experte des relations au travail. Comment (sur)vivre dans le flou ? Entre crises géopolitiques et politiques, catastrophes climatiques, tensions sociales, menaces sur le commerce mondial, nous vivons une époque où nos repères semblent s’effriter. Comment s’adapter à cette réalité floue, sans sombrer dans la passivité ou l’anxiété ? Caroline nous livre des clés pratiques et un modèle original — le modèle SAVE — pour avancer avec souplesse, audace, vision et entraide.💡 Au fil de cette conversation, nous explorons aussi les transformations que l’incertitude impose au monde du travail, à nos décisions et nos relations humaines. 🎧 Au fil de notre conversation, nous discutons avec Caroline de : * la "Chaos-Phonie" : comprendre comment l'incertitude bouscule nos certitudes ; * la distinction entre risque et incertitude : pourquoi la planification traditionnelle devient obsolète dans un monde incertain ; * les comportements face à l'incertitude ; * l'incertitude dans le monde du travail et ce que ça veut dire pour l’organisation du travail ; * le modèle SAVE… Le média de la transition * “À deux voix”, nos conversations à bâtons rompus sur l’actualité * Des interviews de personnalités remarquables (écrivains, entrepreneurs…) * Des articles sur le travail et l’économie * Une vision engagée, des clefs pour aller au fond des choses * Nos abonnés : des professionnels et citoyens engagés * Des nouvelles de nos travaux et de nos projets Qui nous sommes * Laetitia | Fondatrice de Cadre Noir, collabore avec Welcome to the Jungle, autrice de Du Labeur à l’ouvrage (Calmann-Lévy, 2019) et En finir avec la productivité. Critique féministe d’une notion phare de l’économie et du travail (Payot, 2022). * Nicolas | Cofondateur de la société The Family, ancien chroniqueur à L’Obs, auteur de L’Âge de la multitude (avec Henri Verdier, Armand Colin, 2015) et Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, 2020). Nous sommes mariés depuis 17 ans. Après avoir vécu près de 10 ans à Londres puis à Munich, nous sommes revenus en France en août 2024. Nouveau Départ est le média que nous avons conçu ensemble au printemps 2020 pour mieux nous orienter dans l’incertitude. Nos podcasts sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
02 Nov 2020 | Un assistant personnel face à la pandémie | 00:05:32 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. L’“Édito” de cette semaine porte sur la reprise du confinement, annoncée il y a quelques jours par les pouvoirs publics, et sur comment l’application TousAntiCovid pourrait devenir notre assistant personnel à tous dans ce contexte difficile. Lorsque l’idée d’un nouveau confinement est devenue officielle, nous nous sommes tous dits que cela signifiait aussi le retour des fameuses attestations de déplacement dérogatoire. Quant à moi, comme je travaille dans l’économie numérique, je me suis en plus dit la chose suivante : Peut-être, cette fois-ci, les attestations devront-elles obligatoirement être remplies depuis l’application TousAntiCovid (ex-StopCovid) : il n’y a pas meilleure manière d’inciter la majorité des Français à télécharger et installer cette application ! Malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé. Il semble possible d’établir une attestation depuis l’application une fois que celle-ci est installée. En revanche, cette installation n’est pas un préalable, ce qui veut dire que les gens les plus pressés et les plus paresseux ne prendront pas la peine de s’intéresser à TousAntiCovid. Ceux-là (dont je suis, je l’avoue) se contenteront de remplir des attestations au fil de l’eau, sans jamais sauter le pas et rentrer dans cette démarche collective de santé publique que constitue le suivi des interactions sociales et la détection des cas d’exposition potentielle à une personne contaminée. Or les choses auraient pu se passer autrement. Si ce chantier avait été confié à un entrepreneur plutôt qu’à un consortium d’organismes publics dirigé par l’INRIA, voilà le raisonnement qui aurait été tenu : * Le suivi des interactions sociales permet de collecter des données utiles à la lutte contre la pandémie, mais cela ne crée pas suffisamment de valeur tangible et immédiate pour une personne donnée pour que celle-ci prenne la peine de télécharger l’application. * Il faut donc identifier un outil dont cette personne a besoin sans délai et conditionner l’utilisation de cet outil service au téléchargement de l’application. De cette façon, l’application sera installée par un nombre croissant d’utilisateurs. * Au bout d’un moment, le nombre de ces utilisateurs sera suffisamment élevé pour que la collecte de données à l’échelle de l’ensemble des utilisateurs connectés en réseau crée de la valeur pour chacun d’entre eux. Il deviendra alors possible de rendre d’autres services d’encore plus grande valeur. Cette approche porte même un nom, suggéré il y a plusieurs années par l’investisseur américain Chris Dixon (de la société de capital-risque Andreessen Horowitz) : come for the tool, stay for the network – “Venez pour l’outil, restez pour le réseau”. Un outil simple qui rend un service immédiat et simplifie la vie des utilisateurs est une raison suffisante d’installer l’application : ainsi de l’établissement d’une attestation, dont chacun doit se munir s’il désire quitter son domicile en période de confinement. Ensuite, l’utilisation de cet outil à haute fréquence et à grande échelle permet d’apprendre à mieux connaître les utilisateurs et à les connecter les uns aux autres en réseau, ce qui permet de développer une infinité d’autres services et d’inciter ainsi les uns et les autres à continuer à utiliser l’application sur le long terme. Imaginons un instant ce que serait TousAntiCovid si tous les Français l’utilisaient au quotidien (en tout cas ceux qui possèdent un smartphone). La collecte de données de façon régulière et systématique permettrait de rendre beaucoup de services en plus du suivi des contacts : * La mise en relation sans délai avec un professionnel de santé en cas d’apparition de symptômes, pour déterminer s’il est temps d’aller faire un test puis de s’isoler. * L’orientation vers un centre pour s’y faire tester, avec une heure précise de rendez-vous de façon à réduire l’attente au strict minimum – et à recevoir ensuite le résultat du test directement dans l’application. * La géolocalisation pour connaître instantanément les règles de confinement à l’endroit où on se trouve à un moment donné – plus besoin d’aller se renseigner sur un site Web impersonnel où la coexistence de plusieurs règles contradictoires inspire plus de défiance qu’autre chose. * L’information en temps réel sur les commerces situés à proximité, pour savoir s’ils sont ouverts ou fermés dans cette période de confinement et s’il y a des précautions particulières à prendre pour les clients. La liste des services susceptibles d’être rendus par l’intermédiaire de cette application est potentiellement infinie. La seule condition pour les rendre possible, c’est qu’elle soit utilisée par des dizaines de millions de personnes. À cette échelle (mais pas avant), elle pourra devenir plus qu’une simple application de santé publique : une sorte d’assistant personnel voué à la simplification de la vie quotidienne des Français dans cette période de pandémie où tout le monde est perdu face à l’incertitude. Pourquoi en sommes-nous encore loin ? Deux raisons essentiellement. La première, c’est l’idée que les Français refusent légitimement d’être surveillés par l’intermédiaire de cette application. Or on peut prévenir une telle dérive en mettant en place un système de protection de la vie privée, supervisé par la CNIL (dont, pour mémoire, j’ai été membre de 2014 à 2016). La seconde raison est encore plus navrante : il est probable que personne n’a pensé à cette approche come for the tool, stay for the network, puisque cette application a été conçue par des chercheurs et hauts fonctionnaires (dont la culture est celle de la production de masse) plutôt que par des entrepreneurs (qui sont obsédés par l’expérience individuelle proposée aux utilisateurs). Il n’est pas trop tard pour changer de braquet et rendre TousAntiCovid obligatoire dans les faits, avec un système d’incitations adaptés – pas pour surveiller les Français, mais pour leur simplifier leur vie dans cette période difficile pendant laquelle les difficultés économiques et personnelles vont aller croissant. 🤔 Faut-il louer ou acheter ? Mardi 3 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur les arbitrages auxquels sont confrontés les ménages sur le marché du logement. Nous avons tous entendu depuis toujours qu’il valait mieux acheter son logement plutôt que le louer à un autre. En même temps, les professionnels de la finance nous signalent que le logement qu’on occupe n’est pas toujours un bon investissement, tant s’en faut. Comment ces arbitrages vont-ils évoluer dans la transition en cours ? 🌇 Vers des villes plus féministes Mercredi 4 novembre | Interview de Leslie Kern par Laetitia. Nous lançons cette semaine la syndication des podcasts en anglais issus de notre site Building Bridges. L’idée est de vous proposer un extrait au format écrit, ainsi qu’une transcription complète traduite en français accessible pour nos abonnés. Nous inaugurons cette série, désormais en alternance avec nos interviews de personnalités francophones, avec la géographe Leslie Kern, auteur du livre Feminist City. 🇺🇸 Trump ou Biden ? Jeudi 5 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le résultat de l’élection présidentielle américaine. Difficile d’échapper à cette actualité la semaine prochaine ! Mais difficile d’en parler avant d’être certain de l’issue de cette élection. Contrairement à nos habitudes, nous enregistrerons ce podcast à la dernière minute pour pouvoir disposer de tous les résultats – et, on l’espère, d’un vainqueur clairement désigné. Abonnez-vous pour découvrir notre conversation jeudi ! 👔 Qu’est-ce que “faire carrière” aujourd’hui ? Les plans de licenciement se multiplient dans les grandes entreprises. La transition démographique signifie des vies actives plus longues. La transition numérique transforme les métiers. C’est la notion même de carrière qui est bouleversée. Que veut dire “faire carrière” dans un contexte de changement de paradigme ? 👉 Écoutez 🎧 Qu’est-ce que “faire carrière” aujourd’hui ? (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🌐 Tout sur Nouveau Départ (2/2) Nouveau Départ a six mois déjà 🎉 Pour l’occasion, nous avons réalisé des interviews croisées sur deux semaines. La semaine précédente, j’avais interviewé Laetitia. La semaine dernière, c’est elle qui m’a interviewé sur mon travail, The Family, ma newsletter European Straits et bien d’autres choses. Nous avons notamment parlé de productivité et de comment écrire plus et mieux ! 👉 Écoutez 🎧 🌐 Tout sur Nouveau Départ (2/2) (interview de moi par Laetitia)—accessible à tous. 🇺🇸 Comprendre la géographie électorale américaine On parle beaucoup des nombreux sondages qui donnent Joe Biden largement gagnant face à Donald Trump. On parle moins, en revanche, du système compliqué du “collège électoral” et de la façon dont le vote dans les différents États pourrait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Nous y revenions il y a quelques jours, à moins d’une semaine de l’élection ! 👉 Écoutez 🎧 Comprendre la géographie électorale américaine 🇺🇸 (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
03 Nov 2020 | 🤔 Immobilier : faut-il louer ou acheter ? | 00:53:26 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré au marché immobilier, et aux arbitrages auxquels les ménages sont confrontés en particulier sur le marché du logement. La pandémie a des conséquences multiples sur l’immobilier, et notamment le marché du logement. Avec la généralisation du télétravail pour plus d’un tiers des actifs (la proportion est variable selon les pays), les logements chers et exigus au centre des grandes villes deviennent moins attractifs, tandis que les logements plus spacieux à la périphérie des villes attirent toutes les convoitises. Certaines petites villes deviennent des villes “Zoom” : elles ont gagné de nombreux habitants depuis plusieurs mois. Davantage de foyers recherchent un bureau dans leur logement, qui (re)devient pleinement un espace productif. De plus, la faiblesse (ou absence) du tourisme dans les grandes villes comme Paris, New York ou Londres a poussé de nombreux propriétaires qui avaient mis un logement en location sur Airbnb à louer ces logements sur le marché locatif traditionnel. L’offre de logements sur le marché locatif a donc fortement augmenté dans certaines villes. Au même moment, les choses changent aussi du côté de la demande. Avec la crise, certains acquéreurs repoussent l’achat qu’ils avaient prévu de faire. D’autres doivent même y renoncer. Beaucoup préfèrent la souplesse de la location dans un contexte d’incertitude. Du point de vue macro-économique, le ratio “propriétaires occupant leur logement” / locataires est intéressant car il n’est pas sans conséquences sur la mobilité de la population et la fluidité du marché de l’emploi. Là où il y a beaucoup de propriétaires (en Roumanie, par exemple, ce ratio est de 95%), il peut y avoir des frictions qui empêchent les travailleurs de bouger rapidement d’un emploi à l’autre. Aux États-Unis, où ce ratio est de 65%, la mobilité géographique n’a jamais été aussi basse depuis qu’on la mesure. Les pays les plus riches et les plus développés ont tendance à avoir davantage de locataires que de propriétaires occupant leur logement (en Suisse, par exemple, la plupart des gens sont locataires du logement qu’ils occupent). Nous avons tous entendu depuis toujours qu’il valait mieux acheter son logement plutôt que le louer à un autre. La dépense d’un loyer serait un “gaspillage” que l’on ferait mieux d’investir en devenant propriétaire du logement qu’on occupe. Mais est-ce forcément vrai ? Pas vraiment… En fait, les professionnels de la finance signalent au contraire que le logement qu’on occupe ne représente pas toujours un bon investissement, tant s’en faut. Comment ces arbitrages vont-ils évoluer dans la transition en cours ? Nicolas et moi discutons de tout cela en détails dans cet épisode “À deux voix”. Nous évoquons également la crise, la gestion financière d’un foyer, les transformations culturelles et leur impact sur les arbitrages en matière de logement, ainsi que le nudge (ce qui nous pousse à adopter un certain comportement plutôt qu’un autre). Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
09 Nov 2020 | Stacey Abrams, super-héroïne de la démocratie américaine | 00:05:25 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Depuis samedi, c’est officiel : Joe Biden sera le 46e président des États-Unis, et Kamala Harris, la première femme vice-présidente de l’histoire. Face à une nouvelle de cette ampleur, on négligerait (presque) de s’intéresser encore aux résultats de chaque État et aux dynamiques qui ont contribué à la victoire de Biden. Il y a pourtant un État du « Sud profond » du pays, la Géorgie, sur lequel je voudrais me pencher dans cet Édito, tant ce qui s’y passe est historique et emblématique. Une femme en particulier y a joué un rôle considérable pour la démocratie américaine. Cette super-héroïne américaine s’appelle Stacey Abrams. En Géorgie, un État qui compte 10 millions d’habitants et 16 grands électeurs, on n’a pas encore compté tous les bulletins. Mais pour la première fois depuis plus de 25 ans (l’élection de Bill Clinton en 1992), il semble qu’on y ait voté en majorité pour le candidat démocrate. Joe Biden a quelques milliers de voix d’avance sur Donald Trump. Pourquoi est-ce important ? Parce que ce qui se joue en Géorgie illustre l’un des problèmes majeurs de la démocratie américaine : la privation du droit de vote de nombreux Noirs américains. Interdiction de vote concernant les personnes ayant été incarcérées, tests pour s’inscrire sur les listes électorales, critères fiscaux, « purges » des listes pour soi-disant empêcher les fraudes… les obstacles opposés aux citoyens noirs qui souhaitent voter ne sont pas nouveaux. En Géorgie, comme d’autres des États « confédérés » qui ont voulu faire sécession des États-Unis pour maintenir leur mode de vie fondé sur l’esclavage, il n’y a toujours pas vraiment de démocratie pour une partie des Américains. S’il y avait l’égalité d’accès au vote, le poids des démocrates serait bien supérieur. Les Républicains au pouvoir dans ces Etats n’ont de cesse de tout faire pour supprimer des électeurs. Depuis les années 1960, de nombreuses mesures ont été prises au niveau fédéral pour limiter ces privations de droits dans les États du Sud. Mais jusqu’ici, il reste un décalage démocratique qui explique pourquoi un État comme la Floride n’a pas basculé dans le camp démocrate en 2020, contrairement à ce que les sondages annonçaient. Ce n’est pas tant que ces sondages ne reflètent pas les intentions réelles des votants, c’est surtout que beaucoup de ces votants ont été empêchés de voter. Étant donné la défaite des démocrates en Floride, c’est d’autant plus remarquable que la Géorgie fasse exception et devienne le centre de l’échiquier politique américain cette année. Les changements démographiques et culturels, le rôle d’une ville comme Atlanta devenue progressiste alors qu’elle était autrefois le centre de gravité du camp sudiste dans la guerre de sécession, et surtout le succès d’activistes comme Stacey Abrams apportent de l’espoir pour l’avenir de la démocratie américaine. Stacey Abrams est une femme politique qui a été cheffe de la minorité démocrate à la Chambre des représentants de Géorgie entre 2011 et 2017. (Elle est aussi écrivaine : elle a publié plusieurs romans sous le nom de plume de Selena Montgomery, dont le dernier en 2009.) En 2018, elle était la candidate démocrate au poste de gouverneur de Géorgie et aurait pu devenir la première femme noire gouverneur. Elle a perdu de peu face à son opposant républicain (Brian Kemp). S’il n’y avait pas eu de suppression des électeurs, elle aurait gagné. Depuis 2018, dans le cadre de l’association Fair Fight Action, créée pour lutter contre les pratiques racistes qui sabotent la démocratie américaine, elle milite sans relâche pour encourager le vote des Afro-Américains. En 2020, l’année où le mouvement Black Lives Matter est devenu mainstream, Stacey Abrams est devenue une super-héroïne de la démocratie américaine. De nombreux médias saluent aujourd’hui le rôle fondamental qu’elle a joué dans le succès de Biden en Géorgie. Pour Andra Gillespie, professeur de sciences politiques interviewée par ABC News, Abrams “a eu la clairvoyance de comprendre les changements démographiques et créer l’infrastructure organisationnelle qui ferait gagner les démocrates, en enregistrant et mobilisant de nouveaux électeurs”. Grâce à son travail acharné et son charisme remarquable, des dizaines de milliers de nouveaux électeurs ont pu voter et faire la différence. Icône de l’activisme noir et féministe, Stacey Abrams est l’une de ces figures politiques qui inspirent des vocations. La représentante Pramila Jayapal a déclaré sur Twitter : Quoi qu'il arrive en Géorgie, tout le monde devrait se mettre à genoux et remercier les femmes noires fortes comme l'intrépide @StaceyAbrams et tous ceux qui s'en vont sans reconnaissance. Et elle ne cache pas ses ambitions pour plus tard : peut-être un jour la présidence ! Le futur président américain sera certes un homme (blanc), mais ce sont de nombreuses femmes « de la diversité » — Kamala Harris, Alexandria Ocasio-Cortez, Ayanna Pressley, Ilhan Omar et Stacey Abrams — qui assurent un avenir à la démocratie américaine. L’une de ces femmes pourrait même devenir un jour la première Présidente des États-Unis. Pour finir, je vous mets au défi de trouver Stacey Adams dans ce remix de Avengers: Endgame 💪🏿 🤪 🇺🇸 Que va devenir Donald Trump ? Mardi 10 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’issue de l’élection présidentielle aux États-Unis. C’est certain désormais : Joe Biden va succéder à Donald Trump au mois de janvier. Mais la démocratie américaine n’est pas tirée d’affaire pour autant. Biden pourra-t-il gouverner comme il l’entend ? La société américaine va-t-elle succomber à la violence ? Et surtout, que va devenir Donald Trump une fois qu’il aura admis sa défaite et quitté la Maison Blanche ? 🚪 Interview : Pascal Chazal Mercredi 11 novembre | Interview de Pascal Chazal 🎧, président et fondateur du groupe Hors Site. Pascal est un vétéran du secteur de la construction et un pionnier de la construction dite “hors site”. Il nous explique comment cette approche plus industrielle permet de construire plus de bâtiments de meilleure qualité et pour beaucoup moins cher, le tout en réouvrant des usines et en créant des emplois. Le secteur de la construction peut-il changer de paradigme ? 🎥 007 : crise du cinéma et changement de société Jeudi 12 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le symbole de la transmission par James Bond de l’identifiant « 007 » à une femme noire. Sean Connery, le premier James Bond, vient de mourir. Quant au dernier, Daniel Craig, il n’en finit pas de ne pas sortir. (« Mourir peut attendre » devait sortir en avril 2020). L’année de l’assassinat de George Floyd, des mouvements Black Lives Matter et de la « Shecession » est aussi l’année d’une crise existentielle du cinéma. 🤔 Faut-il louer ou acheter ? Les ménages ont à faire des arbitrages sur le marché du logement. Nous avons tous entendu qu’il valait mieux acheter son logement plutôt que le louer à un autre. En même temps, les professionnels de la finance nous signalent que le logement qu’on occupe n’est pas toujours un bon investissement, tant s’en faut. Comment ces arbitrages vont-ils évoluer dans la transition en cours ? 👉 Écoutez 🎧 Immobilier : faut-il louer ou acheter ? (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🌇 Vers des villes plus féministes Voici la première interview traduite issue des podcasts en anglais de notre site Building Bridges. Nous vous proposons un extrait au format écrit. Une transcription complète traduite en français est accessible pour nos abonnés. Nous inaugurons cette série, désormais en alternance avec nos interviews de personnalités francophones, avec la géographe Leslie Kern, autrice du livre Feminist City. 👉 Écoutez Les villes aussi devraient être féministes (interview de Leslie Kern)—accessible à tous. 🇺🇸 Vers une victoire de Joe Biden Dans cet épisode enregistré jeudi matin, nous parlions des derniers résultats qui dessinaient déjà une nette victoire de Joe Biden. Le parallèle avec la situation en Floride il y a 20 ans a été fait de manière abusive. Malgré un soulagement évident, les démocrates sont déçus de ne pas regagner le Sénat, et de ne pas faire une score plus écrasant… 👉 Écoutez 🎧 Vers une victoire de Joe Biden 🇺🇸 (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
14 Sep 2020 | Pandémie : la France du '0' ou '1' | 00:07:36 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Voici le quatrième “Édito” de cette nouvelle saison, sur le “centralisme” à la française et les problèmes qu’il cause dans la lutte contre la pandémie. La France n’a pas vaincu la pandémie, tant s’en faut. Elle se distingue même par l’ampleur de la nouvelle vague observée depuis la fin du mois d’août : elle a enregistré 93 000 nouveaux cas depuis le 1er septembre, contre 30 000 pour le Royaume-Uni et moins de 16 000 pour l’Allemagne. Comble de l’humiliation, un nombre croissant de pays européens constatent que la lutte contre la pandémie marque le pas en France et inscrivent notre pays sur la liste des pays à problèmes. Il est désormais impossible, par exemple, de se rendre en Allemagne sans la preuve d’un test négatif. En cas de doute, les voyageurs venus de France sont astreints à un confinement pendant deux semaines. Comment expliquer cette anomalie française ? Nombreux sont ceux qui pensent que c’est notre culture “gauloise” de l’indiscipline qui explique ce redémarrage de la pandémie. La société française serait incapable de se mettre en bon ordre et d’adopter les bonnes pratiques exigées par la situation actuelle. Une autre hypothèse, toutefois, est que l’origine de ce problème français réside dans notre tradition administrative. Dans son Trésor historique de l’État en France, l’historien du droit Pierre Legendre parle du “centralisme”, cet “état d’esprit qui résiste à tous les efforts de casse” et constitue un trait d’union de l’Ancien Régime à nos jours en passant par la Révolution et l’Empire. Il faut dire qu’au début de la pandémie, nous étions nombreux à voir dans ce centralisme un atout. L’administration française, fermement dirigée depuis Paris, semblait avoir la réactivité et une emprise suffisante sur le territoire pour pouvoir mettre en oeuvre sans tarder les mesures nécessaires pour contenir la propagation du virus. Les préfets, représentants de l’État dans les départements, étaient réputés avoir en main les outils pour adapter la réponse aux particularités d’un territoire à l’autre. La limite de cette approche, malheureusement, c’est qu’elle ne fonctionne que dans un contexte bien précis. Elle fait certes merveille dans les périodes de crise aiguë, comme c’était le cas dans les premières semaines de la pandémie. Elle échoue sur toute la ligne, en revanche, lorsqu’il s’agit d’adopter une approche différenciée et itérative dans la phase actuelle, qui devrait être marquée par un retour plus progressif à la normale. En d’autres termes, l’administration française excelle lorsqu’il s’agit d’appuyer sur un bouton qui, tel un transistor, nous permet de passer d’un état à un autre : ‘1’ lorsque les choses fonctionnent comme à la normale, ‘0’ lorsque tout s’arrête. En revanche, lorsqu’il s’agit de passer par des états intermédiaires entre ‘0’ et ‘1’, il n’y a plus personne sur le pont – et cela se voit. Premier problème : il n’existe pas de communication directe entre l’État et les citoyens. Lorsque nous avions le sentiment d’être collectivement confrontés à une menace mortelle, les citoyens prêtaient attention au discours des dirigeants. Mais aujourd’hui, l’attention est retombée. Les prises de parole solennelles sont devenues répétitives et ronronnantes. Les individus ont refermé ce canal de communication de masse qui les lasse et se sont remis à vaquer à leurs occupations quotidiennes. Second problème : l’information déchaînée ! Dans son livre The Revolt of the Public, l’ancien analyste de la CIA Martin Gurri explique à quel point la dissémination des informations sape la crédibilité des figures d’autorité. Hier, les normes régissant notre vie quotidienne étaient assénées d’en haut et s’imposaient à tous sans beaucoup de discussions. Aujourd’hui, elles résonnent et s’entrechoquent dans le même espace d’interactions en réseau, et nous pouvons donc tous en constater l’incohérence. Par exemple, chacun est tenu (à juste titre) de porter un masque partout et en toutes circonstances – sauf, bien sûr, pour prendre son repas dans des restaurants bondés (qui, au passage, sont devenus les lieux les plus à risque selon une étude de la CDC américaine) 🤔 Ou encore, chacun est invité à se faire tester dès les premiers symptômes – mais les tests ne sont disponibles qu’après avoir patienté plusieurs heures dans la salle d’attente d’un laboratoire d’analyse pris d’assaut, où, à n’en pas douter, le virus se dissémine à toute vitesse puisque les personnes dans la file présentent toutes des symptômes ! Or qui peut faire confiance aux autorités quand les règles sont si incohérentes et leur mise en oeuvre si brouillonne ? Nous payons aussi notre approche trop binaire – notre incapacité à placer le curseur dans d’autres positions que ‘0’ ou ‘1’. Le confinement des premières semaines a été si strict qu’après plusieurs mois de maintien à domicile (équivalent des privations qu’on s’inflige lorsqu’on suit un régime alimentaire), le relâchement n’est que plus fort. Depuis le début de l’été, nombreux sont ceux qui cherchent à compenser en multipliant les voyages, les réunions de travail, les soirées entre amis, les interactions sociales. Cela se voit, en particulier, sur l’index de la mobilité urbaine constamment mis à jour par la startup britannique CityMapper. Tandis que la mobilité est encore réduite (le 13 septembre au soir) dans des villes comme Tokyo (7%), New York (32%), Milan (52%) ou Londres (56%), les grandes villes françaises ont quasiment toutes renoué avec le niveau de mobilité d’avant la pandémie : 92% à Paris et 97% à Lyon ! À cela s’ajoute, enfin, le fait que notre sensibilité à la communication s’émousse avec le temps. Les premiers cas de morts du COVID-19 s’incarnaient dans des récits individuels racontés par des médias attirés par la nouveauté du phénomène. Aujourd’hui, nous n’entendons que des séquences de chiffres qui se suivent et se ressemblent. Nous ne prêtons plus attention à l’inquiétude des professionnels de santé, au chagrin des familles, aux vies détruites, aux messages d’alerte des patients pour qui la maladie est devenue chronique et qui continuent de souffrir des mois durant. La solution serait d’apprendre à gérer les étapes intermédiaires entre le ‘0’ du confinement total et le ‘1’ du retour à la normale : édicter des règles simples et cohérentes ; rendre les tests disponibles plus rapidement ; prévenir les attroupements et les files d’attentes ; délimiter les zones à risque de façon plus dynamique ; retracer les interactions avec des personnes potentiellement contagieuses ; surtout, mettre en place un canal de communication directe personnalisée entre les autorités et les citoyens. Rien ne dit que cette approche différenciée et innovante est incompatible avec le “centralisme” dont parle Pierre Legendre. Malheureusement, adopter cette approche suppose de sortir de la routine administrative qui consiste à faire passer tout le monde sous la même toise sans prêter attention aux situations individuelles. Pour nos dirigeants et ceux qui exécutent leurs ordres, il ne s’agit rien moins que d’un changement de paradigme et d’un grand saut dans l’inconnu. Nous en sommes capables. Pourquoi pas eux ? Abonnez-vous à Nouveau Départ pour suivre nos discussions sur ce monde d’après 👇 🇮🇳 Que se passe-t-il en Inde ? Mardi 15 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’Inde, sa réaction face à la pandémie, sa vie politique et sa transition numérique. Les Français connaissent mal l’Inde, un pays certes gigantesque et important sur la scène internationale, mais qui est souvent éclipsé par la Chine voisine. Or l’Inde, en plus de traverser une crise sanitaire et économique gravissime, est en train d’accélérer sa transition et de faire émerger des grandes entreprises numériques. Il est temps d’en parler ! 🧒 Le futur de la garde d’enfants Mercredi 16 septembre | Interview 🎧 de Maïmonatou Mar sur le futur de la garde d’enfants. La pandémie à révélé l’importance des travailleurs “essentiels” ou du “back office” (pour reprendre l’expression de Denis Maillard) qui nous rendent ces services de proximité indispensables au bon fonctionnement de l’économie. Parmi eux, les nounous qui gardent nos enfants sont à la fois familières et méconnues. Laetitia en parle avec Maïmonatou, fondatrice de l’association Gribouilli. 🇪🇺🇺🇸 La nouvelle politique de la concurrence Jeudi 17 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur les grandes entreprises numériques et la concurrence. On parle sans cesse de “réguler” voire “démanteler” les géants numériques américains. Mais avant de tirer des conclusions hâtives, il est important de revenir sur l’histoire de l’antitrust et de mieux comprendre ses objectifs. Avec Laetitia, nous échangeons sur les grands précédents de l’histoire du droit de la concurrence et les leçons à tirer pour l’avenir. Pour ne rien manquer de ces contenus, abonnez-vous si ce n’est déjà fait 👇 💻 Télétravail, menace ou opportunité pour l’inclusion ? Nous avons été nombreux, dans le petit monde des entrepreneurs, à nous réjouir du développement fulgurant du télétravail. Il est temps, maintenant, de l’analyser avec plus de nuances : tout le monde n’a pas la chance de pouvoir télétravailler ; d’autres, en revanche, peuvent saisir le télétravail comme une opportunité d’inclusion. 👉 Écoutez 🎧 Télétravail, menace ou opportunité pour l’inclusion ?—réservé aux abonnés. 🇩🇪 Un entrepreneur français en Allemagne Malt, une plateforme qui rapproche les entreprises et les travailleurs en freelance, cherche à se développer sur plusieurs marchés européens. L’Allemagne, en particulier, est si stratégique que Vincent, fondateur de Malt, a décidé de s’y installer en famille ! Lui et moi échangeons sur son expérience. 👉 Écoutez 🎧 Un entrepreneur français en Allemagne 🇩🇪—accessible à tous. 🏭 Le retour de la planification Au sortir (?) de la pandémie, les pouvoirs publics ne se sont pas contentés d’annoncer l’allocation de 100 millards d’euros à la relance de l’économie. Ils ont aussi mis en place un nouveau Haut-Commissariat général au Plan, dirigé par… François Bayrou. Autant dire que ça nous inspire un certain… scepticisme 😩 👉 Écoutez 🎧 Le retour de la planification 🔮—réservé aux abonnés. 👉 Lire 📚 Note de lecture sur The Wise Men, de Walter Isaacson et Evan Thomas. Pour ne rien manquer de ces contenus, abonnez-vous si ce n’est déjà fait 👇 This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
11 Nov 2020 | Construire plus, mieux et moins cher | 00:51:06 | |
Bonjour à tous ! Chaque mercredi, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 👆🎧 et/ou écrit, accessible à tous et complété par une mise en perspective ci-dessous. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Pascal Chazal sur le futur de la construction * Faut-il louer ou acheter ? * Les villes après la pandémie * Rien n’arrête l’urbanisation Je connais Pascal depuis l’époque où The Family a travaillé avec lui sur un projet entrepreneurial dans le secteur de la construction, en 2014. À l’époque où Pascal nous avait approchés pour la première fois, il nous avait révélé un secret fascinant : La construction n’est pas une industrie mais un secteur dominé par des artisans qui n'appliquent aucune des recettes qui font une industrie : il n'y a presque pas de standardisation et un niveau trop faible de division du travail. En l’absence d’une approche industrielle de la production, il est impossible de générer des rendements d'échelle croissants dans la construction, ce qui explique pourquoi la productivité est faible dans ce secteur, les logements coûtent de plus en plus cher, leur qualité va décroissant et les conditions de travail sur les chantiers se dégradent continument – ce qui provoque une crise de recrutement dans le secteur. Pascal a découvert ce secret car il est un pionnier de la construction préfabriquée à ossature bois. Sa vision est que l’approche de préfabrication déjà pratiquée sur ce segment minuscule permettrait de résoudre plusieurs problèmes d’un coup : construire plus, mieux et moins cher tout en réouvrant des usines et en créant de nombreux emplois pour des travailleurs peu qualifiés sur l’ensemble du territoire. Avant cela, il faut toutefois relever deux défis : l’évangélisation et l’éducation. Après la période où nous avons travaillé ensemble, Pascal s’est rendu compte que nous n'avions même pas de nom en français pour décrire la construction préfabriquée de façon avenante. Il a finalement opté pour le terme “hors-site” et a décidé de pousser le concept vers un public plus large. Il a lancé un magazine appelé Hors Site, qui est publié depuis 2016, une école appelée Campus Hors Site et une activité de conseil pour aider les industriels à mieux travailler avec les professionnels de la construction. Écoutez le podcast ci-dessus 🎧👆, partagez-le et faites-nous savoir votre avis ! La pandémie a des conséquences multiples sur l’immobilier, et notamment le marché du logement. Avec la généralisation du télétravail pour plus d’un tiers des actifs (la proportion est variable selon les pays), les logements chers et exigus au centre des grandes villes deviennent moins attractifs, tandis que les logements plus spacieux à la périphérie des villes attirent toutes les convoitises. Certaines petites villes deviennent des villes “Zoom” : elles ont gagné de nombreux habitants depuis plusieurs mois. Davantage de foyers recherchent un bureau dans leur logement, qui (re)devient pleinement un espace productif. Nous avons tous entendu depuis toujours qu’il valait mieux acheter son logement plutôt que le louer à un autre. La dépense d’un loyer serait un “gaspillage” que l’on ferait mieux d’investir en devenant propriétaire du logement qu’on occupe. Mais est-ce forcément vrai ? Pas vraiment… En fait, les professionnels de la finance signalent au contraire que le logement qu’on occupe ne représente pas toujours un bon investissement, tant s’en faut. 👉 Immobilier : faut-il louer ou acheter ? 🤔 (conversation entre Laetitia et moi)—réservé aux abonnés. La crise actuelle frappe durement les grandes villes. Le virus a fait des ravages dans des villes denses comme New York (où l’on a déploré plus de 35 000 décès du Covid-19 cette année). La crise sanitaire a mis à l’arrêt de nombreuses activités qui font la vivacité des villes : les théâtres, la vie culturelle, les restaurants… Et les grandes villes pourraient souffrir de la chute de leurs revenus pendant des années. Comme l’explique Geoffrey West, ancien président de l'Institut de Santa Fe et chef de file dans l'établissement d'un modèle scientifique des villes, les villes doivent être appréhendées comme des organismes vivants. Les villes ne meurent pas (sauf catastrophe naturelle exceptionnelle), à la différence des entreprises. La raison principale en est que les villes attirent les marginaux et les excentriques, tandis que les entreprises finissent toujours par rejeter ces personnes. 👉 Les villes après la pandémie (conversation entre Laetitia et moi)—accessible à tous. Dans cette discussion sur l’immobilier et l’avenir des villes, Robin Rivaton bat en brèche un certain nombre d’idées qui ont tendance à s’imposer un peu trop vite dans cette période de crise et, en particulier, de distanciation sociale. Bien sûr, le contexte de la pandémie nous oblige à quitter les villes ou à moins occuper l’espace urbain dont nous parlait, dans une autre interview, l’urbaniste Camille Rabineau. Toutefois, comme nous l’explique Robin, il est probable que l’urbanisation reprenne très vite l’avantage. L’intérêt, pour les ménages comme pour les entreprises, d’être localisé dans les grandes métropoles reste plus grand que jamais. Nous pourrions donc reprendre très vite nos habitudes de vie urbaine, moyennant quelques ajustements dans nos modes de vie et dans la façon de concevoir les bâtiments et l’espace urbain. In fine, l’avantage ira aux pays qui savent concilier le nouveau contexte de la transition post-COVID-19 et les exigences de la vie dans des métropoles de plus en plus denses. 👉 COVID-19 et urbanisation : continuerons-nous d'habiter dans les villes ? (conversation avec Robin Rivaton)—accessible à tous. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
12 Nov 2020 | 🎥 007 : crise du cinéma et changement de société | 00:49:25 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à quelques réflexions sur l’industrie cinématographique dans un monde en transition. Pour ces réflexions, Nicolas et moi sommes partis de l’actualité de la saga 007… L’actualité de la saga 007 est riche ces temps-ci ! Sean Connery, le premier James Bond au cinéma vient de mourir. En parallèle, le célèbre identifiant « 007 » sera transmis par Bond à Nomi, une agente incarnée par Lashana Lynch, comédienne britannique de 32 ans qui va endosser le rôle titre de la saga. Quant au dernier opus, Mourir peut attendre, avec Daniel Craig, il n’en finit pas d’attendre de sortir (le film aurait dû sortir en avril 2020). Qu’est-ce que tout cela nous dit de la transition dans le monde du cinéma ? Beaucoup de choses. L’annonce que le nouveau 007 serait une 007 noire pourrait passer pour une anecdote sans importance dans un monde ravagé par la pandémie où les élections américaines ont dominé l’actualité. Pourtant cette annonce est une révolution dans le monde de l’entertainment. En effet, l’année de l’assassinat de George Floyd, des mouvements Black Lives Matter et de la « Shecession » est aussi l’année d’une crise existentielle du cinéma. La sortie sans cesse repoussée du dernier Bond, au budget de 250 millions de dollars, symbolise la crise du cinéma. C’est tout le modèle traditionnel du cinéma, déjà mis à mal par Netflix et des nouveaux usages, qui est menacé par la pandémie. Aux États-Unis, les salles de cinéma ferment et la transition s’accélère. En plus d’être menacé par la crise sanitaire, le cinéma traditionnel traverse aussi une crise culturelle profonde. Accusé de sexisme (après tout, #metoo a commencé avec le cinéma) et de racisme, le cinéma semble ringardisé par le monde des séries où les histoires et les personnages sont plus diversifiés qu’au cinéma et où davantage de productions passent le « test de Bechdel ». Le test de Bechdel vise à mettre en évidence la sur-représentation des protagonistes masculins (ou la sous-représentation de personnages féminins) dans une œuvre de fiction. Il repose sur trois critères : * Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre ; * qui parlent ensemble ; * et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme. Si l’œuvre vérifie ces trois critères, le test est dit réussi. Bonne écoute ! Partagez et réagissez 🤗 Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
19 Nov 2020 | 🤷♂️ La gauche et la droite : que signifient-elles aujourd'hui ? | 00:52:15 | |
Notre deuxième podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à l’évolution du clivage gauche-droite dans la période récente. Nicolas et moi faisons un peu d’histoire et quelques comparaisons internationales pour mettre ce clivage en perspective. Depuis qu’Emmanuel Macron a imposé le balancement du fameux “en même temps”, plus personne ne s’y retrouve sur l’échiquier politique : que signifie être de gauche ou de droite aujourd’hui ? Est-ce que cela veut encore dire quelque chose ? D’où vient ce clivage et comment a-t-il évolué ? Les périodes de transition sont toujours caractérisées par des changements sur l’échiquier politique. Les questions sur ce que signifie “être de droite” ou “être de gauche” ne sont elles-mêmes pas nouvelles dans l’histoire. La période actuelle ne fait pas exception : le changement de paradigme techno-économique s’accompagne d’une recomposition du paysage politique. À l’origine, la droite et la gauche renvoient à la disposition des partis dans l’Assemblée nationale en France à partir de 1789. Les royalistes et tous les courants qui soutenaient le roi se sont placés à droite, tandis que tous ceux qui s'opposaient à lui se sont placés à gauche. Le clivage est né de là. Le sens de la droite et de la gauche a vite évolué dans l’histoire. On a employé les mots pour désigner des courants politiques par rapport au degré d’adhésion au régime en place. Par exemple, la gauche de l’époque après la révolution (les libéraux et les républicains) s’est déplacée à droite au fur et à mesure de l’apparition de nouveaux mouvements. De chaque côté, une tension paradoxale reflète l’évolution de rapports de force et les changements de coalition. À droite, c’est la tension entre la liberté et l’ordre qui est un moteur de transformation. À gauche, c’est la tension entre l’égalité et l’insoumission à l’ordre qui joue ce rôle. Avec Nicolas, nous discutons du cadre d’analyse du grand universitaire américain Louis Hartz autour de l’importance de la tradition libérale pour expliquer les différences entre les paysages politiques américain et européen. Pour lui, c’est l’opposition entre les libéraux et les conservateurs (les whigs et les tories) qui est fondamentale. Mais l’époque de Louis Hartz est déjà lointaine. Ce cadre est-il encore pertinent aujourd’hui ? De quelle manière peut-il nous aider à comprendre le paysage politique actuel, et son évolution, notamment aux États-Unis ? Nous revenons sur l’histoire de ce vieux clivage pour mieux le mettre en perspective, avec des détails sur la situation aux États-Unis et en Europe. René Rémond, Louis Hartz, Carlota Perez ou encore George Lakoff sont quelques-uns des penseurs que nous évoquons dans cette conversation pour brosser le tableau d’un clivage politique en recomposition, en Europe comme aux États-Unis… Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
17 Nov 2020 | Pourquoi la France résiste tant au télétravail | 00:45:17 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est (à nouveau) consacré au télétravail en France. Et nous posons cette question : pourquoi les entreprises françaises résistent-elles tellement plus au télétravail que celles de nombreux autres pays ? Pourquoi a-t-on fait retourner tant de salariés au bureau qui auraient pu continuer à travailler de chez eux ? Pourquoi les salariés français sont-ils davantage retournés au bureau que les Américains, les Britanniques ou les Danois ? Alors que la pandémie a repris de plus belle cet automne, on s’interroge sur ce qu’on aurait pu faire de mieux pour éviter d’en arriver à un second confinement. Naturellement, le retour massif au bureau fait partie de ces comportements qui suscitent des interrogations. On peut mettre en avant des spécificités culturelles françaises qui expliquent notre culture du présentéisme. Les repas jouent un rôle plus important dans la vie professionnelle. La confiance se construit davantage de manière affective (grâce à des moments intimes partagés) que cognitive (autour des tâches de travail). La communication requiert en France plus de contexte car on y injecte du second degré, de l’ironie. Le statut et la hiérarchie jouent un rôle plus important et se satisfont moins de l’horizontalité du télétravail. Mais c’est aussi que de nombreuses entreprises n’ont pas mené les transformations numérique et managériale qui étaient nécessaires, et que l’on ne fait pas facilement confiance aux salariés que l’on ne peut pas surveiller. C’est comme cela que l’on peut expliquer l’écart important qui existe entre le sentiment des salariés et celui de leurs managers. Les premiers souhaiteraient plus de flexibilité dans la définition des horaires et du lieu de travail ; les seconds préfèrent l’unité de temps et de lieu. Le leadership à la française est plus hiérarchique que celui des pays d’Europe du Nord. Il existe une distance importante entre un manager et ses “subordonnés”. Il n’est pas bien vu de communiquer directement avec son “n+2” sans l’aval de son “n+1”. Les symboles du pouvoir et autres caractéristiques statutaires restent très présents dans la vie de bureau en France. Or le télétravail a tendance à les gommer… Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Nov 2020 | La Chine (et l'Asie) prennent-elles le large ? | 00:05:32 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. L’une des dimensions de la transition en cours, accélérée par la pandémie, c’est la redistribution des cartes de la puissance à l’échelle globale. Nous quittons un monde dominé par les États-Unis à travers un réseau d’alliances et de partenariats qui va de l’Europe au Japon en passant par le Moyen-Orient, l’Inde et même la Chine elle-même (eh oui !)… à un nouveau monde où nous avons beaucoup plus de mal à deviner qui fait la course en tête et qui prend du retard. Il y a deux ans encore, tout un groupe d’auteurs et de commentateurs, fascinés par la démonstration de puissance de la Chine en matière technologique, prédisait que celle-ci était en passe de dépasser les États-Unis. Deux ans après, toutefois, la situation est plus nuancée. L’Amérique se porte, certes, plus mal que jamais. Mais la Chine elle-même rencontre des obstacles sur de nombreux fronts : les relations internationales, mais aussi son économie, son système financier et même son système politique. Pour se faire une idée plus précise du nouvel équilibre, il faut donc y regarder d’un peu plus près et identifier les signaux faibles. Quelles sont les tendances émergentes qui nous révèlent les positions futures des grandes puissances mondiales ? Du côté des États-Unis, la situation n’est guère brillante. La victoire de Joe Biden face à Donald Trump est désormais claire et presque consensuelle, mais le nouveau président aura besoin de temps et du soutien de ses compatriotes pour réparer les innombrables dégâts infligés par l’administration Trump. Biden a promis que l’Amérique redeviendrait partie à l’accord de Paris sur le climat et serait plus attentionnée dans sa relation avec ses alliés européens. Rien ne semble définitivement perdu, donc, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Du côté de la Chine, en revanche, la situation est plus claire : celle-ci est déjà repartie de l’avant. Elle a été touchée la première par la pandémie, mais elle est aussi l’un des pays qui a réagi le plus tôt et le plus efficacement, avec une vie quotidienne presque revenue à la normale. De ce fait, la croissance économique est déjà repartie en Chine, ce qui fait de cet immense marché le moteur de l’économie mondiale. Par ailleurs, la Chine semble se normaliser en adoptant un modèle de développement tiré par la demande intérieure. Xi Jinping a exprimé l’idée que les inégalités étaient devenues excessives en Chine et qu’il fallait mettre en place des institutions pour mieux distribuer les fruits de la croissance, comme une protection sociale digne de ce nom et une politique de la concurrence proche des canons occidentaux. La Chine fait par ailleurs montre d’une grande dextérité dans l’exploitation des faiblesses américaines. Il y a quelques jours, le monde entier a été subjugué par la signature d’un accord de libre-échange entre tous les pays de la zone Asie-Pacifique. Aux termes de cette négociation lancée à l’initiative de Pékin, toute la zone Asie-Pacifique va pouvoir optimiser l’organisation des chaînes de production, notamment dans l’industrie, et redoubler d’efforts dans ses exportations de bien manufacturés vers les marchés occidentaux. Emmenée par la Chine, l’Asie rappelle, s’il en était besoin, qu’elle entend bien demeurer l’usine du monde. Il reste des problèmes, bien sûr. Les tensions géopolitiques n’ont pas disparu entre la Chine et le Japon, la Chine et l’Inde, la Chine et l’Australie. La démographie chinoise, dont le dynamisme a été cassé par la terrible politique de l’enfant unique, va compliquer les perspectives de croissance à long terme. Et le système financier chinois, dit-on, est au bord de la rupture – victime de sa dépendance excessive aux largesses des banques nationales possédées par l’État chinois. Quelles options s’offrent à l’Europe dans ce contexte ? Nous pourrions miser sur notre alliance historique avec les États-Unis et compter sur Joe Biden pour nous aider à refocaliser notre attention vers l’Ouest. C’est sans compter, toutefois, sur la distance qui s’est creusée ces quatre dernières années et le fait qu’un nouveau président républicain peut à tout moment (peut-être dès 2024 ?) défaire ce que Joe Biden aura tant bien que mal tenté de raccommoder après avoir battu Donald Trump sur le fil. Une autre option serait de nous tourner plus vers l’Asie. Paradoxalement, c’est plus facile si Trump quitte la scène : les gouvernements européens ne seront plus sommés, comme ils l’ont été pendant quatre ans, de choisir leur camp entre les États-Unis et la Chine. C’est aussi logique si nous prenons conscience de notre dépendance économique et géopolitique à l’Asie. Après tout, l’Asie et l’Europe forment ensemble cet immense continent, l’Eurasie, dont la continuité territoriale dénote une communauté d’intérêts en matière de commerce et de sécurité. Nous publierons d’ailleurs bientôt la transcription d’un entretien réalisé par Laetitia avec l’ancien ministre portugais Bruno Maçães, dans lequel celui-ci évoque ses réflexions sur l’Eurasie, détaillées dans un ouvrage paru en 2018. Et ce mercredi, nous mettrons en ligne (pour nos abonnés), la transcription de l’interview avec James Crabtree, auteur d’un ouvrage passionnant (The Billionaire Raj) sur l’Inde contemporaine, ses milliardaires et ce que ces derniers nous révèlent sur leur pays. À bientôt pour aller plus loin sur Nouveau Départ ! 🤔 Pourquoi la France résiste tant au télétravail Mardi 17 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le second (deuxième ?) confinement et les réticences face au télétravail. Au printemps dernier, il nous a semblé que la France entière se convertissait au télétravail. Depuis le début de ce nouveau confinement, en revanche, beaucoup de travailleurs français continuent de se rendre au bureau. Comment l’expliquer ? En quoi sommes-nous différents des autres pays ? Notre résistance face au télétravail est-elle un handicap ? 🇮🇳 L’Inde contemporaine au prisme de ses milliardaires Mercredi 18 novembre | Interview de James Crabtree, auteur de l’ouvrage The Billionaire Raj. J’ai rencontré James, ancien correspondant du Financial Times à Mumbai, l’année dernière à Singapour, où il vit avec sa famille. Plus récemment, j’ai proposé à James que Laetitia l’interview sur le livre qu’il a publié en 2018 sur l’Inde contemporaine et ses milliardaires. Nous mettrons en ligne un extrait de cette conversation – et la version intégrale sera accessible pour nos abonnés. 🤷♂️ La gauche et la droite : que signifient-elles aujourd'hui ? Jeudi 19 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’évolution du clivage gauche-droite dans la période récente. Depuis qu’Emmanuel Macron a imposé le balancement du fameux “en même temps”, plus personne ne s’y retrouve sur l’échiquier politique : que signifie être de gauche ou de droite aujourd’hui ? Laetitia et moi revenons aux origines de la pensée politique pour remettre ce vieux clivage en perspective, avec des détails sur la situation aux États-Unis et en Europe. 🇺🇸 Que va devenir Donald Trump ? C’est certain désormais : Joe Biden va succéder à Donald Trump au mois de janvier. Mais la démocratie américaine n’est pas tirée d’affaire pour autant. Biden pourra-t-il gouverner comme il l’entend ? La société américaine va-t-elle succomber à la violence ? Et surtout, que va devenir Donald Trump une fois qu’il aura admis sa défaite et quitté la Maison Blanche ? 👉 Écoutez 🎧 🇺🇸 Que va devenir Donald Trump ? (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🚪 Interview : Pascal Chazal Pascal est un vétéran du secteur de la construction et un pionnier de la construction dite “hors site”. Il nous explique comment cette approche plus industrielle permet de construire plus de bâtiments de meilleure qualité et pour beaucoup moins cher, le tout en réouvrant des usines et en créant des emplois. Le secteur de la construction peut-il changer de paradigme ? 👉 Écoutez 🎧 Construire plus, mieux et moins cher (conversation avec Pascal Chazal)—accessible à tous. 🎥 007 : crise du cinéma et changement de société Sean Connery, le premier James Bond, vient de mourir. Quant au dernier, Daniel Craig, il n’en finit pas de ne pas sortir. (« Mourir peut attendre » devait sortir en avril 2020). L’année de l’assassinat de George Floyd, des mouvements Black Lives Matter et de la « Shecession » est aussi l’année d’une crise existentielle du cinéma. 👉 Écoutez 🎧 🎥 007 : crise du cinéma et changement de société (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
14 Sep 2020 | "The Billionaire Raj", de James Crabtree 🇮🇳 | 00:05:30 | |
Pendant près d’un siècle avant son indépendance en 1947, l'Inde a été soumise au système de gouvernance britannique connu sous le nom de Raj (c’est un mot sanskrit signifiant “royaume” ou “domination”). Puis, de l’indépendance jusqu’au début des années 1990, le pays a été sous la coupe d’une économie planifiée, le “Raj de la licence”, dont les exigences réglementaires strictes visaient à protéger le pays de la concurrence étrangère pour l’aider à se développer. Enfin, depuis 1991, l’Inde serait sous l’emprise d’un nouveau régime, le “Raj des milliardaires”. Après avoir été à la merci des administrateurs de l’Empire, des maharadjahs choisis par les Britanniques, puis des petits bureaucrates, l’Inde est désormais sous la coupe des super-riches, explique James Crabtree, ancien chef de bureau du Financial Times à Mumbai, qui a passé plusieurs années à suivre les feuilletons économiques indiens dont les super-riches sont devenus les principaux héros. Alors que l’Inde ne comptait que deux milliardaires dans les années 1990, elle en compte plus de 100 aujourd’hui. À bien des égards, l’Inde n’est pas sans rappeler, selon Crabtree, l’oligarchie russe. D’ailleurs, on a surnommé ces milliardaires indiens les “Bollygarches”. Et le “capitalisme de copinage” (crony capitalism), c’est-à-dire la collusion entre les élites politiques et le monde des affaires qui veut s’approprier les ressources publiques, gangrène le pays. Comme l’écrit James Crabtree, “l'ancien système indien de planification centrale et de contrôle de l'État a créé un terrain fertile pour la corruption, obligeant les citoyens et les entreprises à payer une myriade de pots-de-vin pour les services publics de base. Pourtant, ces problèmes de corruption étaient insignifiants par rapport à ceux qui sont apparus pendant les années 2000. Des actifs rares valant des milliards dans des secteurs comme les télécommunications et l’extraction minière ont été offerts à de grands magnats, dans une série de scandales connus sous le nom de ‘saison des escroqueries’. Des pots-de-vin géants ont permis à des entreprises d'acquérir des terrains, de contourner les règles environnementales ou de remporter des contrats d'infrastructure”. L’auteur dresse en particulier un portrait passionnant des titans de la politique et de l’industrie qui façonnent le pays dans cette période de changements radicaux. De nombreuses pages sont consacrées à la figure de Narendra Modi, vainqueur de la plus large élection de l’histoire mondiale. Figure controversée, Modi a cultivé l’image d’un homme qui veut mettre fin à la corruption. Mais s’il a pris quelques mesures aux effets peu convaincants, cela s’est fait au prix d’une montée inquiétante du nationalisme et d’une tendance autoritaire dont les millions de Musulmans (particulièrement au Kashmir) sont aujourd’hui les victimes. Parmi les milliardaires (affreux mais hauts en couleurs) décrits dans The Billionaire Raj, la figure la plus incontournable du livre est Mukesh Ambani, le président de Reliance Industries et aujourd’hui champion du numérique indien. Avec le géant Jio, qu’on appelle en France le “Free indien”, Mukesh Ambani contrôle aujourd’hui l’internet mobile en Inde. (Il a récemment convaincu Facebook et Google d’entrer à son capital.) La saga de la famille Ambani passionne les Indiens depuis déjà 20 ans. Lorsque le patriarche, Dhirubhai Ambani est décédé, il a laissé le conglomérat (Reliance Industries) à ses deux fils, Mukesh et Anil. Après plusieurs années de luttes fratricides, c’est Mukesh qui a gagné et Anil n’a échappé que de peu à la faillite personnelle. Mukesh Ambani est en 2020 l’homme le plus riche d’Asie (plus riche que Jack Ma !). Et Reliance Industries est la société indienne avec la plus forte valorisation. L'une des nations les plus inégalitaires de la planète peut-elle devenir la prochaine superpuissance ? C’est la grande question que l’on retient de ce livre. L'essor économique spectaculaire du pays a poussé les inégalités à de nouveaux extrêmes. Bien qu’il y ait aujourd’hui une classe moyenne dans les grandes villes, des millions de personnes restent encore prisonnières des bidonvilles et la corruption reste endémique. Les réformateurs se battent pour arracher la nation à ces démons, mais la plus grande démocratie au monde se classe au-dessus des États-Unis, du Brésil et même de la Russie du point de vue des inégalités. (Seule l'Afrique du Sud fait pire.) La pandémie de COVID-19 et la crise économique qui l’accompagne frappent particulièrement durement les pays les plus inégalitaires du monde (l’Inde, les États-Unis, le Brésil, ou encore la Russie). Elles révèlent et amplifient les faiblesses d’un pays : l’insuffisance des services de santé, les inégalités femmes / hommes, la taille de l’économie informelle, la pauvreté… Crabtree a écrit son livre en 2018, avant la crise actuelle, mais il permet de mieux comprendre la catastrophe indienne en 2020. Pour un avenir “plus démocratique et plus libéral”, l’Inde doit “mener à bien sa transition”, trouver “une ère progressiste qui lui est propre” et laisser derrière elle “le péril des inégalités et du capitalisme de copinage”. This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
24 Nov 2020 | Commerce de détail et différences culturelles | 00:48:10 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré au commerce de détail et aux différences culturelles. Nicolas et moi nous demandons pourquoi, dans une économie mondialisée, le commerce de détail diffère à ce point d’un pays à l’autre Certes, il existe des enseignes de grande distribution qui sont présentes dans plusieurs pays. Pourtant, malgré la mondialisation, le retail reste un univers très fragmenté, tant il reflète les différences culturelles d’un pays à un autre. La plupart des géants de la grande distribution restent des acteurs (essentiellement) locaux. Ceux qui ont tenté de conquérir un marché étranger se sont souvent cassé les dents devant les difficultés. Pour se lancer dans un nouveau pays, il faut partir de zéro : les chaînes d’approvisionnement doivent être construites localement ; et les consommateurs n’ont pas les mêmes habitudes de consommation et aspirations. Face à des marchés occidentaux de plus en plus saturés et aux exigences toujours plus pressantes de consommateurs rendus plus exigeants depuis la révolution numérique, certains acteurs regardent avec envie du côté des marchés émergents. Mais dans le retail, la mondialisation est particulièrement difficile pour les grandes entreprises. Par exemple, les fabuleuses opportunités qui accompagnent la montée en puissance des classes moyennes chinoises et indiennes ne sont pas facilement accessibles aux géants occidentaux. Même à l’intérieur de l’Europe, les différences culturelles sont si importantes qu’elles rendent titanesque le défi de l’internationalisation. Nicolas et moi discutons du sujet de la fragmentation du retail autour de deux exemples : celui de Walmart aux États-Unis et d’Aldi en Allemagne. À travers le récit de l’histoire de Walmart et de l’histoire de son échec en Allemagne, on comprend pourquoi la grande distribution est liée à la géographie, à l’histoire et à la culture. Quant à l’histoire d’Aldi, elle dit beaucoup de choses sur la culture allemande. La réussite d’Aldi en Grande-Bretagne, en France ou même aux États-Unis est le fruit d’une bonne compréhension de la fragmentation, et de la stratification des marchés. Cela fait d’Aldi l’une des rares enseignes à avoir une empreinte internationale forte. De quelle manière la crise actuelle accélère-t-elle cette fragmentation ? En matière de retail, quels sont les gagnants et les perdants de cette crise ? Quels sont les liens entre Walmart et Amazon ? Nicolas et moi tentons de répondre à ces questions, ainsi qu’à beaucoup d’autres encore. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
23 Nov 2020 | L'apparition (libératrice) des cheveux gris | 00:05:06 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Je ne suis pas seule à ressentir cela : cette année nous a fait vieillir de plusieurs années d’un coup. Cela a été comme un coup d’accélérateur du vieillissement : un peu comme les photos avant / après de la présidence de Barack Obama, mais en seulement huit mois. C’est aussi pour cela que notre perception du temps est si distordue. Il y a un avant et un après, et un présent qui s’étire. La canitie (un joli mot latin pour désigner le blanchiment des cheveux) en est l’un des symptômes les plus visibles. Non seulement, nous avons gagné en cheveux blancs, mais en plus, ils sont plus apparents que jamais. Pendant chaque confinement cette année, les salons de coiffure ont fermé. En conséquence, de nombreuses femmes habituées à se teindre les cheveux ont laissé tomber : elles assument désormais leurs cheveux blancs. Assumer ses cheveux blancs, c’est un mouvement qui n’est pas nouveau. En France, la journaliste Sophie Fontanel en avait fait, en 2017, le sujet d’un livre remarqué, Une Apparition : “Et enfin, à cinquante-trois ans, j’ai entrepris d’apparaître.” Un soir d’été, elle a décidé d’arrêter de se teindre les cheveux et de regarder pousser ses cheveux blancs. Puis elle en a fait une sorte de journal romancé et manifeste d’affirmation de la beauté de l’âge. Pour elle, la société n’attendait qu’un petit signal pour découvrir la puissance et la beauté des cheveux blancs.Depuis plusieurs années, des stars, des journalistes et des autrices remarquables en ont fait un sujet de revendication. Assumer ses cheveux blancs, c’est politique. C’est affirmer la puissance de l’âge. C’est aussi rejeter l’invisibilisation des femmes à partir d’un certain âge, et cette idée que l’âge ne sied qu’aux hommes. Évidemment, c’est politique aussi parce que le pouvoir est davantage entre les mains des hommes aux tempes grisonnantes que des femmes aux cheveux gris. Comme chez les gorilles, les cheveux gris confèrent du pouvoir aux “dos argentés” mâles alors qu’ils ont tendance à mettre les femelles socialement au rebut. Pire, les cheveux blancs chez les femmes peuvent même faire peur : ils convoquent la figure ancestrale de la sorcière, dont la puissance est profondément subversive. Sorcières de Mona Chollet, l’un des essais les plus vendus de l’année 2019, a rendu ce sujet mainstream. (Les cheveux blancs restent encore tabou aux yeux de certains hommes aussi : Donald Trump se teint les cheveux, par exemple, et nombre d’hommes dans son entourage, un peu comme à la Cour, se sentent obligés de faire de même.) Mais jusqu’à cette année, assumer ses cheveux blancs, cela comportait encore une certaine radicalité. C’était un acte militant. Pour beaucoup de femmes qui ne sont ni stars, ni puissantes, ni particulièrement militantes, teindre ses cheveux, c’était l’option par défaut dans un monde qui reste âgiste et sexiste. Teindre ses cheveux, c’était se donner plus de chances d’obtenir ou de garder un emploi, de ne pas faire de vagues, et de rester un objet de désir. L’année 2020 marque donc un tournant. Ce qui était un acte militant est en passe de devenir quelque chose de parfaitement normal. De nombreuses femmes, dont je suis, n’ont pas arrêté de se teindre les cheveux par acte de militantisme, mais simplement par flemme ou manque d’accès à un salon de coiffure. Après plusieurs mois, elles s’habituent aux cheveux gris, et se disent : “Est-ce que cela vaut la peine de me mettre des produits chimiques sur la tête et de salir ma salle de bain, ou de dépenser plus de 100 euros dans un salon pour une teinture ?” Alors que les crises sanitaire et économique font des ravages, la teinte des cheveux semble quelque peu futile. Et puis, comme Sophie Fontanel, Mona Chollet, ou Anne Kreamer avant elles, certaines se (re)découvrent au naturel et finissent par embrasser le mouvement “Going Gray”. Aux États-Unis comme en Europe, on ne compte plus les comptes Instagram (comme @grombre) qui ont gagné des dizaines de milliers de followers cette année. Le “Going Gray” devient un phénomène de société massif, comme le déclin du maquillage (Le Parisien se demandait cet été, “Le confinement a-t-il tué le maquillage ?”) et le désamour vis-à-vis des soutiens-gorge à armature. À cet égard, la tumultueuse année 2020 semble marquer une certaine libération des corps. Alors que la récession frappe durement les femmes (“Shecession”), que les médias donnent peu la parole aux femmes expertes, que l’homophobie fait encore des ravages, il y a donc aussi quelques tendances plus positives qui signalent un changement de société. Demain, les femmes grisonnantes représenteront la catégorie démographique dominante dans notre société. Pour vivre heureuses, elles n’auront plus besoin de se cacher. Quelques contenus Nouveau Départ sur des sujets liés : * 🎥 007 : crise du cinéma et changement de société (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. * Les villes aussi devraient être féministes (conversation avec Leslie Kern)—accessible à tous. * "The New Long Life", de Andrew J. Scott et Lynda Gratton (Note de lecture)—réservé à nos abonnés. * La banalité domestique : notre salut ? (Édito)—accessible à tous. * Normes vestimentaires et émancipation (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. * Femmes de 50 ans : invisibles dans les médias ? (conversation avec Sophie Dancourt)—accessible à tous. * La fabrique de la ménopause (Note de lecture)—réservé à nos abonnés. * La récession et les femmes (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🏬 Commerce de détail et différences culturelles Mardi 24 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur combien le commerce de détail diffère d’un pays à l’autre. Certaines enseignes de grande distribution sont présentes dans plusieurs pays. Pourtant, malgré la mondialisation, le commerce de détail reste un univers très fragmenté, tant il reflète les différences culturelles d’un pays à un autre. Nicolas et moi discutons ce sujet autour de deux exemples : Walmart (États-Unis) et Aldi (Allemagne). 👩🏼💻 Une école de code féministe Mercredi 25 novembre | Interview de Chloé Hermary, fondatrice d’Ada Tech School. Il y a aujourd’hui trop peu de femmes qui codent. Pourtant, l’histoire de l’informatique compte des figures féminines essentielles, dont Ada Lovelace (la fille de Lord Byron, le grand poète anglais) dont on dit qu’elle est à l’origine du premier programme informatique. Quand elle a créé son école de code féministe, Chloé Hermary a choisi de rendre hommage à Ada et toutes ces femmes oubliées. Chloé nous parle de son parcours, de féminisme, de son école et de ses projets. ✊ Après la pandémie, la mobilisation des patients ? Jeudi 26 novembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la mobilisation des patients et son impact potentiel sur le système de santé. Les patients connectés entre eux grâce à Internet sont un moteur puissant de transformation du système de santé. À cet égard, la pandémie de Covid-19 fait écho à ce qui s’est produit dans les années 1980 et 1990 avec l’épidémie de sida. Les “long haulers”, ces patients qui souffrent pendant des mois de fatigue chronique ou ont des séquelles neurologiques, s’organisent entre eux et font avancer les soins et la prise de conscience. 🤔 Pourquoi la France résiste tant au télétravail Au printemps dernier, il nous a semblé que la France entière se convertissait au télétravail. Depuis le début de ce nouveau confinement, en revanche, beaucoup de travailleurs français continuent de se rendre au bureau. Comment l’expliquer ? En quoi sommes-nous différents des autres pays ? Notre résistance face au télétravail est-elle un handicap ? 👉 Écoutez 🎧 Pourquoi la France résiste tant au télétravail (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🇮🇳 L’Inde contemporaine au prisme de ses milliardaires Nicolas a rencontré James, ancien correspondant du Financial Times à Mumbai, l’année dernière à Singapour, où il vit avec sa famille. Plus récemment, il a proposé à James que nous l’interviewions sur le livre qu’il a publié en 2018 sur l’Inde contemporaine et ses milliardaires. Nous avons en ligne un extrait de cette conversation – et la version intégrale est accessible pour nos abonnés. 👉 Lisez L’Inde contemporaine au prisme de ses milliardaires (conversation avec James Crabtree)—accessible à tous. [Version intégrale pour nos abonnés.] 🤷♂️ La gauche et la droite : que signifient-elles aujourd'hui ? Depuis qu’Emmanuel Macron a imposé le balancement du fameux “en même temps”, plus personne ne s’y retrouve sur l’échiquier politique : que signifie être de gauche ou de droite aujourd’hui ? Laetitia et moi revenons aux origines de la pensée politique pour remettre ce vieux clivage en perspective, avec des détails sur la situation aux États-Unis et en Europe. 👉 Écoutez 🎧 La gauche et la droite : que signifient-elles aujourd’hui ? (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
24 Nov 2020 | 👩🏼💻 Une école de code féministe | 00:58:35 | |
Bonjour à tous ! Chaque mercredi, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 👆🎧 et/ou écrit, accessible à tous et complété par une mise en perspective ci-dessous. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Chloé Hermary : apprendre à coder de façon féministe * La désagrégation du système scolaire * Féminisme : la nouvelle génération * Apprendre à vivre avec l’incertitude Chloé Hermary fait partie de mes belles rencontres de l’année 2020. Nous ne nous sommes vues que sur Zoom, mais je ressens néanmoins une proximité avec elle, sa personne, son projet et ses valeurs. Il y a un peu plus d’un an, elle a créé Ada Tech School, une “école de code féministe”, dont le manifeste est explicite : Aujourd’hui, en France, seulement 10% des élèves des formations Tech et informatiques sont des femmes : les stéréotypes genrés et culturels autour du code sont encore lourds. Ada Tech School est une école de programmation pensée pour les femmes, mais ouverte à toutes et à tous. Nous avons pour mission de créer l’espace et l’environnement propices à l’orientation de nouveaux talents vers les métiers du code, et particulièrement des jeunes femmes. Notre pédagogie favorise la collaboration, l’émancipation et la confiance en ses capacités à faire. Nous sommes en faveur d’une technologie créative, plus humaine et plus féminine. C’est pendant ses études que Chloé s’est passionnée pour la pédagogie (notamment celle de Montessori). Elle décide après ses études d’en faire son projet entrepreneurial et de combiner les pédagogies alternatives et le féminisme. Sans être spécialiste d’informatique, elle a vite compris que, puisque c’est avec le code que se construit le monde de demain, il faudrait que son apprentissage soit plus féministe et inclusif : Nous sommes face à un grave problème. A la sortie du lycée, c’est catastrophique, elles sont une très grande minorité présentes dans les filières Tech, avec 10% des effectifs. En reconversion, elles sont un peu plus nombreuses. Mais encore faut-il qu’elles fassent leur formation jusqu’au bout. Beaucoup décrochent en cours ou une fois en poste. Dans un milieu très majoritairement masculin, les femmes n’ont pas toujours les codes et ne se sentent pas à l’aise. Elles sont même victimes de harcèlement. (Entretien à Chut) Avec Chloé, nous parlons de féminisme, de son parcours, de l’histoire (féminine) de l’informatique, de l’école qu’elle a créée et aussi d’Ada Lovelace. Et puis, comme nous sommes passées toutes deux par l’école HEC (à quinze ans d’intervalle), nous comparons nos expériences de sexisme à HEC. Hélas, pas grand-chose n’a changé. (Mediapart a récemment publié une enquête sur le sujet, intitulée “Humiliations sexuelles, homophobie, sexisme: voyage au sein des grandes écoles de commerce françaises”). Mais cette expérience-là l’a sans doute aidée à forger son école féministe… Écoutez le podcast ci-dessus 🎧👆, partagez-le et faites-nous savoir votre avis ! Il se peut que la crise et la transition provoquent une désagrégation du système scolaire pour mieux l’ouvrir à l’innovation. Autrement dit, ces quatre éléments constitutifs du système scolaire pourraient être séparés. Avec Nicolas, nous avons discuté dans ce podcast l’avenir de chacune des missions actuelles du système scolaire… et imaginé comment ces missions pourraient être re-combinées différemment. En voulant à tout prix que cette période de pandémie ne soit qu’un événement “exceptionnel” qui ne remet pas en question le système dans sa globalité, on passe à côté de la transition numérique de l’éducation nationale. Valoriser les expérimentations et les initiatives sur le terrain, investir dans des équipements à la hauteur, créer une école en ligne de haut niveau qui pourrait bénéficier à des enfants qui font l’école à la maison n’importe où en France (une “Khan Academy” à la française qui serait mieux que le CNED !), et concevoir l’école “normale” comme une expérience hybride (en ligne et sur place) … voilà quelques-unes des idées qui auraient pu être creusées pendant cette période. 👉 La désagrégation du système scolaire 🏫 (conversation entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Rebecca Amsellem est entrepreneuse et féministe. Avec sa newsletter Les Glorieuses, elle a mis ses qualités entrepreneuriales au service du féminisme. On lui doit le mouvement associé au hashtag #5novembre16h47, né en 2016 pour sensibiliser les Français aux inégalités salariales. Elle en a eu l’idée après avoir observé la “grève” des femmes islandaises de 2016, qui sont massivement descendues dans les rues pour protester contre les inégalités salariales. Dans ce podcast, Rebecca parle de son parcours, de la création des Glorieuses, des inégalités de revenus entre hommes et femmes, et ce qu’on pourrait faire pour y remédier. Nous parlons aussi des inégalités de patrimoine. À ce propos, elle nous recommande le livre Le genre du capital de Céline Bessière et Sibylle Gollac, où l’on peut lire : Il faut regarder ce qui se passe dans les familles, qui accumulent et transmettent le capital économique afin de consolider leur position sociale d’une génération à la suivante. Conjointes et conjoints, frères et soeurs, pères et mères n’occupent pas les mêmes positions dans les stratégies familiales de reproduction, et n’en tirent pas les mêmes bénéfices. 👉 Féminisme : la nouvelle génération 💪 (conversation avec Rebecca Amsellem)—accessible à tous. Le concept d’incertitude est sur toutes les lèvres. Il passionne les stratèges comme les éducateurs. Il s’applique dans différents domaines : la gastronomie, l’entreprise, la finance, l’éducation et la société en général. Et il nous incite à repenser nos manières de faire héritées de l’économie de masse du siècle dernier et basées sur les processus fiables, prévisibles et réplicables. Récemment, j’ai découvert les travaux d’un professeur en stratégie du nom de Vaughn Tan, qui vient de publier un livre fascinant, The Uncertainty Mindset. Dans son livre, Vaughn Tan explique les leçons à tirer de l’innovation dans les cuisines des grands chefs. Aujourd’hui, il faut innover pour survivre. Or l’innovation, c’est l’incertitude permanente. C’est donc un “esprit d’incertitude” dont on a besoin : L’innovation est par nature vraiment incertaine. Avec le travail d’innovation, vous ne savez pas ce que vous cherchez jusqu’à ce que vous le trouviez ou le créiez. L’incertitude, c’est inévitable quand vous cherchez à faire quelque chose qui n’a jamais été fait ou imaginé auparavant. (…) Un management efficace de l’innovation implique la formation de personnes et d’équipes désireuses et capables d’arrêter de faire ce qu’elles font bien pour chercher à développer autre chose. (The Uncertainty Mindset) 👉 Apprendre à vivre avec l’incertitude 😵 (conversation entre Nicolas et moi)— accessible à tous. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
03 Dec 2020 | La vie périurbaine | 00:43:54 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à la sociologie urbaine et périurbaine. En quoi la vie périurbaine de ces zones résidentielles, pavillonnaires est-elle différente en Europe et aux États-Unis ? Et de quelle manière est-elle en train de changer ? Laetitia et moi venons tout juste de nous installer en périphérie de Munich, dans une petite commune appelée Ottobrunn, qu’on pourrait qualifier de “zone pavillonnaire” bavaroise. Il y a encore un an, nous n’aurions jamais imaginé ne plus habiter dans le centre d’une grande ville (notre projet était d’habiter le centre de Munich dans un appartement). Mais le confinement, et la prise de conscience de l’importance de notre vie casanière (nous travaillons tous deux à la maison), nous a fait réaliser que nous préférions une maison, un jardin, plus d’espace, et la proximité de la nature et des montagnes plutôt qu’un appartement en centre-ville.Nous sommes nombreux à faire cet arbitrage : renoncer à la centralité urbaine en échange d’un embourgeoisement. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cet arbitrage ? Et pourquoi cette opposition est-elle si riche de symboles politiques et culturels ?Tout d’abord, il faut préciser les grandes différences entre le contexte américain et européen. L’étalement urbain de l’après-guerre, le développement de ces zones pavillonnaires uniformes pensées pour les classes moyennes blanches, reposent dans le contexte américain sur la civilisation de l’automobile. Les classes moyennes y aspiraient à s’éloigner des centre-villes (les ghettos pauvres) pour accéder à la propriété dans une zone périurbaine. En Europe, en revanche, une densité plus grande et une histoire plus ancienne ont fait que l’automobile a joué un rôle plus secondaire dans la géographie urbaine. Les voies ferroviaires quadrillaient déjà le territoire et avaient déjà façonné les villes et leurs périphéries avant l’arrivée de l’automobile. Et puis, en Europe, les classes moyennes aspirent culturellement davantage à s’approcher des centres qu’à s’en éloigner. L’histoire de Suburbia a aussi façonné la culture américaine. Laetitia évoque plusieurs oeuvres littéraires qui ont marqué l’histoire du féminisme et qui sont liées aux suburbs : The Feminine Mystique (La Femme mystifiée), un essai féministe de Betty Friedan, et The Stepford Wives (Les femmes de Stepford), un roman dystopique de Ira Levin. Ces deux oeuvres illustrent à quel point l’imaginaire autour de Suburbia est chargé en Amérique. De nombreux films et séries sont consacrés à la dénonciation de la culture de la conformité, du racisme et de l’anti-féminisme associée à la vie des suburbs. Les habitants de ces banlieues-là sont conservateurs et n’aiment pas les gens différents. À l’inverse, comme l’écrit Leslie Kern dans Feminist City à propos des grandes villes, la possibilité d’y vivre de manière plus “féministe” y est plus grande : “Par rapport à la banlieue, ce type de densité urbaine offre beaucoup plus de possibilités de gérer les responsabilités parentales, scolaires et domestiques. (...) Le diagnostic de Betty Friedan en 1963 sur le "problème qui n'a pas de nom" comportait un réquisitoire cinglant contre la vie en banlieue (...) Le mode de vie en banlieue supposait et nécessitait, pour fonctionner correctement, une famille nucléaire hétérosexuelle avec un adulte travaillant à l'extérieur du foyer et un autre à l'intérieur.” En quoi tout cela est-il différent en Europe ? Et la pandémie contribue-t-elle à transformer la vie périurbaine ? C’est ce que nous discutons avec Laetitia dans cet épisode. * Notre note de lecture sur Feminist City de Leslie Kern * Notre interview de Leslie Kern dans son intégralité : Les villes aussi devraient être féministes * Un épisode “À deux voix” intitulé Les villes après la pandémie * Un Édito de Laetitia intitulé : La banalité domestique : notre salut ? * Un épisode “À deux voix” consacré à La géographie électorale américaine * Un épisode “À deux voix” sur l’arbitrage des foyers entre “louer et acheter” dans l’immobilier * Notre interview de Robin Rivaton : COVID-19 et urbanisation : continuerons-nous d'habiter dans les villes ? * Notre interview de Pascal Chazal : Construire plus, mieux et moins cher * Un épisode “À deux voix” sur La gauche et la droite Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 Nov 2020 | La France plus homophobe ? | 00:06:43 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Aux États-Unis, l’homophobie n’a cessé de reculer depuis une vingtaine d’années. On s’en souvient à peine, mais en 2004, l’un des thèmes de campagne de George W. Bush face au démocrate John Kerry était l’idée d’inscrire dans la Constitution l’interdiction de fait du mariage pour tous. Cette thématique de campagne avait contribué à mobiliser un électorat conservateur encore ouvertement homophobe. Mais en quelques années, les choses ont changé du tout au tout. Ce fameux amendement n’a jamais été rédigé. De nombreux États ont adopté des règles permettant le mariage pour tous. En 2015, la Cour suprême a jugé que, pour des personnes de même sexe, se marier était un droit dans tous les États-Unis. Plusieurs personnalités politiques, comme les sénatrices Tammy Baldwin et Kyrsten Sinema ou le gouverneur du Colorado Jared Polis, ont remporté des victoires électorales après s’être ouvertes de leur homosexualité. Et en 2016, l’entrepreneur et investisseur Peter Thiel, par ailleurs proche de Donald Trump, a été la première personnalité de l’histoire à se présenter comme gay à la tribune d’une convention du Parti républicain. La France, en revanche, semble prendre du retard. On trouve bien quelques personnalités du monde des médias (Laurent Ruquier), du sport (Amélie Mauresmo) ou de la politique (Bertrand Delanoë) qui ont fait leur coming out. Mais ceux-là refusent d’être considérés comme des symboles ou des activistes, insistant sur cette vision bien française de la séparation stricte entre la vie publique et la vie privée. Plus nombreux encore sont les cas de personnalités dont l’homosexualité est de notoriété publique et bien vécue par les intéressés eux-mêmes, mais reste passée sous silence dans les médias. Richard Descoings, le directeur de Sciences Po tragiquement disparu en 2011 (auquel j’avais consacré un hommage en 2015), était de ceux-là. Tout le monde à Sciences Po, étudiants compris, savait qu’il se disait lui-même gay, en toute décontraction. Mais il a fallu attendre longtemps (en l’occurrence la parution du livre Richie de Raphaëlle Bacqué) avant que les médias en fassent état – alors qu’il était un personnage public partageant lui-même tout cela en public ! Les mêmes pudeurs bien françaises sont visibles dans le monde du travail. Selon une étude réalisée par le Boston Consulting Group en partenariat avec Têtu, commentée par Laetitia ici, En octobre 2020, une étude BCG / Têtu sur l’inclusion des LGBTQ+ en entreprise a fait grand bruit en mettant en avant une « inquiétante régression » en la matière depuis 2018. « Seul·e·s 43% des LGBTQ+ sont out au travail, soit 11 points de moins qu’en 2018 ». Dans la 5ème édition de son baromètre sur les perceptions et attentes des LGBTQ+ en entreprise, on souligne que c’est la première fois depuis 2014, qu’il y a une dégradation du sentiment d’inclusion. Comment expliquer ce retard français – et, surtout, le fait qu’il s’aggrave pendant la pandémie, contribuant probablement à la multiplication des suicides chez les personnes LGBT, encore plus que dans le reste de la population ? Il y a plusieurs raisons qui se combinent les unes aux autres. * Le fait que le mariage pour tous ait été mis en place par la gauche a compliqué la formation d’un consensus national autour de ces questions. La France tranche avec d’autres pays, comme le Royaume-Uni, où ce sont des dirigeants politiques de droite qui ont fait progresser les choses. * La Manif pour tous a créé un espace médiatique qui lui a survécu, aujourd’hui occupé par des personnalités comme Éric Zemmour, qui continue d’entretenir un sentiment homophobe dans certaines parties de la société française. * La France est un pays si centralisé et si stratifié qu’il est possible pour les membres de l’élite de vivre tranquillement leur homosexualité à Paris, sans qu’ils jugent nécessaires d’envoyer un signal au reste du pays en faisant leur coming out. * Enfin, la France est un pays où le non-dit fait partie de la communication. Comme Laetitia l’expliquait il y a quelques mois, dans notre culture, “le contexte joue un rôle important. Les messages sont plus implicites et les individus doivent lire entre les lignes (comprendre le message grâce au contexte ou au langage corporel)”. Le résultat, c’est que la dénonciation à voix haute de l’homophobie rampante par des personnalités comme Alice Coffin, qui a récemment publié Le Génie lesbien, est vite qualifiée de “communautarisme” : La France s’arc-boute sur cette expression vide de sens, “communautarisme”, et sur un roman national mal digéré. La société française conditionne les personnes publiques à ne pas se revendiquer d’un groupe particulier, à se fondre dans un moule général qui serait celui de la citoyenneté. La situation est dangereuse car la bienveillance vis-à-vis des personnes LGBT ne peut pas être tenue pour acquise. Dans un article récent, l’hebdomadaire The Economist décrit l’intolérance dont fait l’objet l’homosexualité tout près de chez nous, dans les pays d’Europe de l’Est. Dans sa série vidéo Empire of Dirt, la journaliste de Vice UK Zing Tsjeng rappelle que l’interdiction des relations homosexuelles est encore en vigueur, parfois sous peine d’emprisonnement voire de mort, dans de nombreux pays d’Asie et d’Afrique – un héritage délétère de la colonisation par la Grande-Bretagne. Surtout, aux États-Unis mêmes, plusieurs juges à la Cour suprême ont récemment signalé qu’ils n’attendaient qu’une occasion pour remettre en question l’acquis que semblait pourtant être devenu le mariage pour tous dans tout le pays. Dans ce contexte délétère, la France va-t-elle enfin affronter son problème avec cette formule creuse de “communautarisme” et reconnaître qu’elle lui fait prendre du retard dans la lutte contre l’homophobie ? Il y a quelques semaines, j’ai interviewé Albin Serviant, repreneur et dirigeant du magazine et de la marque Têtu 👉 Écoutez notre conversation 🎧 Relancer une marque puissante : Têtu—accessible à tous. La semaine dernière, l’une de nos conversations “À deux voix” était consacrée au souvenir de la mobilisation des malades du sida dans les années 1980 et 1990 👉 Écoutez 🎧 Après la pandémie, la mobilisation des patients ?—réservé aux abonnés. ✋ L’ambivalence du protectionnisme Mardi 1er décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la montée du protectionnisme et son ambivalence. Pourquoi les crises sanitaire et économique ont-elles ravivé les discours protectionnistes ? Est-ce seulement un phénomène conjoncturel ou bien le protectionnisme est-il notre nouvel horizon ? Laetitia et moi en discutons en revenant sur l’histoire du protectionnisme et ses inflexions récentes. 🌐 L’état du monde : regard sur trois continents Mercredi 2 décembre | Interview de Bruno Maçães, ancien ministre portugais et auteur de plusieurs livres sur la Chine, l’Asie et les États-Unis. Dans une interview réalisée par Laetitia pour Building Bridges, il livre sa vision d’un monde en profonde transformation, où la pandémie accélère un rapprochement entre l’Europe et l’Asie tandis que les États-Unis s’échappent dans une réalité virtuelle. 🙃 La vie périurbaine Jeudi 3 décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la sociologie urbaine et périurbaine. En quoi la vie périurbaine de ces zones résidentielles, pavillonnaires est-elle différente en Europe et aux États-Unis ? Et de quelle manière est-elle en train de changer ? Laetitia et moi revenons sur notre migration récente du centre vers la périphérie et sur le contexte historique des transformations à l’oeuvre. ⚠️ Attention, cette semaine nous modifions un peu notre grille ! La transcription intégrale de l’interview de Bruno sera envoyée mercredi à nos seuls abonnés, accompagnée d’une note de lecture de son dernier ouvrage History Has Begun. Ensuite, quelques extraits de cette interview seront envoyés à tous lundi prochain, en plus de l’Édito de la semaine. Nous passons donc à un seul mail hebdomadaire (le lundi) pour les inscrits à notre liste de diffusion ! Si vous voulez ne rien manquer des contenus à venir cette semaine, il est temps de vous abonner à Nouveau Départ 😘 🏬 Commerce de détail et différences culturelles Le commerce de détail diffère radicalement d’un pays à l’autre. Certaines enseignes de grande distribution sont présentes dans plusieurs pays. Pourtant, malgré la mondialisation, la grande distribution reste un univers très fragmenté, tant il reflète les différences culturelles entre pays. Laetitia et moi discutons ce sujet autour de deux exemples : Walmart (États-Unis) et Aldi (Allemagne). 👉 Écoutez 🎧 Commerce de détail et différences culturelles (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 👩🏼💻 Une école de code féministe Il y a aujourd’hui trop peu de femmes qui codent. Pourtant, l’histoire de l’informatique compte des figures féminines essentielles, dont Ada Lovelace (la fille de Lord Byron, le grand poète anglais) dont on dit qu’elle est à l’origine du premier programme informatique. Quand elle a créé son école de code féministe, Chloé Hermary a choisi de rendre hommage à Ada et toutes ces femmes oubliées. Chloé nous parle de son parcours, de féminisme, de son école et de ses projets. 👉 Écoutez 🎧 Une école de code féministe (conversation avec Chloé Hermary)—accessible à tous. ✊ Après la pandémie, la mobilisation des patients ? Les patients connectés entre eux grâce à Internet sont un moteur puissant de transformation du système de santé. À cet égard, la pandémie de Covid-19 fait écho à ce qui s’est produit dans les années 1980 et 1990 avec l’épidémie de sida. Les “long haulers”, ces patients touchés par le coronavirus qui souffrent pendant des mois de fatigue chronique ou ont des séquelles neurologiques, s’organisent entre eux et font avancer les soins et la prise de conscience. 👉 Écoutez 🎧 Après la pandémie, la mobilisation des patients ? (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. 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10 Dec 2020 | Parler plusieurs langues : toujours utile ? | 00:53:50 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à nos réflexions sur l’apprentissage des langues étrangères dans une période de transition et d’incertitude. Est-ce encore utile d’apprendre des langues étrangères à l’âge des logiciels de traduction automatique ? On pense à tort que le monolinguisme est la norme. En réalité, plus de 50% des individus de la planète jonglent avec au moins deux langues (des immigrés, des enfants d’immigrés, des habitants de communautés où l’on parle plusieurs langues, des citoyens de pays multilingues, etc.). Et si c’était le monolinguisme caractéristique des “dominants” qui était une aberration, et non le multilinguisme ? Laetitia et moi croyons beaucoup à l’importance de l’état d’esprit de l’immigré dans un monde où l’incertitude est omniprésente. Apprendre des langues étrangères, c’est une manière de s’approprier cet état d’esprit. Au-delà de la langue elle-même, que l’on ne maîtrisera peut-être pas aussi bien que Google, cet apprentissage est un parcours d’humilité et d’empathie. On apprend à se mettre dans la peau des autres. Et quand on parle une langue étrangère, on doit s’habituer à être perçu comme incarnant l’altérité. C’est dans état d’esprit que nous avons résidé cinq ans à Londres, puis que nous avons choisi de nous installer en Allemagne cette année. Alors que notre fils fait cette semaine ses premiers pas dans une école allemande, en immersion totale dans une langue qu’il ne parle pas encore, nous nous interrogeons sur ce que représente l’apprentissage d’une troisième langue pour un enfant déjà bilingue. Le multilinguisme présente de nombreux avantages sur le plan cognitif : meilleure attention sélective, concentration, planification et capacité à résoudre des problèmes complexes. En pratiquant deux langues à la fois (voire trois !), les enfants améliorent leur flexibilité mentale. En alternant les codes linguistiques (code switching), ils pratiquent une gymnastique permanente et “sculptent” leur cerveau de manière différente. Et ce qui est vrai pour les enfants l’est aussi pour les adultes ! Des travaux de recherche récents ont montré que les adultes qui pratiquent plusieurs langues au quotidien réduisent significativement le risque de démence. Le bilinguisme freinerait Alzheimer. Le cerveau adulte, surprenant dans sa plasticité, a donc beaucoup à y gagner. Il n’est jamais trop tard pour se mettre à apprendre une langue ! Enfin, l’apprentissage des langues est également essentiel dans un contexte d’incertitude parce qu’il aide à développer une forte tolérance à l’ambiguïté (on ne peut pas connaître tous les mots et certains mots peuvent vouloir dire plusieurs choses selon le contexte). Or quelqu’un qui tolère l’ambiguïté trouve les situations inhabituelles plus excitantes qu’effrayantes, sera plus porté sur l’innovation et aura un plus d’esprit d’entreprendre. Faites-nous vos retours sur ce sujet ! Pour vous, quelles sont les raisons d’apprendre des langues ? Comment vous y êtes-vous pris ? * Apprendre à vivre avec l’incertitude (conversation “À deux voix”) * La grande fragmentation : comment s'y préparer ? (conversation “À deux voix”) * Immigration : changer de perspective (conversation “À deux voix”) Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
07 Dec 2020 | 📚 L'avenir des librairies. Regard sur trois continents avec Bruno Maçães. | 00:05:29 | |
Bonjour à tous ! Désormais, chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, une interview avec un invité passionnant (francophone ou non) et quelques informations pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. L’année 2020 aura aussi été l’année des grands débats sur l’avenir des librairies. Les confinements et la fermeture forcée des librairies dont ils se sont accompagnés, mais aussi la montée fulgurante du commerce en ligne et du poids d’Amazon, font craindre le pire pour l’avenir des librairies à Paris, et partout en France. Pour certains, qualifier les librairies de “commerces non essentiels”, c’est une attaque de plus contre la culture alors même que nous avons tant besoin des nourritures de l’esprit que nous apportent les livres. Pour d’autres, les débats sur les librairies masquent une méconnaissance des tendances de fond de la société et du commerce. Amazon vend certes beaucoup de livres, mais ce sont surtout les grandes surfaces “qui font mal aux librairies” depuis des années. Par ailleurs, quand vous n’habitez pas dans une grande ville, il est probable que vous n’avez pas vraiment accès à une librairie, avec ou sans pandémie. “La fermeture des librairies est-elle un problème de bourges ?” s’interrogeait Slate il y quelques jours, en soulignant aussi que “le Ve arrondissement parisien en concentre plus de cent à lui seul, les Hautes Alpes en comptent neuf au total. Il faut vivre dans un certain contexte pour avoir le réflexe librairie.” Les librairies, comme une grande partie des commerces urbains de proximité, ont beaucoup souffert cette année. Mais la crise actuelle ne fait qu’amplifier une tendance qui lui préexistait. Le paysage des librairies et commerces de quartier se transforme depuis des années sous l’effet de trois phénomènes : la transition numérique, les transformations des attentes culturelles des consommateurs, et la montée des prix de l’immobilier dans les centres des villes les plus denses comme Paris. À bien des égards, l’histoire de Gibert Jeune est emblématique de ces phénomènes. Dans cette librairie historique du quartier latin, fondée à la fin du XIXe siècle, des générations d’étudiants (dont j’ai fait partie) ont acheté leurs manuels et sont allés flâner pour le plaisir. On vient tout récemment d’annoncer que la librairie devrait être placée en cessation d’activités le 31 mars 2021. Comme d’autres magasins du quartier, Gibert n’aura pas survécu à la pandémie. La fin probable de cette icône du quartier latin a même fait l’objet d’un article d’analyse du Financial Times. Pour la journaliste du FT, “Le Covid a laissé de profondes cicatrices dans le paysage urbain. J’ai récemment compté 12 façades de magasins vides le long du boulevard St Michel, sur le tronçon de moins d’un kilomètre qui va de la fontaine aux jardins du Luxembourg.” Mais les problèmes de ces commerces ne sont pas seulement liés au virus (bien que la disparition des touristes et des étudiants soit effectivement désastreuse pour eux). En fait, Gibert Jeune était en difficulté depuis des années déjà, incapable de se positionner dans un monde en transition : trop lent et mauvais sur le numérique, mais aussi trop “moyen” et “mainstream” pour offrir aux clients le cachet artisanal et authentique d’une librairie singulière. Dans ces conditions, l’augmentation des prix de l’immobilier avait déjà condamné Gibert Jeune. Depuis plusieurs années, il se passe ainsi à Paris ce qui s’est passé à New York ou à Madrid : à mesure que grimpent les loyers des magasins et des bureaux, les commerces singuliers sont progressivement remplacés par des Starbucks, Zara et H&M. Et la vitalité du commerce de détail et la diversité du tissu social laissent la place à la “ville franchisée”. Certaines municipalités, dont Paris, ont bien conscience de ce phénomène et choisissent donc de subventionner ces petits commerces de quartier, dont les librairies et les échoppes d’artisans. Ces politiques satisfont aussi les habitants des centres de ces grandes villes, cadres, bobos et hipsters de la “gentrification”, avides de néo-artisanat, de singularité, et d’authenticité. La pandémie pourrait accélérer encore plus la transformation du paysage du commerce urbain. D’abord, elle accélère l’adoption des achats en ligne et stimule le travail à distance, accélérant le déclin des quartiers d’affaires comme La Défense, mais aussi le déclin des commerces “moyens” – ni grandes surfaces, ni petit commerce singulier – qui ont peu d’arguments face à Amazon et aux hypermarchés. Mais dans un second temps, il n’est pas impossible qu’il y ait également d’autres effets, plus positifs, sur la diversité du tissu commercial. Si les prix de l’immobilier commercial chutent autant que le craignent certains experts, alors les loyers pourraient baisser suffisamment pour que des artisans et entrepreneurs innovants osent ouvrir de nouvelles échoppes en centre-ville et offrir une alternative singulière et authentique aux franchises. Les consommateurs fatigués de leurs écrans pourront y trouver ce qu’on ne trouve pas chez Amazon : de la sérendipité, des conseils personnalisés et une ambiance unique. La semaine dernière, nous avons mis en ligne L'état du monde : regard sur trois continents 🌐, notre interview de Bruno Maçães, un homme politique portugais, politologue et auteur, qui vient de publier History Has Begun: The Birth of a New America, après d’autres ouvrages consacrés à l’Asie. Voici, ci-dessous, un extrait de l’interview à propos de la Chine… 🇨🇳 Moi : Dans deux de tes livres récents, tu as parlé de l'aube de l'Eurasie, mais aussi des nouvelles routes de la soie. J’ai l’impression qu’en Occident, nous sommes passés très vite des interrogations sur la Chine à l'admiration, puis à la crainte. Aujourd’hui, il y a ce récit de la peur autour de la Chine. Que penses-tu de l'ambition mondiale de la Chine ? Et que réserve l'avenir à la Chine dans le monde ? Bruno—Eh bien, c'est le récit le plus marquant de la période contemporaine. Je pense que c'est un grand récit et que, d'une certaine manière, il englobe le récit de la pandémie. Il est tout à fait possible que dans 20, 30, 50 ans, le COVID-19 soit un simple chapitre du grand récit consacré à l'essor de la Chine. Et ce sera un chapitre important et intéressant parce que, après tout, la pandémie a commencé en Chine, mais est ensuite devenue assez rapidement une opportunité pour la Chine d'étendre son influence dans de nombreuses parties du monde et peut-être même de combler le fossé qui la séparait encore des États-Unis. Nous savons que cet écart sera probablement réduit de 10 % d'ici la fin de 2020. C'est donc très important. Et d'une certaine manière, nous devons penser que tout le récit de la pandémie est très étroitement lié à notre perception de la Chine. Je pense que la pandémie aurait pris un cours différent si nous avions, d'une certaine manière, pris la Chine au sérieux. Je repense souvent au mois de janvier, lorsque les autorités chinoises ont décidé de fermer cette immense métropole moderne et sophistiquée qu’est Wuhan, dont les Occidentaux ne savaient presque rien. Cela aurait vraiment dû être un signal d'alarme pour tout le monde qu'un pays aussi moderne, aussi développé que la Chine aujourd'hui décide de faire une telle chose – cela aurait dû être un message que le problème devait être pris au sérieux ! Mais je me souviens très clairement que la réaction aux États-Unis et en Europe a été, eh bien, ces choses se produisent en Chine parce que c'est un pays sous-développé, d'abord, et ensuite, parce que c'est un pays autoritaire. Par contre, si, comme nous, vous avez de bons hôpitaux et si vous avez la liberté d'expression, une épidémie de ce genre est impossible. La situation d’aujourd’hui résulte donc d’une erreur étroitement liée à une mauvaise perception de la Chine. Et il était curieux de voir sur Twitter et ailleurs que beaucoup de ceux qui, en janvier dernier, disaient que c'était une évolution très grave, étaient des gens qui connaissaient très bien la Chine, qui avaient vécu en Chine ou qui avaient des interactions avec la Chine. Par exemple, de nombreuses personnes de la Silicon Valley se sont exprimés en janvier dernier pour alerter sur le danger que représente l'épidémie de Covid-19. Et ce sont des personnes qui ont une expérience quotidienne de la concurrence avec des entreprises chinoises. Ils savent donc que cela ne s'est pas produit dans un pays lointain et sous-développé. Ils savent que que si cela s’est produit là-bas, cela aurait pu tout aussi bien se produire en Europe et aux États-Unis. Il est tout à fait possible – il est impossible d'en être sûr à ce stade – que l'impact le plus significatif de Covid soit l’accélération ou le ralentissement de la montée de la Chine – laquelle, comme je l'ai dit au début, est le récit majeur de notre temps. La Chine a changé lentement mais sûrement, changeant tout dans le monde tel que nous le connaissions. Moi : Que se passe-t-il pour la “Belt and Road” au milieu de cette pandémie ? Bruno—Cela dépend de ce que tu entends par “Belt and Road". C'est quelque chose dont j'ai déjà parlé dans mon livre, mais j’ai continué de m’y intéresser depuis lors. En Occident, on a tendance à définir ce projet comme un projet strictement lié aux infrastructures. Et si ce n’est que cela, alors ce n'est même pas un projet d'infrastructure ambitieux et flexible, mais un projet d'infrastructure très spécifique. Si on définit “Belt and Road” par les infrastructures, alors oui, la pandémie n’aide pas. Elle crée même un certain nombre de problèmes parce que les pays où ces projets sont développés sont moins capables de supporter les coûts et aussi parce que cela a posé des obstacles à la circulation de la main-d'œuvre. Les travailleurs chinois n'ont pas pu retourner sur les sites de certains de ces projets après la pandémie a eu un impact particulièrement dévastateur. D’autres raisons pourraient expliquer pourquoi “Belt and Road” pourrait être confronté à de nouvelles difficultés. En outre, le ralentissement du commerce mondial n'est évidemment pas une bonne nouvelle si l’enjeu est d’investir dans des infrastructures portuaires qui sont censées servir le commerce mondial. Mais si la définition de “Belt and Road” est un peu plus large, si elle concerne l'influence, la présence et la puissance économique de la Chine dans le monde, alors je pense que la pandémie pourrait être davantage une opportunité qu'une menace car elle créera des différentiels de croissance entre la Chine et d'autres pays, que nous constatons. L’économie indienne pourrait se contracter d'environ 11 % en 2020. La Chine, elle, connaîtra probablement une croissance de trois pour cent. C'est une bonne nouvelle pour tous ceux qui, comme le gouvernement chinois, considèrent qu’il y a une concurrence économique intense entre la Chine et l'Inde, en particulier. Et puis, il faudra voir, de nombreux pays ont maintenant encore plus besoin de l'argent de la Chine qu'auparavant. Certains pourraient s’ouvrir à la présence économique chinoise, en particulier les pays qui avaient montré une certaine réticence à l’accepter, comme l'Indonésie ou la Russie. Il se pourrait donc que la pandémie soit davantage une opportunité qu'une menace pour le projet “Belt and Road”, à condition de le définir plus largement comme un projet de présence et de puissance économique mondiale de la Chine. 👉 Découvrez L'état du monde : regard sur trois continents 🌐 (conversation avec Bruno Maçães – version intégrale)—réservé à nos abonnés. 🇫🇷 La disparition de Valéry Giscard d’Estaing Mardi 8 décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la disparition de Valéry Giscard d’Estaing. Le troisième président de la Ve République est décédé à 94 ans des suites du Covid. Quelle analyse peut-on faire de son bilan et de l’image qu’il avait dans l’opinion (pas de vague de nostalgie comme après la mort de Chirac) ? Les comparaisons qui ont été faites avec le président actuel sont-elles pertinentes ? ⚡️ L’innovation dans les services publics Mercredi 9 décembre | Interview de Sébastien Soriano, président de l’ARCEP et auteur du livre Un avenir pour le service public, qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob. Sébastien a déjà une longue expérience de l’administration. Lorsque le monde a basculé dans la pandémie, il s’est demandé si cette période n’allait pas contribuer à accélérer l’innovation dans les services publics. Son livre, dont il parle à Nicolas en détail dans cette conversation, est né de cette interrogation. 🤔 Parler plusieurs langues : toujours utile ? Jeudi 3 décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’apprentissage des langues étrangères. Nicolas et moi nous sommes installés en Angleterre puis en Allemagne en partie pour l’apprentissage des langues. Quels sont les avantages du plurilinguisme à l’âge des logiciels de traduction automatique ? Et puis comment apprend-on des langues étrangères ? ✋ L’ambivalence du protectionnisme Pourquoi les crises sanitaire et économique ont-elles ravivé les discours protectionnistes ? Est-ce seulement un phénomène conjoncturel ou bien le protectionnisme est-il notre nouvel horizon ? Laetitia et moi en discutons en revenant sur l’histoire du protectionnisme et ses inflexions récentes. 👉 Écoutez 🎧 L’ambivalence du protectionnisme (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🙃 La vie périurbaine En quoi la vie périurbaine de ces zones résidentielles, pavillonnaires est-elle différente en Europe et aux États-Unis ? Et de quelle manière est-elle en train de changer ? Laetitia et moi revenons sur notre migration récente du centre vers la périphérie et sur le contexte historique des transformations à l’oeuvre. 👉 Écoutez 🎧 La vie périurbaine (conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. This is a public episode. 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17 Dec 2020 | Transition : les leçons de la filière musicale | 00:58:35 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré aux leçons que l’on peut tirer de la transition (désormais achevée) de la filière musicale. Le 7 décembre, Bob Dylan a vendu les droits sur tout son catalogue musical à Universal Music Group. Selon le New York Times, Universal aurait déboursé 300 millions de dollars pour faire cette acquisition, confortant ainsi sa position de géant mondial dans la musique. Comment expliquer cette acquisition ? Que nous dit cet événement sur les transformations de la filière musicale ? Quelles leçons peut-on en tirer pour l’ensemble de l’économie ? La filière musicale est la première à avoir été touchée par la transition numérique – et aussi la première à avoir complètement achevé cette transition. À la fin des années 2000, après trois vagues d’enrichissement successives — les ventes de 33 tours, les ventes de CD, puis le succès du hip hop et du rap — les maisons de disque, au sommet de leur puissance, ont soudain fait face à l’irruption de nouveaux usages et à l’érosion rapide des ventes de CD. Faute de pouvoir télécharger légalement des morceaux de musique, les utilisateurs se sont mis à télécharger illégalement. Dans ce secteur concerné au premier chef par la numérisation, les bouleversements de la filière, des rapports de force et des chaînes de valeur se sont enchaînés à un rythme particulièrement rapide. En France, après un lobbying actif auprès du Président de l’époque (Nicolas Sarkozy), les maisons de disques ont finalement obtenu des pouvoirs publics une série de mesures visant à réprimer les téléchargements intempestifs. C’est l’époque d’HADOPI (2009), cette loi qui vise à mettre un terme aux partages de fichiers de pair à pair qui étaient de plus en plus courants et banals à l’époque. Rapidement, pourtant, les utilisateurs ont réussi à faire valoir leur point de vue : on ne consomme plus la musique de la même manière qu’avant et il n’existe pas assez de moyens licites de télécharger des morceaux de musique en ligne. À la fin des années 2000, Nicolas était à l’Inspection générale des Finances. Peu après le passage (très impopulaire) d’HADOPI, le gouvernement avait alors commandé à une commission assistée par “l’Inspection” un rapport sur la transition numérique de la filière musicale, dont Nicolas est devenu l’un des rapporteurs. Issu d’une famille de musiciens (et lui-même bassiste amateur de talent 🎸), Nicolas s’est plongé avec passion dans l’étude de la transition numérique de la filière. La commission Zelnik (du nom du producteur de Carla Bruni, l’épouse de Sarkozy) a été créée en septembre 2009 avec pour mission de consulter les acteurs économiques concernés et de rédiger un rapport pour “améliorer l’offre légale de contenus culturels sur Internet et améliorer l’offre légale de contenus culturels sur Internet et la rémunération des artistes et de tous ceux qui concourent à la création de ces œuvres”. Dans cet épisode “À deux voix”, j’interroge Nicolas sur l’histoire de la transition de la filière, l’histoire politique et culturelle qui l’a accompagnée, ce qui s’est passé entre 2009 et aujourd’hui, et toutes les leçons qu’on peut en tirer pour d’autres filières qui n’ont pas achevé leur transition numérique. C’est l’histoire passionnante d’une transformation, de l’âge d’or du CD à l’ère de Spotify, du métier de la vente de disques à celui de la gestion de droits, d’un marché dominé par cinq majors (Universal, Warner, Sony, EMI, BMG) à une filière beaucoup plus concentrée que par le passé (dominée par Universal, Sony et Warner). Nous discutons de toute cette séquence en détails, après avoir (entre autres) mentionné le rôle décisif de Steve Jobs au point d’inflexion décisif qui explique la filière aujourd’hui. J’espère que cet épisode vous plaira ! Faites-nous vos retours sur ce sujet et ce que vous inspirent les leçons de la filière musicale. * 11 Notes on Warner Music (en anglais) (Nicolas, European Straits) * Can Legacy Industries Survive? The Case of Music (en anglais) (Nicolas, European Straits—lien privé vers un article payant à l’origine). Cet épisode “À deux voix” est le dernier de l’année 2020 ! En cette fin d’année tumultueuse, en plein confinement (en Allemagne), Nicolas et moi mettons les podcasts “À deux voix” et les Éditos sur pause pendant les deux prochaines semaines (à quelques exceptions près – surveillez quand même vos boîtes aux lettres !). Vous recevrez néanmoins deux nouvelles interviews, ainsi qu’un “Récap” par semaine dans lequel nous vous ferons deux sélections des contenus les plus écoutés cette année. Nous vous souhaitons à tous / toutes de belles fêtes de fin d’année (malgré les restrictions et contraintes de la période) ❤️ 🎅 🎄 🎁 Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. 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15 Dec 2020 | Sept tendances qui révèlent le futur du travail | 00:55:08 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à sept tendances qui révèlent le futur du travail. Pour la plupart, ces tendances se sont accélérées en cette année 2020. Cela fait déjà presque 6 ans que Laetitia a fait du futur du travail son sujet d’étude principal et son activité professionnelle. La semaine dernière, dans sa newsletter Laetitia@Work, elle a dressé une liste des 7 tendances qui selon elle détermineront l’avenir du travail et des organisations. Dans cet épisode “À deux voix”, je l’interroge sur ces tendances et nous discutons de chacune d’entre elles : * Les travailleurs ont de plus en plus soif de feedback direct. Que l’on parle d’“artisanat” ou de “passion economy”, finalement, on parle toujours de la même chose : la remise en question de l’aliénation caractéristique du paradigme industriel et la disparition des contreparties qui la rendait acceptable. Dans le domaine des médias auquel nous nous rattachons, la soif de feedback direct s’incarne dans la montée de plateformes comme Substack qui remettent en question la toute-puissance des modèles de médias de masse existants. * En matière de futur du travail, les femmes sont la nouvelle frontière. Elles sont majoritaires dans la plupart des métiers pour lesquels on cherchera à recruter des centaines de milliers (voire des millions) d’individus, par exemple les professeurs, les infirmières, ou les assistantes de vie à domicile qui aident les personnes âgées à mieux vivre chez elles. De plus, les soft skills qu’on dit incontournables dans le monde de demain sont historiquement associées aux femmes : l’empathie, l’écoute, la gestion des conflits, la culture d’entreprise. * L’activisme transforme le monde du travail. L’année de l’assassinat de George Floyd est aussi celle de l’activisme au travail. Depuis quelques années, les activistes ont obtenu plus de transparence sur la (non-)représentation des minorités, sur les inégalités entre femmes et hommes, ou encore sur l’empreinte carbone d’une activité. Demain, l’activisme ne cessera de demander des comptes si rien ne bouge. Moins concernés par les formes traditionnelles de la vie politique et syndicale, les jeunes sont de plus en plus activistes. * La désagrégation du contrat de labeur se poursuit : de nouveaux risques appellent de nouvelles protections. Ce que Laetitia appelle le “contrat de labeur”, c’est un contrat qui offrait des contreparties avantageuses (salaire, retraite, protection sociale, congés payés, syndicats forts…) aux travailleurs qui acceptaient l’aliénation. Or ces contreparties s’affaiblissent depuis plus de 40 ans. De nouvelles couvertures apparaissent comme nécessaires : pour se loger là où se trouvent les emplois, pour soutenir les transitions professionnelles… * L’état d’esprit de l’immigré, tout le monde en aura besoin demain. Quitter son pays, recommencer à zéro, remettre en question son identité et ses acquis, apprendre l’humilité, parler plusieurs langues, communiquer avec des personnes d’une autre culture, et travailler dans les secteurs où il est difficile de recruter : les immigrés ont une longueur d’avance sur les autres dans un monde changeant fait d’incertitude. On parle volontiers de growth mindset. Pourquoi ne pas parler de immigrant mindset, surtout quand les migrations seront nombreuses demain ? * La “vie en 3 phases”, c’est fini. Les changements démographiques transforment le monde du travail. Nous avons gagné 2-3 ans d’espérance de vie tous les 10 ans depuis 200 ans. Une grande longévité nous amène à repenser les institutions héritées du siècle passé. La “vie en 3 phases” (formation, travail, retraite) est remise en question parce qu’il n’est plus possible de travailler pendant 45 ans avec ce qu’on a appris au début de sa vie. Si nous vivons plus longtemps, il n’en va pas de même des entreprises, des compétences et des technologies. * Le télétravail remet en question le management traditionnel. De nombreuses entreprises n’ont pas mené les transformations numérique et managériale nécessaires. Cette année de pandémie a montré que pour beaucoup de managers, il n’est pas toujours facile de faire confiance aux salariés que l’on ne peut pas surveiller. Les salariés voudraient de plus en plus de flexibilité dans la définition des horaires et du lieu de travail, tandis que leurs managers préfèrent l’unité de temps et de lieu. Le télétravail est devenu un puissant moteur de transformation. Faites-nous vos feedbacks sur ces tendances et ce qu’elles évoquent pour vous ! 🤗 * Pourquoi la France résiste tant au télétravail (conversation “À deux voix”) * The New Long Life, de Andrew J. Scott et Lynda Gratton (Note de lecture) * Qu'est-ce que "faire carrière" aujourd'hui ? (conversation “À deux voix”) * Apprendre à vivre avec l’incertitude (conversation “À deux voix”) * Un documentaire sur le futur du travail (conversation avec Samuel Durand) * Le futur de la garde d'enfants (conversation avec Maïmonatou Mar) * Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? (conversation “À deux voix”) * Demain, tous travailleurs des plateformes ? (conversation avec Odile Chagny) * Un marché du travail sans frontières ? (conversation avec Alex Bouaziz) * Le temps de travail et la crise (conversation “À deux voix”) * La récession et les femmes (conversation “À deux voix”) * Entreprendre sans permission (conversation avec Hugo Amsellem) * Économie de la passion : mythe ou réalité ? (conversation “À deux voix”) * Quitter Paris pour la province (conversation avec Aurore Thibaud) * Immigration : changer de perspective (conversation “À deux voix”) Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
14 Dec 2020 | L'avenir du service public avec Sébastien Soriano. Climat : l'adieu au charbon ? 🌏 | 00:59:27 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito”, une interview avec un invité passionnant (francophone ou non) et quelques informations pour mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Le contenu audio ci-dessus est ma conversation avec Sébastien Soriano 🎧 À l’agenda aujourd’hui 👇 * Mon “Édito” sur le charbon et le réchauffement climatique 🌏 * Sébastien Soriano sur l’innovation dans les services publics 🎧👆 * Nos conversations à venir cette semaine * Ce que vous avez peut-être manqué la semaine dernière Nous célébrons ces jours-ci les cinq ans de l’accord de Paris sur le climat, dont la rédaction s’est achevée le 12 décembre 2015 et qui a ensuite été signé par 195 pays. Mais les cinq années passées sont paradoxales. D’un côté, on a l’impression que la lutte contre le changement climatique a fait du surplace, avec le désengagement des Etats-Unis et le fait que de nombreux Etats ont pris du retard sur la mise en œuvre de leurs engagements. En même temps, en partie en réaction à cette impression de recul, on assiste aussi à une accélération sur d’autres fronts. De plus en plus d’individus prennent conscience du changement climatique et des menaces dont il s’accompagne. Des entrepreneurs et investisseurs relèvent le défi d’accélérer la transition dans l’énergie, comme nous l’évoquions lors d’un épisode À deux voix. Enfin, nous voyons déjà des inflexions à l'œuvre s’agissant des sources d’énergie privilégiées dans notre économie. L’une des tendances les plus spectaculaires est la baisse continue de la part du charbon dans le mix énergétique mondial. Deux facteurs expliquent cette tendance. Les sources d’énergie alternatives, comme l’énergie solaire ou les éoliennes, sont de plus en plus compétitives par rapport au charbon. Par ailleurs, les externalités négatives liées au charbon, comme la pollution atmosphérique et ses conséquences sur la santé, sont de moins en moins tolérées, y compris dans des pays comme la Chine. Même aux Etats-Unis, où Donald Trump a voulu à tout prix protéger la filière du charbon avec une déréglementation à marche forcée, l’affaiblissement des normes environnementales et des subventions et avantages fiscaux à tout va, la part du charbon a continué à baisser ces dernières années. Il est vrai que les Etats-Unis produisent désormais massivement du gaz de schiste, encore moins cher que le charbon, mais les énergies renouvelables ont également gagné du terrain malgré le désintérêt du gouvernement fédéral sous Trump. Aujourd’hui, les regards se tournent vers l’Asie. Tandis que les pays les plus développés ont fortement réduit leur consommation de charbon, celle-ci continue d’augmenter dans des pays comme l’Inde, la Chine, le Vietnam et l’Indonésie. L’Asie représente aujourd’hui presque 80% de la consommation mondiale de charbon, pour des raisons diverses : la filière du charbon représente énormément d’emplois et des groupes d’intérêt puissants font pression, notamment dans le cadre des politiques d’aide au développement financées par la Chine, pour le maintien et la construction des centrales au charbon. La situation en Asie capte l’attention du monde entier, car l’objectif de ralentir le réchauffement climatique ne pourra être atteint que si la consommation de charbon décroît en Asie comme c’est le cas depuis plusieurs années dans le reste du monde. Jusqu’à une date récente, il y avait tout lieu d’être pessimiste. Mais la volonté politique des pouvoirs publics chinois pourrait renverser la tendance. Des objectifs ambitieux de réduction des émissions de carbone ont en effet été révélés dans le cadre du nouveau plan que le Parti communiste chinois adopte tous les cinq ans. Tous les espoirs sont donc encore permis. Les énergies alternatives vont continuer de se développer à un rythme exponentiel, portées par la transition post-pandémie, les investissements massifs des fonds de capital-risque et le déploiement des fameux smart grids qui permettent de mieux rapprocher l’offre et la demande à l’échelle des réseaux électriques. En complément de cette tendance, les gouvernements des grands pays asiatiques pourraient décider de changer de direction, suivant l’impulsion de la Chine. L’histoire montre en effet que le développement économique s’accompagne toujours d’une aspiration de la population à une augmentation de la qualité de vie. La boucle est ainsi bouclée, entre action des pouvoirs publics, pression de la population et contribution des entrepreneurs et investisseurs qui mettent au point et financent les technologies nécessaires – tout cela sur fond de changement de pied de l’administration américaine grâce à l’arrivée au pouvoir de Joe Biden. La prochaine conférence sur le climat est prévue au mois de novembre 2021 à Glasgow, au cœur du bassin minier écossais. Quel symbole ce pourrait être que d’enterrer définitivement l’économie du charbon dans une région qui a si longtemps prospéré grâce aux énergies fossiles ! Sébastien Soriano est l’auteur du livre Un avenir pour le service public, paru il y a quelques semaines aux Éditions Odile Jacob. Comme il l’explique dans l’interview qu’il nous a accordée, Sébastien y fait le tour des “petits miracles” de l’innovation au quotidien dans les services publics et explique comment ceux-ci pourraient permettre à l’Etat et à l’administration en général de relever les innombrables défis de notre économie en transition. La réflexion de Sébastien se nourrit de sa longue expérience de l’administration et de ceux qui la dirigent. Diplômé de l’Ecole polytechnique, il a commencé sa carrière dans l’univers des autorités administratives indépendantes (l’ARCEP, régulateur des télécommunications, et l’Autorité de la concurrence) avant de travailler aux côtés de Fleur Pellerin, comme directeur de cabinet puis conseiller spécial, dans différents ministères – en particulier celui de l’économie numérique ! Aujourd’hui, Sébastien est président de l’ARCEP. Dans cette interview, il nous raconte son parcours, sa passion pour le service public, les conditions dans lesquelles il a décidé d’écrire ce livre et la façon dont, selon lui, il nous faut réinventer l’État. Écoutez notre conversation à l’aide du player ci-dessus ou bien sur Apple Podcasts ou Spotify. 👉 Pour aller plus loin, découvrez ma note de lecture sur le livre et la transcription d’un extrait de ma conversation avec Sébastien dans Innover dans les services publics—réservé à nos abonnés. 🔮 Les sept tendances qui révèlent le futur du travail Mardi 15 décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur les signaux faibles qui révèlent le futur du travail. Laetitia s’est spécialisée depuis six ans dans les questions relatives au futur du travail. À partir de son expérience personnelle et des nombreux travaux qu’elle a conduits dans le cadre de son activité, elle nous détaille le cadre d’analyse qu’elle utilise pour cartographier les tendances à l’œuvre et mieux comprendre de quoi sera fait le monde du travail de demain. 📈 Réinventer l’État pour développer l’économie Mercredi 16 décembre | Interview de Mariana Mazzucato, professeure à University College London et auteure du livre L’État entrepreneur. Mariana s’est imposée depuis plusieurs année comme l’économiste la plus écoutée en matière de mise à niveau de la politique industrielle et de revalorisation du rôle de la puissance publique. Dans une conversation avec Laetitia, elle explique comment elle aide les gouvernements du monde entier à réinventer l’État. 🎸 Transition : les leçons de la filière musicale Jeudi 17 décembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la filière musicale et comment celle-ci s’est transformée de l’âge d’or du CD à l’ère de Spotify. L’actualité brûlante, c’est l’acquisition des droits sur l’ensemble du fond de catalogue de Bob Dylan par le géant Universal Music Group. Qu’est-ce que cela nous révèle sur la transformation de la filière musicale ? Et quelles leçons pouvons-nous en tirer en ce qui concerne l’ensemble de l’économie ? 🇫🇷 La disparition de Valéry Giscard d’Estaing Le troisième président de la Ve République est décédé à 94 ans des suites du COVID-19. Quelle analyse peut-on faire de son bilan et de l’image qu’il avait dans l’opinion (pas de vague de nostalgie comme après la mort de Chirac) ? Les comparaisons qui ont été faites avec le président actuel sont-elles pertinentes ? 👉 Écoutez 🎧 La disparition de Valéry Giscard d’Estaing(conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. 🤔 Parler plusieurs langues : toujours utile ? Laetitia et moi nous sommes installés en Angleterre puis en Allemagne en partie pour l’apprentissage des langues – pour nous comme pour nos enfants. Quels sont les avantages du plurilinguisme à l’âge des logiciels de traduction automatique ? Et puis comment apprend-on des langues étrangères ? 👉 Écoutez 🎧 Parlez plusieurs langues : toujours utile ?(conversation “À deux voix”)—réservé à nos abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
16 Dec 2020 | L'État entrepreneur | 00:59:09 | |
🏛 Voici la version intégrale d’un entretien réalisé avec Mariana Mazzucato, professeure à University College London et auteure du livre L'État entrepreneur: Pour en finir avec l'opposition public privé, publié en anglais en 2013 mais traduit en français seulement cette année (Fayard, 2020). Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi retrouver la version originale de ce podcast ici ou écouter le podcast en VO diffusé dans cette newsletter 👆 Nous vous proposons aussi ci-dessous une note de lecture sur l’ouvrage de Mariana. La politique industrielle n’a pas bonne presse. Elle a souvent été détournée pour soutenir des entreprises vouées à l’échec. Surtout, elle a été discréditée par des décennies de néolibéralisme. Pour les disciples de Friedrich Hayek (1899-1992) et Milton Friedman (1912-2006), l’intervention de l’État dans l’économie détruit toujours de la valeur. Tout au plus doit-il ménager des conditions propices à une saine concurrence entre les entreprises et corriger les imperfections de marché. Mariana est partie en guerre il y a sept ans contre cette vision réductrice du rôle de l’Etat. Dans son livre, un best-seller mondial, elle montre que l’État a toujours joué un rôle déterminant dans les grandes vagues d’innovation. Un exemple qu’elle a popularisé est l’iPhone, dont la plupart des composants sont issus d’initiatives de l’État fédéral américain, notamment à finalité militaire. Nous autres Français avons vite fait de prendre ce propos comme une validation de notre bon vieil interventionnisme. Mais en réalité, il n’y a pas grand-chose à voir entre la vision de Mariana et notre approche nationale de l’innovation. Trop souvent, l’approche française est d’entrer par la technologie et par le Meccano administratif des instituts de recherche, des appels à projets et des pôles de compétitivité. Or, pour Mariana, l’État est à son meilleur non pas quand il se focalise sur une technologie particulière ou s’enlise dans la bureaucratie, mais quand il imprime une direction à l’innovation. Et la meilleure manière d’imposer cette direction est de définir des « missions », qui focalisent l’attention des innovateurs, du secteur public comme du privé, sur des « problèmes à régler ». Pourquoi est-ce important ? D’abord, parce que régler un problème permet l’alignement d’acteurs issus de secteurs divers aux intérêts divergents. L’innovation se heurte toujours à des résistances. Mais s’il s’agit de remplir une mission, alors il est plus facile pour les innovateurs de triompher des obstacles et pour l’État de changer les règles, y compris contre de puissants intérêts en place. Ensuite, parce qu’une mission permet de créer et de façonner le marché plutôt que de simplement corriger ses défaillances. Aujourd’hui, c’est parce que l’État n’impose pas de direction que les entreprises se replient sur des indicateurs financiers et court-termistes. Mais si le marché est lancé à l’assaut d’un problème à régler, alors la technologie trouve à s’appliquer, la concurrence est synonyme d’émulation, et la flexibilité débouche sur des innovations de rupture et la création massive d’emplois. La Chine illustre la vision de Mariana. Vue de loin, elle semble être l’empire du « laisser-faire ». En réalité, le marché y est mis au service de missions gravées dans le marbre des plans quinquennaux du Parti communiste chinois – la lutte contre le changement climatique, le déploiement de nouvelles routes commerciales vers l’Afrique et l’Europe dans le cadre des Nouvelles routes de la Soie… Un autre exemple est la Silicon Valley. Cet extraordinaire écosystème d’innovation s’est développé à partir des années 1950 parce que l’université Stanford a capté les ressources du département de la défense en mettant ses laboratoires au service d’une mission critique : gagner la guerre froide ! La politique industrielle n’est pas obsolète. Mais pour la raviver, nos dirigeants doivent fixer à tous les acteurs, État et entreprises, l’objectif de résoudre nos problèmes les plus critiques. La France ne manque pas de missions à remplir : augmenter l’autonomie des personnes âgées, rendre les soins accessibles sur l’ensemble du territoire, faciliter l’accès au logement dans les grandes villes et, bien sûr, lutter contre la pandémie. Il est temps de mettre l’innovation à leur service. Bonjour à tous, je suis Laetitia Vitaud. Je suis très heureuse d'accueillir Mariana Mazzucato. Bonjour, Mariana. Bonjour à tous. Mariana, tu es professeur en économie (Innovation and Public Policy) à l'University College London, où tu es directrice fondatrice de l'IIPP (Institute for Innovation and Public Purpose). Tu es également l'auteure de L'État entrepreneur: Pour en finir avec l'opposition public privé (Fayard), et plus récemment, The Value of Everything: Making and Taking in the Global Economy. Ton premier livre a enfin été traduit en français, et j'en suis très heureuse car, après avoir tant parlé et écrit sur ton travail dans mon pays d'origine, la France, je suis particulièrement ravie de pouvoir te poser quelques questions. Voici donc la première. Dans ce podcast, nous posons généralement une première question sur la pandémie, car cette newletter a été lancée pendant la pandémie. Comment as-tu vécu cette année de pandémie étrange ? D'habitude, une grande partie de ton travail consiste à sillonner le monde. Et j'imagine que tu voyages généralement beaucoup pour parler de ton travail. En quoi cela change ta façon de vivre et de travailler ? As-tu commencé à faire du pain, à faire des webinaires, comment cela s'est passé ? J'ai toujours fait du pain, donc cela n’est pas nouveau pour moi, mais sans doute que j’en fais encore plus qu’avant. J'ai découvert le levain, la fermentation, et la matrice avec laquelle il faut travailler. Je n’utilise pas de levure artificielle. Oui, j’ai beaucoup cuisiné avec mes enfants. J’ai quatre enfants. Pendant la plus grande partie de la pandémie, et surtout pendant le confinement, dont on connaît les conséquences économiques terribles, mais aussi les conséquences sur la santé des gens, moi j’ai eu la chance de passer du temps avec mes enfants. Nous avons fait nos promenades quotidiennes pendant l’heure autorisée. Chaque jour j’attendais avec impatience cette promenade quotidienne, à six, isolés des autres, dans le merveilleux parc qu’est Hampstead Heath à Londres. Et oui, j’ai beaucoup moins voyagé. Et j'espère que cela continuera. Je pense que nous avons tous réalisé que nous n'avons pas besoin de voyager tout le temps pour avoir un impact dans le monde. J’ai fait beaucoup de réunions sur Zoom. C’était épuisant, surtout pour mon dos. C’est pourquoi j’ai essayé de faire mes trois ou quatre réunions Zoom debout.C’est gratifiant de voir à quel point les gouvernements trouvent utile le type d'approche que nous préconisons à l’IIPP, l'institut que j'ai créé. C'est donc une période très riche pour faire avancer les débats sur la manière de relancer l’économie et de la reconstruire. Oui, tu sembles plus active que jamais pour faire avancer ces débats. Oui, mais je pense qu'il est important aussi de faire une pause et d'écouter. C’est vraiment important dans un moment comme celui que nous vivons d'écouter les gens, parce que, bien sûr, le contexte est très, très différent selon la ville, la région, le pays, le niveau de développement, etc. C'est donc toujours un défi pour les universitaires de faire une pause, de se taire et d'écouter. [rires] Oui, c'est un défi pour tout le monde, je pense. [rires] Récemment, tu as écrit que tu penses que le covid-19 est aussi une occasion de faire différemment. C'était le titre d'un des articles que tu as publiés récemment : c'est l’occasion de transformer notre capitalisme. Peux-tu partager quelques-unes de tes réflexions à ce sujet ? Chaque fois que l'on dit qu’il faudrait faire les choses autrement, la première question à se demander, c’est : qu'est-ce qui ne va pas dans la façon de faire actuelle ? C’est par là qu’il faut commencer. Nous avons un système financier très problématique où une grande partie de la richesse est absorbée par la finance, les assurances et l'immobilier. C'est un gros problème. Dans de nombreuses régions du monde, nous avons une culture d'entreprise ultra financiarisée et court-termiste. Quatre mille milliards de dollars ont été dépensés en rachats d'actions au cours des dix dernières années. Certains rachats d'actions en valent la peine, mais quatre mille milliards, c'est beaucoup. Et souvent, la réponse que les entreprises donnent pour expliquer pourquoi elles le font, c’est qu'il n'y a pas assez d'opportunités d'investissement. Et c'est fou de dire qu'il n'y a pas d'opportunités dans des domaines comme la santé et l'énergie. Or, les plus gros acheteurs se trouvent dans ces deux secteurs. Et puis, bien sûr, le changement climatique nous guette. Nous n’allons pas assez vite. Nous n’avons pas pris la mesure des changements nécessaires pour ne pas nous retrouver au point de non-retour contre lequel le rapport du GIEC nous a mis en garde. Il nous reste dix ans. Nous n'avançons pas du tout assez vite. Je le dis souvent : nous avons un gros problème avec l'État. L'État vu comme un complément au marché, ça sera toujours trop peu, trop tard parce qu’il faudra toujours attendre qu'il y ait une défaillance du marché pour justifier une quelconque initiative politique. Voilà donc les grands problèmes selon moi. Il en existe d’autres, bien sûr. Mais ces problèmes fondamentaux dans la structure financière, le système financier, le système des entreprises, la façon dont l'État est organisé, et puis, bien sûr, cette crise climatique massive que nous avons qui dépasse toutes les autres crises, qu'elles soient sanitaires ou économiques. Il faut absolument utiliser cette crise comme une opportunité pour s'attaquer à ces problèmes. Précisément parce que l'État fait son grand retour, comme à chaque grande crise. Rappelons nous qu'après la crise financière, l'État est également revenu en force après des années où on a voulu l’affaiblir. Le problème, c’est que cette période de reprise n'était pas structurée correctement. Nous avons alors renfloué les banques et les entreprises sans rien demander en échange, au lieu de reconstruire en mieux. Cette fois-ci, nous ne pouvons pas nous permettre de refaire la même erreur, ne serait-ce que parce que tant de gens meurent. Il faudrait donc commencer par investir et renforcer les systèmes de santé mondiaux. Tout cet argent, les deux mille milliards de dollars investis dans l’économie aux États-Unis, deux mille milliards d'euros en Europe, si nous ne faisons pas en sorte, au minimum, que les résultats de ce type d'investissement ne renforcent pas nos systèmes de santé, ce sera un échec retentissant. Et cela a un sens de parler des "systèmes de santé mondiaux". Si cette pandémie avait commencé dans un pays avec un système de santé plus faible que celui de la Chine, nous serions tous dans une situation pire que celle de la Chine. Mais de manière plus fine, je pense que nous devrions simplement nous assurer que chaque subvention, chaque type d'instrument de relance que nous utilisons soit bien pensé. J’aime beaucoup le mot "design". Il devrait être partout. Il faudrait concevoir les programmes de relance de manière à ce qu'ils s'imbriquent dans les institutions, fassent levier de l’engagement de tous les différents acteurs concernés, afin de construire réellement un capitalisme meilleur. En France, je pense que Macron a, d'une certaine manière, ouvert la voie en disant que nous ne sommes pas là uniquement pour renflouer les entreprises, mais aussi pour les transformer. Les conditions imposées aux compagnies aériennes et au secteur automobile n'étaient pas parfaites. Elles auraient certainement pu être plus ambitieuses, mais au moins, il y a eu des conditions imposées en matière de réduction des émissions de carbone dans le cadre du plan de sauvetage. Alors qu'ici, au Royaume-Uni, nous avons accordé un renflouement de six cents millions de livres à EasyJet sans aucune contrepartie. Je pense donc qu'il est important de reconnaître qu'il y a une certaine hétérogénéité, des différences dans la façon dont nous pouvons faire les choses. Nous devrions apprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et je pense que nous n'avons pas assez appris de la crise financière de 2008 que ce qui ne fonctionne pas, c’est un sauvetage sans condition. On a fini par nationaliser les risques et privatiser les gains. On n’a pas construit une économie plus inclusive et durable. Si les gens veulent des idées sur la façon de concevoir la reprise, de meilleurs programmes de relance, tu as rédigé tout récemment une petite utopie futuriste intitulée "Nous sommes en 2023", avec des idées très claires. Tout le monde devrait la lire. Cela commence par un gagnant très clair des élections américaines. Oui, je veux dire qu'il y a de l'espoir. Mais je veux dire qu’il nous faudrait apprendre la leçon de la dernière fois. Passons à ton premier livre. Ce livre, L'État entrepreneurial, a été publié en 2013. C'était donc il y a sept ans. Et il y a sept ans, je pense que ton message sur l'importance de l'État semblait très radical dans le contexte de l'époque. Ce n'est plus le cas.Beaucoup de choses ont changé depuis 2013. As-tu le sentiment que ton message n'est pas reçu de la même manière qu'il y a sept ans ? Et penses-tu en particulier que cette pandémie a rendu les gens encore plus réceptifs à ce message ? Il semble que tout le monde attend tout de l'État maintenant. Oui, même si le but du livre n'est pas de dire qu’il faut tout attendre de l’État. Il s'agit d'apprendre ce que l'État peut faire lorsqu'il est bien structuré, lorsqu'il est ambitieux, lorsqu'il aide à réorienter une économie et à encourager autant d'initiatives que possible. Malheureusement, de nombreux pays ont des États très actifs et un niveau élevé de dépenses publiques, mais si l'État n'est pas structuré d'une manière qui soit également motivée par la notion d'utilité publique, d'intérêt commun ou de valeur publique, ça ne fait pas avancer les choses. La valeur publique, l’intérêt commun, ce sont des concepts sur lesquels notre institut veut faire avancer la réflexion. C’est tout cela qu’implique l'État entrepreneurial. C’est un État auquel il faut rendre des comptes. C’est un État qui crée de la valeur. Arrêtons de prétendre que la création de richesse, c’est uniquement le fait d'une bande de bricoleurs de garage de la Silicon Valley ou d'ailleurs. Tout ce qui nous a permis d'obtenir ces produits intelligents a été financé par l'État : Internet, le GPS, le touchscreen, la reconnaissance vocale, tout cela a été financé avec de l'argent public, dans le cadre d'organisations publiques du type DARPA, qui avaient une culture particulière, qui avaient un type particulier de mission. Ces organisations ne parlent pas d’elles-mêmes en disant qu’elles se contente de corriger les “défaillances du marché”. Elles sont bien plus ambitieuses que cela. Il s’agit d’institutions qui prenaient des risques, des risques orientés vers des objectifs publics. L’internet est né de là. Il s’agissait de résoudre un problème, faire communiquer les satellites entre eux. C'est la même chose avec le GPS. Le problème était très spécifique, c’était un problème que la marine devait résoudre. Le GPS a été la solution. La vraie question pour moi, c’est donc de savoir quels sont les problèmes actuels. D'autres problèmes de notre époque peuvent jouer ce rôle. Les 17 objectifs de développement durable peuvent favoriser l'innovation de demain. Une partie de mon livre visait donc à mettre les choses au clair sur le rôle réel que l'État a joué au-delà du simple financement de la science fondamentale. Et la leçon à en tirer, c’est que dans des pays comme les États-Unis, même s'ils prétendent être une société où seul compte le marché, l'État est très actif et présent tout au long de la chaîne de l'innovation. Ainsi, la recherche fondamentale, la recherche appliquée, le financement des premières étapes pour les quelques entreprises qui innovent, la politique d'achats publics jouent un rôle à tous les niveaux de la chaîne. Il y a aussi en aval les politiques axées sur la demande dont parle l’économiste Carlota Perez. Donc, il y a les deux : l'offre pousse, la demande tire. Qu'est-ce que cela signifie pour les capacités dynamiques attendues du secteur public ? Il n'y aurait pas eu de Startup Nation en Israël sans Yozma, le fonds public de capital-risque, qui a fourni ce financement patient à long terme, que beaucoup de capital-risqueurs privés n'ont pas voulu fournir simplement parce qu'ils sont trop obsédés par la réalisation de leur plus-value. C'est la même chose aux États-Unis, le secteur privé du capital-risque, bien sûr, c'est important, mais il serait insensé de prétendre qu'il a vraiment été présent au stade très précoce de nombreuses révolutions, qui ont historiquement nécessité des investissements publics pour assumer l'incertitude, le risque et l’ampleur immense du capital nécessaire. Ce n’est pas le secteur du capital-risque qui fait cela. Ce dernier a tendance à venir après. Ainsi, sans les 40 milliards par an que les agences nationales de la santé ont dépensés depuis des décennies, le secteur des biotechnologies n'aurait pas pu bénéficier de l'apport du secteur du capital-risque. Et quand on parle aux investisseurs, ils savent tout cela parfaitement, ils l’avoueront même en privé. Ils reconnaîtront qu’il n’y aurait pas eu Genentech (dans laquelle Kleiner Perkins a investi) sans ces investissements publics en phase de démarrage. Le problème, c’est qu’on ne raconte pas cette histoire. Il n’y a pas de récit honnête concernant les investissements publics. Du coup, on ne peut pas vraiment en tirer des leçons. Il existe toujours le mythe populaire selon lequel le capital-risque est une sorte de capital-investissement et que l'État n'est là que pour remédier aux dysfonctionnements du marché, pour faire une bonne réglementation, et pour permettre aux entrepreneurs de faire leur travail. Et donc, nous ne tirons pas les leçons de ce type d'écosystème beaucoup plus complexe qui a eu besoin des acteurs publics et privés. Sans les acteurs publics, on n’aurait pas eu la révolution des nanotechnologies, la révolution biotechnologique, les technologies vertes... À quoi devrait ressembler à l’avenir un écosystème plus symbiotique dans les technologies vertes si nous tirons les leçons des investissements publics qui précèdent les investissements du secteur privé ? Mais il ne suffit pas d'avoir des investissements publics dans ces domaines. Ce qu'il faut aussi, c'est avoir une bonne compréhension des enjeux, de l’histoire. Il faut aussi qu’il y ait un partage collectif des gains économiques. Pourquoi l'État devrait-il prendre tous les risques et voir tous les gains, toutes les récompenses aller toujours aux acteurs privés ? Toutes les récompenses sont devenues privées. Bien sûr, nous tirons tous profit du fait de pouvoir faire des recherches sur Google, etc. Mais tous les citoyens devraient pouvoir bénéficier de la richesse accaparée par Google (elle-même le fruit des investissements publics mentionnés plus haut). Or, l’économie en Californie est profondément inégalitaire. Les gains n’y ont pas été partagés. Je ne sais pas si tu es allée à San Francisco récemment, mais c'est vraiment barbare, le niveau des inégalités qu’on y voit. Dans la rue, quand on marche dans les rues de San Francisco, le niveau de souffrance qu’on observe est hallucinant. Pour un Européen, c’est du jamais vu. La Californie, c'est une région du monde qui a bénéficié d'investissements publics, et pourtant on n’a jamais réussi à faire en sorte que le public, c'est-à-dire les citoyens, vivent aussi bien qu’en Europe. L'éducation publique, les transports publics et la santé publique aux États-Unis sont en souffrance. Cela pourrait parfaitement être corrigé si on s’en faisait une priorité. Il serait utile d’adopter une grille de lecture qui fasse de la redistribution une priorité. Nous avons besoin d'une fiscalité progressive pour redistribuer la richesse. Mais nous avons aussi besoin de mieux comprendre comment le public et le privé interagissent, que ce soit dans l'économie numérique, l'économie de la santé, l'économie verte. Le public et le privé sont intégrés, entretiennent des relations intimes, échangent continûment. Pour éviter le gâchis ex post, il faut mettre en place des structures ex ante concernant ces relations entre privé et public. Cela concerne la manière dont nous régissons les droits de propriété intellectuelle. Cela concerne aussi les contreparties que nous exigeons en échange des investissements publics. Et tout cela, c'est vraiment une question de redistribution. C'est une grande leçon pour les États-Unis et pour les autres pays aussi. Ils ont bien fait fonctionner la machine à investir. Et c'est ce qui a fait la grandeur de l'Amérique, pour reprendre les mots de Trump, mais il n'a pas forcément compris cette partie-là. Par exemple, ce qui a réellement fait la grandeur de l'Amérique, c'est en partie ce qu'il a contribué à détruire. Il s’agit vraiment de s'assurer que nous avons la pleine maîtrise de ces processus qui profitent réellement aux citoyens et au bien commun, et pas seulement au profit privé. Tu as mentionné l'importance du récit, essentiellement la compréhension du rôle de l'État entrepreneur dans cette création de richesse et de récompenses. Mais je pense que depuis la publication de ton livre, ce récit est mieux partagé. Davantage de gens le connaissent et en ont entendu parler. On a entendu parler de la Startup Nation, de l’importance du programme Yozma et de la DARPA, et d'autres choses de ce genre. Mais le risque maintenant, c’est qu’on veuille reproduire exactement ce qui a fait le succès de l'État entrepreneurial à un certain moment. Le risque c’est qu’on reproduise les solutions d’hier pour répondre aux problèmes d’aujourd’hui. Donc, comme tu l’as dit, prendre des risques pour atteindre un objectif d’intérêt public, quelles formes cela prendrait-il aujourd'hui. En quoi l'État entrepreneurial actuel est-il différent de ce qu'il était dans les années 60 et 70 aux États-Unis ? Oui, mais je pense qu’on exagère parfois la différence. Ce qui est vraiment différent, c'est la nature du problème, n'est-ce pas ? Le genre d'investissements des années 60 nous ont amenés sur la lune et tout le secteur du logiciel était une retombée de ce projet. Le grand défi auquel ils étaient confrontés était différent, mais ce qui a vraiment ouvert la voie à ces investissements, c’est la guerre froide et Spoutnik. Aujourd'hui, le grand défi, grave et urgent, c’est le changement climatique. C’est aussi, comme la pandémie l’a montré, le renforcement de nos systèmes de santé. Mais le fait est que ces problèmes-là sont beaucoup plus difficiles que d’envoyer un homme sur la lune. Ainsi, Richard Nelson, un de mes “collègues” économistes, un merveilleux universitaire de l'université de Columbia, a écrit un livre dans les années 70 intitulé "La lune et le ghetto" (The Moon and the Ghetto), qui faisait déjà allusion à ce problème. Comment se fait-il que nous autres humains ayons réussi à faire l'aller-retour entre la lune et le ghetto, mais que nous ayons encore des ghettos ? L'inégalité, c’est beaucoup, beaucoup plus difficile. Ce n'est pas un problème technocratique. Cela requiert des changements organisationnel, social, réglementaire, comportemental, et toutes sortes d'autres choses qui rendent ce problème plus complexe. Mais cela ne veut pas dire que c'est impossible. Dans un contexte de guerre, les problèmes sont vus comme urgents. Il s’agit de la sécurité nationale. Personne ne penserait à dire, “bon désolé, nous n'avons pas le budget, nous n'irons pas en Irak”. On n’entend pas un pays dire “nous n'allons pas en guerre parce que nous n'avons pas l'argent”. On trouve toujours de l'argent pour faire la guerre. Attendez une seconde, pourquoi trouve-t-on de l'argent sorti de nulle part pour faire la guerre ? Mais quand on parle d'éducation ou de santé publique, là il n’y a pas d’argent parce qu’il faudrait maintenir le déficit à un niveau faible. On devra se contenter de bricoler un peu à la marge. Pourquoi ? La première chose à faire, c’est donc de dire : “Écoutez, la leçon à tirer, c’est que nous devons traiter ces questions comme urgentes et, d'une certaine manière, comme un problème de sécurité. Le changement climatique, c’est un problème de sécurité. L'inégalité, c’est un problème de sécurité.” Mais il faut aussi en parler de manière inspirante. Présenter ces choses comme l’éducation et la santé comme un “problème de sécurité”, c’est nourrir la peur dans l'esprit des gens. Je ne pense pas que ça soit forcément la bonne manière de capter l’imagination. Pourtant il nous faut à la fois voir l'urgence, et aussi nourrir les imaginaires, être ambitieux sur la façon dont l'État-providence peut être réinventé, sur la façon dont nous voulons vivre ensemble dans une ville ou une région. Par exemple, une ville neutre en carbone exige de réimaginer notre façon de vivre, de marcher, faire du vélo, nous déplacer, les matériaux à utiliser, les espaces publics à construire. C’est intéressant, le niveau d’imagination qu’il faut pour tout cela. Aller sur la Lune, ça a vraiment inspiré les gens. Cela a donné envie aux enfants d'étudier les sciences. Cela a inspiré des réflexions philosophiques sur l'humanité dans son ensemble, prise comme un collectif. À la différence de ces projets de la guerre froide qui étaient décidés au gouvernement, les problèmes complexes d'aujourd'hui ont vraiment besoin de différentes voix à la table. C'est pourquoi, dans le rapport que j'ai rédigé pour la Commission européenne, qui est ensuite devenu un instrument juridique en Europe, j’ai proposé des pistes de réflexion sur le concept de mission pour le programme Horizon, qui est la façon dont l'Europe organise ses dépenses en matière d'innovation. Un des chapitres du rapport s'intitule "Citizen Engagement", pour co-créer les missions du futur autour du climat, des systèmes de santé, etc. Cela signifie qu’il faut être ouvert, se rendre plus vulnérable d'une certaine manière en tant que décideur politique pour être vraiment à l'écoute. C'est ce que j'ai dit au début. Écoutez. Parlez aux étudiants, aux écologistes, aux syndicats. Ce type de participation et de coopération est nécessaire, évidemment pas pour certaines missions qui restent principalement technologiques, mais certainement pour les missions sociétales. Or c'est difficile d’écouter. Mon expérience est qu'il n'existe pas vraiment de formation, de master en administration publique qui aide à réfléchir à la manière de bien co-créer. Il faudrait, par exemple, avoir les travailleurs à la table des négociations pour nous aider à imaginer ce qu'est une transition verte. Ce sera un processus complexe. Souvent, c’est un processus mal compris aussi. Renforcer le système de santé, cela n’est pas la même chose qu’envoyer une fusée sur la Lune. Pour avoir un “moonshot” de la santé, sur les tests, le traçage ou les vaccins (tout ce qui se rapporte à la pandémie), il faut un système de santé solide qui interagit avec ce moonshot. Le DARPA, par exemple, interagissait aussi avec les appels d’offres publics. Il s'agit de s'assurer qu’on ne se contente pas de mettre en place une agence isolée, en faisant appel à une bande de geeks pour aider le gouvernement à être super intelligent dans différents domaines, sans réfléchir réellement aux méthodes de travail plus horizontales. Il faudrait que les marchés publics soient vraiment conçus pour regrouper autant de solutions “bottom up” que possible pour résoudre les grands problèmes publics. Les marchés publics, ce n'est pas la chose la plus sexy. Mais c’est essentiel. Je veux dire que si vous pouvez concevoir au quotidien un écosystème pour l'innovation, vous venez d'augmenter massivement votre budget d'innovation. Au Royaume-Uni, par exemple, notre budget d'innovation pour l'ensemble du gouvernement est de 10 milliards de livres. Le seul budget des marchés publics du ministère des transports s'élève à 40 milliards. Il faut donc multiplier ce chiffre par les différents ministères. Vous avez tout à coup un potentiel d'innovation dynamique ascendante grâce aux achats du gouvernement. Mais dans la plupart des pays, les achats publics sont effectués de manière statique, linéaire et ennuyeuse, ce qui ne stimule pas du tout l'innovation. Il faut donc investir dans le secteur public lui-même. Et c'est là le grand problème auquel nous sommes confrontés : on vit dans l’illusion que l’Etat a pour seul rôle de compenser les petits défauts du marché. Le résultat, c’est une idéologie qui n’admet pas que l'État puisse créer de la valeur. C’est pour cela qe nous n'investissons pas dans les structures étatiques pour les transformer en organisations apprenantes et en organisations dynamiques, créatives et capables. Au lieu de cela, il y a beaucoup d'externalisation vers des sociétés de conseil et d’autres prestataires. Cela a également été mis en lumière par la pandémie et le Brexit, cette dépendance excessive du gouvernement britannique à l'égard des sociétés de conseil. Pourtant, elle n’est en rien inévitable. C'est seulement le résultat d'un manque de considération pour l'État. À force on finit par en devenir un peu stupide. Je ne dis pas que l'État britannique est stupide par nature. Je veux dire que si vous n'investissez pas dans votre propre cerveau, vous ne serez pas très brillant et vous perdrez ces compétences et cette confiance. Le problème n'est donc ni public ni privé. Il s’agit d'un partenariat dynamique. Mais si vous n'investissez pas dans vos propres capacités, vous ne saurez probablement même pas comment faire pour faire fonctionner ce partenariat. Oui, exactement. En gros, ce à quoi vous faites allusion, c'est qu'il faut des changements organisationnels complets pour que l'État entrepreneurial puisse tirer parti de cette forme d'intelligence collective pour la transition verte. De quel type de changement organisationnel avons-nous donc besoin ?Avons-nous besoin de réapprendre les choses que nous avons perdues à cause de toute cette externalisation ? Quelles seraient les premières étapes ? C'est la raison pour laquelle j'ai créé un institut dédié à cette question à l'University College London, car je crois sincèrement que l'une des toutes premières étapes consiste à repenser les programmes universitaires. Prenons le mot “bureaucratie”, il n'y a aucune raison que ce soit un mot négatif. On est maintenant dans l’idée que l'adjectif “bureaucratique” est forcément un mot négatif. Mais si nous avions assez de bureaucraties compétentes, ce ne serait pas un mot négatif. La vraie question, c’est de savoir quel genre de bureaucratie vous avez. Est-elle lente, pleine d’inerties, incapable de s'adapter et d'être flexible ? Eh bien, c'est évidemment une bureaucratie problématique, mais la bureaucratie elle-même n'est pas le problème. Je pense qu’il faut repenser l’enseignement d’abord. Le changement doit être soutenu par un nouveau mode de pensée qui devra également être intégré, par exemple, dans la gestion des entreprises, où l’on pourra repenser la structure organisationnelle. Les entreprises ont appris à utiliser la stratégie, l’économie comportementale, les sciences de gestion… pour grandir. Souvent, elles savent que l’organisation est importante. La première chose à admettre, c’est que la structure organisationnelle est importante pour tout type de secteur, public et privé, qu'elle est importante pour la création de valeur. En dévalorisant le rôle du secteur public, nous n'avons jusqu’ici pas abordé ces questions vraiment importantes de comportement, de stratégie, etc dans le secteur public. Et cela doit être étayé par l’enseignement et la recherche. C’est la mission que nous nous sommes donnée à l’IIPP où nous développons un programme de recherche très solide et des nouveaux concepts autour de la valeur publique, de l'utilité publique, des missions, etc. C’est d’un changement profond que nous avons besoin. Il faut arrêter de séparer le “top down” et le “bottom up”, car en réalité, les deux choses devraient se produire en même temps. Dans quel genre de société voulons-nous vivre ? Pour une transition verte, par exemple, il faudra à la fois des nouvelles règles du jeu, fixées en haut par l’Etat, des politiques concertées, et toutes les idées et l’énergie de la base. En matière de fiscalité, il faut récompenser le long terme et non le court terme. Il faudrait taxer les matériaux davantage que la main-d'œuvre. Mais il faut aussi certains types d'investissements qui vont vraiment permettre à certains types d'entreprises de disposer d'assez de temps pour explorer et expérimenter. Donc, si nous n'avons pas de financement de long terme dans le secteur privé, alors cela pourrait être une autre chose que le gouvernement devra trouver, pour vraiment donner aux entreprises qui veulent innover le temps dont elles auront besoin pour faire ce genre d'apprentissage, dans ces toutes premières étapes de l'expérimentation. Il n'y a souvent pas assez de patience. Pourtant si nous voulons une société plus inclusive, une société plus durable, alors il faudra parler de l’orientation à donner à la croissance. Et nous n’avons pas les mots pour le faire. Mais il faut aussi que les processus d’innovation doivent aussi être ascendants (bottom up) car nous savons après l'expérience soviétique que cela ne fonctionne pas si le processus est descendant et rigide et s'il n'y a pas un système dynamique d'innovation dans l'ensemble de l'économie. C'est donc là que le point que j'ai mentionné plus tôt est essentiel : nous devons avoir la patience de revoir en profondeur les subventions, les prêts, les marchés publics, les systèmes de prix pour encourager tout ce qui vient de la base. Quand je parle de “bottom up”, je parle d’une innovation par le plus grand nombre possible d'acteurs différents, dont beaucoup échoueront certainement. Mais cette volonté d'essayer et de faire des erreurs, d’échouer et d'expérimenter, doit être appréhendée dans la manière d’encourager l'innovation des différents acteurs de l'économie. Mais elle doit être au service de l'objectif public, comme devenir une ville neutre en carbone, réduire les attaques à l’arme blanche à Londres… nous avons maintenant un énorme problème de couteau. Peut-être parce qu'il n'y a pas d'armes à feu. C'est peut-être la façon la plus positive de voir les choses. Eh bien, justement, à ce sujet, Donald Trump a eu un échange avec un médecin qui est à la tête du Royal Hospital, dans l'Est de Londres, qui est devenu l'hôpital de traumatologie de Londres. Ce médecin a écrit une lettre à un des journaux locaux disant que c’était obscène et qu’il n’avait jamais vu autant de souffrance qu’aujourd'hui à Londres. Et Trump a eu accès à cet article et a dit : “Oh, donnez-leur juste des armes à feu et ils arrêteront de se poignarder les uns les autres.” Les attaques à l’arme blanche à Londres sont en grande partie le produit de l'inégalité et de l'austérité auxquelles le pays est confronté depuis la crise financière, après laquelle nous avons vraiment coupé dans les dépenses publiques – à tort. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai écrit L'État entrepreneurial, car j'ai été témoin de cette austérité, qui a souvent été faite au nom de la compétitivité et de l'innovation. Mais l'austérité signifie en réalité une réduction massive du financement de toutes sortes de services publics, dont dépendent de très nombreux jeunes, des personnes vulnérables et celles qui ont des problèmes de santé mentale. Beaucoup de victimes et de coupables ont déjà de graves problèmes de santé mentale ou vivent dans des conditions très difficiles et ne sont tout simplement pas pris en charge. Et donc, si l’on considère quelque chose d'aussi concret que les attaques à l’arme blanche, il est facile de transformer cela en une mission : zéro attaque à l’arme blanche par des adolescents londoniens. Mais cela va nécessiter des investissements dans toutes sortes de domaines différents. Cela ne peut pas être considéré uniquement comme un problème pour les services sociaux. Il faut au contraire encourager l'innovation intersectorielle, mais avec des instruments qui produisent une expérimentation ascendante, mais avec un objectif public vraiment clair : zéro attaque à l’arme blanche. Il n’est pas tolérable que des jeunes de 13, 14, 15 ans, principalement des garçons, meurent parce qu'ils ont été poignardés à mort dans l'une des villes riches, industrialisées et les plus avancées du monde. Et il n'y a aucune raison pour que l'objectif ne soit pas de zéro, comme c’est le cas, par exemple, pour retirer le plastique de l'océan. Nous n'y parviendrons pas en disant simplement : “Nous avons besoin que nos océans soient propres”. Il faut un objectif très clair et ensuite utiliser la politique d'innovation, la politique industrielle, la politique de développement, les stratégies d'approvisionnement pour y parvenir. Mais sans un objectif clair, cela n'arrivera pas. Et donc cette combinaison d’une approche par le haut et d’une approche par le bas, je pense, encore une fois, que c’est une chose très, très importante à faire. Et puis, bien sûr, nous avons besoin d’organismes publics, comme nous le disions auparavant, mais ce ne seront pas toutes des organisations de type DARPA. Il faut aussi un ministère de la santé qui redéfinisse ce que nous entendons par santé. De la même manière que la BBC a redéfini la radiodiffusion publique en sortant de la zone de sécurité – “la radiodiffusion publique ne fait que réparer une défaillance du marché de ce que la radiodiffusion privée ne fait pas”. La BBC s'est penchée sur des domaines vraiment intéressants comme les feuilletons et les talk-shows, et pas seulement sur les documentaires et les informations de haute qualité, ce que les radiodiffuseurs publics justifient généralement comme un investissement public. Et ce faisant, elle a redéfini le feuilleton. Elle a aussi redéfini le talk show. La BBC a produit EastEnders, un feuilleton sur la classe ouvrière conçu par opposition à Dynasty ou Dallas – exactement comme on concevait les feuilletons dans le passé. Et la BBC, en étant ambitieuse et en ayant en interne une discussion de longue date sur la valeur publique, a fini par créer de nouveaux marchés, en changeant son approche et en jouant un rôle d’entraînement par rapport aux investissements du secteur privé. Les entreprises, au passage, profitent de cet engagement du secteur public. Les gens me disent “Oh, vous ne faites que parler de l'État. Et le secteur privé ?” Mais l'État, en étant plus entrepreneurial, en étant focalisé sur des objectifs stratégiques et en fournissant ce genre de financement à la fois patient et ambitieux, profitera davantage au secteur privé parce qu'il y créera pour lui de nouvelles opportunités d'investissement. Le secteur privé investit lorsqu'il voit une opportunité et les pouvoirs publics doivent avoir pour objectif de créer ces opportunités. L’objectif doit être que les opportunités de croissance offertes au secteur privé soient non seulement plus claires mais aussi plus passionnantes. Et cela nécessite, pour des organisations comme la BBC, la DARPA ou le ministère de la santé, d'être vraiment clair sur le rôle de l'État. Il leur faut résister à cette façon ennuyeuse de parler de l'État comme s'il s'agissait au mieux de réguler, d'administrer et de corriger les défaillances du marché. C’est intéressant que tu donnes l’exemple de la BBC, car la BBC est maintenant en danger avec ce qui se passe au Royaume-Uni. As-tu d’autres exemples contemporains d’administrations susceptibles d’inspirer les différents pays ? La BBC est particulièrement intéressante parce qu'elle a explicitement parlé de ces questions en interne, en particulier du concept de valeur publique. Nous venons d’ailleurs d'écrire pour la BBC un nouveau rapport, qui devrait être publié prochainement. J'ai beaucoup appris en discutant avec la BBC de ces questions. Il ne s’agit pas seulement de déterminer ce qu’est la valeur publique. Il s’agit aussi, pour la BBC, de décider elle-même ce qu'elle doit faire, ce qu'elle ne doit pas faire, et comment elle rend des comptes au gouvernement britannique. Peu d’organisations ont conduit une réflexion aussi explicite autour du concept de valeur publique. Mais il y a des organisations qui y sont parvenues, même si elles ne l'ont pas nécessairement formulé de cette façon. Et c'est pourquoi, avec l’IIPP, nous avons en fait mis en place un réseau d'innovation axé sur l’approche par mission. Cela s'est en fait basé sur un travail que j'ai fait avant de créer l'institut. Mais il s'agissait de réunir les DARPA, les BBC, les banques publiques, les agences numériques, certaines administrations municipales pour qu'elles partagent leur expérience de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Lorsque vous sortez du périmètre consensuel de la correction des imperfections de marché, à quoi ressemble la co-formation et la co-création de nouveaux marchés ? Que signifie-t-elle pour la conception des instruments de politiques publiques, mais aussi pour les relations entre le public et le privé ? Comment restaurer la confiance dans ces relations ? Quelle complémentarité entre les investissements des uns et des autres ? Comment rendre des comptes au gouvernement ? Et grâce à cela, j’apprends beaucoup de choses. Au Danemark, par exemple, il y a cette organisation vraiment intéressante appelée Mind Lab, une organisation publique au sein du service public, qui a pour but d'apporter de nouvelles innovations au secteur public sans avoir à s'appuyer sur un groupe de réflexion ou sur un cabinet de conseil comme McKinsey. Il s'agissait donc d'un effort de financement et d'une réflexion en continu, à l'intérieur de l'organisation de l'État, sur la manière dont l'État lui-même pouvait innover. Car nous attendons parfois de l'État qu'il alimente l'innovation à l'extérieur, qu'il aide les PME, mais pas nécessairement qu'il alimente sa propre capacité d'innovation pour rester flexible et adaptable. Sitra, également en Finlande, est une agence d'innovation qui a fait un travail important de cartographie mondiale des exemples comme celui-ci. Elle a d'ailleurs rédigé un rapport, il y a dix ans, qui examine précisément ce genre d'expériences de type “laboratoire de l'esprit” au niveau mondial et ce que cela signifierait pour la Finlande elle-même d'avoir une agence de l'innovation qui ne pense pas seulement aux start-ups et à la technologie, mais aussi à la manière de procéder aux achats de manière vraiment dynamique. Et le CORFO au Chili. Je pense donc que les organisations de ce type ne manquent pas. Je pense que le problème est qu'elles sont restées cloisonnées. Elles n'ont pas été au centre de notre réflexion sur la croissance économique. C'est pourquoi, par exemple, j'ai commencé à refuser de parler d'innovation à un gouvernement, à moins qu'il n'y ait quelqu'un du ministère des finances dans la salle. Les leçons que j'ai tirées des services numériques gouvernementaux du GDS ici au Royaume-Uni à Sitra en Finlande, à Mind Lab au Danemark, à Yozma en Israël, à la DARPA aux États-Unis, c’est qu’il faut poser une question simple : quelle direction pouvons-nous donner à l'économie ? Qu'est-ce que cela signifie de focaliser l'innovation sur les missions d’intérêt général et sur la croissance économique ? Si nous ne l'amenons pas au centre de la croissance économique, elle n'aura pas l'effet que nous souhaitons. C'est pourquoi je pense qu'il est intéressant que certains pays, dont la Chine, lorsqu'ils ont eu de grandes transitions à encourager, étant donné le problème de pollution massive qu'a connu la Chine, par exemple, ils ont dû placer l'écologisation de leur économie au centre de leur stratégie de croissance. Et c'est ce qu'ils ont fait. Et ils l'ont fait, absolument. Le Danemark, d'ailleurs, tire parti de cette situation. Le tout petit Danemark tire des leçons très intéressantes de ses stratégies de neutralité carbone à Copenhague et permet à sa communauté d’entrepreneurs de disposer d'un marché pour amorcer leur activité. Du coup, beaucoup de startups danoises sont aujourd'hui parmi les principaux contributeurs à la politique verte chinoise en matière de solutions numériques de haute technologie pour une économie verte. Il y a aussi le Brésil, et je dois dire, oui, il y a toute cette controverse autour du gouvernement Lula, etc. Mais ce qui était vraiment intéressant avec Lula et la présidente Dilma Roussef qui lui a succédé au Brésil, c'est qu'ils ont vraiment porté l'objectif d'une croissance inclusive et d'une croissance basée sur l'innovation au cœur du gouvernement. Ils ont donc dû modifier, par exemple, le mode de fonctionnement de la banque publique. Je me souviens que lorsque je conseillais Dilma, les fabricants de génériques de l'industrie pharmaceutique brésilienne avaient besoin d'une aide des pouvoirs publics, car sinon ils risquaient d’être tous dévorés par les grands conglomérats pharmaceutiques mondiaux. Et la banque publique, avec cette idée de croissance inclusive, avait imposé l’idée qu’elle n’était pas là uniquement pour investir dans de nouveaux domaines, mais aussi pour améliorer la vie des gens. Par exemple, ils ont demandé aux fabricants de médicaments génériques pourquoi ils produisaient des pilules que les gens devaient prendre quatre fois par jour ? Si vous vivez dans une favela au Brésil, votre vie est déjà assez compliquée comme ça. Vous n'allez pas vous souvenir de prendre quatre pilules par jour ; peut-on mettre au point un traitement qui suppose de ne prendre qu’une pilule par jour ? De cette façon, l'État a présenté une image différente. Il n’a pas seulement dit qu’il était là pour empêcher les entreprises locales d’être rachetées par des géants de l’industrie pharmaceutique. Il a aussi exigé que ces entreprises changent leur façon de faire de façon à améliorer la vie des individus. Exactement, cela m’a d’ailleurs rappelé ce que tu as écrit au sujet des vaccins dans le contexte de la pandémie. Est-ce bien ce que tu avais à l'esprit ? Oui, exactement. L’important, c’est cette idée de faire la course – de mettre au point ce vaccin le plus vite possible. Le problème, c’est que si l’on court pour attraper un bus, on risque de tomber et de se faire écraser par une voiture. Au passage, ça m’est arrivé récemment : j’ai trébuché en voulant attraper un bus, et j’ai failli avoir un accident grave. Collectivement, nous devons aussi faire attention à ne pas trébucher. C'est pourquoi l'Organisation mondiale de la santé a été très claire : si nous faisons la course pour le vaccin, assurons-nous de nous rappeler quel type de vaccin va aider les gens. Il devra être universellement accessible et donc fondamentalement gratuit pour que tout le monde puisse être vacciné. Sinon, cela ne fonctionnera tout simplement pas. Cela signifie que nous allons devoir non seulement structurer le système de fixation des prix de manière à ce qu'il fonctionne, mais aussi régir les droits de propriété intellectuelle de façon adaptée. Tu as utilisé le concept d’“intelligence collective”, et c’est précisément le terme employé par l’OMS. Ils disent que nous devons veiller à ce que les brevets ne soient pas abusés en cours de route, comme c'est souvent le cas dans ce secteur, où il y a trop de brevets. Les brevets ne devraient pas être aussi en amont qu'ils le sont, au point d’entraver la recherche fondamentale. Souvent, les brevets sont trop larges, utilisés uniquement pour des raisons stratégiques, trop protecteurs et donc difficiles à concéder sous licence. Nous devons structurer ces brevets de manière à ce qu'ils ne bloquent pas l'innovation. L’OMS demande même à ce qu’on mette en place un un pool de brevets entre les différents pays pour vraiment nourrir cette intelligence collective. Est-ce que cela se produit ? L'Inde et l'Afrique du Sud font pression en ce sens, de manière très active. Mais l'Organisation mondiale de la santé n'est pas en mesure de dicter une politique. Elle peut simplement faire des recommandations. Mais c’est une question fondamentale que nous nous posons tous du fait de la pandémie. En particulier, nous prenons conscience du fait que le système de santé est l'un des plus dysfonctionnels en termes de relations public-privé. Pour en revenir aux 40 milliards de dollars par an dépensés les agences de soutien à la recherche médicale aux Etats-Unis, les prix des médicaments ne reflètent pas cette réalité, pas plus que la gouvernance des droits de propriété intellectuelle. Ainsi, le fait que le laboratoire Gilead vende le médicament Remdesivir à plus de 3 000 dollars la dose ne reflète pas du tout les 70,5 millions de dollars qui ont été investis par les contribuables américains. Beaucoup d’entreprises qui, comme Pfizer, rachètent massivement leurs actions et génèrent au passage d’énormes plus-values pour leurs actionnaires reçoivent par ailleurs d'énormes subventions publiques. Il devrait donc y avoir, même en dehors des périodes de pandémie, de la conditionnalité. D'accord pour réaliser d’énormes investissements publics si cela permet de commercialiser des médicaments efficaces, mais assurons-nous que les entreprises qui en bénéficient se soumettent à certaines conditions. Nous avons cela, d'ailleurs, dans le US CARE Act, qui est la loi américaine de soutien à l’économie pendant la pandémie. En raison de l'insistance de personnes comme la sénatrice Elizabeth Warren, il y a une condition très claire selon laquelle vous ne pouvez pas utiliser les fonds de relance pour racheter vos propres actions. Et c'est aussi ce qui se passe en période de prospérité : d'énormes quantités de subventions publiques, de garanties, d'investissements qui ne sont pas structurés correctement, et qui font donc partie du problème d'une certaine manière. C'est intéressant. J'aimerais te laisser quelques minutes pour parler de la France, car ton premier livre y a enfin été traduit, sept ans après sa publication au Royaume-Uni. Je veux dire que ton livre a longtemps été disponible dans quasiment tous les pays, sauf la France. Que s'est-il passé là-bas ? Je veux dire : pourquoi seulement maintenant ? Je ne sais pas. J'ai posé un jour cette question à mon agent : pourquoi la France manque-t-elle à l’appel ? Et il m’a dit : “Oh, la dernière fois que nous avons parlé à un éditeur en France, il m’a répondu que la France avait déjà un Etat entrepreneurial, et qu’il n’y avait donc pas besoin d’un livre sur le sujet”. Or la France a certes un État interventionniste, mais elle n’a pas nécessairement un État entrepreneurial. Toutes ces choses dont nous parlions auparavant, c'est-à-dire comment alimenter un système d'innovation dynamique et fort tout au long de la chaîne – tout cela n’existe pas nécessairement en France. Même s’il y a par ailleurs des choses formidables en France, comme l’Ecole nationale d'administration. … qui n'est pas très populaire de nos jours. Ah oui ? A vrai dire, je n’en sais rien. Je veux dire : je ne connais pas la politique française. Mais le fait est qu’au moins, la France n’a pas fait la même chose que le Royaume-Uni, c’est-à-dire externaliser complètement le cerveau de son secteur public au profit des grands cabinets de conseil. En réalité, si, il s’est passé la même chose. L'ENA forme de moins en moins d'étudiants et donc l’Etat recourt de plus en plus à des consultants McKinsey. Si c’est le cas, alors c’est un problème. Par ailleurs, la France a ses entreprises publiques — qu’il faudrait considérer comme plus qu’une simple participation. Comment gérer une transition en faisant levier d’un portefeuille d'entreprises publiques ? On peut leur laisser la bride sur le cou, ou bien en faire un levier de politique industrielle. L'Italie, par exemple, a une banque publique, la CDC, mais celle-ci ne s’est comportée comme, par exemple, la banque publique allemande : elle n’a pas été un co-investisseur actif dans cette période de transition, par exemple pour forcer la mise à niveau de l’industrie sidérurgique locale en termes de protection de l’environnement – rendant ainsi les entreprises plus compétitives ! Je pense donc qu’il y a des leçons pour la France dans mon livre. Mais je pense aussi qu’il faut que l’Etat ait confiance en lui. Or en France comme en Italie et ailleurs, l’Etat n’a pas le courage de parler de conditionnalités, par exemple. Pour dire les choses simplement, il y a beaucoup de gens en France qui sont d'accord avec tes positions sans avoir lu ton livre. Et il y a aussi mon nouveau livre, qui sort en janvier ! Et je suis heureux de faire un autre podcast avec vous, c'est sur le vif. Il s'appelle Mission Economy: A Moonshot Guide to Changing Capitalism, qui sort chez Penguin. Je ne me souviens pas si la France a acheté les droits – je vais vérifier ! C'est un livre consacré à la bonne manière de faire, presque comme un manuel. Beaucoup d’Etats sont prêts à passer à l’acte, mais il leur manque le mode d’emploi. Comment choisir ces missions ? Comment mobiliser les citoyens ? Quelle nouvelle économie politique mettre en place ? Mon livre sur la valeur, bien sûr, qui est paru en 2018, portait également sur la nouvelle théorie économique de la valeur qui est nécessaire pour créer collectivement de la valeur. L'intelligence collective ne donnera rien si on reste encombré par une théorie de la valeur obsolète. Exactement. Ce qui m'amène à ma dernière question sur le travail que tu mènes au sein de l’IIPP (Institut pour l'innovation et la valeur publique). Comment le définirais-tu pour quelqu'un qui n'en a jamais entendu parler ? J'en ai entendu parler, mais peut-être que les auditeurs n'en ont pas entendu parler. En particulier, tu as réuni un groupe incroyable de personnes extraordinaires pour reconstruire fondamentalement la pensée progressiste et avoir un fort impact, pas seulement dans le monde des idées. Que faites-vous tous exactement au sein de cet institut ? Cela peut-il inspirer d’autres personnes ? Oui, c'est ça. Donc, tout d'abord, nous sommes un département à part entière. Lorsque l'université m'a recruté, j'ai insisté sur le fait que je voulais créer un département digne de ce nom – pas seulement un petit institut au sein d’un département d'économie classique où nous aurions été, comme d’habitude, marginalisés par rapport aux courants de pensée dominants. En étant complètement indépendants, nous pouvons concevoir notre propre programme – et c’est cela notre objectif : repenser l'État en actionnant quatre leviers différents. Premièrement, le programme universitaire, littéralement la formation nécessaire pour que les fonctionnaires du monde entier se considèrent comme des co-créateurs actifs aux côtés des entreprises, de la société civile et des autres institutions. Ce qui est nouveau, c'est notre proposition d’un master en administration publique qui n’est pas soumis à la théorie des choix publics ou à la discipline de la “nouvelle gestion publique” – ces façons de penser l’administration qui sont aujourd’hui périmées. Ensuite, nous avons un programme de recherche qui alimente tout cela, c'est-à-dire, quel est le nouveau type de constructions théoriques dont nous avons également besoin pour cela ? Par exemple, quelle est la valeur publique qui revient dans cette discussion de la BBC dont nous avons parlé ? Ce programme de recherche s'articule autour de quatre grands thèmes : repenser la valeur, transformer les institutions, façonner l'innovation et réorienter les finances. Mais aussi la politique – nous ne faisons pas seulement ce que les universitaires aiment faire, c'est-à-dire prendre les décideurs politiques de haut et leur proposer de lire nos articles, et puis voilà. Notre objectif est de travailler avec eux. Par exemple, nous aidons à mettre sur pied une toute nouvelle banque publique en Écosse. Au-delà, nous aidons la Commission européenne à repenser sa politique d'innovation. Nous aidons les pays à repenser leurs stratégies industrielles, en passant de la simple liste des secteurs qui méritent l’attention des pouvoirs publics à l’analyse des problèmes pour lesquels tous les secteurs doivent innover. Nous le faisons avec eux, ce qui signifie que c'est fatigant. Croyez-moi, il nous a fallu deux ans pour mettre en place cette banque publique en Ecosse, et ce n'est pas parfait. Il est évident qu'à un moment donné, ils prennent le relais et les choses peuvent mal tourner. Mais nous avons également organisé des formations pour les personnes concernées. A Bruxelles, il a fallu deux ans pour faire passer ce concept de missions ; et nous avons également travaillé pendant deux ans avec le gouvernement britannique, sous la direction de Theresa May, pour mettre en place une stratégie industrielle axée sur l’accomplissement de missions. En faisant cela, nous nous salissons littéralement les mains. Vous ne pouvez pas voir mes ongles ici, parce que c'est un podcast. Mais nous nous salissons les mains – et pourquoi est-ce important ? Parce que ce faisant, nous apprenons nous-mêmes. Je pense que c'est un des thèmes de notre conversation d'aujourd'hui : nous devons nous-mêmes, les universitaires, être humbles, écouter et apprendre et transférer tout cela vers la théorie. C'est ce que nous appelons l'apprentissage basé sur la pratique. Ces trois domaines sont donc également importants. Le quatrième pilier est le récit. Dès le premier jour, nous avons mis en place plusieurs séries de séminaires publics. La première a eu lieu à la British Library autour du domaine public. Et nous avons fait venir des designers et des architectes pour parler de ce qu'est une place publique. Ce n'est pas parce que vous pouvez entrer gratuitement sur une place que celle-ci est publique. De la même manière que pour Google : le fait de pouvoir y faire des recherches gratuitement ne signifie pas que c'est un bien public. Comme le dit Shoshana Zuboff, vous pensez que vous cherchez sur Google gratuitement, eh bien, en fait, Google vous cherche gratuitement ! Que signifie gouverner les plateformes numériques dans l'intérêt du public ? Nous voulions créer une conversation avec les citoyens normaux, et pas seulement avec les décideurs économiques autour de cela. Nous allons d'ailleurs lancer une nouvelle série sur les rentes algorithmiques intitulée Who Owns What and Why, dans laquelle nous allons faire appel à de nombreuses personnes de différents horizons, afin d'impliquer la communauté au sens large, et pas seulement les entreprises, les décideurs politiques et les universitaires. Dans l’ensemble, ces quatre domaines se résument tous à une seule chose, qui est de repenser l'État. Non pas parce que l'État est la chose la plus importante, mais parce que nous avons besoin de partenariats public-privé et que la partie publique a été décimée. Nous devons donc repenser le public et ce, de manière interdisciplinaire. Nous considérons notre approche comme un mouvement, de la même manière que la Société du Mont-Pèlerin était un mouvement à l'époque, dont l’objectif était la promotion de l'idéologie néolibérale. Ce combat n’était pas livré seulement à l’université, il avait aussi lieu dans l’univers du journalisme et dans le secteur culturel. Nous essayons de faire la même chose aujourd’hui, mais dans une direction opposée. Repenser le marché, repenser l'économie, repenser l'État pour l'intérêt public. Nous repensons le bien commun. Mon intuition est que tout cela prend de l'ampleur et que les gens commencent à l'écouter. Je suis assez optimiste quant à l'impact de ce que tu fais. Je te remercie beaucoup pour ton temps. A nous, maintenant, de rester en alerte à l’approche de la parution de ton prochain livre ? Oui, si tout se passe bien, il sortira à la fin du mois de janvier. Il est sur ma table, je dois encore y apporter quelques corrections ! Excellent. Merci infiniment Mariana ! Merci beaucoup Laetitia. Au revoir. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Mephisto-Valse, S.514—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
23 Dec 2020 | Apprendre toute sa vie : la nouvelle norme | 00:57:06 | |
Bonjour à tous ! Chaque semaine, Nouveau Départ vous propose un entretien avec une personnalité éclairante. C’est au format audio 🎧 (ci-dessus 👆 mais également sur Apple Podcasts et Spotify) et complété par une mise en perspective ci-dessous. Je suis heureuse de partager avec vous la conversation que j’ai eue avec Agnès Alazard il y a quelques jours à propos d’éducation et de futur du travail. Nous partageons la même conviction : apprendre tout au long de la vie, c’est devenu une nouvelle norme. Il n’est pas nécessaire d’en parler au futur : c’est vrai aujourd’hui. Après une belle carrière entrepreneuriale chez Auféminin, Agnès s’est récemment lancé un nouveau défi qui concerne l’éducation : au début de cette année, elle a co-fondé Maria Schools avec Annabelle Bignon. Maria, c’est non seulement le prénom de la célèbre Montessori, c’est désormais aussi un groupe (“campus”) d’écoles innovantes “qui donnent à chacun les moyens de la réinvention perpétuelle.” Pourquoi doit-on apprendre tout au long de la vie ? Et comment peut-on aider les individus à le faire dans une école ? Comment enseigne-t-on la transformation identitaire et professionnelle ? À toutes ces questions s’ajoutent celles de la réinvention de la pédagogie en pleine pandémie. Comme une gigantesque mise en abyme, l’année 2020 interroge la réinvention individuelle et collective, l’état d’esprit d’incertitude, la résilience, et la transition numérique de l’éducation. La “maison du life long learning” qu’est Maria Schools ne peut pas se matérialiser seulement dans un lieu, si beau et chaleureux soit-il. En revanche, elle se matérialise dans une pédagogie (par le faire), dans une culture du care, et dans une communauté qui noue des liens durables et solides. Il faut pouvoir être vulnérable pour apprendre. Comme Agnès l’explique ici, À l’heure actuelle, il est très facile d’accéder à des contenus pédagogiques de qualité sur le net. Mais nous considérons qu’il est faux de croire qu’il est facile d’apprendre. Non, l’apprentissage est douloureux, on peut se sentir nul, dépassé voire humilié. C’est pourquoi nous avons développé une pédagogie de proximité afin d’autoriser cette vulnérabilité. J’ai eu beaucoup de plaisir à discuter avec Agnès d’éducation et de travail, à l’interroger sur la manière dont elle a vécu cette année d’incertitude, sur sa carrière et sa vie. En l’écoutant, on comprend bien que tout est lié et que son projet professionnel, c’est un projet de vie. J’espère que ce podcast vous plaira ! Je vous souhaite à tous un beau Noël, plein d’amour, de chaleur et de plaisirs, même s’il ne se déroule pas dans des conditions normales et même si vous n’avez pas toute votre famille avec vous ❤️ 🎄 Sept tendances qui révèlent le futur du travail (conversation “À deux voix”) Parler plusieurs langues : toujours utile ? (conversation “À deux voix”) The New Long Life, de Andrew J. Scott et Lynda Gratton (Note de lecture) Qu'est-ce que "faire carrière" aujourd'hui ? (conversation “À deux voix”) Apprendre à vivre avec l’incertitude (conversation “À deux voix”) Économie de la passion : mythe ou réalité ? (conversation “À deux voix”) Une école de code féministe (conversation avec Chloé Hermary) La désagrégation du système scolaire (conversation “À deux voix”) Se préparer pour mieux switcher (conversation avec Clara Delétraz) Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
30 Dec 2020 | L'incertitude : un nouveau paradigme ? | 00:55:55 | |
🙃 Voici la version intégrale d’un entretien réalisé avec Vaughn Tan, maître de conférence à University College London's School of Management et auteur du livre The Uncertainty Mindset, paru en juillet 2020. 🎧 Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi retrouver la version originale de ce podcast ici (ou encore sur Apple Podcasts ou Spotify) ou écouter le podcast en VO diffusé dans cette newsletter 👆 Nous vous proposons aussi ci-dessous une note de lecture sur l’ouvrage de Vaughn. Parler d’incertitude après l’année qu’on vient de vivre, c’est déjà presque devenu un cliché. Mais il existe des travaux passionnants sur le sujet qui nous invitent à aborder l’incertitude avec plus de profondeur, et notamment à faire la distinction entre le risque—ce à quoi on peut se préparer—et l’incertitude. J’ai beaucoup apprécié la lecture du livre The Uncertainty Mindset de Vaughn Tan. J’ai déjà écrit plusieurs articles à propos de cet ouvrage (dont celui-ci pour Welcome to the Jungle). Vaughn Tan est professeur de stratégie et d’entrepreneuriat à Londres (University College London’s School of Management). Il a fait un doctorat de comportement des organisation et de sociologie à l’université de Harvard. Il a travaillé pour Google dans la seconde moitié des années 2000. Et depuis dix ans, il étudie avec passion les laboratoires de R&D des cuisines des grands chefs pour en tirer des leçons d’innovation et de stratégie d’entreprise. Sa grande idée, c’est que l’état d’esprit d’incertitude est devenu indispensable dans un monde où l’innovation est nécessaire. On évolue dans un monde de plus en plus complexe où il devient fallacieux de penser que l’on peut tout planifier à l’avance. À l’âge fordiste, on visait avant tout l’efficacité. Il fallait mettre au point des processus parfaits, fiables et répétables. Il fallait apprendre à faire une chose parfaitement, et ensuite la refaire encore et encore. C’était le monde de l’organisation scientifique du travail et de la division des tâches. À l’âge numérique, en revanche, il faut innover pour survivre. L’idée que l’innovation est une nécessité est acceptée à peu près partout. Mais on ne sait pas de quelle manière l’innovation se traduit sur le terrain, dans l’organisation du travail d’une équipe. Qu’est-ce qu’une équipe innovante ? Comment encourage-t-on et organise-t-on l’innovation ? Vaughn Tan réfléchit à ces questions depuis des années. Il a fait l’expérience de l’innovation dans des contextes et secteurs différents. Dans son livre The Uncertainty Mindset (2020), il tire pour tous les managers (et les individus) les leçons d’innovation qu’il a apprises dans les cuisines des plus grands chefs. Il appelle à un changement radical de paradigme. Avant, il fallait que chaque travailleur ait un rôle fixe et clairement défini. Dans un monde d’incertitude, les rôles doivent rester ouverts et fluctuants, dans une organisation conçue pour le travail collaboratif et l’innovation. Il faut apprendre constamment les uns des autres. L’état d’esprit d’incertitude devrait tout influencer dans l’organisation du travail. Aux frontières de l’innovation gastronomique, j’ai découvert une approche fondamentalement différente de l’innovation dont je suis de plus en plus convaincu qu’elle est pertinente au-delà de la cuisine. La cuisine de pointe, c’est un système modèle pour comprendre l’esprit d’incertitude et ses conséquences pour les organisations dans d’autres secteurs. L’innovation est par nature vraiment incertaine. Avec le travail d’innovation, vous ne savez pas ce que vous cherchez jusqu’à ce que vous le trouviez ou le créiez. L’incertitude, c’est inévitable quand vous cherchez à faire quelque chose qui n’a jamais été fait ou imaginé auparavant. Un management efficace de l’innovation implique la formation de personnes et d’équipes désireuses et capables d’arrêter de faire ce qu’elles font bien pour chercher à développer autre chose. Pour cet épisode, je suis très heureuse d'accueillir Vaughn Tan. Bonjour, Vaughn. Bonjour. Merci de m’accueillir ! Vaughn est professeur adjoint de stratégie et d'entrepreneuriat à l'University College London School of Management, et il est l'auteur d'un livre récemment publié intitulé The Uncertainty Mindset: Innovation Insights from the Frontiers of Food. Quel beau titre ! Pour ce livre, tu as observé les équipes les plus innovantes des laboratoires de R&D des plus grands restaurants du monde, Noma, par exemple. Tu n’aurais pas pu choisir une meilleure année pour publier un livre sur l’état d’esprit d'incertitude. Merci beaucoup, Vaughn, d'être avec moi aujourd'hui. Ma première question, je la pose à tous les invités de ce podcast. Comment as-tu vécu cette année 2020, tant sur le plan personnel que professionnel ? Cette année a été très intéressante. Pas facile. Mais j'ai aussi beaucoup de chance. Je pense avoir vécu une bien meilleure année que d'autres personnes. Ce que j'ai appris sur moi-même, c'est que je peux ne pas voir les gens pendant de longues périodes. J’en ai toujours eu l’intuition, mais que je n'en avais jamais vraiment fait l’expérience comme ça. Et maintenant, après avoir passé tous ces mois à ne voir presque personne, c'est devenu normal. Le bon côté des choses, c'est que j’ai tout d'un coup découvert qu’il n’y a plus besoin d'être physiquement au même endroit pour travailler avec les autres. Cette année, j'ai commencé à rencontrer des gens situés un peu partout dans le monde et à leur parler. Tu es l'une de ces personnes. Cela signifie-t-il que tu as étendu tes réseaux de telle sorte que, tout d'un coup, c'est comme si des nouvelles portes s'étaient ouvertes, et pourquoi ne pas avoir une conversation avec quelqu'un en Asie, en Afrique ? Oui. Et je pense que c'est en partie parce que j'étais désormais prêt à chercher en dehors du cadre local des personnes avec lesquelles travailler, mais aussi parce que tout le monde s’est mis à faire la même chose. Les gens te contactent de partout ailleurs. Oui, c’est aussi parce que tu viens de publier un livre qui intéresse les gens. Bien sûr, sa publication en 2020 est une coïncidence. Tu y travaillais déjà depuis un certain temps. Qu'est-ce que ça fait d'avoir ce livre publié en cette période ? C'était l’été dernier, n'est-ce pas ? Oui, c'était en été. Ce n'est même pas par choix qu'il a été publié cette année. J'ai écrit à plusieurs reprises à ce sujet. Le chemin qui a mené à la publication de ce livre a été très tortueux, a impliqué de nombreux éditeurs qui ont fait un long chemin. C’est un livre complètement inclassable. Ça n’était pas évident de comprendre pourquoi il vaut la peine d’être publié, et s’il pouvait trouver un public. C'est donc tout à fait par hasard qu'il a été publié à un moment où tout le monde était soudainement exposé à un niveau d'incertitude sans précédent. On ne pouvait plus dire, “c’est risqué”. Moi j’aurais préféré qu’il soit publié beaucoup plus tôt, avant cette pandémie. Maintenant il faut réfléchir à différentes façons de faire les choses et de voir les gens, ce qui représente, je pense, l'un des aspects positifs de cette année. Cela nous oblige à faire des choses que nous n'aurions jamais penser faire auparavant, pour réaliser ensuite que finalement, ça ne marche pas si mal comme ça, qu’il existe des nouvelles possibilités dont on aurait pas imaginé l’existence. Tu n’as donc évidemment pas fait de tournée pour promouvoir ce livre. Mais quel genre d'événements as-tu organisés pour en faire la promotion ? Et comment as-tu fait pour faire parler de ton livre ? L'une des choses que j'ai faites, c’est d'écrire une newsletter hebdomadaire (sur Substack). C’est peut-être grâce à cela que nous avons été connectés. L’essentiel de ce que j’ai fait pour faire la promotion de mon livre, c’est d’écrire sur cette idée centrale de l’esprit d’incertitude. Cela a été un point de départ pour continuer à explorer ce thème. Cela n’est pas évident de faire une bonne promotion à distance, quand les déplacements physiques sont impossibles. Mais je vais de plus en plus organiser des événements virtuels qui rassemblent des personnes que je trouve intéressantes et qui ont réfléchi à des questions qui, selon moi, sont liées à cette idée d'incertitude et à ses conséquences. Cela concerne des domaines variés. Et il s’agit de personnes d’horizons divers, dont certaines travaillent sur ce sujet depuis des années. C'est intéressant. La newsletter Substack, c’est une plateforme étonnante parce que c'est aussi une communauté. Je pense donc qu'elle relie les gens autour du livre de The Uncertainty Mindset et qu'elle crée des conversations asynchrones mais étonnamment profondes et fortes. Je te félicite pour ta newsletter. N'arrête surtout pas de l'écrire ! J'ai mis le lien pour ceux qui lisent cette interview. Ma question suivante porte sur toi et sur ce qui t’a conduit à ce mélange intéressant, unique et délicieux, de la stratégie d’entreprise et de la gastronomie. Peux-tu raconter ta vie et expliquer comment tu en es arrivé à écrire The Uncertainty Mindset ? Absolument. Je pense que j'ai toujours fait des choses qui sont très difficiles à relier entre elles. Pendant un temps, j’avais une passion pour le travail du bois. Ensuite j'ai travaillé chez Google, et quand j'ai quitté Google, eh bien, je suis allé travailler dans une école d’ébénisterie, dans un programme de mobilier d'art. Et puis après cela, je suis allé faire un doctorat en comportement organisationnel. Donc, le lien entre toutes ces choses n’est pas évident. Quand je regarde de l’extérieur, je me demande quelle est la cohérence. A priori, ces choix ne sont pas vraiment stratégiques. C’est parce que j’ai toujours fait ce qui m’intéressait sur le moment, même si cela n’avait rien à voir avec une formation ou expérience passée. Travailler chez Google, ça voulait dire se lancer dans le numérique et l’informatique, alors que je n’avais pas été formé à ça. L'opportunité de travailler avec Google s'est présentée de manière très inattendue. Mais ça a eu l’air amusant, alors j’ai saisi cette opportunité. C'était entre 2005 et 2008. C'était donc juste après leur introduction en bourse. C'était probablement la période la plus stimulante pour travailler chez Google. C'était très intéressant. Il y avait beaucoup de créativité, mais c’était déjà assez grand pour qu’il y ait d’immenses ressources à disposition. Et ça n’était pas encore assez grand pour devenir rigide ou ossifié. Donc on pouvait y trouver tout un tas de personnes “bizarres”, dont beaucoup sont encore des ami·e·s aujourd’hui. Tu sais, c'était un peu comme une jungle tropicale où, partout où tu posais ton regard, il y a un écosystème riche où il se passait des choses intéressantes où on pouvait passer des années. Il y a probablement encore beaucoup de gens intéressants, mais comme tu l’as dit, c'est devenu plus rigide à bien des égards. Tout le monde n’est pas d’accord sur le moment à partir duquel la culture s’est transformée chez Google et les choses ont cessé d’être si stimulantes. Certains disent 2011, 2012, ou 2013, il y a de longs débats à ce sujet. Quel est ton avis sur la question ? Je ne sais pas. À vrai dire j’ai senti que ce changement s’est produit pendant que j’y étais, donc avant. Quand j’ai rejoint Google, il y avait seulement 2800 employés, et c’était une période incroyablement excitante. Et puis quand je suis parti, il y avait environ 20 000 personnes. Donc l’hypercroissance... Je pense que cela explique en grande partie cette transformation. Quand on a de plus en plus de personnes dans l’organisation, on ne peut plus conserver cette organisation flexible et improvisée du début. On ne peut plus laisser les gens faire ce qu'ils veulent. On doit avoir des processus, des protocoles codifiés de manière rigide pour ne pas perdre le contrôle. J'avais donc déjà l'impression que les personnes vraiment intéressantes commençaient à partir, et que c'était le genre d'endroit où les cadres supérieurs, et tous les managers, étaient embauchés à l'extérieur parce qu'il n'y avait aucun moyen de les faire monter de l'intérieur. Et ces grandes venaient de grandes entreprises plus établies. Ou de cabinets comme McKinsey ? Oui, c’est exactement ça. Ils arrivaient donc avec une façon de travailler et une façon de penser différentes. Pour eux, une organisation, ça n’est pas l’improvisation. C’est quelque chose de structuré et rigide. En général, je n’aime pas utiliser le mot “passionné”, mais il est vraiment pertinent ici : quand j’ai commencé à travailler chez Google, c’était un endroit plein de gens passionnés. On y allait parce qu’on pouvait faire des choses importantes ou juste “bizarres”. Et quand je suis parti, en 2008, c’était différent. Certes il restait encore quelques clusters de gens passionnés, souvent plus âgés parce qu’ils avaient commencé très tôt et s’étaient taillé un petit royaume à leur mesure pour continuer à y faire des choses intéressantes. Mais pour ceux qui ne faisaient pas partie de ces petits clusters, il y avait moins d’opportunités. Moi je n’étais pas très senior. J’ai préféré partir. Au fur et à mesure que Google a grossi et a rencontré toujours plus de succès, l’organisation s’est transformée, est devenue moins créative et moins “bizarre”. C’est la différence fondamentale entre l’efficacité et l’innovation. Je pense donc que lorsque j'ai commencé à travailler sur cette recherche, je venais de quitter Google et j'avais des données avec lesquelles je voulais travailler. À l'origine, j’étais chercheur quantitatif. Quand je suis arrivé à l'université et que j'ai commencé à suivre des cours pour apprendre le raisonnement quantitatif avancé, je me suis rendu compte que c'était vraiment, vraiment ennuyeux. J'ai donc commencé à faire du travail de terrain à la place, parce que c'était une possibilité offerte aux étudiants de premier cycle et que je trouvais ça très amusant. J'ai donc essayé de faire un travail basé sur l'observation et l'interview, et pour m’amuser, je suis allé interviewer un chef incroyable, José Andrés, qui a créé un groupe de restaurants dans lequel il doit y avoir maintenant 16 ou 17 restaurants du monde entier. Il a également créé une organisation appelée World Central Kitchen, qui est une organisation à but non lucratif de secours alimentaire après une catastrophe. Ils se rendent dans des endroits où il y a une catastrophe naturelle et mettent très rapidement en place ces cuisines à partir de ressources locales. Ce qui est intéressant avec José, c'est qu'il est tout à fait prêt à prendre un risque. En l’occurrence, il a été prêt à prendre un risque avec quelqu'un qu'il ne connaît pas du tout. Je me suis rendu à son bureau après une conférence qu'il a donnée à Harvard, et je lui ai demandé : “me laisseriez-vous étudier votre équipe de R&D et passer quelques semaines avec elle ?” Je m'attendais à ce qu'il me dise non. Mais il a accepté. Alors je me suis dit : "Super. Je vais aller voir ce qui se passe là-bas”. Tout ça était complètement accidentel. Je me suis seulement dit que c’était intéressant et amusant. Et tu as fini par rester dans ces cuisines pendant des années, n'est-ce pas ? Oui. C'est même ce que j’ai fait pendant la période de temps la plus longue. J’y ai fait des allers-retours pendant plusieurs périodes, pendant presque une décennie. Aujourd'hui moins car j'ai d'autres projets. Mais en tout, je les étudie depuis environ dix ans. Est-ce que cela a fait de toi un chef ? Tu y as travaillé ou bien tu as juste regardé ? J'ai travaillé dans des restaurants, mais pas en cuisine. J'ai travaillé en salle. À force d’étudier ces cuisines innovantes, au fil des ans, cela a fait de moi un bon cuisinier, mais pas un chef. Ce que j'aime cuisiner et aussi ce que j'aime manger, ce n'est pas de la gastronomie innovante. La pratique consistant à examiner les innovations continues en matière de gastronomie a vraiment fait de moi quelqu'un qui veut des plats cuisinés simplement à partir de bons ingrédients, également cuisinés avec soin et technique. C'est tout. Souvent, quand on parle à l'un des chefs qui travaillent dans ces cuisines de R&D, on apprend que c'est aussi ce qu'ils cuisinent à la maison et ce qu'ils aiment manger à l'extérieur. Quand tu vas manger des plats innovants, tu y vas parce que cela t’intéresse et que tu t’y intéresses du point de vue de la recherche. C'est amusant de voir comment, souvent, les chefs, lorsqu'ils prennent leurs repas, se préparent juste une tranche d’un pain délicieux sur laquelle ils mettent le meilleur beurre, et c'est tout. Il y a une attention aux détails et à la simplicité, alors que le reste de leur travail est si sophistiqué et complexe. En ce moment, dans les entreprises et les restaurants, on doit composer avec un niveau inédit d'incertitude. Dans ton livre, tu expliques la différence entre risque et incertitude. Peux-tu expliquer encore cette différence ? Comment s'applique-t-elle à ce que vivent les entreprises d'aujourd'hui ? Merci d'avoir posé cette question. Je veux toujours qu’on me la pose. La raison, c’est que je pense qu'il existe un grand malentendu sur le risque. Dans les deux cas (risque et incertitude), on ne sait pas ce qui va se passer ensuite. Mais dans une situation de risque, on connaît tous les résultats possibles qui pourraient se produire et quelle est la probabilité de chacun d'entre eux. On peut s’y préparer. C’est ça qu’on appelle la gestion des risques. C’est ce que chacun essaie de faire. On essaye d'atténuer les risques en partant du principe que la situation est en fait risquée. On veut connaître toutes les éventualités possibles et les probabilités de ces éventualités. En réalité, nous sommes très rarement dans la situation de connaître les issues possibles et leur probabilité. Le risque, ça serait comme avoir des dés non pipés. En réalité, les dés sont souvent pipés. Ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est de l’incertitude, de la vraie. On ne sait pas ce qui va se passer, ni les issues possibles, et encore moins leur probabilité. Aujourd’hui, les entreprises et les individus sont confrontés à une situation d’incertitude. Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve, et nous réalisons qu’il est de plus en plus difficile de faire des plans pour l’avenir. Comment faire des plans quand on n’a pas la moindre idée de ce qui peut arriver (et encore moins de la probabilité qu’une chose se produise) ? La plupart du temps, quand on ne sait pas ce qui va se produire, on parle à tort de “risque”, alors qu’en fait il s'agit d’incertitude. Le problème, c’est que quand on pense que quelque chose est risqué, c’est qu’on pense qu’on peut faire des calculs pour prendre les meilleures décisions, et “optimiser” la situation en faisant une analyse coûts-avantages. C’est fallacieux. Avec la gestion des risques, on pense qu’on peut tout connaître. Cela a été un problème dans la gestion de la crise sanitaire, où ce qui a dominé, c’est la culture de la gestion du risque et non l’esprit d’incertitude. Si vu du Royaume-Uni ou des États-Unis, on avait regardé avec circonspection ce qui se passait en Chine en Italie, on n’aurait pas agi comme on l’a fait. On n’aurait pas fait cette analyse coûts-avantages qui a mené à la catastrophe. Quand vous adoptez l’état d’esprit d’incertitude, vous apprenez à être beaucoup plus prudent. La situation ne sera peut-être pas si catastrophique que cela, mais si elle le devient, alors ce sera terrible. Très tôt dans la gestion de cette pandémie, on aurait dû avoir cet état d’esprit. On aurait davantage investi dans les tests et le traçage, et on n’aurait pas eu besoin de verrouiller le pays si longtemps. Cela aurait été plus efficace, et cela aurait coûté moins cher. Sauf en Inde peut-être. On a fait un confinement trop tôt, alors qu’il n’y avait ni tests ni traçage. Les gens ont alors propagé le virus dans les villages reculés. Oui. même en prenant la bonne décision au point A, cela ne signifie pas que l’on prend la bonne au point B. L'Inde a des défis considérables à relever. C'est un pays pauvre et c'est un très grand pays. Il n’est pas aussi étroitement contrôlable administrativement qu'un pays comme Taiwan, qui est beaucoup plus petit et plus riche. Ou Singapour ? Je n'ai pas l'habitude d'utiliser Singapour comme exemple parce qu'ils ont négligé une population très cruciale, celle des migrants. Mais oui, ceux qui ont fermé très tôt ont souvent gagné du temps. Mais si vous n'utilisez pas ce temps pour faire quelque chose d'utile, il est perdu. On pourrait dire la même chose de ce qui s'est passé au Royaume-Uni : ils ont verrouillé pendant très longtemps, ils ont ramené jour après jour le nombre de nouveaux cas à un niveau assez bas, tout à fait gérable, mais ensuite ils n'ont pas investi dans des tests et un suivi suffisants. Evidemment, je ne dis pas que j'aurais tout fait parfaitement. Mais quand on regarde ce qui a été fait, on se dit qu’on aurait quand même pu faire autre chose. Oui, bien sûr, comme tu le dis, avec le recul, cela semble plus facile de juger. La différence entre risque et incertitude est étroitement liée à l'une des idées les plus importantes de ton livre, la différence entre efficacité et innovation. Et j'ai particulièrement aimé les pages où tu expliques le changement de paradigme dans le monde de la gastronomie, de l'efficacité comme principe fondamental à l'innovation comme principe fondamental. Les deux existent en même temps. Tu expliques de façon très convaincante que efficacité et innovation sont globalement incompatibles parce que pour innover, il faut une sorte de gaspillage. Peux-tu expliquer cela un peu plus en détail ? Comment cela s'applique-t-il au monde de la cuisine ? Pourquoi ce qui se passe dans la cuisine apporte-t-il un éclairage pertinent aussi dans les autres secteurs ? Pour commencer, je dirais qu’il y a un continuum entre d’une part ce qu’on sait faire bien et qu’on cherche toujours à optimiser (l’efficacité), et d’autre part, ce qu’on ne sait pas encore faire et qui reste à inventer (l’innovation). L’efficacité et l’innovation sont les deux extrémités de ce continuum. L’efficacité vient quand on peut faire toujours la même chose et le faire en utilisant de moins en moins de ressources (temps, matières premières…). L’innovation, c’est très différent. Ce que beaucoup de gens n’admettent pas, c’est que pour innover, c’est-à-dire pour faire quelque chose de nouveau, il faut d’abord échouer. Quand on fait quelque chose de nouveau, comme apprendre une nouvelle langue ou préparer un nouveau plat, ou encore concevoir un nouveau produit ou créer une entreprise (ce que je fais en ce moment), il est rare qu’on réussisse du premier coup, à moins d'avoir une chance incroyable. Mais je ne connais personne qui ait jamais réussi du premier coup, parfaitement. Donc à l’extrémité innovation du continuum, on doit être prêt à se tromper. Cela équivaut à une perte de temps et de ressources, avant de réussir. Et l'autre problème avec l'innovation, c’est que même quand on fait bien les choses, on ne le sait pas forcément. Souvent, les meilleures innovations sont celles pour lesquelles il n'y a pas de demande immédiate sur le marché. Parfois il faut trouver le marché pour cette innovation ou le créer. C’est pour cela que l’on continue de valoriser Steve Jobs et Apple à ce point. Donc si tu as beaucoup beaucoup de chance, tu auras plus de succès que de flops dans cette démarche d’innovation. Mais je pense que le continuum, comme tu l’as souligné, entre l'efficacité et l'innovation est simplement dû au fait que tu ne peux pas innover sans échouer et donc gaspiller des ressources. Et si tu essayes d'être vraiment efficace, la seule façon de l'être, c’est de ne pas essayer de nouvelles choses. C'est pourquoi ces deux concepts sont opposés. Évidemment aucune entreprise n'est tout à fait d'un côté ni tout à fait de l'autre, sinon elle ne survivrait pas. Les entreprises doivent toujours trouver un équilibre entre les deux. Et celles qui réussissent sont celles qui ont des équipes qui expérimentent et qui échouent, qui découvrent de nouvelles choses. Ces équipes doivent pouvoir s'intégrer avec le reste de l'organisation qui elle est bonne pour affiner, produire avec efficacité ces choses nouvelles. L’exemple le plus célèbre, que tout le monde connaît, c’est Apple. Peut-être que ce n'est plus le cas. Peut-être plus maintenant, en effet. Mais il y a certainement eu, je dirais, une période de 15, 20 ans où Apple a excellé dans ce domaine. Même faire cela pendant cinq ans, c’est déjà incroyable. Pixar est un autre exemple – et il y a une infinité de petites entreprises moins connues où il se passe des choses similaires. Mais qu'en est-il des cuisines ? Que s'est-il passé exactement avec cela ? Parce que tu décris ce monde de la cuisine traditionnelle où tout est question d'efficacité. Il y a un rôle pour chacun. Il n'y a pas de gaspillage car les coûts fixes sont très élevés. Il n'y a donc vraiment pas de place pour les erreurs et tout doit être parfait, et puis on recommence encore et encore. Et puis soudain, tout change, avec la révolution numérique. D’un coup, les gens dans les cuisines commencent à valoriser l'innovation bien plus que la tradition et l'efficacité. Comment ce changement s'est-il produit et qu'est-ce que cela signifie pour une évolution plus générale de l'économie ? Ce sont en effet les termes dans lesquels j’ai commencé à réfléchir à tout cela. J’essayais de comprendre pourquoi, tout d'un coup, nous sommes passés des restaurants qui, comme tu le soulignes, essaient d’exceller dans la préparation des mêmes plats, encore et encore. Parfois, ils proposent un nouveau plat parce qu’ils ont découvert quelque chose, presque par accident. Mais proposer de nouveaux plats n’a jamais été la raison d’être de ces restaurants. Or tout d'un coup, depuis environ cinq ou six ans, les choses se sont accélérées : on a vu émerger des restaurants dont la raison d’être et de proposer sans cesse de nouvelles choses. C'est là une transition vraiment étrange, que j’ai cherché à comprendre. Ce que j’ai découvert, c’est qu’il y a en fait eu plusieurs tendances qui ont coïncidé dans le temps. En se combinant, elles ont en quelque sorte fait déborder le vase. L’émergence des réseaux sociaux est l’une de ces tendances. En présence de grands chefs qui sont animés d’un esprit de compétition, l’élargissement du terrain de jeu à Twitter ou Instagram et la stimulation qui en a résulté a forcément contribué à augmenter le rythme de l’innovation. Une autre chose qui se produit est cette idée de plate-forme de la connaissance. Si on essaie de cuisiner des aliments modernes, de façon innovante et très scientifique, ce qu’on appelait à une époque la gastronomie moléculaire, on rencontre forcément des obstacles. Par exemple, la plupart des chefs ne sont pas formés à la recherche en laboratoire. Cela requiert une connaissance avancée non seulement d’ingrédients qui ne sont pas courants dans les cuisines, mais aussi des techniques qui ressemblent davantage à des techniques de laboratoire. Aucune de ces connaissances n'était répandue dans l'industrie. Et ceux qui voulaient s’adonner à de l'innovation gastronomique n’avaient pas d’autre choix que de construire leur propre laboratoire dans les cuisines de leur restaurant. Et puis tout d'un coup, il y a eu ces blogs. Et puis des blogs sont nés les forums, et des livres spécialisés. Et tous ces livres, en combinaison, distribuaient et diffusaient des informations sur la façon de faire les choses qui permettaient aux gens qui voulaient trouver de nouvelles idées et de nouveaux aliments de sortir et de faire les choses eux-mêmes. Une troisième chose importante est que pendant longtemps, il y a eu ces gardiens de l'information sur ce qu'est la qualité en gastronomie. Il y avait le Guide Michelin, des célèbres critiques qui écrivaient dans des journaux établis. Et le métier de ces gens-là, c’était de se rendre dans les mêmes restaurants encore et encore pour les évaluer. Et l’obsession de tous ces gens-là, c’était la constance : il fallait que les plats et leur qualité soient les mêmes d’une fois sur l’autre. Et puis soudain, parce qu'avec la révolution Internet, une des choses qui s'est produite, ce qui est formidable, dont nous avons parlé avec Substack, c'est que les individus n’ont plus eu besoin des grandes institutions pour accéder à du contenu. Et donc les blogs et les forums, qui ont commencé à exercer de l’influence via des applications comme Instagram, ont fait émerger des critiques d’un genre différent : des individus dont ce n’est pas le métier d’être critique, et donc dont on n’attend pas qu’ils se rendent toujours dans les mêmes restaurants pour vérifier la constance. Ce que font tous ces individus, c’est qu’ils essaient de se positionner par rapport aux critiques professionnels et de faire les choses différemment – de porter un regard différent sur le monde de la restauration. Par exemple, la plupart de ces individus ne se rendent dans un restaurant donné qu’une seule fois dans leur vie. Ils sont en quête de nouveauté plutôt que de constance ! Et à mesure que leur influence grandissait, les restaurants intéressants et innovants qui offraient à leurs clients une nouvelle expérience à chaque visite sont devenus les restaurants qui ont en quelque sorte émergé au sommet de ce monde alternatif, alors que tous les restaurants traditionnels conventionnels où l'accent était mis sur la constance de l’exécution ont continué de dominer dans une hiérarchie plus traditionnelle. Dans l’ensemble, on a donc plusieurs tendances : le développement d'une plateforme de connaissances à laquelle tout le monde peut accéder, le fait qu'il y a soudain un moyen pour les chefs de se parler via les réseaux sociaux et les conférences, et la relève parmi les prescripteurs – qui peut déclarer qu’un restaurant vaut le détour ou pas. Ces trois tendances, combinées, ont contribué à la formulation d’un nouveau message : celui selon lequel il faut mettre l’accent sur l’innovation. C'est intéressant. La même chose est arrivée à l'informatique, qui avait aussi ses gardiens du temple – des institutions comme l’université Stanford ou Imperial College à Londres. Et puis soudain, il y a eu le mouvement open source et l’émergence de plateformes comme Github et Stack Overflow, qui a permis aux développeurs d’être reconnus par leur pair sans l’intermédiation d’institutions. Penses-tu que la même chose est arrivée dans le monde de la gastronomie ? Je pense en effet que cette dynamique existe dans de nombreux secteurs. En informatique ou en développement de logiciels, on observe des tendances similaires. Comme tu l’as souligné, la qualité a longtemps dépendu de l’intermédiation de grandes institutions comme IBM et Microsoft. Mais maintenant, n’importe qui peut écrire des lignes de code en recourant à des plateformes qui leur fournissent l’infrastructure pour ce faire. Avec Amazon Web Services, par exemple, il n’y a plus besoin d’avoir une grande entreprise derrière soi pour déployer une infrastructure. Idem pour d’autres plateformes comme l'App Store, par exemple. Les app stores sont ainsi devenus des canaux de distribution pour les personnes qui lancent de nouveaux produits logiciels. Je pense que des mécanismes similaires sont à l'œuvre dans de nombreux secteurs. Une idée que j'essaie de promouvoir avec ce livre, c'est l'idée selon laquelle on ne peut comprendre les grands changements de notre époque que si on s’intéresse à de petits changements qui n’ont l’air de rien au premier abord. Car si tous ces petits changements surviennent tous en même temps, alors ils font basculer les choses. On observe cela dans la musique, certainement un domaine où cela s'est probablement produit au cours des six ou sept dernières années. Dans les médias, le secteur de la presse a complètement changé ces huit dernières années, et surtout ces quatre dernières années, pour des raisons très similaires. L’univers de la vidéo mettra un peu plus de temps à changer, mais la même chose est en train de s’y produire. Ce nouveau paradigme met à l’épreuve les managers, qui ont longtemps considéré les emplois comme des concepts monolithiques, avec fiche de poste et liste de tâches à exécuter.. Mais comme tu le dis, si l’objectif est d'innover, alors, eh bien, il faut accepter qu'il n'y a pas de place pour ce management monolithique : les emplois doivent changer et évoluer en permanence. Une autre chose que tu signales est que les membres de ces équipes innovantes ont des façons vraiment intéressantes de travailler ensemble et d'apprendre les uns des autres. A quoi ressemble l'organisation du travail dans un univers qui promeut à ce point l’innovation ? Quels sont les principaux éléments pour la faire fonctionner ? J’apprécie beaucoup que tu me poses cette question ! Je pense que l'élément clé des rôles individuels dans toute entreprise ou organisation est que depuis plusieurs décennies maintenant, nous pensons qu'il est préférable pour tout employé de savoir avec certitude quel rôle il joue. Il faut donc savoir quelles sont les tâches qu'il doit accomplir, comment il va être évalué sur ces tâches. Il faut que tout soit stable,complet, prévisible. Il faut être capable de décrire tout ce que fait un employé et l’idée est que rien de tout cela ne doit changer jusqu’à ce que cet employé soit promu ou muté dans une autre fonction. L’idée des tâches normalisées est en quelque sorte l'hypothèse par défaut. C'est tellement par défaut que les gens n'y pensent même pas dans la pratique ou dans les recherches dans le domaine du management. Quant à moi, ma principale objection à cette façon de penser est très simple, très logique. Je pense que quiconque se donne pour objectif d’innover ne sait même pas encore ce qu’il essaie de faire. Dans ces conditions, comment définir le travail de quelqu'un de façon complète et constante ? C'est un premier problème. Disons que vous êtes une entreprise orientée vers l'innovation et que vous dites que vous voulez innover. Comment pouvez-vous avoir des fonctions stables et complètes, définies à l'avance ? Logiquement, cela ne fonctionne pas. L'autre problème est que toutes les entreprises ne se disent peut-être pas qu'elles veulent innover à tout prix, mais elles n’en sont pas moins confrontées à une grande incertitude. Or face à l’incertitude, il est impossible de savoir ce que va devenir l’entreprise, ni ce que les employés doivent faire en son sein. Dans un contexte d’incertitude, comment définir le rôle de chaque employé de manière complète, stable et anticipée ? Là encore, en toute logique, cela ne fonctionne pas. Donc, si quelqu'un me demande pourquoi je pense qu'il faut des rôles négociés et des rôles ouverts, ce dont je parle comme alternative, c'est parce que c’est la seule option pour quiconque veut innover. De même qu’en situation d'incertitude, il est indispensable d’avoir des rôles ouverts. Il n'y a pas d'autre option. Donc, en pratique, que se passe-t-il ? Je pense que la chose la plus importante qui se passe si vous avez un rôle à durée indéterminée, les deux choses les plus importantes, la première est que l'employé et l'organisation, les autres membres de l'équipe, le manager, les dirigeants, doivent tous reconnaître explicitement que le rôle de chacun est indéterminé. L’indétermination ne signifie pas que l’organisation est amorphe. Il est tout à fait possible de décrire à un employé 60, 70, voire 80 % des tâches qu’il aura à accomplir, tout en lui disant que le reste est encore inconnu dans un contexte d’incertitude. Et le rôle de chaque employé, précisément, est de contribuer à la détermination de son propre travail : en révélant ce qu’il ou elle aime faire, en développant sa propre sensibilité à son environnement, en faisant valoir son point de vue. Et ces deux choses, je pense, permettent instantanément d'avoir un rôle ouvert qui n’échappe pas à l’emprise de l’organisation mais, au contraire, peut aider cette organisation à découvrir de nouvelles choses à faire. La première chose à faire est donc de s'assurer que l'employé et l'organisation comprennent tous deux que le rôle est ouvert et dans quelle mesure il l'est. Il faut juste qu'il y ait une discussion ouverte à ce sujet, et non pas que l'organisation suppose que l'employé sait ou que l'employé suppose que l'organisation a réellement eu une conversation sur la part du rôle qui est fixe et celle qui est libre. Un autre aspect important est qu’il faut traiter tout le travail comme un moyen de déterminer si quelqu'un est bon pour faire quelque chose. Et je sais que cela semble vraiment brutal, comme si vous étiez toujours testé, mais ce n'est en fait pas aussi onéreux que cela en a l'air. Parce que si chaque chose que vous faites est potentiellement un test, alors la plupart des choses qui sont des tests sont vraiment, vraiment à petite échelle. Et cela signifie que vous n'avez pas à y penser. À un moment donné, tout le monde commence à utiliser toutes ces choses dans lesquelles vous excellez au quotidien : si c’est un restaurant, ça peut être l’excellence dans la préparation d’une nouvelle sauce ; si c’est un cabinet d'avocats, c'est la façon dont une personne donnée rédige un contrat. Chaque tâche qui vous est confiée devient un moyen de montrer que vous savez comment faire quelque chose de bien. Et pour tous les autres, c'est une façon d’observer si cette personne excelle ou non dans l’exécution d’une tâche donnée. Et cela permet de créer ces équipes intéressantes que tu as mentionnées, des équipes qui savent de manière très détaillée ce que tous les autres membres de l'équipe savent faire et aiment faire, de sorte qu'il n'est pas nécessaire de les manager aussi activement. Vous avez donc ces équipes qui se gèrent elles-mêmes parce que quand un nouveau défi émerge de l’incertitude, elles savent exactement comment se positionner et se recomposer pour le relever. qu'elles savent, une nouvelle chose apparaît que l'équipe doit faire, elles n'ont même pas besoin que quelqu'un leur dise de le faire. Elles sont sur le coup et elles ne sont pas sur le coup juste dans le sens où, oh, nous ne savons pas comment répartir le travail entre nous. En fait, ils sont sur le coup dans le sens où, oui, je vais juste supposer que ce type va le faire. C'est quelque chose que cette personne va faire parce qu'elle est douée pour le faire et qu'elle veut le faire. Et ce sera une croyance exacte parce qu'ils ont passé le processus de tester à la fois ce pour quoi ils sont bons et aussi ce qu'ils veulent faire chaque jour où ils ont travaillé ensemble. C'est donc une façon différente de penser à la façon dont les équipes se construisent. Il ne s'agit pas de constituer une équipe au début et de s'assurer qu'elle fait des exercices de construction d'équipe pendant trois jours, puis de les terminer. C'est cette idée que tout se passe lentement et continument et donc de façon plus exhaustive, beaucoup plus dans le détail et de façon continue pendant toute la période où les membres de cette équipe travaillent ensemble. Tout cela se passe donc dans la cuisine. Mais dans l’une de tes récentes newsletters, tu as répondu à une question qui a dû t’être beaucoup posée pendant la pandémie : qu'en est-il du travail à distance ? Comment les choses se passent-elles si les gens ne sont pas ensemble dans la même pièce ? Comment interagir de manière aussi riche dans ces conditions ? Oui, je pense que le travail à distance est problématique pour toutes les équipes dont les interactions se concentrent autour de choses comme une assiette de nourriture ou le modèle d'une voiture ou comme un modèle architectural ou même un film. Si le résultat du travail d’un individu peut être transmis à d'autres personnes pour qu'elles le regardent, y réfléchissent et le commentent, alors le travail à distance est possible. Nous-mêmes, notre travail est de cet ordre : nous écrivons des courriels, nous rédigeons des documents, nous organisons des réunions. Toutes ces choses peuvent se produire virtuellement. Tant que le produit du travail peut être évalué, le travail à distance ne constitue pas un obstacle insurmontable à ce genre de travail d'équipe. Un autre aspect important, c’est le partage au fil de l’eau. Au lieu d’attendre de disposer d’un produit fini, il faut partager le travail au fil de l’eau pour permettre aux autres de membre de l’équipe de comprendre la façon de penser et de travailler de chacun. Il est impossible de dessiner cette carte mentale des membres d’une même équipe, de ce qu’ils aiment faire ou pas faire, à moins d'interagir de façon continue dans un contexte de travail. L’une des choses que je suggère pour faciliter le travail à distance est de s'habituer au fait que le travail à distance peut parfois sembler inefficace : parfois, il s’agit de se réunir à distance simplement pour parler du travail en cours et donner un retour d'information aux autres. Il semblerait plus logique d’attendre qu’un projet ait abouti et que chaque réunion se déroule aussi vite que possible. Mais si on s’en tient à ça, alors on n’apprend pas à penser avec d'autres personnes, on ne découvre pas comment les autres pensent, on passe à côté de tout cela. Je pense donc que le travail à distance est un défi pour l’organisation du travail, mais ce défi est loin d’être insurmontable. Intéressant. Ma prochaine question concerne l'inconfort, que tu as déjà mentionné. L'innovation requiert de s’adonner à des disciplines qu’on ne maîtrise pas encore parfaitement. Or peu de gens consentent à ne pas exceller dans un domaine : ce n'est pas bon pour l’ego. Du coup, tu as beaucoup écrit sur l'aspect paradoxal de la motivation en matière d’innovation. Et tu introduis cette idée du “désespoir programmé”. Peux-tu nous expliquer ce que tu entends par là ? Plus généralement, qu'est-ce qui, selon toi, est important pour la motivation à notre époque ? Absolument. L’un des problèmes avec l’innovation c’est qu’elle a pour corollaire la fréquence des échecs. Or quiconque veut éviter l'échec a tendance à se limiter à ce qu’il sait déjà faire. Prenons un exemple qui m’est familier ces temps-ci : apprendre une nouvelle langue. Toute personne qui, comme moi, se plie à cette discipline se retrouve constamment dans des situations où elle emploie un mot à mauvais escient ou bien le prononce de façon incorrecte. C'est embarrassant ! Le problème, nous le savons tous, c’est qu’il est impossible d’apprendre et de se développer en tant qu'individu sans passer par cette phase inconfortable où les choses ne fonctionnent pas encore. Et donc cette idée de désespoir programmé, elle est en fait venue, évidemment, en regardant les gens le faire dans les cuisines des grands restaurants. Parce que nous savons à quel point il est difficile d’être confronté à l’échec, une approche possible est de placer les individus dans des situations où ils n’ont pas le choix. C’est de là que vient ce concept du “désespoir programmé” : l’enjeu est d’amener les gens à se lancer dans des entreprises où ils sont à peu près certains d’échouer et de leur donner un délai précis au terme duquel ils doivent passer à autre chose. L’objectif, évidemment, est qu’ils apprennent quelque chose et progressent au passage ! C'est cette inspiration d’une petite quantité de désespoir qui débloque tout cet apprentissage. C'est pourquoi j'utilise souvent l'analogie de l'entraînement à la résistance physique. Plutôt que de se lancer immédiatement dans les épreuves les plus difficiles, on commence par chercher à atteindre des objectifs qui sont à notre portée – un peu comme des athlètes qui ne cherchent pas d’emblée à battre des records, mais commencent par explorer leurs limites. L’enjeu, c’est de calibrer : de commencer par une tâche qui est à sa portée, puis de pousser un peu plus loin. Il s’agit d’un processus de développement à la fois cognitif et, dans certains cas, physique. Et pour moi, la même chose se produit à l’échelle de toute une équipe – comme un individu, une équipe composée de plusieurs individus sait explorer les limites de ce qu’elle peut faire et, pour cela, elle cherche à surmonter l’épreuve du désespoir programmé. Tout cela change aussi notre vision du leadership. Le rôle d’un leader, dans une équipe, c’est de cerner les limites de cette équipe à un instant donné, puis de chercher à la pousser un peu plus loin, jusqu’à ce que cette équipe se sente à l’aise dans cette situation permanente de “désespoir programmé” – qui ne fait que refléter l’incertitude généralisée qui environne l’organisation. J’ai observé cela dans mes recherches : des équipes que j’ai vues longtemps déstabilisées face à l’incertitude ont fini par prendre leurs marques et s’habituer à l’idée de se mouvoir dans l’incertitude. Ce n’est pas évident du tout ! Rien de tout cela n'est arrivé du jour au lendemain. C'est arrivé parce qu'au fil des années, ces équipes ont appris à faire des choses de plus en plus difficiles, mais elles ont aussi appris cette méta-compétence qui consiste à faire quelque chose qui n’est pas maîtrisé au départ – et à s’habituer à l’idée que l’échec n’est pas un problème. Je dis ça, mais moi-même je déteste l'échec et je fais de mon mieux pour l'éviter. En même temps, je sais, et nous savons tous, que la plupart du temps quand on échoue, les conséquences sont insignifiantes. Ce que ces équipes ont fait, c'est qu'en se projetant progressivement plus loin qu'elles ne pouvaient aller, elles ont acquis la capacité de savoir que l'échec est généralement acceptable. Elles ont également été capables de surmonter cet obstacle profond, viscéral, émotionnel, quel que soit le nom qu'on lui donne, qui les empêche de faire des choses qui pourraient échouer – cet instinct presque animal de la peur face à l'échec, qui elle-même entraîne de la réticence face à la difficulté. En surmontant cet obstacle, ces équipes finissent par admettre que même si c’est difficile, cela vaut quand même le coup d’être tenté. Et c'est en fait très satisfaisant car, qu’on réussisse ou qu’on échoue, on apprend beaucoup de choses et on est ainsi mieux préparé pour le prochain tour. Je ne sais donc pas combien de temps une équipe peut tenir dans l’absolu, mais celles que j’ai observées dans mes recherches ne cessent de progresser et de progresser encore. C'est incroyable. On dirait d’ailleurs que tu t’appliques ces principes à toi-même, n’est-ce pas ? Tu as déménagé en France pendant la pandémie, avec ce qui semble être un nouveau défi ou un nouveau projet ? Je ne sais pas si tu as envie de parler de cela, de ton prochain projet et de ce sur quoi tu travailles actuellement. Mais tu es manifestement prêt à accepter le malaise et le défi de ne pas être bon dans quelque chose. Par exemple, tu as mentionné l'apprentissage du français et la difficulté d'apprendre une nouvelle langue et d'être immergé dans une culture étrangère. Que peux-tu nous en dire ? Qu'est-ce qui t’a amené en France dans cette période de pandémie ? Eh bien, ce qui m'a amené en France, c'est que j'ai un projet de recherche à long terme sur le vin naturel. Il était donc logique de venir dans un pays où l'on fait du vin, comme la France. Malheureusement, en ce moment, ce n'est pas vraiment un projet qui peut être poursuivi. L'autre projet qui m'a fait sortir de Londres, je ne peux pas encore en parler, mais j’en parlerai bientôt ! Pour tout dire, cette période de pandémie rend possible des choses que je n’aurais jamais envisagées par le passé. Dans un environnement stable, beaucoup de choses que j’ai entreprises récemment n'auraient jamais vu le jour. Mais maintenant que la pandémie inspire de l’incertitude de toutes parts, déménager dans autre pays et apprendre une nouvelle langue ne semblent pas un défi insurmontable ! Oui, le coût marginal semble faible, compte tenu du contexte ! Oui ! Je ne sais pas si tu ressens la même chose, mais à mes yeux beaucoup de gens se disent désormais que, foutu pour foutu, autant tenter des choses qui semblent vouées à l’échec. Peut-être que ces efforts n’aboutiront à rien de concret, mais au moins nous aurons appris beaucoup de choses au passage. Il est donc assez agréable, dans un sens, d'être mis dans une situation où il est facile de prendre une décision difficile comme celle-ci, alors que jusqu’au mois de mars tout était si stable, confortable et prévisible ! Le contraste entre la confiance normale de tous les jours et le malaise et l'insécurité incroyables qu'il y a probablement à changer cette vie devient décourageant et impossible. Mais quand tout est comme ça, qui sait ce qui va se passer ? Soudain, tout est plus facile. Ou encore, il n'y a, disons, aucune raison de ne pas le faire. Comme tu le dis, puisque nous sommes foutus, autant nous amuser et relever des nouveaux défis ! J'aime cette conclusion parce que dans le contexte de ce pessimisme ambiant, c’est une approche très optimiste des choses – une vision positive du monde que nous pouvons tous partager. Je ne veux pas prendre trop de ton temps – cela fait déjà une heure que nous sommes ensemble ! Merci beaucoup, Vaughn, pour cette conversation fascinante. Et j'espère que nous pourrons en reparler bientôt, lorsque tu pourras nous en dire plus sur tes nouveaux projets. Bonne chance à toi ! J'ai hâte d'y être. En fait, juste pour donner un aperçu, c'est quelque chose qui s'applique à tous les citoyens européens. Et je pense que c'est une chose assez importante pour tous les citoyens européens. J'espère donc que nous pourrons en parler très, très bientôt. Je l'espère. Tiens-nous au courant ! Merci encore, au revoir et à bientôt. Merci beaucoup de m’avoir invité ! Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
21 Sep 2020 | Le féminisme, c'est pour les hommes | 00:06:11 | |
Bonjour à tous ! Chaque lundi nous vous envoyons un “Édito” au format écrit 📝👇 ET audio 🎧☝️, pour à la fois mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Voici le cinquième “Édito” de cette nouvelle saison, sur la bonne manière de faire avancer les causes féministes, suivant l’exemple de la juge américaine Ruth Bader Ginsburg, décédée vendredi dernier. Le décès de la juge à la Cour Suprême américaine Ruth Bader Ginsburg provoque un tremblement de terre en cette année électorale. Doyenne de la Cour, “RBG” écrivait l’histoire judiciaire américaine avec ses opinions dissidentes. Dans une Cour majoritairement conservatrice, elle était un “phare” pour les progressistes. Atteinte d’un cancer du pancréas, dont de récentes métastases la condamnaient désormais, RBG est morte dans l’angoisse que Trump nomme son successeur avant que ne soit élu un nouveau président. Si cela se produit, la Cour aura en effet une écrasante majorité conservatrice pour les décennies à venir. Pour une majorité du pays, l’angoisse ne s’arrête pas là. La Cour Suprême pourrait également jouer un rôle dans la prochaine élection, comme elle l’a déjà fait en 2000 quand elle a ordonné l’arrêt du recomptage des voix dans l’État de Floride et donné la victoire au candidat républicain George W. Bush. Il devient de plus en plus probable que les résultats du vote de cette année seront contestés en novembre et feront l’objet de batailles judiciaires que la Cour suprême pourrait être amenée à arbitrer. Sans RBG, il devient plus probable que la Cour soutiendra Trump dans ces litiges. C’est pourquoi Nicolas et moi allons consacrer notre premier podcast “à deux voix” au sujet de la Cour suprême des États-Unis. Nous voulons rappeler à nos abonnés les enjeux institutionnels et historiques qui permettent de mieux comprendre la politique américaine. C’est sur ces sujets que nous avions fait nos premiers “À deux voix” dans les cours que donnions ensemble à Sciences-Po il y a maintenant plus de dix ans. (A l’époque, nous n’aurions pas imaginé faire des podcasts !) Mais ce n’est pas le tremblement de terre politique de 2020 qui est le sujet de mon édito de cette semaine. Je voudrais ici mettre l’accent sur la stratégie et l’intelligence qui furent celles de RBG dans ses combats féministes et tous ses combats pour l’égalité. Ce n’est pas pour rien que RBG était une icône féministe. Avant de devenir la deuxième femme juge à la Cour suprême (nommée par Bill Clinton en 1993), elle a plaidé en tant qu’avocate six affaires devant la Cour suprême, parmi lesquelles elle a remporté cinq victoires. Avant elle, Thurgood Marshall, héros des droits civiques, avocat de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People), avait gagné ses galons de grand juriste en plaidant l’affaire Brown v. Board of Education (interdisant la ségrégation raciale dans les écoles) devant la Cour suprême. Il est ensuite devenu le premier juge noir membre de la haute juridiction, nommé par Lyndon Johnson dans les années 1960. Le parcours de RBG est similaire. Elle a d’abord fréquenté la Cour suprême comme avocate, pour faire avancer la cause de l’égalité, avant de devenir juge puis d’être nommée à la Cour suprême par Bill Clinton. Comment RBG a-t-elle pu être victorieuse cinq fois sur six à une époque où il n’y avait pas de femme à la Cour et où l’écrasante majorité des juges (et des hommes de pouvoir en général) ne reconnaissaient pas l’existence des discriminations contre les femmes (ou bien ne les voyaient pas comme un problème) ? Son intelligence stratégique et tactique consistait en ce qu’on pourrait appeler une “ruse empathique”. Face à des hommes qui n’avaient jamais fait l’effort de se mettre dans la peau de l’autre, Ginsburg a fait du féminisme une affaire d’hommes. Et c’est comme cela qu’elle les a convaincus. En 1973, par exemple, dans l’affaire Frontiero v. Richardson, elle a représenté une femme lieutenante de l’armée de l’air à qui il avait été interdit de réclamer une allocation pour personne à charge pour son mari. La loi fédérale prévoyait que les épouses des militaires deviennent automatiquement des personnes à charge. Mais on refusait aux hommes le “privilège” de dépendre de leur femme ! Ginsburg a obtenu gain de cause : les critères de qualification différents pour la dépendance des époux et des épouses dans l’armée représentent une discrimination. En 1975, dans l’affaire Weinberger v. Wiesenfeld, elle a défendu un homme qui s’était vu refuser des prestations sociales suite au décès de sa femme en couches, car les aides qu’il demandait étaient accordées aux veuves, mais pas aux veufs. Avec cette affaire, elle a à nouveau fait valoir l’idée que les attitudes rigides concernant les rôles genrés nuisaient à tout le monde (pas seulement aux femmes). Les juges se sont montrés plus réceptifs aux plaignants de leur propre sexe qu’ils ne l’auraient été avec des personnes du “deuxième sexe”. Ginsburg était non seulement une immense juriste et une championne de la cause de l’égalité, elle était aussi une fine stratège qui comprenait la psychologie des personnes en position dominante. La grande leçon de ses succès est que la meilleure façon de faire progresser les droits des femmes, c’est de défendre les hommes et leur droit à l’égalité de traitement devant la loi. Dans un monde idéal, les personnes de pouvoir seraient des personnes diverses reflétant la population, et des personnes qui n’auraient pas besoin de “ruse empathique” car capables de faire l’effort de se mettre dans la peau de l’autre. Au lieu de cela, RBG a dû mener des campagnes d’éducation à l’empathie pour faire comprendre les enjeux d’égalité. Comme elle l’a dit elle-même dans un documentaire consacré à sa vie, “je me voyais comme une sorte d’institutrice de maternelle (...) parce que les juges ne pensaient pas que la discrimination sexuelle existait.” La leçon de Ginsburg reste (hélas) d’une grande actualité aujourd’hui. La “ruse empathique” reste souvent nécessaire et peut être un bon moyen de faire avancer les causes féministes. C’est sans doute pour cela que les sujets comme l’allongement du congé paternité sont si populaires aujourd’hui. Défendre le droit des hommes à être des bons pères, à s’arrêter de travailler pour s’occuper d’un nourrisson, à être pères dans des couples de même sexe, à obtenir la garde des enfants en cas de divorce, c’est être féministe. Le féminisme, au fond, c’est fait pour les hommes. ⚖️ La Cour suprême dans l’histoire Mardi 22 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la Cour suprême américaine et les péripéties politiques suite au décès de Ruth Bader Ginsburg. De nombreux Américains angoissent à l’idée qu’un successeur (conservateur) soit nommé avant le début du prochain mandat présidentiel. La Cour suprême pourrait aussi jouer un rôle déterminant dans cette année électorale. Avec Nicolas, nous rappelons les enjeux institutionnels et historiques qui permettent de mieux comprendre la politique américaine 🇺🇸 🎥 Un documentaire sur le futur du travail Mercredi 23 septembre | Interview 🎧 de Samuel Durand, “explorateur” du futur du travail. Quand il n’était encore qu’étudiant en école de commerce, Samuel a choisi de faire un tour du monde du monde du futur du travail plutôt que de faire un stage à la Défense. Ça a donné “Going Freelance”. Depuis quelques mois, il travaille à la réalisation d’un documentaire et part à la rencontre de ceux qui inventent les nouveaux modèles du travail. Il m’a interviewée dans le cadre de son documentaire. Je lui retourne ses questions dans cet entretien 😈 😤 Sommes-nous condamnés aux files d’attente ? Jeudi 24 septembre | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le sujet des files d’attente. Alors que la France vient de battre un record en nombre de contaminations quotidiennes au COVID-19 (13 500 en 24 heures), on promet de réaliser plus de tests. Mais les laboratoires représentent un goulot d’étranglement, et les files d’attente s’allongent. Nous en profitons pour discuter des files d’attente en général, de transition numérique, de culture, de services publics et des files d’attente riches en “bonne” friction (oui, cela existe 😜). Pour ne rien manquer de ces contenus, abonnez-vous si ce n’est déjà fait 👇 🇮🇳 Que se passe-t-il en Inde ? Les Français connaissent mal l’Inde, un pays certes gigantesque et important sur la scène internationale, mais qui est souvent éclipsé par la Chine voisine. Or l’Inde, en plus de traverser une crise sanitaire et économique gravissime, est en train d’accélérer sa transition et de faire émerger des grandes entreprises numériques. Il était temps qu’on y consacre un podcast “à deux voix” ! 👉 Écoutez 🎧 Que se passe-t-il en Inde ?—réservé aux abonnés. 👉 Lisez ou écoutez 🎧 aussi notre “Note de lecture” sur "The Billionaire Raj", de James Crabtree 🇮🇳—réservé aux abonnés. 🧒 Le futur de la garde d’enfants La pandémie à révélé l’importance des travailleurs “essentiels” ou du “back office” (pour reprendre l’expression de Denis Maillard) qui nous rendent ces services de proximité indispensables au bon fonctionnement de l’économie. Parmi eux, les nounous qui gardent nos enfants sont à la fois familières et méconnues. Laetitia en parle avec Maïmonatou Mar, fondatrice de l’association Gribouilli. 👉 Écoutez 🎧 Le futur de la garde d’enfants—accessible à tous. 🇪🇺🇺🇸 La nouvelle politique de la concurrence On parle sans cesse de “réguler” voire “démanteler” les géants numériques américains. Mais avant de tirer des conclusions hâtives, il est important de revenir sur l’histoire de l’antitrust et de mieux comprendre ses objectifs. Avec Laetitia, nous échangeons sur les grands précédents de l’histoire du droit de la concurrence et les leçons à tirer pour l’avenir. 👉 Écoutez 🎧 La nouvelle politique de la concurrence—réservé aux abonnés. This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
04 Jan 2021 | 2021 : se préparer à l’incertitude | 00:05:46 | |
Bonne année à toutes et tous ! Chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito”, une interview avec un·e invité·e passionnant·e (francophone ou non) et quelques informations pour mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Cette semaine, j’enregistre également une version audio de l’Édito 🎧 À l’agenda aujourd’hui 👇 * Mon “Édito” sur l’incertitude et les résolutions pour 2021 🎧👆 * Vaughn Tan sur l’incertitude et l’innovation * Nos conversations à venir cette semaine * Ce que vous avez peut-être manqué pendant les vacances Nous avons tous aimé fêter ce réveillon du 31 décembre pour savourer l’idée de “tourner la page de 2020”. D’habitude, le réveillon, c’est aussi le moment que l’on choisit pour faire le bilan de l’année passée et des plans pour l’année qui commence. Or cet exercice-là se révèle bien périlleux cette fois-ci. D’une part, faire le bilan de toutes les catastrophes que le monde a connues en 2020, c’est lourd. D’autre part, faire des plans et prendre des résolutions quand on n’a pas “tourné la page” de ces catastrophes, c’est impossible. Bien que les campagnes de vaccination aient commencé dans de nombreux pays, les premiers mois de l’année promettent d’être meurtriers. Combien de vagues de contaminations connaîtra-t-on encore cette année ? Combien de mutations virales ? Et qui peut prédire avec précision les conséquences économiques et politiques de la gestion de cette pandémie ? Et celles de la (mauvaise) gestion des campagnes de vaccination ? Sur le plan géopolitique, les choses sont tout aussi compliquées. La présidence de Joe Biden marquera-t-elle une rupture ou une forme de continuité dans le repli américain ? Quelles seront les conséquences du repli britannique, désormais consommé ? Quant aux questions environnementales, nous savons que les diverses catastrophes environnementales (incendies, sécheresse, typhons, etc.) ne pouvaient que se multiplier avec le réchauffement climatique. À quelle sauce serons-nous mangés en 2021 ? Une chose est sûre : 2021 sera dominée par l’incertitude. Le problème, c’est que la plupart des gouvernements et des entreprises continuent d’entretenir une confusion dangereuse entre l’incertitude et le risque. Or ces deux mots ne sont pas synonymes. Ils renvoient même à un changement de paradigme. Le risque désigne une situation où les possibilités de l’avenir sont connues et on peut en calculer les probabilités. À l’inverse, l’incertitude renvoie à une situation où l’on ignore les possibilités, et a fortiori les probabilités qui s’y rattachent. La gestion des risques est une activité bien connue du paradigme industriel. Elle fait partie intégrante des plans à 5 ans, 10 ans ou 20 ans. Dans ce paradigme, on peut gérer les risques parce que le futur est fondamentalement prévisible. L’objectif, c’est d’optimiser. Quoi qu’on fasse, on doit le faire de mieux en mieux, avec plus d’efficacité, moins de gaspillage. C’est ainsi qu’on peut faire des économies d’échelle et devenir meilleur que ses concurrents.Mais nous ne sommes plus dans ce paradigme-là. Dans l’économie d’aujourd’hui, les entreprises qui optimisent sont renversées par celles qui innovent. Les ruptures de modèles requièrent de l’agilité. Il faut être plus sensible à son environnement pour en comprendre les transformations, tâtonner, lancer des choses imparfaites puis itérer pour les améliorer avec les retours que l’on reçoit.L’innovation requiert fondamentalement un état d’esprit d’incertitude. L’une de mes lectures de 2020 m’a éclairée à ce sujet. Il s’agit du livre The Uncertainty Mindset de Vaughn Tan, un professeur de stratégie et d’entrepreneuriat qui a étudié de près l’innovation dans le monde de la gastronomie. Il y explique que l’innovation est par nature incertaine, ce qui requiert un autre état d’esprit. “Avec le travail d’innovation, vous ne savez pas ce que vous cherchez jusqu’à ce que vous le trouviez ou le créiez. L’incertitude, c’est inévitable quand vous cherchez à faire quelque chose qui n’a jamais été fait ou imaginé auparavant.” L’état d’esprit d’incertitude est fécond. Il porte en germe l’innovation. À l’échelle individuelle, c’est un renversement profond. Là où il fallait se spécialiser dans une compétence et creuser un sillon, il faut aujourd’hui éviter la dépendance que représente une spécialisation unique, être plus polyvalent, éventuellement avoir plusieurs sources de revenus, s’approprier les valeurs de l’artisanat, apprendre à apprendre, se préparer à des transitions multiples… Pour Vaughn, “la réalité vécue du travail d’innovation, c’est donc quelque chose de désordonné et chaotique, rempli d’ambiguïté et de frictions. L’innovation naît de la dissonance créative entre différentes visions du monde, différents domaines de travail et différentes idées de valeur”. J’aime beaucoup cette citation pour ce qu’elle dit de cet état d’esprit qu’appelle l’incertitude : il s’agit de développer une plus grande sensibilité aux autres, une capacité à voir le monde avec plusieurs points de vue. En somme, cet état d’esprit requiert plus d’empathie. Pour se préparer à 2021, je me propose de partager avec vous mes trois résolutions intellectuelles et professionnelles de ce début d’année : * Faire de Nouveau Départ l’un des véhicules de mon autonomie. Quoi de mieux qu’un média pour continuer à apprendre et opérer des transitions (y compris professionnelles) ? * Développer mon empathie en lisant des romans, en particulier de points de vue culturels différents du mien. (Les prochains romans sur ma liste sont tous africains.) * Entretenir ma plasticité cérébrale et culturelle en perfectionnant mon allemand. J’habite désormais en Allemagne pour cette raison. En 2021, je vais lire et écrire en allemand. Je vous souhaite à toutes / tous une bonne année 2021, malgré les incertitudes ! 😘 L’incertitude : un nouveau paradigme ? (note de lecture + la transcription intégrale en français de l’interview de Vaughn)—réservé aux abonnés. Apprendre à vivre avec l’incertitude (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—accessible à tous. Apprendre toute sa vie : la nouvelle norme (conversation avec Agnès Alazard)—accessible à tous. 7 tendances qui révèlent le futur du travail (conversation “À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Parler plusieurs langues : toujours utile ? (Conversation "À deux voix” entre Nicolas et moi)—réservé aux abonnés. Voici un extrait de ma récente conversation avec Vaughn Tan, dont la transcription intégrale en français est réservée à nos abonnés. Qu’est-ce qui t’a conduit à ce mélange intéressant, unique et délicieux, de stratégie d’entreprise et de gastronomie ? Peux-tu raconter comment tu en es arrivé à écrire The Uncertainty Mindset ? J'ai toujours fait des choses qui sont très difficiles à relier entre elles a priori. Pendant un temps, j’avais une passion pour le travail du bois. Ensuite j'ai travaillé chez Google, et quand j'ai quitté Google, eh bien, je suis allé travailler dans une école d’ébénisterie, dans un programme de mobilier d'art. Après cela, je suis allé faire un doctorat en comportement organisationnel. Le lien entre toutes ces choses n’est pas évident. Quand je regarde de l’extérieur, je me demande où est la cohérence. J’ai toujours fait ce qui m’intéressait sur le moment, même si cela n’avait rien à voir avec une formation ou expérience passée. Travailler chez Google, ça voulait dire se lancer dans le numérique et l’informatique, alors que je n’avais pas été formé à ça. L'opportunité de travailler avec Google s'est présentée de manière très inattendue. Mais ça a eu l’air amusant, alors j’ai saisi cette opportunité. C'était entre 2005 et 2008. C'était donc juste après leur introduction en bourse. C'était probablement la période la plus stimulante pour travailler chez Google. Il y avait beaucoup de créativité, mais l’entreprise était déjà assez grande pour qu’il y ait d’immenses ressources à disposition, mais pas encore assez grande pour être rigide ou ossifiée. Donc on pouvait y trouver tout un tas de personnes “bizarres”, dont beaucoup sont encore des ami·e·s aujourd’hui. Tu sais, c'était un peu comme une jungle tropicale où, partout où tu poses ton regard, il y a un écosystème riche où il se passe des choses intéressantes où on peut s’imaginer passer des années. Il y a probablement encore des gens intéressants chez Google, mais comme tu l’as dit, c'est devenu plus rigide à bien des égards. Tout le monde n’est pas d’accord sur le moment à partir duquel la culture s’est transformée et les choses ont cessé d’être si stimulantes. Quel est ton avis sur le sujet ? À vrai dire j’ai senti ce changement se produire pendant que j’y étais. Quand j’ai rejoint Google, il y avait seulement 2 800 employés, et c’était une période incroyablement excitante. Et puis quand je suis parti, il y avait environ 20 000 personnes. Donc l’hypercroissance... Je pense que cela explique en grande partie cette transformation. Quand on a de plus en plus de personnes dans une organisation, on ne peut plus conserver cette organisation flexible et improvisée du début. On ne peut plus laisser les gens faire ce qu'ils veulent. On doit avoir des processus, des protocoles codifiés de manière rigide pour ne pas perdre le contrôle. J'avais donc déjà l'impression que les personnes vraiment intéressantes commençaient à partir, et que c'était le genre d'endroit où les cadres supérieurs, et tous les managers, étaient embauchés à l'extérieur parce qu'il n'y avait aucun moyen de les faire monter de l'intérieur. Et ces cadres arrivaient de grandes entreprises plus établies. Ou de cabinets comme McKinsey ? Oui, c’est exactement ça. Ils arrivaient donc avec une façon de travailler et une façon de penser différentes. Pour eux, une organisation, ça n’est pas l’improvisation. C’est quelque chose de structuré et rigide. En général, je n’aime pas utiliser le mot “passionné”, mais il est vraiment pertinent ici : quand j’ai commencé à travailler chez Google, c’était un endroit plein de gens passionnés. On y allait parce qu’on pouvait faire des choses importantes ou juste “bizarres”. Et quand je suis parti, en 2008, c’était différent. Certes il restait encore quelques clusters de gens passionnés, souvent plus âgés parce qu’ils avaient commencé très tôt et s’étaient taillé un petit royaume à leur mesure pour continuer à y faire des choses intéressantes. Mais pour ceux qui ne faisaient pas partie de ces petits clusters, il y avait de moins en moins d’opportunités. Moi je n’étais pas très senior. J’ai préféré partir. Au fur et à mesure que Google a grossi et a rencontré toujours plus de succès, l’organisation s’est transformée, est devenue moins créative et moins “bizarre”. C’est la différence fondamentale entre l’efficacité et l’innovation. Quand j'ai commencé à m’intéresser à l’intersection entre la stratégie et la cuisine, je venais de quitter Google et j'avais des données avec lesquelles je voulais travailler. À l'origine, j’étais chercheur quantitatif. Quand je suis arrivé à l'université et que j'ai commencé à suivre des cours pour apprendre le raisonnement quantitatif avancé, je me suis rendu compte que c'était vraiment, vraiment ennuyeux. J'ai donc commencé à faire du travail de terrain à la place, parce que c'était une possibilité offerte aux étudiants de premier cycle et que je trouvais ça très amusant. J'ai donc essayé de faire un travail basé sur l'observation et l'interview, et pour m’amuser, je suis allé interviewer un chef incroyable, José Andrés, qui a créé un groupe de restaurants dans lequel il doit y avoir maintenant 16 ou 17 restaurants du monde entier. Il a également créé une organisation appelée World Central Kitchen, qui est une organisation à but non lucratif de secours alimentaire après une catastrophe. Ils se rendent dans des endroits où il y a une catastrophe naturelle et mettent très rapidement en place ces cuisines à partir de ressources locales. Ce qui est intéressant avec José, c'est qu'il est tout à fait prêt à prendre un risque. En l’occurrence, il a été prêt à prendre un risque avec quelqu'un qu'il ne connaît pas du tout. Je me suis rendu à son bureau après une conférence qu'il a donnée à Harvard, et je lui ai demandé : “me laisseriez-vous étudier votre équipe de R&D et passer quelques semaines avec elle ?” Je m'attendais à ce qu'il me dise non. Mais il a accepté. Alors je me suis dit : "Super. Je vais aller voir ce qui se passe là-bas”. Tout ça était complètement accidentel. Mais c’est finalement ce que j’ai fait le plus longtemps dans ma vie. Ça fait environ 10 ans que je travaille sur ce sujet. La différence entre risque et incertitude est étroitement liée à l'une des idées les plus importantes de ton livre, la différence entre efficacité et innovation. Tu expliques de façon convaincante que efficacité et innovation sont globalement incompatibles parce que pour innover, il faut une sorte de gaspillage. Peux-tu expliquer cela plus en détail ? Pour commencer, je dirais qu’il y a un continuum entre d’une part ce qu’on sait faire bien et qu’on cherche toujours à optimiser (l’efficacité), et d’autre part, ce qu’on ne sait pas encore faire et qui reste à inventer (l’innovation). L’efficacité et l’innovation sont les deux extrémités de ce continuum. L’efficacité vient quand on peut faire toujours la même chose et le faire en utilisant de moins en moins de ressources (temps, matières premières…). L’innovation, c’est très différent. Ce que beaucoup de gens n’admettent pas, c’est que pour innover, c’est-à-dire pour faire quelque chose de nouveau, il faut d’abord échouer. Quand on fait quelque chose de nouveau, comme apprendre une nouvelle langue ou préparer un nouveau plat, ou encore concevoir un nouveau produit ou créer une entreprise (ce que je fais en ce moment), il est rare qu’on réussisse du premier coup, à moins d'avoir une chance incroyable. Mais je ne connais personne qui ait jamais réussi du premier coup, parfaitement. Donc à l’extrémité innovation du continuum, on doit être prêt à se tromper. Cela équivaut à une perte de temps et de ressources, avant de réussir. Et l'autre problème avec l'innovation, c’est que même quand on fait bien les choses, on ne le sait pas forcément. Souvent, les meilleures innovations sont celles pour lesquelles il n'y a pas de demande immédiate sur le marché. Parfois il faut trouver le marché pour cette innovation ou le créer. C’est pour cela que l’on continue de valoriser Steve Jobs et Apple à ce point. Donc si tu as beaucoup beaucoup de chance, tu auras plus de succès que de flops dans cette démarche d’innovation. Mais je pense que le continuum, comme tu l’as souligné, entre l'efficacité et l'innovation est simplement dû au fait que tu ne peux pas innover sans échouer et donc gaspiller des ressources. Et si tu essayes d'être vraiment efficace, la seule façon de l'être, c’est de ne pas essayer de nouvelles choses. C'est pourquoi ces deux concepts sont opposés. Évidemment aucune entreprise n'est tout à fait d'un côté ni tout à fait de l'autre, sinon elle ne survivrait pas. Les entreprises doivent toujours trouver un équilibre entre les deux. Et celles qui réussissent sont celles qui ont des équipes qui expérimentent et qui échouent, qui découvrent de nouvelles choses. Ces équipes doivent pouvoir s'intégrer avec le reste de l'organisation qui elle est bonne pour affiner, produire avec efficacité ces choses nouvelles. 🇬🇧 La place du Royaume-Uni dans le monde Mardi 5 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 sur le Royaume-Uni après le Brexit et ce que pourra être sa place dans le monde. Le 24 décembre dernier, quand tout le monde préparait le réveillon de Noël, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont finalisé un deal in extremis. Mais ce deal minimaliste laisse beaucoup de questions en suspens, comme tout ce qui concerne l’économie des services. 💸 Tout sur la fiscalité des multinationales Mercredi 6 janvier | Interview de Pascal Saint-Amans, directeur chargé des questions fiscales à l’OCDE. C’est difficile pour le commun des mortels de comprendre les impôts que payent ou ne payent pas les entreprises multinationales dans les différents pays du monde. Pascal Saint-Amans orchestre les négociations à l’OCDE à ce sujet depuis des années. Il nous aide à y voir plus clair sur ce sujet. ✊🏿 L’activisme change le monde Jeudi 7 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 sur la montée en puissance de l’activisme révélée en 2020. L’année de l’assassinat de George Floyd est aussi celle de l’activisme au travail. Depuis quelques années, les activistes ont obtenu plus de transparence sur la (non-)représentation des minorités, sur les inégalités entre femmes et hommes, ou encore sur l’empreinte carbone d’une activité. En 2021, les activistes promettent de demander des comptes. ✔️ Nos 10 podcasts "À deux voix" préférés en 2020 Après les 10 podcasts les plus écoutés en 2020, voici les 10 podcasts que Nicolas et moi avons préférés cette année : des sujets qui nous tiennent à coeur, des angles qui nous ont inspirés, des thèmes sur lesquels nous reviendrons à coup sûr en 2021 ! Quelques exemples : Le temps de travail et la crise, Comprendre le régime chinois, La vie périurbaine, La désagrégation du système scolaire… 👉 Découvrez Nos 10 podcasts "À deux voix" préférés en 2020 (rétrospective 2020 #2)—accessible à tous. 🙃 L'incertitude : un nouveau paradigme ? Voici la version intégrale d’un entretien réalisé avec Vaughn Tan, maître de conférence à University College London's School of Management et auteur du livre The Uncertainty Mindset, paru en juillet 2020. “Un management efficace de l’innovation implique la formation de personnes et d’équipes désireuses et capables d’arrêter de faire ce qu’elles font bien pour chercher à développer autre chose.” En plus de cet entretien, vous trouverez une Note de lecture sur l’ouvrage de Vaughn Tan. 👉 Découvrez L’incertitude : un nouveau paradigme ? (entretien avec Vaughn Tan et Note de lecture)—réservé aux abonnés. ✔️ Nos 10 podcasts "À deux voix" les plus écoutés en 2020 Notre première retrospective, ce sont les 10 podcasts que nos abonné·e·s ont le plus écoutés et partagés cette année. (Nous avons exclu de cette liste les quelques podcasts “À deux voix” que nous avons rendus accessibles à tous.) Pourquoi la bourse va bien quand tout va mal ? Qu’est-ce que faire carrière aujourd’hui ? Les secrets pour faire grandir des startups… 👉 Découvrez Nos 10 podcasts "À deux voix" les plus écoutés en 2020 (rétrospective 2020 #1)—accessible à tous. 💡 Apprendre toute sa vie : la nouvelle norme Pourquoi doit-on apprendre tout au long de la vie ? Comment enseigne-t-on la transformation identitaire et professionnelle ? L’année 2020 interroge la réinvention individuelle et collective, l’état d’esprit d’incertitude, la résilience, et la transition numérique de l’éducation comme jamais auparavant. Avec Agnès Alazard, nous partageons la même conviction : apprendre tout au long de la vie, c’est devenu une nouvelle norme. 👉 Écoutez 🎧 Apprendre toute sa vie : la nouvelle norme (Conversation avec Agnès Alazard)—accessible à tous. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
11 Jan 2021 | La nouvelle mondialisation | 00:52:48 | |
Bonne année à toutes et tous ! Chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito”, une interview avec un·e invité·e passionnant·e (cette semaine, Pascal Saint-Amans) et quelques informations pour mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Le thème d’aujourd’hui est la mondialisation. À l’agenda aujourd’hui 👇 * Mon “Édito” sur les frontières et leur signification en 2021 * Pascal Saint-Amans sur la fiscalité des multinationales * Nos conversations à venir cette semaine * Ce que vous avez peut-être manqué la semaine dernière La mondialisation est l’un des grands récits qui a marqué notre existence durant les dernières décennies. Les frontières, nous disait-on, allaient devenir de plus en plus poreuses. Les biens, les services et les idées allaient circuler de plus en plus facilement dans une économie de plus en plus globale. Il y avait à cela différentes raisons : la croissance d’entreprises engagées dans une course aux économies d’échelle, mais aussi des décisions politiques comme la fin du système de Bretton Woods imposée par les Etats-Unis en 1971 ou la déréglementation de la place financière de Londres en 1986. Aujourd’hui, il y a une autre mondialisation dont on parle moins, c’est celle qui nous concerne plus directement, nous les individus. Pendant longtemps, la mondialisation a été celle des entreprises, qui pouvaient se déjouer des frontières pour développer leur activité. Les personnes physiques, elles, restaient à peu près en place et ne sortaient guère de leur pays d’origine, à quelques exceptions près : pour quelques jours lorsqu’elles partaient en vacances ; ou encore pour quelques années lorsqu’elles participaient à un programme d’échange dans le cadre de leurs études ou qu’elles allaient accomplir une mission à l’étranger, bénéficiant alors du statut d’expatrié. Les choses ont commencé à changer dans la première décennie de ce siècle. Les contrats d’expatriation ont commencé à se faire plus rares : on a commencé à expliquer à ceux qui partaient travailler à l’étranger qu’il leur faudrait désormais signer des “contrats locaux”, souvent moins avantageux – notamment s’agissant du salaire net et de la cotisation aux régimes de retraite. Il faut dire que l’intégration européenne, en particulier depuis 2004, a énormément facilité les choses en matière de portabilité des droits sociaux et de liberté de mouvement. À cela s’est ajouté la pression à la baisse des coûts d’exploitation. Pour beaucoup d’entreprises multinationales, il est devenu plus intéressant d’encourager la relocalisation des individus signant des “contrats locaux” plutôt que de continuer à employer les travailleurs qualifiés dans leur pays d’origine. C’est ainsi, par exemple, que s’est développé l’écosystème des startups à Barcelone : beaucoup de développeurs de talent venus d’Italie, d’Europe de l’Est, de France, d’Allemagne ou des pays nordiques se sont installés là-bas, embauchés avec des contrats locaux, pour y jouir de la qualité de vie et de la proximité de la mer. Aujourd’hui, la pandémie de COVID-19 contribue à intensifier et à accélérer la circulation des personnes à travers les frontières. Bien sûr, la période actuelle est plutôt au confinement et au surplace. Mais une autre tendance se superpose à cette immobilité apparente : celle de la généralisation du télétravail. De plus en plus, les entreprises s’habituent à recruter des collaborateurs qui résident dans une région, voire dans un pays différent. Des entreprises se spécialisent dans le recrutement de ces travailleurs à distance. D’autres, comme Deel (dont j’ai interviewé le fondateur, Alex Bouaziz, l’été dernier), mettent au point des produits pour réduire au minimum les frictions juridiques et fiscales causées par ce découplage entre les pays où résident les employés d’une entreprise donnée et celui où est établie cette entreprise elle-même. C’est bien d’une nouvelle mondialisation dont il est question. Elle est paradoxale à bien des égards : après tout, ces jours-ci, on parle sans cesse de fermeture des frontières et de fragmentation du monde ! Mais cette fragmentation concerne avant tout les entreprises, qui ne connaîtront plus jamais l’économie mondialisée dont elles ont tant bénéficié jusqu’à une date récente. Pendant ce temps, les individus s’habituent à l’idée du déracinement. Ils prennent conscience du fait que le télétravail est devenu une norme, pandémie oblige. Ils sont frustrés par le confinement actuel, qui les force à rester immobiles, mais se préparent à intensifier leurs mouvements dès que cela redeviendra possible. Lorsque la contrainte sera finalement levée, notamment grâce à la généralisation du vaccin contre le COVID-19, un nombre croissant d’individus se sentira libre de toute attache et partira à la conquête de nouveaux territoires – de nouveaux argonautes pour lesquels les frontières n’existent plus, en tout cas au sein de l’Union européenne, et le mouvement permanent devient un principe de vie. Nous assisterons alors à l’émergence de cette nouvelle mondialisation : celle des individus. Les entreprises, contraintes par la fragmentation du monde et le durcissement en matière de réglementation sectorielle ou de fiscalité (cf. ma conversation avec Pascal Saint-Amans de l’OCDE ci-dessus 👆 et ci-dessous 👇), se replieront de plus en plus sur leur marché domestique. Pendant ce temps, les individus feront usage de ce résidu de mondialisation que constitue la liberté de mouvement et la plus grande tolérance des employeurs vis-à-vis du télétravail. La grande question est la suivante : cette mondialisation des personnes deviendra-t-elle banale et les pouvoirs publics feront-ils en sorte de faciliter la vie de ces nouveaux argonautes ? Ou bien, sous prétexte que ce nomadisme est supposément réservé aux plus privilégiés, des obstacles seront-ils érigés pour forcer la fragmentation du monde, mettant complètement fin à l’idée d’une intégration de l’économie mondiale et d’interactions fréquentes entre ressortissants des différents pays ? Écoutez 🎧 La vie périurbaine (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Écoutez 🎧 L’ambivalence du protectionnisme (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Écoutez 🎧 Pourquoi la France résiste tant au télétravail (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Écoutez 🎧 Télétravail, menace ou opportunité pour l'inclusion ? (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Écoutez 🎧 Un marché du travail sans frontières ? (conversation avec Alex Bouaziz, fondateur de la startup Deel)—accessible à tous. Écoutez 🎧 Quitter Paris pour la province (conversation avec Aurore Thibaud, fondatrice de l’agence Laou)—accessible à tous. Écoutez 🎧 Immigration : changer de perspective (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Écoutez 🎧 COVID-19 et urbanisation : continuerons-nous d'habiter dans les villes ? (conversation avec Robin Rivaton)—accessible à tous. Écoutez 🎧 La grande fragmentation : comment s’y préparer (conversation “À deux voix”)—accessible à tous. Voici des extraits de ma conversation avec Pascal, que vous pouvez écouter en intégralité en utilisant le player en haut de ce message – ou encore sur Apple Podcasts ou Spotify 🎧 Pour le commun des mortels, quels sont les grands sujets soulevés en matière de fiscalité internationale des entreprises? Je crois, pour faire simple, que la fiscalité est au cœur de la souveraineté. Chaque pays a son propre système fiscal et s'intéresse pas ou peu à ce qui se passe à l'étranger. Néanmoins, les pays vont chercher à taxer les entreprises étrangères lorsqu'elles font des bénéfices sur leur territoire et ils vont chercher à taxer les entreprises nationales au niveau mondial. C'est la même chose pour les personnes physiques et ça aboutit à ce qu’on appelle des doubles impositions : le même bénéfice peut être taxé deux fois, par deux pays différents. Pour éviter ces doubles impositions, qui ne sont quand même pas terribles d'un point de vue économique, les pays négocient entre eux depuis les années 1920. Pendant un siècle, ces conventions fiscales bilatérales visant à l'élimination des doubles impositions ont été des instruments juridiques extrêmement complexes, extrêmement ciblés, qui n'intéressaient personne, toutes basées sur un modèle international de convention. Les pays négociaient entre eux, mais on avait cette fiction de souverainetés indépendantes les unes des autres, qui s'articulaient via des conventions fiscales pour éliminer la double imposition des flux transfrontaliers. Et puis la crise financière de 2008 a provoqué un réveil. On s’est rendu compte que l'on avait vécu sur une fiction depuis deux ou trois décennies : la fiction de ces États souverains qui protégeaient leur souveraineté en ne faisant pas de coopération fiscale. Parce qu'en réalité, la globalisation, la fin du contrôle des changes, la liberté de circulation des capitaux, la liberté d'investissement : tous ces éléments là ont conduit à la globalisation. Et dans cette globalisation, vous avez des acteurs qui sont des acteurs mondiaux, en particulier les multinationales, qui utilisent les conventions fiscales à leur avantage : en voulant prévenir le fait qu’un bénéfice soit taxé deux fois, on aboutit dans certains cas au fait qu’il ne soit pas taxé du tout ! Parmi les chantiers fiscaux sur lesquels tu as travaillé, il y a ce sujet plus particulier de la fiscalité des bénéfices réalisés par les entreprises numériques. Est ce que tu peux nous dire pourquoi l'économie numérique est à part ? Est-ce légitime de la mettre à part alors qu’il y a ce chantier, Base Erosion and Profit Shifting, qui est beaucoup plus large que l'économie numérique ? En 2012, quand on a lancé le projet BEPS, une des 15 mesures, c'était la taxation de l'économie numérique. Pourquoi? Parce qu'à l'époque, on voyait de plus en plus d'entreprises numériques intervenir sur les territoires européens sans avoir de présence physique. Or pour pouvoir taxer une entreprise en vertu de règles qui datent de 1928, il faut que cette entreprise ait une présence physique et on voit bien que les entreprises numériques peuvent très facilement faire des opérations sans avoir besoin de présence physique sur les territoires où elles opèrent. On peut opérer à une échelle absolument gigantesque, sans avoir besoin d'être présent sur place. Et donc, on avait cette problématique là et on avait une autre problématique qui était que ces entreprises américaines, notamment du numérique et pas seulement du numérique, mais du numérique en particulier, étaient extrêmement agressives. Le cas Apple a fait couler beaucoup d'encre : cette entreprise avait même mis au point un schéma juridique dans lequel elle n’avait de résidence fiscale nulle part ! Suivant ce schéma, Apple était une société qui n'était pas en Irlande, qui n'était pas aux États-Unis, qui n’était même pas aux Bermudes. Absolument nulle part, donc, avec une exonération totale de fiscalité sur les bénéfices. Et donc le cumul entre l’impossibilité de taxer et le fait qu’Apple faisait du business partout a inspiré cette envie de traiter le sujet. On a fait un bond, on y a travaillé pendant deux ans. C'était d'ailleurs pendant l'administration Obama. Et la conclusion du rapport, c’étai qu'un en réalité, on ne pouvait pas vraiment parler d'économie numérique, mais qu'il fallait parler de numérisation de l'économie. Et ce n'est pas un jeu de mots. Ça consistait à dire : si on trouve une solution et si on veut que cette solution soit pérenne. Il faut que cette solution ne soit pas limitée à quelques secteurs, car un jour c’est toute l’économie qui sera numérique. 👉 Voyez aussi ma Note de lecture sur le rapport sur la fiscalité numérique que j’ai co-écrit en 2013 avec Pierre Collin, conseiller d’État—réservé aux abonnés. 🦠 Pandémie : nous sommes en 1945 ! Mardi 12 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’état de la pandémie dans le monde. Nous pensions tous que l’annonce de la mise sur le marché de différents vaccins contre le COVID-19 annonçait la fin imminente de la pandémie. Mais c’est le contraire qui se passe : le nombre de cas (et de décès) continue d’augmenter dans tous les pays occidentaux ! Comment expliquer cela ? Que faire ? 🕰 En finir avec l’âgisme Mercredi 13 janvier | Interview d’Andrew Scott. Il y a quelques semaines, Laetitia s’est entretenue avec Andrew Scott, co-auteur avec Lynda Gratton de l’ouvrage The New Long Life, dans le cadre du podcast Building Bridges. Nous enverrons mercredi à nos abonnés la transcription intégrale de cette conversation, traduite en français. Il y est question de l’allongement de notre durée de vie et de ses conséquences ! 🇺🇸 L’état de la démocratie américaine Jeudi 14 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 sur les États-Unis. Nous sommes maintenant à quelques jours de l’investiture de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Mais la démocratie américaine, menacée depuis quatre ans par Donald Trump, connaît d’ultimes convulsions qui suscitent des interrogations de toutes parts : assistons-nous aux derniers jours de la République américaine ? 🇬🇧 La place du Royaume-Uni dans le monde Le 24 décembre dernier, quand tout le monde préparait le réveillon de Noël, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont finalisé un deal in extremis. Mais ce deal minimaliste laisse beaucoup de questions en suspens, comme tout ce qui concerne l’économie des services. 👉 Écoutez 🎧 La place du Royaume-Uni dans le monde (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé à nos abonnés. 💸 Tout sur la fiscalité des multinationales C’est difficile pour le commun des mortels de comprendre les impôts que payent ou ne payent pas les entreprises multinationales dans les différents pays du monde. Pascal Saint-Amans orchestre les négociations à l’OCDE à ce sujet depuis des années. Il nous aide à y voir plus clair sur ce sujet. 👉 Lisez la Note de lecture de mon rapport de 2013 sur la fiscalité de l’économie numérique (co-écrit avec Pierre Collin, conseiller d’État)—réservé à nos abonnés. ✊🏿 L’activisme change le monde L’année de l’assassinat de George Floyd est aussi celle de l’activisme au travail. Depuis quelques années, les activistes ont obtenu plus de transparence sur la (non-)représentation des minorités, sur les inégalités entre femmes et hommes, ou encore sur l’empreinte carbone d’une activité. En 2021, les activistes promettent de demander des comptes. 👉 Écoutez 🎧 L’activisme change le monde (conversation “À deux voix” entre Laetitia et moi)—réservé à nos abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
21 Jan 2021 | Pour en finir avec l'opposition public/privé | 00:52:45 | |
Notre second podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à la manière dont la pensée économique hétérodoxe peut nous aider à affronter les grands défis du siècle (comme le réchauffement climatique). Nous parlons en particulier du travail de l’économiste Mariana Mazzucato. Parmi les économistes dits “hétérodoxes”, Mariana Mazzucato, professeure à University College London, fait partie de ceux (celles) que l’on cite le plus souvent ces temps-ci. Elle est même devenue, au cours des dernières années, l’une des personnes les plus influentes dans le monde de l’économie. C’est pour cela (et parce que nous l’admirons personnellement) que nous lui avons déjà consacré plusieurs contenus sur Nouveau Départ : * un épisode de notre podcast “À deux voix” intitulé “Les économistes nous fatiguent” ; * une interview de Mariana Mazzucato elle-même réalisée après la sortie de l’un de ses livres en France. La crise actuelle semble donner raison à ces économistes hétérodoxes qui remettent en question la définition et la mesure de la valeur, ainsi que le dénigrement du rôle de l’État. C’est le sujet central de l’ouvrage de Mariana, L'État entrepreneur: Pour en finir avec l'opposition public privé, publié en anglais en 2013 mais finalement paru en France il y a seulement quelques mois (Fayard, 2020). Voici ce que nous avons écrit à propos de cet ouvrage pour introduire l’interview mise en ligne il y a quelques semaines : Mariana est partie en guerre il y a sept ans contre cette vision réductrice du rôle de l’Etat. Dans son livre, un best-seller mondial, elle montre que l’État a toujours joué un rôle déterminant dans les grandes vagues d’innovation. Un exemple qu’elle a popularisé est l’iPhone, dont la plupart des composants sont issus d’initiatives de l’État fédéral américain, notamment à finalité militaire. Nous autres Français avons vite fait de prendre ce propos comme une validation de notre bon vieil interventionnisme. Mais en réalité, il n’y a pas grand-chose à voir entre la vision de Mariana et notre approche nationale de l’innovation. Trop souvent, l’approche française est d’entrer par la technologie et par le Meccano administratif des instituts de recherche, des appels à projets et des pôles de compétitivité. Or, pour Mariana, l’État est à son meilleur non pas quand il se focalise sur une technologie particulière ou s’enlise dans la bureaucratie, mais quand il imprime une direction à l’innovation. Et la meilleure manière d’imposer cette direction est de définir des « missions », qui focalisent l’attention des innovateurs, du secteur public comme du privé, sur des « problèmes à régler ». Pourquoi est-ce important ? D’abord, parce que régler un problème permet l’alignement d’acteurs issus de secteurs divers aux intérêts divergents. L’innovation se heurte toujours à des résistances. Mais s’il s’agit de remplir une mission, alors il est plus facile pour les innovateurs de triompher des obstacles et pour l’État de changer les règles, y compris contre de puissants intérêts en place. Ensuite, parce qu’une mission permet de créer et de façonner le marché plutôt que de simplement corriger ses défaillances. Aujourd’hui, c’est parce que l’État n’impose pas de direction que les entreprises se replient sur des indicateurs financiers et court-termistes. Mais si le marché est lancé à l’assaut d’un problème à régler, alors la technologie trouve à s’appliquer, la concurrence est synonyme d’émulation, et la flexibilité débouche sur des innovations de rupture et la création massive d’emplois. Pour elle, il s’agit d’abord de changer le discours et les récits, de ne plus dénigrer l’action étatique comme nous l’avons fait pendant tant d’années. Tous les “innovateurs de génie” du XXe siècle sont d’abord les bénéficiaires privilégiés des investissements publics dans la recherche fondamentale et le développement de nouvelles technologies. Sans ces investissements, il n’y aurait pas d’internet, pas d’iPhone, pas de Siri, ni de GPS… Dans ce podcast, Nicolas et moi parlons aussi du rôle de l’écosystème londonien dans l’émergence des courants hétérodoxes en économie, des autres économistes les plus en vue (parmi lesquels Carlota Perez, également basée à Londres), de l’ouvrage de Mariana à paraître fin janvier au Royaume-Uni, Mission Economy: a moonshot guide to changing capitalism, ainsi que du travail réalisé au sein du Institute of Innovation and Public Purpose (IIPP) qu’elle a fondé il y a quelques années. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
13 Jan 2021 | En finir avec l'âgisme | 00:58:52 | |
Voici la version intégrale d’un entretien réalisé avec Andrew Scott, co-auteur avec Lynda Gratton d’un ouvrage qui m’a beaucoup inspirée, The New Long Life. 🎧 Si vous le souhaitez, vous pouvez aussi retrouver la version originale de ce podcast ici (ou encore sur Apple Podcasts ou Spotify) ou écouter le podcast en VO diffusé dans cette newsletter 👆 En guise d’introduction, nous vous proposons aussi ci-dessous un extrait d’une Note de lecture sur l’ouvrage d’Andrew, publiée il y a quelques mois sur Nouveau Départ. Dans leur livre précédent, The 100-Year Life: Living and Working in an Age of Longevity(2016), Gratton et Scott évoquaient déjà ce à quoi l’avenir du travail pourrait ressembler dans un contexte de vie (beaucoup) plus longue. Dans un livre publié cette année, les deux auteurs poursuivent cette réflexion entamée dans The 100-Year Life. L’une des idées les plus remarquables du livre, c’est que “l’âge est malléable” et que nous devrions cesser de nous focaliser sur l’âge chronologique pour regarder plutôt l’âge biologique et l’âge subjectif. Après tout, l’âge chronologique (indiqué sur nos actes de naissance) est une “invention” des bureaucraties modernes. D’ailleurs, avant le XXe siècle, on ne fêtait pas les anniversaires ! Ce qui comptait, c’était la validité de la personne et son rôle dans la communauté. L’âge est malléable. Comme le révèlent les travaux les plus récents des neurologues, notre cerveau a une plasticité surprenante. Quand votre cerveau est-il au mieux de sa forme ? Eh bien, cela dépend de ce que vous essayez de faire. C’est probablement à la fin de l'adolescence que vous serez le plus rapide en calcul mental. Mais c’est dans la trentaine que votre mémoire à court terme atteint son maximum. Quant à votre compréhension sociale et culturelle, elle ne sera à son apogée qu’une, deux ou trois décennies plus tard ! Ces descriptions ne s'appliquent pas à tout le monde, bien sûr. Il existe des très grandes variations au sein même des “classes” d'âge. Ce qu’il faut savoir, c’est que la stimulation constante de votre cerveau contribuera à en maintenir la plasticité et la performance. Comme l’écrivent Andrew Scott et Lynda Gratton : La vraie raison pour laquelle vous ne pouvez pas apprendre de nouveaux tours à un vieux chien, ce n'est pas parce que le chien est devenu vieux, mais parce qu'il a cessé d’apprendre continuellement de nouveaux tours. Andrew J. Scott est professeur d'économie à la London Business School et chercheur consultant au Center on Longevity de l'université de Stanford. Lynda Gratton, elle, est professeure de gestion à la même London Business School, et psychologue de formation. À eux deux, ils abordent le sujet de la longévité sous toutes ses coutures. C’est en effet un phénomène qui intéresse autant les neurologues et les médecins que les économistes, les sociologues et les philosophes. C’est pour cela qu’ils ont souhaité aborder ce thème en mêlant plusieurs disciplines. Les experts et les politiques ont tendance à ne regarder le vieillissement que comme un fardeau et un “problème”. Les systèmes de retraite ne seront plus soutenables, dit-on, si le ratio actifs / inactifs atteint un certain seuil. C'est pourquoi, disent-ils, il faut augmenter l'âge de la retraite. À quelques exceptions, les gouvernements comme les employeurs agissent comme s’il ne fallait rien changer à la vie en trois phases, seulement l’ajuster ici ou là, par exemple, en allongeant la deuxième phase. Pour Gratton et Scott, ce sont en réalité toutes les institutions et les catégories qu’il s’agit de voir autrement ! L’âge n’est pas un “fardeau”, c’est un cadeau, pourvu qu’on le regarde autrement. Par exemple, il est indispensable de remodeler l'éducation pour en faire un processus qui dure toute la vie plutôt qu'un service que l’on ne consomme qu'à l'adolescence. De plus, les employeurs doivent mieux comprendre la valeur des travailleurs plus âgés. Un management qui sait tirer le meilleur parti des différentes générations est fait de souplesse et d’empathie : on ne devrait pas être obligé de prendre de plus en plus de responsabilités à mesure que l’on vieillit, on vous offre des opportunités de mobilité horizontale pour continuer à vous stimuler, et il est possible de s’arrêter un temps pour s’occuper d’un parent ou d’un enfant, sans voir sa carrière pénalisée. Lisez l’ensemble de cette Note de lecture ICI. Bonjour à tous, je suis Laetitia Vitaud, la fondatrice du podcast Building Bridges, créé pour donner à des personnalités du monde entier l'accès à un public européen fragmenté. Pour cet épisode, je suis heureuse d'accueillir le professeur Andrew Scott. Professeur d'économie à la London Business School, il est l'auteur avec Lynda Gratton de The 100 Year Life: Living and Working in an Age of Longevity. L’été dernier, ils ont tous deux publié une suite à ce livre intitulée The New Long Life. J'ai adoré les deux livres. En tant que personne qui écrit sur le travail, les ressources humaines, et les organisations, ces livres m'ont fourni un cadre très pertinent pour réfléchir à l'âge et au stade de la vie dans l'avenir du travail. En bref, l'âge n'est plus une fatalité. Merci beaucoup, Andrew, de m’accorder cet entretien. C'est vraiment un honneur. Ma première question est un peu personnelle, comment as-tu vécu ces neuf mois de pandémie en 2020 ? Quel a été l'impact de la pandémie sur ta vie et ton travail ? Quand les gens me demandent, je dis seulement « bien ». C’est la version courte. Cela a été un sacré défi, n'est-ce pas ? On a des sentiments mitigés. Évidemment, c'est une chose terrible. Vous savez, il y a trois choses dont on doit se préoccuper : sa santé physique, sa santé financière, sa santé mentale. La pandémie présente un défi pour ces trois choses. Heureusement, je vais bien, j'ai de la chance. Je pense donc qu'il y a bien des gens qui ont eu plus de difficultés que moi. Bien que j’en ai eu quelques-unes aussi : ma fille vit en Australie et je ne l'ai pas vue depuis des mois. Je ne sais pas quand je pourrai la voir. C’est une grande frustration. Professionnellement, ce qui est étonnant, c'est à quel point mes journées sont devenues prévisibles. Avant, j'avais beaucoup plus de variété dans mon emploi du temps. Le côté prévisible a des bons et des mauvais côtés : d’un côté, j’ai plus de temps pour me concentrer sur l'écriture ; mais d’un autre côté, cette prévisibilité est un peu pénible. J’aimerais être interrompu davantage. J’aimerais rencontrer plus de gens. Chaque jour je réagis différemment à cette frustration. Est-ce que tu arrives à écrire plus qu’auparavant ? J'écris probablement plus. Il y a moins de voyages, donc j'écris probablement plus. Mais je ne suis pas sûr que ma productivité horaire ait vraiment augmenté. Parfois, quand on écrit, on a besoin d'être dérangé un peu. On a besoin de relever des nouveaux défis pour arriver à penser autrement. Alors oui, c’est cela qui a été difficile. Je pense que ce qui me manque, c’est cette sorte d'interaction fortuite et la rencontre de nouvelles idées. Mais il y a certainement beaucoup plus de personnes qui t’ont contacté pendant cette pandémie pour te poser des questions. Et avec l’utilisation omniprésente de Zoom, peut-être as-tu chatté plus souvent avec des gens du monde entier ? Les webinaires sont en pleine croissance, en effet. Mais je pense qu’il y en a trop. Moi, je fais souvent des conférences. Comme mon dernier livre est sorti en pleine pandémie, j’ai beaucoup regretté l’absence d’interactions physiques avec un public. Avec Zoom, quand on clique sur le bouton pour quitter l’application, c’est terminé, on ne peut plus parler aux gens et savoir ce qu’ils ont aimé et trouvé intéressant dans votre livre, les sujets qui ont trouvé un écho dans leur vie quotidienne. Néanmoins il y a eu des choses positives, des choses qu’on voudrait ne pas perdre quand on tournera la page de cette pandémie. C’est un mélange de choses. On a un peu l’impression d’avoir fait un voyage accéléré dans le futur, en particulier en ce qui concerne notre utilisation de la technologie. Mais d'autres parties de ce voyage nous donnent l'impression de remonter dans le passé, à une époque où on ne voyageait pas et où on n'avait aucune idée de ce qui se passe à l'étranger. On avait pris l’habitude d’avoir les magasins ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et puis soudain, les magasins sont fermés, c'est comme si on remontait dans un lointain passé. Est-ce que tu te dis que si c’est à ça que ressemble l'avenir, alors ce n'est pas souhaitable, c'est une dystopie ? Ce n'est pas vraiment un avenir désirable, n'est-ce pas ? Oui, c'est vrai. Et je suis sûr que nous en reparlerons. L’un des thèmes de The New Long Life, c’est que nous devons nous assurer que nous utilisons cette technologie à notre avantage. Et je pense que le danger d'être poussé trop vite dans une technologie de manière maladroite, c’est de passer à côté de l'objectif visé. Ça peut être dommageable. Dans ton livre précédent, The 100 Year Life, tu as parlé (avec Lynda Gratton) de la fin de la vie en trois phases de la vie (formation, travail, puis retraite). Nous devons désormais accepter la vie multi-phases, ce qui a un impact sur nos vies, sur les institutions, le travail, et les organisations. Dans The New Long Life, Lynda et toi répondez certainement à des questions qu’on vous a posées après The 100 Year Life. Dans The 100 Year Life, vous parlez de longévité, mais peut-être pas assez de la révolution technologique que nous traversons et de l’intersection entre ces deux phénomènes ? Quelle est la relation entre la révolution démographique et la révolution technologique ? Quelles sont les réactions que vous avez receuillies après le livre précédent, publié en 2016, si je ne me trompe pas ? Quelles sont les craintes les plus courantes que vous avez entendues et lues à propos de la longévité ? Et comment cela vous a-t-il incités à écrire The New Long Life ? Nous avons écrit The New Long Life pour plusieurs raisons. Dans certains cas, en effet, c'était en réaction au premier. The 100 Year Life a connu un succès énorme, ce qui est très agréable. Nous en avons vendu environ 700 000 exemplaires dans le monde entie. Il a vraiment captivé l'imagination des gens. Pour moi, c'est un nouveau sujet, depuis environ 10 ans maintenant. Et c'est un sujet merveilleux, la longévité, c'est incroyablement profond. Pour le livre, j’ai voyagé à travers le monde pour parler à toutes sortes d’individus, des universitaires, des décideurs politiques, des financiers. Comme c'est un sujet si profond, il y avait évidemment beaucoup de choses à écrire. Nous voulions aller encore plus loin.The 100 Year Life a été écrit dans une perspective individuelle, mais avec The New Long Life nous avons voulu examiner davantage l'aspect social. On parle de longévité. Une vie plus longue, cela concerne toute la vie, pas seulement la fin de la vie. Non seulement il y a un nombre croissant de personnes âgées, mais il y a aussi la question de savoir comment notre vieillissement évolue et comment on peut l'améliorer. C'était donc aussi une histoire positive. L'un des sujets, c’est qu’on travaillera probablement plus longtemps. Or l'une des questions les plus fréquentes qu’on nous a posées c’est “d'où viendront les emplois si la technologie les détruit ?” On entend cette histoire négative sur le vieillissement, mais il y a aussi une histoire très négative autour de la technologie. Nous nous sommes demandés comment on pouvait naviguer face à ces changements technologiques. D’autres personnes nous ont dit que 100 ans de vie, c'est très bien si on a les moyens. Et en effet, on observe des inégalités croissantes. Comment faire pour que cela ne soit pas une inégalité croissante, comment pouvons-nous y parvenir pour tous ? The New Long Life s'attaque à toutes ces questions. À l'intersection entre la démographie et la technologie, on a la vision dystopique d’une société vieillissante et d’une technologie malfaisante. Mais comme nous l’écrivons, cette vision n’est en rien inévitable. Si nous vivons plus longtemps, en meilleure santé, et si nous avons les technologies intelligentes qui nous soutiennent, alors la question qui se pose est de savoir comment les utiliser pour améliorer notre vie. Il est important de s'assurer que nous sommes prêts au niveau individuel, mais aussi de commencer à exiger de nos institutions le soutien dont nous avons besoin pour que tout cela fonctionne pour les individus, pas seulement pour les entreprises et les gouvernements. Nous traversons une période similaire à la révolution industrielle, où nous avons vu des changements profonds dans notre façon de vivre, dans la structure de nos familles et de nos ménages, et dans notre définition du travail. Il est essentiel que nous en soyons conscients. Il faut aider les gens à s’y préparer, mais aussi à se faire une opinion afin qu’on puisse construire un nouveau contrat social. Tous les moyens sont là. Nous vivons plus longtemps et en meilleure santé. Des machines plus intelligentes peuvent améliorer la qualité de notre travail à tous égards. Nous devrions être capables d'inventer de nouvelles insitutions. Si nous ne le faisons pas, nous risquons d'être confrontés à un avenir inquiétant. Vous avez donc écrit deux livres avec Lynda Gratton. Il semble que vous formiez tous les deux une équipe très solide. En tant que lecteur, on se demande toujours comment deux personnes écrivent ensemble. Comment est cette équipe que tu forme avec Lynda Gratton ? Et comment travaillez-vous ensemble ? Nous nous sommes rencontrés lors d'un voyage de la London Business School en Extrême-Orient, où nous faisions le tour du monde et donnions des conférences aux anciens élèves. Nous y étions ensemble et nous avions tous les deux cet intérêt pour le vieillissement de la société et la longévité. J'avais donné quelques conférences à l'école sur l'économie associée à une société vieillissante. Lynda avait le sentiment que les entreprises n'étaient pas préparées à ce qui allait se produire. Nous avons donc passé beaucoup de temps dans les avions et les aéroports et nous nous sommes dit : "Faisons quelque chose ensemble". Cela a été stimulant. Nous sommes tous les deux très différents. Je suis économiste et Lynda est psychologue. Nous avons tous les deux des intérêts très vastes. Je lis beaucoup de livres d’histoire, de philosophie et de politique. En tant qu'économiste, je peux dire que l'une des principales qualités de Lynda est de ne pas être économiste. Elle peut soudain s'enthousiasmer pour une idée économique alors qu'un économiste qui la connaît déjà pourrait être obnubilé par des détails. Lynda peut demander : "Qu'est-ce que cela signifie ?” Et réciproquement. Je pense donc qu'il est très amusant de réunir nos deux disciplines, d’en reconnaître les synergies et les complémentarités. Ensuite, je commence à écrire quelque chose. Et elle aussi de son côté. Nous avons des styles très différents. Puis nous échangeons et nous nous posons des questions sur ce que nous avons voulu dire. Ensuite nous faisons une nouvelle rédaction, puis encore une autre, jusqu'à ce que dans le produit final, il soit très difficile de dire qui a écrit quoi. Parfois, on peut le voir. C'est un processus collaboratif composé de nombreuses discussions. Être ouvert d’esprit, ça nous rend plus libres dans le processus de création. C'est probablement la raison pour laquelle c'est si agréable à lire, parce que cela reflète des points de vue et des approches différents. Cela se lit presque comme un roman. Tu as dit que tu as commencé à explorer le sujet il y a dix ans. Comment as-tu commencé à t’intéresser à la longévité et au vieillissement de la population? Comment es-tu devenu un expert sur le sujet ? Je suis macroéconomiste de formation. Pendant la majeure partie de ma carrière, je me suis intéressé aux cycles économiques, à la politique monétaire et à la politique budgétaire. J'ai été très occupé par la crise financière mondiale. J'ai fait partie du conseil d'administration de l'autorité de régulation britannique. Mais j'étais mûr pour m’attaquer à d’autres sujets. Au bout d’un certain nombre d’années, on se lasse un peu de la hausse ou de la baisse des taux d'intérêt. Et puis j'ai toujours voulu avoir une vue d'ensemble sur les sujets. J'aime les grandes questions et les thèmes que l'on peut aborder en tant que macroéconomiste. Chaque année, je donnais un cours à la London Business School sur les problèmes et les perspectives de l'économie mondiale. Et l'une des conférences pourtait sur le vieillissement de la société. Et j’avais l’impression de ne pas aller assez loin sur le sujet, et d’en offrir une vision sombre et déprimante. L’une des grandes qualités de l'économie, c'est qu'elle est en fait très ludique intellectuellement. Mais sur le sujet du vieillissement, je ne trouvais rien d’intéressant intellectuellement. Tout ce que disaient les économistes, c’est regardez, il y a de plus en plus de personnes âgées et on aura un problème avec le paiement des retraites. À propos du fait qu’on vit plus longtemps et en meilleure santé, on produit tant de négativité. Mais n’est-ce pas une bonne nouvelle qu’on vive plus longtemps en meilleure santé ? Il s’agissait d’en finir avec ce décalage. Ça commence à se mettre en place aujourd’hui. Il était temps. La longévité, c’est plusieurs sujets : le fait de mieux vieillir, le changement de la structure de la population et ses conséquences sur les vies individuelles. Nous pouvons structurer notre vie différemment. C'est ainsi que je me suis lancé dans cette aventure. Pour moi, c'est une chose merveilleuse parce qu'il est difficile de trouver un autre sujet qui combine autant de choses incroyablement importantes. Quand je parlais des taux d’intérêt et du renminbi chinois, les gens ne sortaient pas de la conférence avec le projet de changer de vie. Mais le vieillissement et la longévité sont des sujets incroyablement intimes et profonds pour les individus. J'aime que ça parle autant aux gens. De plus, c'est un sujet social extrêmement critique. Tous les pays du monde ont un nombre croissant de personnes âgées suite à l’augmentation de l'espérance de vie qui s'est produite. C'est donc un défi économique et social considérable. Et enfin, j'aime la vue d'ensemble qu’apporte ce sujet. Cela fait intervenir des disciplines différentes, des sciences à la philosophie en passant par l'histoire, l'économie et la psychologie. Mais nous sommes aussi très mal compris. C'est étrange pour un universitaire de trouver un sujet si important, mais souvent si mal représenté. Nous sommes un peu perturbés par l'âge. C'est la raison pour laquelle nous ne voyons pas certaines des opportunités qui l’accompagnent. C'est là l’intérêt de ma recherche. J'ai obtenu une subvention d'un million de livres sterling pour travailler sur les aspects économiques de la longévité. J'essaie maintenant de travailler sur la façon dont nous pouvons tirer le meilleur parti de vies plus longues et de faire en sorte que ces vies soient, autant que possible, plus saines et plus épanouies. Tu as co-fondé un forum appelé le "Longevity Forum". Qu'est-ce que c'est exactement ? Oui, je me suis retrouvé dans différents panels, notamment aux États-Unis, à parler de la longévité. Et j'y ai souvent participé avec un entrepreneur britannique du nom de Jim Mellon, qui croit fermement à la science de la longévité. Il y a de plus en plus de recherches scientifiques qui tentent de comprendre la dimension biologique du vieillissement. Intellectuellement, c'est fascinant. D’ailleurs, ces chercheurs rencontrent un certain succès. Nous nous retrouvons souvent à donner ces conférences ailleurs qu'au Royaume-Uni. Alors nous nous sommes dit que nous devrions faire quelque chose au Royaume-Uni. Il y a beaucoup de gens formidables qui travaillent sur des sujets liés à cela au Royaume-Uni, mais on ne se concentre pas assez sur la longévité. Le vieillissement, ça a tendance à être considéré comme une question de fin de vie plutôt que de vieillesse. Nous voulons donc apporter un éclairage différent, en nous concentrant sur un récit positif, une opportunité à saisir, en nous appuyant évidemment sur The 100 Year Life, en réunissant la science et les sciences sociales. Il faut aussi essayer de faire participer des gens qui ne sont pas particulièrement intéressés par le sujet, des politiques et des entrepreneurs. C'est l'objectif que nous nous sommes fixé pour notre troisième année. Nous avons de superbes podcasts, beaucoup d’événements en ligne. Il y a aujourd’hui beaucoup plus d'organisations au Royaume-Uni, qui organisent des événements et produisent des idées sur la longévité. Cette idée qu'il y a des choses à faire pour mieux vivre et mieux vieillir gagne du terrain. La mission est donc vraiment de changer le récit collectif et de s’assurer qu'en tant que société, nous fassions en sorte que le plus grand nombre de personnes vivent le plus longtemps possible de la meilleure façon possible. Tu aimes visiblement mélanger les disciplines. Est-ce parce que tu penses que l'ancienne approche académique des disciplines est trop limitative ? Pour vraiment maîtriser un sujet, il faut aller en profondeur et se spécialiser. C'est pour cela que le monde académique s’est structuré de la manière dont il s’est structuré. Mais la longévité dépend de tant de choses différentes. Elle ne peut pas se limiter au domaine de la santé, parce que la longévité dépend en grande partie de ce que nous faisons dans l’économie et la société. Bien sûr, il doit y avoir une composante santé, mais pas uniquement. La science se concentre sur la malléabilité de l'âge, mais c'est aussi ce sur quoi se concentre la science sociale. Il y a donc des thèmes communs. Mais oui, je suis convaincu que pour aborder la question de la longévité, il faut une approche pluridisciplinaire. C'est aussi un défi pour la politique, car nous avons tendance à penser séparément la santé, la retraite, le travail et l’éducation. Alors que toutes ces choses doivent se rejoindre. Oui, comme si la biologie n'avait rien à voir avec l'économie. Exactement. Donc, comme je l'ai dit, il s'agit de mieux faire connaître le sujet, de reconnaître que le vieillissement et la démographie ne sont pas une fatalité, mais aussi l'importance de bien vieillir et de fournir un récit collectif différent. Nous sommes plutôt restés bloqués sur l'idée que l'allongement de la vie est un problème qui concerne uniquement les personnes âgées, mais ce n'est vraiment pas le cas. Personnellement, j'oscille entre l'optimisme et le pessimisme quand je regarde ce qui se passe cette année. Et Lynda et toi semblez tenir pour acquis que cette tendance à la longévité se poursuivra encore et toujours. Il est vrai que nous avons gagné deux à trois ans d'espérance de vie chaque décennie depuis deux siècles. Mais depuis quelques années maintenant, nous traversons une période de changements importants, une période de volatilité et d'incertitude accrues avec, bien sûr, des pandémies, mais aussi le changement climatique et les catastrophes naturelles, le chaos politique et social, l'augmentation des inégalités. Cela ne met-il pas en péril la longévité ? Se pourrait-il que, dans certains pays, l'espérance de vie ne continue pas à augmenter ? Absolument. Et en tant qu'économiste, je connais les dangers de la prévision de l'avenir. Oui, toutes ces choses dont tu as parlé font peser des menaces et il est clair que 2020, avec le COVID-19, n'est pas une bonne année pour parler d'amélioration de l'espérance de vie. Je pense qu'au Royaume-Uni et aux États-Unis, lorsque le gouvernement publiera l'année prochaine ses statistiques sur l'espérance de vie normale, qui sont appelées “period measure”, elles montreront une forte baisse par rapport à cette année. Je pense que c'est temporaire – je l'espère ! En fait, je ne pense pas qu'un enfant né aujourd'hui verra son espérance de vie affectée par le COVID-19. Mais il est évident que plus on est âgé, plus il y a un risque, donc il y a beaucoup de façons d'aborder cette question. La première est : quelle est la tendance future ? Et il y a un document célèbre intitulé “Broken Limits to Life Expectancy” qui dit simplement que l’espérance de vie augmente de deux ou trois ans tous les dix ans. Ce document dit aussi qu’on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. Mais nous savons que dans le passé, tout le monde disait que cela ne pouvait pas continuer ainsi, or cela a continué. Donc, comme tu vois, dans un sens, cette tendance est une bonne chose. Toutes sortes de choses sont possibles. Dans le passé, nous avons toujours sous-estimé les gains futurs. Et il y a un graphique dans The New Long Life qui vous montre les projections du gouvernement britannique en matière d'espérance de vie qui ont toujours dit, en quelque sorte, “oh, ça va se stabiliser, ça va se stabiliser”. Or ce n'est pas le cas ! Je pense cependant qu'il y a un argument légitime à faire valoir, qui dit que lorsqu’on réduit la mortalité infantile ou qu’on fait disparaître les maladies des jeunes adultes, on obtient une croissance plus rapide de l'espérance de vie. Mais maintenant, la plupart des gains d'espérance de vie vont provenir de personnes âgées de 70, 80 et 90 ans. Tout le monde pense que l’augmentation de l’espérance de vie va ralentir dans les plus riches, à moins d’assister à des progrès spectaculaires en matière de biologie du vieillissement. On pourrait avoir des gains, mais à un rythme plus modeste. Et cela semble une position éminemment sensée. Je pense que si on regarde les tendances dans le monde, Hong Kong nous donne la nouvelle frontière de l’espérance de vie. Là-bas, elle augmente en effet encore de presque deux ans tous les dix ans ! Et bien que les statistiques COVID de Hong Kong se détériorent ces derniers temps, cette région n’a pas été confrontée au même choc que le Royaume-Uni et les États-Unis en termes de mortalité. Je ne pense donc pas que leur espérance de vie soit aussi affectée que celle d'autres pays. Et je pense que cela revient à cette question clé, qui est que si l'âge est malléable, alors les choses peuvent s'améliorer ou s'aggraver. Et si vous regardez la détérioration aux États-Unis, qui provient d'un groupe démographique très spécifique, ou le ralentissement qui s'est produit au Royaume-Uni, qui est encore une fois fortement attribué à ce qui se passe aux niveaux des ménages à faibles revenus, cela suggère que, oui, ce processus n'est pas automatique. Et si l'âge est malléable, alors on peut faire des choses pour améliorer la situation ou au contraire l’aggraver. Pour moi, cela est évidemment lié à toute la question du COVID, car il a été démontré que le Royaume-Uni et les États-Unis ne sont pas très bons pour assurer la bonne santé des personnes âgées dans le contexte de la pandémie. Oui, les sociétés les plus inégales n'ont pas si bien géré la situation. Et c'est aussi ce que nous avons constaté dans les tendances de l'espérance de vie de ces dernières années. Donc, oui, rien de tout cela n'est automatique. Nous devons y travailler. Mais le fait même que l’espérance de vie ait diminué pour moi montre que ce n'est pas automatique et que nous devons donc faire quelque chose. Le changement climatique, les pandémies : tout cela a un impact sur l’espérance de vie. L'histoire n'est jamais facile. Et le changement climatique, je pense que c'est évidemment une préoccupation. Nous savons, en particulier, que l'environnement aura un impact sur la santé des gens. C'est compliqué. Vous savez, certaines personnes meurent aussi bien de la chaleur que du froid. Donc, vous savez, tout cela devient assez compliqué en termes de changements nets et cela dépend de l'endroit où vous vivez, etc. Mais nous devons continuer à investir dans notre avenir pour faire en sorte que le plus grand nombre possible de personnes puissent vivre le plus longtemps possible. Mais si nous l'ignorons, alors cela ne se produira pas. En revanche, si nous en sommes conscients, il est possible de faire quelque chose. Face à l'incertitude, notre meilleure option est donc de nous préparer à une plus grande longévité. Même si cela n'arrive pas pour d'autres raisons, c'est quand même la meilleure chose à faire, n'est-ce pas ? C'est la meilleure chose à faire, bien sûr ! Je ne veux pas suggérer la longévité pour la longévité, mais je veux dire que l'un des défis à relever est que la plupart des gens ne connaissent pas les statistiques sur l'espérance de vie. Les gens ont tendance à considérer leur longévité en se basant sur deux éléments d'information. L'une est celle de leurs grands-parents, les parents de leurs parents. Mais si l'espérance de vie s'améliore, il est évident que le fait de se baser sur les grands-parents est une sous-estimation. Autre chose : les statistiques gouvernementales. Mais les gouvernements ont tendance à se concentrer sur l'espérance de vie en période unique, ce qui revient à dire qu'un enfant né aujourd'hui vivra toute sa vie aujourd'hui. Leur espérance de vie est donc limitée par ce qui arrivera aux enfants de huit ans en 2020. Bien sûr, l'enfant né aujourd'hui aura 80 ans dans 80 ans. Il aura probablement un meilleur taux de survie. Ainsi, les statistiques les plus publiées sur l'espérance de vie, les mesures de la période que les gens regardent, sous-estiment l'espérance de vie à chaque instant. Ainsi, au Royaume-Uni, les statistiques gouvernementales qui extrapolent les tendances indiquent que la majorité des enfants nés aujourd'hui atteindra l’âge 90 ans et qu'environ un sur cinq sera centenaire. Et c'est une hypothèse assez conservatrice. Je pense donc que nous avons tendance à sous-estimer la longévité actuelle, sans parler de ce qui pourrait ou ne pourrait pas devenir. C'est exact. C'est ce que la plupart des gens ne savent pas, qu'en fait nous devons considérer l'espérance de vie d'un homme de 50 ans aujourd'hui ou d'un homme de 60 ans aujourd'hui. Et c'est ce que vous expliquez dans vos deux livres, je pense que dans le premier aussi, nous avons besoin de mesures différentes. Et ce n'est pas quelque chose que la plupart des gens connaissent. Nous avons tendance à prendre cette espérance de vie moyenne à la naissance comme le seul chiffre qui signifie quelque chose, mais ce n'est pas le cas. Et le danger que cela implique, de sous-estimer ainsi la durée de sa vie, en moyenne (et les moyennes sont trompeuses ici) c’est de ne pas assez préparer son avenir. Et le risque est que vous n'ayez pas les moyens financiers, que vous n'ayez pas les compétences pour vivre une vie aussi longue. Donc, pour moi, la vie de 100 ans, c'est... vous savez, qui sait quels progrès scientifiques peuvent se présenter. Elle pourrait simplement continuer à extrapoler cette tendance extraordinaire des 130 dernières années, selon laquelle chaque décennie, l'espérance de vie augmente de deux ou trois ans. Mais je pense que même pour s'adapter à la réalité que nous avons aujourd'hui, comme dans la plupart des pays riches où la majorité des enfants nés aujourd'hui vivront jusqu'à 90 ans et une minorité importante jusqu'à 100 ans ou plus, nous ne sommes pas préparés à cela. C'est drôle parce qu'au niveau individuel, nous pensons que sous-estimer n'est pas une si mauvaise idée parce qu'alors vous n'avez pas de trop grandes attentes, et vous ne serez pas déçu ou quelque chose comme ça. Mais d'un autre côté, vous ne planifiez pas assez votre avenir. Je veux dire que l'une des choses qui m'intéressent de plus en plus est le concept d'assurance-vie. Au XXe siècle, l'assurance-vie est devenue très importante, beaucoup de gens sont morts dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine, et tous ces gens voulaient faire en sorte de pouvoir laisser quelque chose à leur famille. Or aujourd'hui, la plupart des gens vivent jusqu'à 70 ou 80 ans, et ils sont de plus en plus nombreux à le faire. Il ne s'agit donc plus d'une assurance vie, mais d'une assurance longévité. Vous devez vous inquiéter du risque de vivre plus longtemps que vos finances, plus longtemps que votre santé, vos compétences, votre relation et votre but. Oui, c’est ça le défi de vivre jusqu’à 100 ans ! Mais comment faire ? Comment m'assurer que je ne cours pas ce risque de longévité ou que je n'échappe pas à la vie ? Parce que ce n'est pas une bonne situation. Existe-t-il de nouveaux produits d'assurance et des produits financiers qui répondent à ce nouveau besoin, l'assurance longévité, y a-t-il une société quelque part qui pourrait offrir quelque chose à cet égard ? Pas vraiment. Je pense que c'est un espace qui va donner lieu à beaucoup d’innovation dans les prochaines années. D’ailleurs, on assiste à une augmentation de ce que l'on appelle les rentes à revenu différé : à 65 ans, quel que soit l'âge de la retraite, on commence à mettre un peu d'argent de côté et cela se transforme en un revenu lorsque vous atteignez l’âge 85 ans. Ce type de produit commence à être un peu plus populaire, mais ce n’est pas non plus si à la mode. Je pense que davantage de produits financiers seront commercialisés parallèlement à une sorte d'annexe sanitaire, ce qui, à mon avis, sera une énorme tendance. On voit donc certaines compagnies d'assurance proposer des polices d'assurance où l'on obtient un tarif plus bas si l'on s'inscrit à la salle de sport, en liant la forme physique et la santé au produit. Il y a donc une partie de ce phénomène qui se produit. Mais je pense que ce sera un immense espace, l'un des plus grands marchés émergents du monde, car à mesure que les gens vieillissent – et je fais des recherches à ce sujet avec un chercheur de l’université d'Oxford et David Sinclair de Harvard – il s'agit de plus en plus de valoriser le vieillissement en bonne santé. Et bien sûr, c'est un défi considérable. On s'intéresse beaucoup au vieillissement de la société et aux produits dont les personnes âgées ont besoin, mais le produit le plus précieux est de bien vieillir. Je pense donc que nous allons assister à une croissance massive des produits – financiers, de santé, de loisirs, éducatifs – tous destinés à favoriser un vieillissement en bonne santé, car cela va devenir incroyablement important. Intéressant. Paradoxalement, l'une des raisons pour lesquelles il y a si peu de produits de ce type est peut-être que, premièrement, les gens sous-estiment ce qui se passe ; et deuxièmement, les gens ne sont pas si intéressés que ça, mais pourquoi ? Et troisièmement, ils ne veulent pas vraiment se préoccuper de la vieillesse. Comment expliques-tu ce paradoxe ? Plus nous vieillissons en tant que société, tant en moyenne qu'au niveau individuel, plus nous devenons âgistes. Quand je dis nous, je ne veux pas dire toi et moi ! C’est une question très intéressante ! Et je pense que c'est une excellente façon de la poser. Je pense que ce qui se passe est la chose suivante. Nous sommes habitués à avoir beaucoup de jeunes et peu de personnes âgées. Or le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans, de plus de 80 ans, de plus de 100 ans augmente partout dans le monde et très rapidement. Et nous nous sommes un peu embrouillés, je pense, à propos de l'âge au XXe siècle. Si on remonte au XIXe siècle, il y a eu une augmentation de l'alphabétisation et un accroissement de la bureaucratie gouvernementale et de la tenue de registres, et cela a certainement mis l'accent sur les certificats de naissance et l'âge chronologique. Et nous avons commencé à mesurer l'âge chronologique en fonction de votre date de naissance, par opposition à une sorte d'âge biologique et de santé. Nous avons donc commencé à segmenter la société sur la base de l'âge chronologique. Un fait bien connu est que c’est à cette époque-là qu’on a défini 65 ans comme un âge avancé ouvrant droit à l'obtention d'une pension. Et je pense que nous constatons maintenant que de plus en plus de gens ont plus de 65 ans parce que les gens vivent plus longtemps en moyenne, qu'il y a plus de gens âgés de 60 ans parce qu'en moyenne, les gens sont en meilleure santé plus longtemps, et que 70 ans est le nouveau 65, comme le veut le cliché. Nous voyons donc de plus en plus de gens se heurter à nos stéréotypes, des stéréotypes dépassés. Et on commence à voir des personnes de 70 et 80 ans qui font des choses auxquelles on ne s'attendait pas auparavant. Mais je pense que cela revient aussi à cette malléabilité ; parce que l'âge est malléable, ce qui caractérise vraiment le vieillissement, c'est la diversité. Et comme il y a de plus en plus de personnes âgées de plus de 65 ans, on peut observer cette diversité. On voit des sexagénaires qui courent littéralement le 100 mètres en un temps tout à fait respectable et d'autres qui ont la soixantaine, qui sont handicapés et en fauteuil roulant. Et cela ne fait que heurter les préjugés par rapport à qui sont les personnes âgées. Mais je pense que le type d'âgisme contre lequel nous nous battons, c'est la façon dont le récit social change. Au début, avec COVID, un certain nombre de personnes disaient qu'il ne fallait pas donner de ressources médicales aux personnes de plus de 65 ans parce qu'il ne leur restait plus beaucoup d'années à vivre. C'est une vision datée. Ensuite, on a commencé à voir une sorte de débat, dans lequel on s’est dit qu’il restait probablement à ces gens une vingtaine d'années de vie. Mais la réalité, c’est qu’à 65 ans, on peut être en bonne santé ou en mauvaise santé. Et on commence à voir que les stéréotypes sont remis en question, ce qui est, je pense, une bonne chose. Je vais donc essayer de donner une tournure positive à tout cela. Mais oui, je pense que le nombre de personnes qui atteignent un âge avancé et qui vivent différemment est en contradiction avec ces hypothèses dépassées. Et pourquoi y a-t-il ces hypothèses aujourd'hui ? Parce que jusqu’à aujourd’hui nous avons mesuré l'âge chronologiquement. Mais si on fait le constat que l'âge est malléable (ce qui est à mon avis le grand secret du XXe siècle), que nous pouvons fait en sorte que les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé, alors notre vision des choses change radicalement. Et oui, c'est le cas, je pense que la prochaine grande partie de l'agenda de la diversité. Nous avons fait des progrès dans divers domaines concernant le sexe, la race et la sexualité. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir en ce qui concerne l'âge. Sans conteste ! Ce nouvel accent sur l'âge chronologique est venu avec la révolution industrielle. En gros, c'est la même chose que la façon dont nous avons commencé à mesurer le temps d'une manière différente qui n'avait rien à voir avec les saisons et le temps physique, mais plutôt avec l'horloge, tout d'un coup, à cause des chemins de fer ou de choses comme ça. Mais il y a aussi une façon plus positive de voir les choses. En raison des certificats de naissance et de l'âge chronologique, les institutions publiques ont commencé à fournir des services à des masses de personnes. Le seul problème, c’est qu’elles ont organisé tout cela de manière à fournir ces services à des groupes de personnes du même âge. Ainsi, l'éducation était conçue avec des classes d'enfants réunies parce qu'elles avaient le même âge et la protection sociale était conçue autour de trois étapes de vie et de formation et tout cela, de sorte qu'à chaque âge correspondait une étape. Mais n'est-ce pas aussi, et c'est plus positif, parce que beaucoup de choses qui n'étaient pas uniformément réparties au XXe siècle sont devenues beaucoup plus démocratiques, et que la mesure de l'âge chronologique a rendu cela possible. Oui, et il y a toujours eu un certain arbitraire dans le choix de l'âge de 65 ans, bien sûr. Mais oui, je pense que c'est vrai. Et je pense que lorsqu'il y a moins de personnes et probablement moins de diversité chez les personnes âgées, alors on peut utiliser l’âge chronologique comme un critère pour cibler certaines prestations. Je pense que le défi auquel nous sommes maintenant confrontés, c'est que si on analyse les données, en gros, on constate que les personnes âgées sont confrontées à de fortes inégalités : celles qui ont plus de revenus et plus de ressources vieillissent mieux que celles qui ont moins de revenus. Mais à mesure que l'on vieillit, cet écart se réduit, en supposant que les personnes à faibles revenus atteignent cet âge. Il y a donc toujours une sorte de course de fin de vie avec le temps, les gens commencent à se ressembler un peu par-delà les différences en termes de revenus. Mais par exemple, je parle à de nombreuses entreprises qui examinent les données de leurs clients et qui passent à des intervalles de cinq ans, vous savez, 16-20, 21-25, et puis vous atteignez 65 ans et c'est 65+. Il serait absurde de se dire que le marché des moins de 65 ans est homogène, que tous les moins de 65 ans ont les mêmes besoins. A ce sujet, la retraite a été une invention fantastique : elle a consisté à donner aux personnes en “fin de vie” une indépendance et une sécurité financières, ce qui a rendu cette population si homogène à nos yeux, malgré les différences évidentes entre les uns et les autres. L'idéal serait de ne pas avoir de personnes qui vivent une vie courte. Nous devons donc amener tout le monde à un âge plus avancé. Mais nous devons ensuite commencer à penser, comme nous le faisons lorsque nous pensons au marché du travail pour les personnes de 40 ou 50 ans, que ces gens ne sont plus les mêmes. Et qu'ils ont des raisons différentes de travailler dans des circonstances différentes. Ainsi, sur le marché des plus de 65 ans, certaines personnes travaillent parce qu'elles ont juste besoin d'argent, d'autres parce qu'elles ont besoin d'un but, elles n'en ont pas besoin financièrement. Mais c'est un peu la même chose que ce que vous allez obtenir à tous les stades du marché du travail. Nous devons donc commencer à traiter de plus en plus de gens comme si le plus important n'était pas qu'ils soient vieux. C'est juste qu'ils sont des gens. Le défi consiste donc à s'assurer que nous apportons le soutien nécessaire pour relever les défis qui se présentent avec l'âge, tout en offrant la flexibilité nécessaire pour tenir compte de circonstances individuelles très différentes. Et je pense que c'est ce que nous devons équilibrer, parce qu'il est clair que les premières tentatives de cette révolution, qui a été très réussie, ont simplement utilisé l'âge chronologique pour le faire. Oui. Ce qu'il nous faut pour relever ce défi, comme tu le dis, c'est de l'ingéniosité sociale. Et comme tu l’écris – et je trouve cela fascinant – nous sommes assez bons en matière d'ingéniosité technologique, mais pas tellement en matière d'ingéniosité sociale, et le fossé entre les deux s'élargit. Cela concerne la société, nos institutions, les pouvoirs publics, etc. Peux-tu nous expliquer un peu plus en détail ce que tu entends par “ingéniosité sociale” et ce que nous pouvons faire pour y parvenir ? Oui, la version officielle est qu'en tant qu'humains, nous avons cette remarquable histoire d'augmentation de notre niveau de vie. Nous vivons plus longtemps, nous sommes en meilleure santé, nous avons plus de ressources. Et ce n'est pas un simple processus linéaire. Il y a toutes sortes de défis à relever. Mais nous sommes plutôt doués pour l'innovation et la connaissance, et nous avons l'ingéniosité technologique, de nouveaux outils. Nous l'avons fait avec la révolution industrielle, avec la mise au point des premières machines à vapeur. Le problème, c'est que lorsque nous parvenons à cette rupture technologique, nous n'essayons peut-être pas de l'exploiter de manière à ce qu'elle soit bénéfique pour la société. Au contraire, à mesure que les usines se développent, les gens commencent par souffrir de plus en plus. Ils quittent les communautés traditionnelles de la campagne pour s'installer dans les villes. Ils ne connaissent personne. Ils sont exploités au travail. Même les enfants travaillent dans des conditions difficiles, or ce n'est pas là une façon de fonctionner pour la société dans son ensemble. Ce à quoi on aboutit, c'est une sorte de mouvement de réaction de la société civile, qui exprime le sentiment suivant : “Bien sûr, nous comprenons l'avantage économique de tout cela, mais nous avons aussi besoin de jours fériés, de retraite, d'horaires de travail restreints, de sécurité sociale, de clubs et de loisirs, pour tirer le meilleur parti de tout cela”. C’est à ce stade que la société commence à faire preuve d'ingéniosité sociale. Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ? Avec le vieillissement de la société, nous avons réalisé des avancées considérables en termes de vie plus longue et plus saine, mais nous n'avons pas encore fait l'innovation sociale pour cela. Nous devons changer les modèles de comportement. Dans The 100-Year Life, je parle beaucoup de l’adolescence, un concept inventé au XXe siècle. Avant l’invention de l’adolescence, la population était divisée entre les enfants et les adultes, mais nous avons inventé l’adolescence pour signaler qu’il y avait une phase de transition entre les deux. Et il a fallu un certain temps pour comprendre ce qui devait occuper les gens à l’adolescence. La première version, je pense, était le mouvement du scoutisme, avec cette idée qu’il fallait mettre les gens en uniforme, leur donner un peu de discipline. Mais ce n'était pas vraiment ce que nous voulions des adolescents. Et finalement, nous nous retrouvons avec ce que nous connaissons aujourd'hui. Mais il a fallu 50 à 60 ans de pratique pour en arriver là. Aujourd’hui, il se passe la même chose avec les technologies mises au point dans la Silicon Valley. On en vient à penser que “les machines sont intelligentes, les humains sont imparfaits. La technologie doit donc contribuer à résoudre tous les problèmes”. Tout cela relève de l'ingéniosité technologique plutôt que de l'ingéniosité sociale. Or ce que nous devons faire à présent, c'est nous demander comment utiliser cette technologie pour améliorer notre vie, à la fois en tant que clients des entreprises numériques et en tant que membre de la population active. Et il existe d'énormes possibilités pour y parvenir. Et c'est ce que j'entends par "ingéniosité sociale", c'est-à-dire changer nos comportements et nos pratiques pour tirer le meilleur parti des nouvelles possibilités offertes par l'ingéniosité technologique. Mais à l'heure actuelle, je pense qu'aussi bien en ce qui concerne le vieillissement que la technologie, l'agenda n'est pas vraiment poussé, ni par les individus, ni par la société civile dans son ensemble. Or c’est cela qui est essentiel. Oui, c'est ça. Nous avons donc besoin d'un nouveau filet de sécurité pour ce nouveau paradigme. Par exemple, nous avons ce système qui définit le chômage d'une manière qui a été définie dans les années 1920 comme un phénomène qui n'est pas choisi, qui se produit à cause d'un choc économique ou quelque chose comme ça. Et maintenant, nous devons créer un filet de sécurité pour les transitions qui peuvent être volontaires ou involontaires, par exemple, c'est quelque chose sur lequel nous écrivons beaucoup, Nicolas et moi. Nous avons également besoin d'un nouveau système d'éducation pour l'apprentissage tout au long de la vie. D'après ce que tu observes dans le monde, y a-t-il vraiment des idées et des politiques prometteuses qui sont mises en œuvre quelque part dans le monde ? C’est une question difficile. La réponse est non. Et nous constatons tous les tensions à l’oeuvre dans les sociétés du monde entier, exacerbées par le COVID. Notre système actuel d'éducation, de pensions, de soins, de foyers, de système d'aide sociale est en difficulté et il l'était auparavant. Il est facile de deviner les tensions politiques qui en découlent, les inégalités qui s’accroissent. Il faut donc que les choses changent. Je pense qu'elles sont en train de changer. Je pense qu'il y a beaucoup de changements dans les comportements individuels, certains changements au niveau des gouvernements et un peu au niveau des entreprises. Si je peux à nouveau donner l'exemple de la révolution industrielle, il faut du temps pour faire le tri. Tout d'abord, il faut reconnaître le problème. Deuxièmement, il faut avoir une bonne idée de la manière d'améliorer le problème. Enfin, on peut s’atteler à changer les institutions. Cela prend donc beaucoup de temps. L'ingéniosité sociale, c'est beaucoup d'innovation et d'expérimentation, je pense, dans un premier temps, et nous le constatons tous les jours autour de nous. Nous voyons par exemple, dans le monde entier, de plus en plus de personnes travailler plus longtemps. Nous assistons à une véritable explosion, à partir d'une base modeste, de toutes sortes de possibilités d'éducation pour les personnes âgées, souvent offertes en dehors des établissements d'enseignement. Pour prendre un exemple que tout le monde connaît, celui de Singapour, la structure de sa population y a changé de manière radicale. La population y vieillit à toute vitesse ! Les autorités s’interrogent donc : comment faire pour que les gens restent en bonne santé, heureux et actifs ? Si vous les gardez actifs et en bonne santé, alors non seulement ils sont heureux individuellement, mais l'économie en profite davantage. Il y a donc beaucoup d'initiatives dans ce domaine. Nous devons a présent regarder autour de nous et nous inspirer de toutes ces expérimentations. Par exemple, en matière d'éducation des adultes, Singapour accorde une subvention à tous les citoyens pour qu'ils la dépensent chaque année afin d’apprendre des nouvelles choses. Je pense que c'est une initiative intéressante. Et je pense qu'au Royaume-Uni, un programme similaire a été suggéré. Il sera mis en place pour ceux qui n'ont pas fait d'études supérieures, ce que je trouve fantastique. Donc, oui, je pense que cette approche expérimentale commence à se concrétiser. Penses-tu que la pandémie va accélérer cette transition et nous pousser à expérimenter encore plus, ou penses-tu que ce ne sera pas le cas, que ce sera en fait tout le contraire ? Parce qu'il y a l'idée que nous aurons plus de dettes et que nous ne pourrons pas nous le permettre, et ce sera une raison de plus pour ne pas faire tout ce que nous devons faire. Selon toi, quel est l'impact probable de la pandémie sur cette ingéniosité sociale ? Oui, nous n'en avons évidemment pas encore fini avec le COVID et ses implications, nous avons encore un long chemin à parcourir. Je pense que COVID est cet énorme choc multidimensionnel. Je travaille dans une école de commerce et j'en ai assez d'entendre les gens parler de disruption. COVID nous a certainement appris le vrai sens du mot “disruption” : pour le coup, tout a été vraiment disrupté ! Mais je pense plutôt, pour ma part, que c'est un accélérateur et que cela a accéléré un certain nombre de tendances. Celles qui m'intéressent le plus, évidemment, sont le vieillissement et la technologie. Et le COVID est comme une forme virale de vieillissement. Cette maladie soulève de plus en plus la question du vieillissement de la société. Nous avons dû presque fermer l'économie pour protéger la vie des gens et celle des personnes âgées. Oui, la première pandémie qui touche les personnes âgées beaucoup plus que, par exemple, les très jeunes. Exactement. Nous avons donc découvert que nous ne pouvons pas avoir une économie saine sans une population saine et que lorsqu'on a des personnes âgées, une population saine consiste à garder les gens hors de l'hôpital plutôt que de les traiter à l'hôpital. Je pense donc qu’on va assister à une accélération de la prévention en matière de santé. Et j'espère que les gens le reconnaîtront. Mais aussi, je pense que je peux voir une plus grande utilisation de la technologie et de l'assistance à distance et des contacts avec les médecins, ce qui pourrait vraiment être une bonne chose. Il est clair que le progrès technologique fait aussi l’objet d’une accélération. Il y a plus de gens qui travaillent à domicile, plus de gens qui utilisent la technologie pour travailler à distance. Et nous entendons beaucoup parler de la disparition du bureau, je pense que nous allons assister à une certaine remise à niveau – un grand coup de pouce pour travailler de manière plus flexible. Je pense que nous avons trouvé des moyens de tirer le meilleur parti de la technologie. Comme nous en avons discuté au début, elle est encore limitée dans certains domaines et excellente dans d'autres. Mais nous allons aussi revenir à certaines des anciennes méthodes. Je pense que le défi que nous avons à relever est de savoir si nous sommes prêts à le relever. Nous avons toujours parlé du travail flexible comme d'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Je ne suis pas sûr que pour beaucoup de gens en ce moment, avec des meetings sur Zoom toute la journée et une vie de famille, cet équilibre entre vie professionnelle et vie privée soit atteint. Mais lorsque nous parlons de la nouvelle vie, il s'agit d'un type différent d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. L’enjeu n’est plus d’équilibrer ces deux moments distincts, celui où je suis au bureau et celui où je suis à la maison, mais plutôt de s’adonner au jonglage. Donc, oui, je pense que cela a accéléré les choses. Je pense que cela a également accéléré divers problèmes. Ainsi, par exemple, certaines personnes sont ravies de pouvoir travailler chez elles car il est devenu plus facile de séparer son travail de son lieu de travail. Je pense que nous devons probablement nous inquiéter un peu à ce sujet, car je pense que beaucoup d'entreprises vont commencer à externaliser leur travail vers des pays beaucoup moins chers. Il y aura aussi des réactions négatives à ce sujet. Le COVID donc un accélérateur, mais c'est aussi une mise à l’épreuve. Il a révélé quelles personnes peuvent bénéficier de cette transition et quelles autres ne le peuvent pas. Il est évident que plus les gens ont fait d’études supérieures, plus leur revenu est élevé et plus il est facile de travailler à distance. Mais pour un grand nombre de personnes, ce n'est tout simplement pas une option. Donc, si cela accélère aussi certaines des politiques correctives pour qu'elles soient plus inclusives, alors c'est très bien. Je pense que ta remarque sur le fait que l'augmentation de la dette publique et la diminution de la croissance économique sont mauvaises est très bien prise en compte. La seule chose qui me rassure, c'est que même avant cette crise, la croissance économique n'était pas très forte. Et, vous savez, je pense que cela va rendre une société vieillissante ou une société vieillissante en bonne santé encore plus importante, parce que s'il n'y a pas beaucoup de croissance, alors nous devons nous assurer que nous gardons le plus de personnes possible au travail aussi longtemps que possible, de manière aussi productive que possible. J'espère donc que les gouvernements commenceront à se demander d'où peut provenir la croissance. D'accord, nous avons la technologie, d'accord, nous avons une économie verte. Mais comment tirer le meilleur parti de cette société vieillissante ? Intéressant. COVID a également révélé les lignes de fracture dans notre société entre les personnes qui peuvent travailler à domicile et celles qui doivent aller travailler à l'extérieur, entre celles qui ont de mauvaises conditions de logement avec beaucoup de monde et celles qui ont de plus belles maisons et plus d'espace, et beaucoup d'autres lignes de fracture. Et fondamentalement, ma prochaine question est la suivante : nous parlons beaucoup de moyenne, mais cette période remet plus que jamais en question l'idée même de moyenne, car elle est de moins en moins pertinente dans un monde de plus en plus inégalitaire. Et même en ce qui concerne les années de vie, la répartition est de plus en plus inégale. Et tu écris aussi dans ton livre que les riches vivent effectivement plus longtemps et en meilleure santé, mais que les pauvres ne vivent peut-être pas autant. Et dans certains pays, nous avons parlé des États-Unis, mais dans une certaine mesure, du Royaume-Uni, surtout par rapport à l'Allemagne ou à l'Europe du Nord, l’espérance de vie des moins privilégiés peut même, eh bien, stagner ou diminuer. Le fossé se creuse-t-il vraiment au niveau mondial ? Et avec un écart plus important, quelles autres questions devrions-nous nous poser ? Oui, l'accroissement des inégalités suscite de grandes inquiétudes. Nous savons que les inégalités vont décroissant à l'échelle mondiale, les pays pauvres rattrapant en moyenne les pays riches. Mais nous savons aussi que dans de nombreux pays – pas tous – les inégalités s’aggravent. Tu as mentionné les États-Unis, où l’on observe certaines des pires tendances en matière d'inégalités, en particulier dans le domaine de la santé. Et il semblerait que le COVID va aggraver la situation. Je pense que nous assistons également à un début de réaction politique contre cette tendance. Il sera intéressant de voir à quel point cela se poursuivra après la pandémie. Je pense que dans une certaine mesure, il y a une sorte de menace commune que tout le monde ressent à cause du COVID, même si la réalité est très inégale. Et je pense que cela contribue à soutenir les mesures de réduction des inégalités. L'autre chose qui est intéressante à mes yeux, c'est la technologie et son évolution (et nous en parlons dans le livre, qui a bien sûr été écrit avant la pandémie), mais si le lieu de travail devient moins important, en termes de bureau ou d'endroit où vous vous rendez, alors la communauté locale et le foyer deviennent beaucoup plus importants. Et je pense que c'est ce que nous constatons. Et évidemment, tous les territoires ne bénéficient pas d’une grande mixité sociale. Mais je pense que ce sentiment d'avoir, en fin de compte, un grand soutien communautaire nécessaire pour que nous puissions fonctionner en tant que société, pourrait être l'un des points positifs qui ressortent de COVID. Et dans The 100 Year Life, nous parlons de l'importance des relations. Si notre vie est plus longue et nos carrières se décomposent en des étapes plus nombreuses, alors notre travail à un moment donné sera beaucoup moins important pour notre identité et plus transitoire. Il devient donc très, très important, dans ces conditions, de penser à la communauté et au foyer. Si nous faisons cela, je pense que nous pourrions commencer à voir certains changements en ce qui concerne l'inégalité. L'inégalité comporte de nombreuses couches et dimensions, différents groupes souffrent de différentes manières. Je pense que si tu regardes, par exemple, les problèmes dans les maisons de retraites, ce que l’on constate, c'est que ceux qui sont politiquement privés de leurs droits ne se font pas assez entendre. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes confrontés à ces inégalités qui s’aggravent. La question est donc de savoir comment faire en sorte que davantage de voix soient entendues. Et je pense que c'est le défi que nous avons déjà relevé, par le passé, avec la révolution industrielle. Il y a eu beaucoup d'agitation politique. Mais en fin de compte, je pense qu'elle a réussi parce que deux choses ont été réalisées. La première, c'est que chacun ait le sentiment de tirer un certain avantage économique du changement. Ainsi, si nous assistons à un changement technologique, ce ne sont pas seulement les propriétaires d'Amazon qui en bénéficient, mais tous les autres qui en tirent un certain bénéfice. Et deuxièmement, pour que nous puissions avoir une sorte de voix dans le processus politique. Si vous pouvez réunir ces deux éléments, alors je pense que non seulement le changement est égal, mais que la politique est harmonieuse. Bien sûr, pour que ces deux choses se produisent, la politique doit être assez bruyante et divisible. Les gens se forcent à se faire entendre. Nous traversons donc certainement cette phase bruyante et conflictuelle de la politique. Il n'est pas impossible que nous assistions à une révolution. Oui, absolument. Je veux dire, il est clair que la vie politique va devenir plus stressante et plus chaotique. Mais je pense que c'est une question d'enjeu, car si nous revenons à ce fossé entre l'ingéniosité technologique et l'ingéniosité sociale, nous devons nous assurer que les changements fonctionnent pour les gens dans leur ensemble. Pour moi, le défi sera de savoir comment la société civile se rassemble pour exprimer son point de vue. Parce qu'avec la révolution industrielle, nous avons eu le mouvement ouvrier, nous avons eu la formation de certaines grandes organisations caritatives, et c'étaient des sortes de grandes organisations qui ont amplifié l’opinion publique et ont contribué au débat. Il n'est pas totalement évident pour moi de savoir où ils émergent aujourd'hui, étant donné la faiblesse actuelle des syndicats et le fait que les réseaux sociaux semblent être des facteurs de division plutôt que d’unité. Ma dernière question se situe encore une fois au niveau individuel et en particulier la question que se pose chaque parent, que pouvons-nous faire pour nos enfants ? Tu es toi-même père de trois enfants. Ton travail a-t-il eu un impact sur les choix que tu as faits ou que tes enfants ont faits dans leur vie et leur éducation ? Tu dis qu'il est important d'apprendre à apprendre, n'est-ce pas ? Mais comment faire ? Comment aider nos enfants à y parvenir ? Oui, c'est intéressant. Honnêtement, je n'ai aucune idée de si mon travail a influencé mes enfants et je ne pense pas que je leur demanderai. Ils sont assez âgés maintenant – 28, 25 et 21 ans. Et à mesure qu'ils prennent de l’âge, je parle davantage de ces questions avec eux. J'ai certainement appris d'eux. Et en fait, une partie de l'inspiration de The 100-Year Life, c’était mes attentes en tant que parent sur ce qu'ils devraient faire et ensuite voir ce qu'eux et leur groupe de pairs faisaient, et reconnaître que tout comme je faisais les choses à un moment différent de celui de mes parents, ils le faisaient aussi. Ainsi, mon père et ma mère ont eu un emploi à 14 ans, ils se sont mariés à 18, 19 ans, ont eu des enfants à 20 ans, une maison à 21 ans. Ils avaient toutes sortes d'obligations que je n'ai pas eues avant la vingtaine. Et mes enfants auront ces mêmes obligations, mais seulement à la trentaine. Je pense que si on regarde cette vie plus longue à laquelle ils doivent se préparer et cette carrière à plusieurs étapes où la longévité et la technologie entraîneront beaucoup de flexibilité et de ruptures, je pense que vous pouvez voir pourquoi le développement des adultes devrait prendre plus de temps. Savoir qui vous êtes et ce à quoi vous tenez sera un élément très important pour naviguer dans cette longue vie. J'ai dit que mon père avait un emploi à 14 ans et qu'il est resté dans ce secteur pendant toute sa carrière professionnelle, jusqu'à ses 65 ans. Il n'a donc pas vraiment choisi de carrière. Il s'est adapté à l'une d'entre elles, alors que je pense que de plus en plus de jeunes générations ont aujourd'hui de nombreux défis à relever, et il est clair que la carte de la vie qui leur permettait de subvenir à leurs besoins en matière de logement, de retraite et de sécurité ne leur est pas accessible. Mais ils ont aussi d'autres options, notamment, je pense, se lancer dans une carrière davantage axée sur les valeurs que sur les tâches à accomplir. Il est donc très important pour chacun d’entre nous de savoir qui nous sommes et disposer des actifs transformationnels, comme nous l'appelons dans The 100-Year Life, pour naviguer dans ce processus de changement. Et bien sûr, il est important de savoir qui vous êtes et quelles sont vos valeurs si vous voulez continuer à changer votre rôle, car c'est ce qui vous donne cette cohérence lorsque vous naviguez à travers ces différents changements. Je ne suis donc pas sûr que cela soit différent des générations de parents précédentes. Je veux juste que mes enfants se connaissent et sachent ce qu'ils représentent. Mais je pense que la flexibilité est importante, la compréhension que les options plutôt que les engagements peuvent être la chose la plus précieuse. Des options plutôt que des engagements, c'est une bonne idée. C'est aussi très optimiste. Cela signifie que les choix que nous faisons n'ont pas nécessairement un impact aussi important. Nous pouvons toujours changer d’avis ! Oui. En tant que père, c'est toujours étrange de voir ses enfants faire des erreurs. Mais ce n’est peut-être pas si grave. Fantastique. Merci beaucoup, Andrew, pour ton temps et d’avoir bien voulu partager tout cela avec nous ! Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
18 Jan 2021 | Notre vision de l’âge tue | 00:06:06 | |
Chaque lundi nous vous envoyons à la fois un “Édito”, une interview avec un·e invité·e passionnant·e (francophone ou non) et quelques informations pour mettre la semaine à venir en perspective et rappeler les contenus mis en ligne la semaine précédente. Cette semaine, j’enregistre également une version audio de l’Édito 🎧 À l’agenda aujourd’hui 👇 * Mon “Édito” sur notre vision de l’âge et ses victimes👆 * Andrew Scott sur la longévité et l’âgisme * Nos conversations à venir cette semaine * Ce que vous avez peut-être manqué la semaine dernière Notre société cultive d’autant plus le « jeunisme » qu’elle vieillit à grande vitesse. En Europe, l’âge médian de la population se situe entre 43 et 47 ans, ce qui correspond peu ou prou à l’âge à partir duquel on commence parfois à être qualifié de « senior » au travail. On en arrive donc à une situation absurde où plus de la moitié de la population est réputée senior. Pourtant, l’âge, c’est tout relatif. Les scientifiques ont démontré que l’âge est malléable. Notre ressenti nous dit que c’est un phénomène social. Et c’est aussi un sujet économique : la santé et l’espérance de vie varient considérablement en fonction de la richesse. En d’autres termes, on devrait distinguer l’âge chronologique (l’année où vous êtes né) de l’âge biologique (lié à la santé de votre corps), de l’âge social (la manière dont on vous considère en fonction de votre âge), et de l’âge subjectif (ce que vous ressentez). Malheureusement, nous continuons à laisser l’âge chronologique déterminer nos vies. « Dis-moi quand tu es né et je te dirais où tu dois aller et ce que tu dois faire. » Par exemple, en fonction de votre date de naissance, vous irez dans telle ou telle classe où l’on enseigne à tout le groupe la même chose de la même manière. Votre seul point commun avec les autres personnes du groupe, c’est votre date de naissance. Peu importent vos caractéristiques physiques et cognitives, du moment que vous avez le même âge chronologique, cela justifie qu’on vous serve la même soupe. Du coup, on vous façonne à considérer l’âge chronologique comme un élément déterminant. L’âge chronologique n’a pas toujours joué ce rôle. Pendant des siècles on ignorait quand les gens étaient nés. D’ailleurs jusqu’à la fin du XIXe siècle, on ne fêtait pas les anniversaires. On savait que vous étiez grand-mère par exemple, mais ce qui comptait avant tout, c’était ce que vous étiez capable de faire et votre santé physique. La société n’était pas tendre avec celles et ceux qui ne tenaient plus debout ! Le déterminisme de l’âge chronologique est une invention historiquement récente. En France, le Code civil a mis en place un certain nombre d’obligations nouvelles, comme l’inscription des naissances, qui ne s’est généralisé que dans la seconde moitié du XIXe siècle avec le développement d’une administration plus efficace. Dans la plupart des pays occidentaux, les actes de naissance et les statistiques nationales ne sont apparus qu’après la révolution industrielle. Au XXe siècle, l’âge chronologique s’est révélé être un instrument commode pour créer des services universels nouveaux : l’éducation des enfants d’abord, puis les soins de santé et la retraite. Pour démocratiser ces services et avantages, il a fallu les standardiser, et donc faire passer les gens sous la toise de l’âge chronologique. C’était un compromis somme toute avantageux : la toise en échange des avantages.Hélas, au XXIe siècle, et la période de pandémie que nous vivons le montre de manière cruelle, notre focalisation sur l’âge chronologique s’accompagne de plus de problèmes que d’avantages. Les évolutions démographiques et la révolution numérique devraient nous inviter à personnaliser certains services, les améliorer, répondre plus finement à des besoins variables. On devrait pouvoir rendre de meilleurs services au plus grand nombre. Au lieu de cela, nous avons laissé des institutions de masse de l’âge industriel se dégrader. En proie à des nouvelles logiques de prédation, ces institutions de masse que sont les maisons de retraite, imaginées pour faire des « économie d’échelle » sur les soins, organisées autour de la standardisation (les mêmes repas aux mêmes heures, les mêmes soins, les mêmes chambres…), sont si déshumanisées qu’on les désigne en France uniquement par un sigle devenu repoussant, EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). (Partout où l’on ne parle qu’avec des sigles, c’est en général pour ne pas dire les choses comme elles sont.)Ce que la pandémie nous montre aujourd’hui, c’est que plus on reste attaché à la vision chronologique de l’âge et la standardisation qui en découle, plus il y a de victimes. En France, près de la moitié des décès du Covid ont eu lieu dans les Ehpad – où les histoires de négligence, déshumanisation, manque de moyens, voire torture font froid dans le dos. Plus on gère les soins comme une usine, plus on en meurt. On observe le même phénomène partout : plus les personnes âgées sont dans des institutions « de masse », plus il y a de morts. Ce n’est pas la fragilité de l’âge qui tue puisque les personnes du même âge qui ne vivent pas en Ehpad ont des taux de mortalité bien plus faibles que ceux qui vivent dans ces établissements. Ce qui tue, c’est un système déshumanisé basé sur la standardisation et qui prétend faire passer les gens sous une même toise. Il est donc temps d’ouvrir les yeux : le déterminisme de l’âge chronologique a fait son temps. Qu’il s’agisse d’éducation, de soins et de modes de vie, il devient essentiel de regarder l’âge autrement. Je reste très marquée par ma lecture des deux ouvrages de Lynda Gratton et Andrew Scott que j’ai recensés pour Nouveau Départ. Je ne saurais trop vous encourager à aller lire, ci-dessous, un extrait de l’interview que j’ai réalisé avec Andrew Scott récemment (dont la version intégrale en français est disponible pour nos abonnés). Andrew nous aide à ouvrir les yeux sur tous les enjeux qui se cachent derrière l’âgisme. En finir avec l’âgisme (note de lecture + la transcription intégrale en français de l’interview d’Andrew Scott)—réservé aux abonnés. Age isn’t Destiny (le podcast d’origine sur Building Bridges pour ceux qui souhaitent l’écouter en anglais)—accessible à tous. Femmes de 50 ans : invisibles dans les médias ? (conversation avec Sophie Dancourt)—accessible à tous. Démographie et croissance économique : c'est compliqué ! (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Andrew Scott, professeur d'économie à la London Business School, est l'auteur avec Lynda Gratton de The 100 Year Life: Living and Working in an Age of Longevity et The New Long Life. L’interview intégrale a été mise en ligne la semaine dernière pour nos abonnés. En voici un extrait. Dans The 100 Year Life, Lynda et toi avez parlé de longévité, mais peut-être pas assez de la révolution technologique que nous traversons et de l’intersection entre ces deux phénomènes ? Quelle est la relation entre la révolution démographique et la révolution technologique ? Quelles sont les craintes les plus courantes que vous avez entendues et lues à propos de la longévité ? Et comment cela vous a-t-il incités à écrire The New Long Life ? Nous avons écrit The New Long Life pour plusieurs raisons. Dans certains cas, en effet, c'était en réaction au premier livre. The 100 Year Life a connu un succès énorme, ce qui est très agréable. Nous en avons vendu environ 700 000 exemplaires dans le monde entier. Il a vraiment captivé l'imagination des gens. Pour moi, c'est un nouveau sujet, depuis environ 10 ans maintenant. Et c'est un sujet merveilleux, la longévité, c'est incroyablement profond. Pour le livre, j’ai voyagé à travers le monde pour parler à toutes sortes d’individus, des universitaires, des décideurs politiques, des financiers. Comme c'est un sujet si profond, il y avait évidemment beaucoup de choses à écrire. Nous voulions aller encore plus loin.The 100 Year Life a été écrit dans une perspective individuelle, mais avec The New Long Life nous avons voulu examiner davantage l'aspect social. On parle de longévité. Une vie plus longue, cela concerne toute la vie, pas seulement la fin de la vie. Non seulement il y a un nombre croissant de personnes âgées, mais il y a aussi la question de savoir comment notre vieillissement évolue et comment on peut l'améliorer. C'était donc aussi une histoire positive. L'un des sujets, c’est qu’on travaillera probablement plus longtemps. Or l'une des questions les plus fréquentes qu’on nous a posées c’est “d'où viendront les emplois si la technologie les détruit ?” On entend cette histoire négative sur le vieillissement, mais il y a aussi une histoire très négative autour de la technologie. Nous nous sommes demandés comment on pouvait naviguer face à ces changements technologiques. D’autres personnes nous ont dit que 100 ans de vie, c'est très bien si on a les moyens. Et en effet, on observe des inégalités croissantes. Comment faire pour que cela ne soit pas une inégalité croissante, comment pouvons-nous y parvenir pour tous ? The New Long Life s'attaque à toutes ces questions. À l'intersection entre la démographie et la technologie, on a la vision dystopique d’une société vieillissante et d’une technologie malfaisante. Mais comme nous l’écrivons, cette vision n’est en rien inévitable. Si nous vivons plus longtemps, en meilleure santé, et si nous avons les technologies intelligentes qui nous soutiennent, alors la question qui se pose est de savoir comment les utiliser pour améliorer notre vie. Il est important de s'assurer que nous sommes prêts au niveau individuel, mais aussi de commencer à exiger de nos institutions le soutien dont nous avons besoin pour que tout cela fonctionne pour les individus, pas seulement pour les entreprises et les gouvernements. Nous traversons une période similaire à la révolution industrielle, où nous avons vu des changements profonds dans notre façon de vivre, dans la structure de nos familles et de nos ménages, et dans notre définition du travail. Il est essentiel que nous en soyons conscients. Il faut aider les gens à s’y préparer, mais aussi à se faire une opinion afin qu’on puisse construire un nouveau contrat social. Tous les moyens sont là. Nous vivons plus longtemps et en meilleure santé. Des machines plus intelligentes peuvent améliorer la qualité de notre travail à tous égards. Nous devrions être capables d'inventer de nouvelles insitutions. Si nous ne le faisons pas, nous risquons d'être confrontés à un avenir inquiétant. Lynda et toi semblez tenir pour acquis que cette tendance à la longévité se poursuivra encore et toujours. Il est vrai que nous avons gagné deux à trois ans d'espérance de vie chaque décennie depuis deux siècles. Mais depuis quelques années maintenant, nous traversons une période de changements importants, une période de volatilité et d'incertitude accrues avec, bien sûr, des pandémies, mais aussi le changement climatique et les catastrophes naturelles, le chaos politique et social, l'augmentation des inégalités. Cela ne met-il pas en péril la longévité ? Se pourrait-il que, dans certains pays, l'espérance de vie ne continue pas à augmenter ? Absolument. Et en tant qu'économiste, je connais les dangers de la prévision de l'avenir. Oui, toutes ces choses dont tu as parlé font peser des menaces et il est clair que 2020, avec le COVID-19, n'est pas une bonne année pour parler d'amélioration de l'espérance de vie. Je pense qu'au Royaume-Uni et aux États-Unis, lorsque le gouvernement publiera l'année prochaine ses statistiques sur l'espérance de vie normale, qui sont appelées “period measure”, elles montreront une forte baisse par rapport à cette année. Je pense que c'est temporaire – je l'espère ! En fait, je ne pense pas qu'un enfant né aujourd'hui verra son espérance de vie affectée par le COVID-19. Mais il est évident que plus on est âgé, plus il y a un risque, donc il y a beaucoup de façons d'aborder cette question. La première est : quelle est la tendance future ? Et il y a un document célèbre intitulé “Broken Limits to Life Expectancy” qui dit simplement que l’espérance de vie augmente de deux ou trois ans tous les dix ans. Ce document dit aussi qu’on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. Mais nous savons que dans le passé, tout le monde disait que cela ne pouvait pas continuer ainsi, or cela a continué. Donc, comme tu vois, dans un sens, cette tendance est une bonne chose. Toutes sortes de choses sont possibles. Dans le passé, nous avons toujours sous-estimé les gains futurs. Et il y a un graphique dans The New Long Life qui vous montre les projections du gouvernement britannique en matière d'espérance de vie qui ont toujours dit, en quelque sorte, “oh, ça va se stabiliser, ça va se stabiliser”. Or ce n'est pas le cas ! Je pense cependant qu'il y a un argument légitime à faire valoir, qui dit que lorsqu’on réduit la mortalité infantile ou qu’on fait disparaître les maladies des jeunes adultes, on obtient une croissance plus rapide de l'espérance de vie. Mais maintenant, la plupart des gains d'espérance de vie vont provenir de personnes âgées de 70, 80 et 90 ans. Tout le monde pense que l’augmentation de l’espérance de vie va ralentir dans les plus riches, à moins d’assister à des progrès spectaculaires en matière de biologie du vieillissement. On pourrait avoir des gains, mais à un rythme plus modeste. Et cela semble une position éminemment sensée. Je pense que si on regarde les tendances dans le monde, Hong Kong nous donne la nouvelle frontière de l’espérance de vie. Là-bas, elle augmente en effet encore de presque deux ans tous les dix ans ! Et bien que les statistiques COVID de Hong Kong se détériorent ces derniers temps, cette région n’a pas été confrontée au même choc que le Royaume-Uni et les États-Unis en termes de mortalité. Je ne pense donc pas que leur espérance de vie soit aussi affectée que celle d'autres pays. Et je pense que cela revient à cette question clé, qui est que si l'âge est malléable, alors les choses peuvent s'améliorer ou s'aggraver. Et si vous regardez la détérioration aux États-Unis, qui provient d'un groupe démographique très spécifique, ou le ralentissement qui s'est produit au Royaume-Uni, qui est encore une fois fortement attribué à ce qui se passe aux niveaux des ménages à faibles revenus, cela suggère que, oui, ce processus n'est pas automatique. Et si l'âge est malléable, alors on peut faire des choses pour améliorer la situation ou au contraire l’aggraver. Pour moi, cela est évidemment lié à toute la question du COVID, car il a été démontré que le Royaume-Uni et les États-Unis ne sont pas très bons pour assurer la bonne santé des personnes âgées dans le contexte de la pandémie. Face à l'incertitude, notre meilleure option est donc de nous préparer à une plus grande longévité. Même si cela n'arrive pas pour d'autres raisons, c'est quand même la meilleure chose à faire, n'est-ce pas ? C'est la meilleure chose à faire, bien sûr ! Je ne veux pas suggérer la longévité pour la longévité, mais je veux dire que l'un des défis à relever est que la plupart des gens ne connaissent pas les statistiques sur l'espérance de vie. Les gens ont tendance à considérer leur longévité en se basant sur deux éléments d'information. L'une est celle de leurs grands-parents, les parents de leurs parents. Mais si l'espérance de vie s'améliore, il est évident que le fait de se baser sur les grands-parents est une sous-estimation. Autre chose : les statistiques gouvernementales. Mais les gouvernements ont tendance à se concentrer sur l'espérance de vie en période unique, ce qui revient à dire qu'un enfant né aujourd'hui vivra toute sa vie aujourd'hui. Leur espérance de vie est donc limitée par ce qui arrivera aux enfants de huit ans en 2020. Bien sûr, l'enfant né aujourd'hui aura 80 ans dans 80 ans. Il aura probablement un meilleur taux de survie. Ainsi, les statistiques les plus publiées sur l'espérance de vie, les mesures de la période que les gens regardent, sous-estiment l'espérance de vie à chaque instant. Ainsi, au Royaume-Uni, les statistiques gouvernementales qui extrapolent les tendances indiquent que la majorité des enfants nés aujourd'hui atteindra l’âge 90 ans et qu'environ un sur cinq sera centenaire. Et c'est une hypothèse assez conservatrice. Je pense donc que nous avons tendance à sous-estimer la longévité actuelle, sans parler de ce qui pourrait ou ne pourrait pas devenir. 🇩🇪 La CDU et la succession d’Angela Merkel Mardi 19 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 sur l’actualité politique allemande avec l’élection d’Armin Laschet à la tête de la CDU. Beaucoup de gens se posent des questions sur la succession d’Angela Merkel, qui laissera la main cette année après les prochaines élections législatives. Nicolas et moi revenons dans cet épisode sur l’histoire de la CDU et le paysage politique allemand actuel. 💸 Une autre approche du capital-risque Mercredi 20 janvier | Interview de Marie Ekeland 🎧, figure du capital-risque en France, ancienne présidente du Conseil national du numérique et fondatrice de la nouvelle société de capital-risque 2050. Nous parlons de son parcours, de sa vision de l’alignement entre les entreprises, les pouvoirs publics et la société et de comment le capital-risque peut être mis au service de la société et de la planète. 💡 Pour en finir avec l’opposition public/privé Jeudi 21 janvier | Podcast “À deux voix” 🎧 consacré à la manière dont la pensée économique hétérodoxe peut nous aider à affronter les grands défis du siècle (comme le réchauffement climatique). Nous parlons en particulier du travail de l’économiste Mariana Mazzucato, devenue l’une des personnes les plus influentes dans le monde de l’économie 🦠 Pandémie : nous sommes en 1945 ! Nous pensions tous que l’annonce de la mise sur le marché de différents vaccins contre le COVID-19 annonçait la fin imminente de la pandémie. Mais c’est le contraire qui se passe : le nombre de cas (et de décès) continue d’augmenter dans tous les pays occidentaux ! Comment expliquer cela ? Que faire ? 👉 Écoutez 🎧 Pandémie : nous sommes en 1945 (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. 🕰 En finir avec l’âgisme Voici la version intégrale de l’entretien que j’ai réalisé avec Andrew Scott, co-auteur avec Lynda Gratton de l’ouvrage The New Long Life, dans le cadre du podcast Building Bridges. Il y est question de l’allongement de notre durée de vie et de ses conséquences sur nos institutions ! 👉 Découvrez En finir avec l’âgisme (entretien avec Andrew Scott et Note de lecture)—réservé aux abonnés. 🇺🇸 L’état de la démocratie américaine La période entre l’élection présidentielle de novembre et la passation de pouvoir le 20 janvier a été riche en rebondissements multiples. Après la prise d’assaut du Congrès par une horde de Trumpistes en furie, les élections sénatoriales de Géorgie et l’impeachment de Trump, nous discutons l’état de la démocratie américaine. 👉 Écoutez 🎧 L’état de la démocratie américaine (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
20 Jan 2021 | Une autre approche du capital-risque | 00:47:50 | |
Bonjour à tous ! Cette édition vous donne accès en avant-première à la conversation que j’ai eue la semaine dernière avec Marie Ekeland, figure du capital-risque en France et fondatrice de la nouvelle société de capital-risque 2050. Nos échanges m’ont beaucoup fait pensé à l’ouvrage majeur de l’une de mes idoles, Carlota Perez, dont je vous propose une courte note de lecture en préambule. Carlota Perez est une économiste spécialiste de l’histoire économique et des questions d’innovation. Originaire du Venezuela, elle a commencé sa carrière dans le secteur de l’énergie et travaillé sur les sujets de développement de l’économie de son pays natal. Elle a ensuite opté pour une carrière à mi-chemin entre l’expertise et le monde académique, qui l’a emmenée aux quatre coins du monde et en particulier au Royaume-Uni, où elle vit encore aujourd’hui. Lorsque Laetitia et moi habitions Londres, je lui rendais parfois visite dans sa petite ville de Lewes, au bord de la Manche, à une heure de train de Londres, pour des échanges autour d’un dîner dans son restaurant thai favori. Carlota n’a publié qu’un seul ouvrage à ce jour, Technological Revolutions and Financial Capital, mais celui-ci est devenu, depuis sa parution en 2002, une référence incontournable dans le monde du capital-risque : alors même qu’elle n’a jamais travaillé dans cet univers, elle est citée comme la principale source d’inspiration par des investisseurs aussi renommés que Bill Janeway (Warburg Pincus), Marc Andreessen (a16z), Fred Wilson (USV), Chris Dixon (a16z), James Cham (Bloomberg Beta), Sean Park (Anthemis), Alex Danco (Shopify) et bien d’autres. Que contient ce livre ? Une thèse fascinante qui rapproche les révolutions technologiques successives (le textile, le chemin de fer, la sidérurgie, l’automobile et le numérique) et l’évolution des marchés financiers. En gros, pour Carlota, chaque révolution technologique se décompose en trois phases : * D’abord une phase de mise en place (installation phase), pendant laquelle les entrepreneurs et investisseurs cherchent à comprendre la nouvelle technologie du moment et en explorent les potentielles applications commerciales. Cette phase culmine en général dans une bulle spéculative, qui reflète le fait qu’on ne comprend pas encore bien tout et que beaucoup d’infrastructures et d’institutions font encore défaut pour pouvoir transformer la production, la consommation et le travail dans la plupart des secteurs de l’économie. * Vient ensuite un point d’inflexion (turning point) révélé par l’explosion de la bulle spéculative qui a marqué la phase précédente. C’est ce qui s’est passé, en particulier, en 2000, avec l’explosion de la bulle dite des “dotcoms”, qui avait emmené le Nasdaq vers les sommets. Faute de points de comparaison et d’une compréhension suffisante d’Internet et de son potentiel, les investisseurs se sont laissés emmener vers des valorisations trop élevées et ont fini par prendre peur, provoquant le dégonflement de la bulle et la destruction d’énormément de valeur. * Enfin vient une phase de déploiement (deployment phase), pendant laquelle une nouvelle génération d’entrepreneurs se lance, mais cette fois sur des bases beaucoup plus solides (ceux qui, il y a 10 à 15 ans, ont fondé les Facebook, Uber, Airbnb). Surtout, les pouvoirs publics reprennent l’initiative et commencent à mettre en place des institutions adaptées au nouveau paradigme – un nouveau contrat social, comme celui que je décris dans mon ouvrage Un contrat social pour l’âge entrepreneurial (Odile Jacob, février 2020), qui permet de rendre la nouvelle économie plus soutenable, plus inclusive et plus prospère. Nous sentons bien que nous commençons à rentrer dans cette phase de déploiement ces temps-ci : en témoignent les convulsions du monde et l’accélération de la transition provoquée par la pandémie de COVID-19. Je reconnais dans cette idée fondamentale, que nous devons à Carlota, l’intuition qui a conduit Marie à fonder 2050 autour de cette idée de l’alignement et de la transition vers une économie plus fertile. Il n’y a donc pas meilleure lecture pour mettre notre conversation en perspective que cet ouvrage de Carlota Perez, Technological Revolutions and Financial Capital – qui, malheureusement, n’est disponible qu’en anglais 🇬🇧 Marie, dis-nous en un peu plus sur 2050. 2050, c'est l'année que nous atteindrons tous dans 29 ans, mais c'est aussi le nom de la nouvelle société de capital-risque que tu a fondée l'année dernière. Pourquoi cette démarche ? Tu as commencé ta carrière dans le capital-risque chez Elaia auprès de Xavier Lazarus, puis tu as cofondé une autre société qui s'appelle Daphni et maintenant, c'est 2050 – et 2050 me semble, à moi, à bien des égards, très différente des sociétés de capital-risque traditionnelles ! Est ce que tu peux nous expliquer la thèse qu'il y a derrière? Et nous expliquer la façon de déployer du capital qui va être celle de 2050 ? Alors déjà, il y a une première chose qui est que cette notion d'alignement dont je viens de parler, qui est de se dire qu’il faut qu'on arrive à créer des entreprises qui alignent leurs intérêts économiques avec celui de la société, celui de la planète. Pour cela, nous avons innové s’agissant de la société de gestion. Dans le capital-risque, la société de gestion, c’est l’entité qui opère et va procéder à l’investissement des fonds. D'habitude, ces sociétés de gestion sont détenues par les gérants, ceux qui prennent les décisions d'investissement. Et là, ce qu'on a fait, c'est qu'on a décidé que la société de gestion serait détenue par un fonds de pérennité. Et cela, c’est tout nouveau ! Je pense en tout cas que c’est une première en France. C’a été rendu possible par la loi PACTE de 2019, qui a mis en place ces entités d’un type nouveau – des sortes de fondations sans but philanthropique. C’est un peu comme si on avait confié le capital de notre société de gestion à un organe de gouvernance dont le seul but est de vérifier que 2050 accomplit bien sa mission, se développe économiquement et continue à incarner cette idée d’alignement entre l’économie et la société. Pour cela, il faut des garants. Par exemple, nous avons un conseil d'administration dont la mission est de veiller à la pérennité de l'entreprise et à l'accomplissement de sa mission et à son développement économique et ses garants. Un autre collège est celui des investisseurs. Un troisième est celui des fondateurs des entreprises dans lesquelles on investit. Et puis il y a un quatrième collège composé de personnalités de notre premier cercle. L’idée, avec cette gouvernance multipartite, est d’avoir un modèle décentralisé, très écosystémique en réalité. La deuxième chose qu'on a mise en place pour garantir cet alignement, c’est de monter un fonds evergreen – un fonds qui n’a aucune obligation de renvoyer de l’argent à ses investisseurs avant 99 ans, ce qui nous ménage du temps pour déployer cet argent et le mettre au travail. L’idée, c’est que nos investisseurs gagnent de l’argent en revendant des parts du fonds. Du coup, ça nous évite de mettre la pression sur les entrepreneurs : nous n’avons pas nécessairement à vendre nos participations dans leurs entreprises pour que nos propres investisseurs gagnent de l’argent ! On ne va pas faire peser nos contraintes sur les décisions stratégiques des entreprises dans lesquels nous investissons. La différence avec un fonds de capital-risque traditionnel, c'est qu’il a une durée de vie qui est par exemple de 9 ans – ce qui veut dire qu’à cette échéance, la société de gestion s'engage à rendre les fonds aux investisseurs et donc à liquider ou à céder le fonds. Tout cela oblige les entreprises sous jacentes à trouver des solutions de refinancement, soit en s'introduisant en Bourse, en trouvant un acquéreur. Ça crée une énorme contrainte sur les créateurs d'entreprise. C'est exactement ça. C’est pour cela que j’insiste sur cette notion d’alignement – sur cette idée, quelque part, que les contraintes auxquelles sont soumis les investisseurs ne doivent pas influer sur la stratégie des entreprises elles-mêmes. D'où l'idée du fonds evergreen. L’idée, c’est que les investisseurs se débrouillent entre eux pour générer de la liquidité. C’est un choix qu’on a fait pour deux raisons. La première, c'est que le marché du secondaire dans le private equity en général et le capital-risque en particulier est en croissance très forte. Donc on pense qu'on n'aura pas de problème pour trouver de la liquidité au niveau des parts du gonds parce qu'il y a vraiment cette classe d'actifs qui est en train de se développer très fort. En pratique, l’enjeu c’est de faire entrer un nouvel investisseur dans le fonds pour en faire sortir un autre qui a besoin de liquidités. C'est exactement ça. C'était une pratique compliquée dans le passé. Mais, comme tu le dis, ça devient beaucoup plus facile. Il y a beaucoup plus d'appétence pour ce type d’opération et, du coup, nous avons pensé à simplifier ces transactions en cotant le fonds sur des plateformes qui permettent de faire des échanges de gré à gré très facilement. C’est une avancée majeure : des outils technologiques qui permettent d’acheter et de vendre sur le marché secondaire de manière beaucoup plus simple, beaucoup plus fluide, beaucoup plus démocratisée. Donc ça, c'est à la fois les outils technologiques et la croissance du marché font qu'on est assez à l'aise avec l’idée de prendre ce pari-là – faire un fonds evergreen, focalisé sur le long terme. L'autre chose, c'est que pour garantir l’alignement entre toutes les parties prenantes dans notre écosystème, nous voulons que tous les investisseurs soient dans le même fonds. Ce n’est pas comme dans le capital-risque traditionnel, où les investisseurs ne sont pas les mêmes d’un fonds à l’autre. Avec 2050, tout le monde a intérêt à ce que l’ensemble des entreprises dans lesquelles on a investi se développent. L'idée, c'est vraiment de créer un sentiment d'appartenance complète. Est ce que l’option pour un fonds de pérennité ne va pas casser les mécanismes d’incitation qui s’appliquent en général à la gouvernance des sociétés de capital-risque ? Historiquement, dans les sociétés de gestion, les gérants investissent personnellement dans les fonds et, en contrepartie, ils touchent une quote-part de la plus-value. Mais dans notre approche à nous, on a encore plus intérêt à maximiser la performance du portefeuille, puisqu’on renonce à un levier essentiel de notre rémunération : les dividendes versés par la société de gestion. Dans ces conditions, nous gérants de 2050 n’avons plus que deux sources de revenus : notre salaire et le carried interest sur les retours sur investissement réalisés sur le long terme. Cela aussi, c’est pour affirmer cette valeur de l’alignement. Écoutez la suite de mon entretien avec Marie en utilisant le player ci-dessus ou en téléchargeant le podcast dans votre application préférée ! Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
19 Jan 2021 | 🇩🇪 La CDU et la succession d'Angela Merkel | 00:53:34 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à l’actualité politique allemande, avec l’élection d’Armin Laschet à la tête de la CDU samedi dernier. Nous nous interrogeons sur la succession d’Angela Merkel, qui laissera la main cette année après les prochaines élections législatives. C’est Armin Laschet, le ministre-président du Land de Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW, en allemand), le land le plus peuplé d’Allemagne (près d’un Allemand sur 4 en est issu) qui a remporté l’adhésion des 1001 délégués de la CDU qui désignaient samedi 16 janvier le successeur de Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK). Il sera donc probablement le prochain candidat de la CDU au poste de chancelier à l’issue des élections législatives prévues en septembre prochain. Des trois candidats qui étaient dans la course, Laschet était le préféré d’Angela Merkel. C’est le plus modéré (et jovial), qui devrait ainsi poursuivre la tradition rassembleuse de la CDU habituée avec Angela Merkel à exercer le pouvoir au sein d’une grande coalition avec le SPD et les Verts. Face à lui, Friedrich Merz, ancien député reconverti dans les affaires, beaucoup plus à droite que Laschet, a tenté une énième fois (en vain) de gagner la présidence de la CDU. Le troisième (Norbert Röttgen) n’a pas été qualifié pour le second tour. Dans son discours, Laschet a insisté sur la stabilité et la « confiance » : ce qui est arrivé au Capitole américain, a-t-il dit, n’est pas quelque chose de lointain et impossible en Allemagne où la défiance et les extrêmes gagnent du terrain. Faut-il forcément jouer sur la « polarisation » pour gagner une élection ? Il pense que non. On lui reproche d’ailleurs souvent de n’avoir pas de convictions politiques ni d’idées fortes. Mais après tout, Merkel aura été chancelière pendant 16 ans avec presque le même profil. Dans ce pays où les institutions et les partis privilégient la stabilité et la sécurité, l’année 2021 est marquée par l’incertitude. La crise sanitaire frappe durement l’Allemagne actuellement, ce qui risque d’avoir un coût politique pour certains ministres-présidents (dont Laschet). Le calendrier électoral, qui donne une importance considérable aux élections dans certains Länder avant les élections au Bundestag, promet d’être chamboulé par la pandémie. Laetitia et moi revenons sur le paysage politique actuel et l’histoire de la CDU. L’immigration, l’écologie, les inégalités femmes-hommes, la transition énergétique et la place de l’Allemagne en Europe définissent de nouvelles lignes de faille politiques éloignées de celles qui caractérisaient la période de l’après-guerre. À l’image de tous les grands partis centristes européens, la CDU vit une période de questionnements et de crise d’identité qui donne du grain à moudre à “l’alternative” que représente l’AfD. A propos, parcourez ce thread sur Twitter : il existe forcément un GIF Angela Merkel pour exprimer tout ce que vous souhaitez exprimer ! 🤷♂️ La gauche et la droite : que signifient-elles aujourd'hui ? (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. 🇩🇪 30 ans d'unité allemande (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. 🇩🇪 Les forces et faiblesses de l’Allemagne (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co | |||
26 Jan 2021 | Pandémie et démographie | 00:42:48 | |
Notre premier podcast “À deux voix” 🎧 de la semaine est consacré à l’impact de la pandémie sur la démographie. N’y a-t-il que ruptures et anomalies ou bien la pandémie accélère-t-elle des phénomènes démographiques existants ? Les sujets liés à la démographie occupent une place centrale dans la ligne éditoriale de Nouveau Départ. Non seulement, les démographes (tout comme nous) sont obsédés par la “transition”, mais en plus cette dernière provoque des bouleversements aux conséquences culturelles, économiques, et sociales considérables. C’est parce que la transition économique que nous vivons (d’un paradigme économique et technologique à un autre) s’ajoute à une transition démographique (et inversement), que nous vivons des transformations si profondes et que rien de ce qui nous est familier ne semble à l’abri de bouleversements à venir. Nous avons déjà posé plusieurs fois cette question de l’impact de la pandémie sur la démographie. Provoque-t-elle une accélération de tendances en cours ? Qu’en est-il dans les différents pays ? Un an après le début de cette pandémie, on a déjà quelques chiffres et études pour y voir plus clair. On pourra bientôt commencer à exploiter la mine infinie que recèle le recensement américain (qui a lieu tous les dix ans et dont le dernier a été mené pendant la pandémie). En France, l’INSEE publie régulièrement un bilan de l’évolution de la population française. Le dernier bilan est paru il y a quelques jours et comporte plusieurs éléments remarquables que Laetitia et moi commentons dans le détail. Ces éléments nous inspirent d’autres réflexions sur l’évolution de la population et les sous-jacents culturels qui nous font avoir moins d’enfants, par exemple. Par ailleurs, le nombre de décès a été bien plus important en 2020 qu’en 2019, si bien que notre espérance de vie connaît la baisse la plus forte depuis qu’on la mesure. Depuis deux siècles, nous gagnons 2 à 3 ans d’espérance de vie tous les 10 ans. En 2020, nous avons perdu 6 mois d’espérance de vie en un an ! Est-ce là une anomalie temporaire ? Après tout, rien ne dit qu’on connaîtra une pandémie comme celle-là de manière régulière. Ou bien cette baisse remet-elle en question la hausse constante de l’espérance que nous avons connue jusqu’ici ? Aux États-Unis, cela fait déjà plusieurs années que l’espérance de vie a cessé d’augmenter et devient de plus en plus inégalitaire. Partout en Europe, le taux de fécondité est plus faible que jamais. La pandémie semble lui avoir donné le coup de grâce. En Italie, par exemple, où ce taux est de 1,3 enfant par femme en âge de procréer, la population baisse de 150 000 personnes par an depuis 2015. Cette baisse est accélérée par la pandémie mais pas restreinte à celle-ci. En France aussi, la fécondité recule d’année en année. En 2020, il y a eu nettement moins de naissances qu’en 2019 (et toutes les années qui précèdent). Le taux de fécondité français est loin des niveaux des années 2000. Est-ce la fin de “l’exception française” ? Probablement. Laetitia et moi apportons quelques éléments d’explication sur ce que nous pensons être les causes de cette tendance. Voici ce que l’on peut lire à propos des naissances dans le bilan de l’INSEE : Six années de baisse des naissances En 2020, 740 000 bébés sont nés en France, soit 13 000 naissances de moins qu’en 2019 (– 1,8 %). Le nombre de naissances diminue chaque année depuis six ans. Si la baisse semblait marquer le pas en 2019 (– 0,7 %), elle repart de nouveau en 2020. En 2020, il y a eu 79 000 naissances de moins qu’en 2014. Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité. La population féminine de 20 à 40 ans, âges où les femmes sont les plus fécondes, a globalement diminué depuis le milieu des années 1990, bien qu’elle semble marquer un palier depuis 2016. Les évolutions récentes s’expliquent donc davantage par la baisse de la fécondité. L’âge moyen à la maternité continue de croître régulièrement : il atteint 30,8 ans en 2020, contre 29,3 ans vingt ans plus tôt. Les femmes les plus fécondes sont celles ayant entre 25 et 34 ans. Toutefois, le taux de fécondité des femmes de moins de 30 ans baisse depuis les années 2000 et cette diminution s’accentue depuis 2015. En 2020, 100 femmes âgées de 25 à 29 ans donnent naissance à 10,6 enfants, contre 12,9 en 2010 et 13,4 en 2000. La baisse du taux de fécondité des femmes de 30 à 34 ans est plus récente : 12,5 enfants pour 100 femmes en 2020 contre 13,3 en 2010. En finir avec l’âgisme (note de lecture + la transcription intégrale en français de l’interview d’Andrew Scott)—réservé aux abonnés. Apprendre toute sa vie : la nouvelle norme (conversation avec Agnès Alazard)—accessible à tous. Age isn’t Destiny (le podcast d’origine sur Building Bridges pour ceux qui souhaitent l’écouter en anglais)—accessible à tous. Femmes de 50 ans : invisibles dans les médias ? (conversation avec Sophie Dancourt)—accessible à tous. Démographie et croissance économique : c'est compliqué ! (conversation “À deux voix”)—réservé aux abonnés. Nos podcasts gratuits sont également accessibles sur Apple Podcasts et Spotify. Nouveau Départ a sa page LinkedIn et son compte Twitter : @_NouveauDepart_. Suivez-nous aussi individuellement sur LinkedIn (Laetitia & Nicolas) et sur Twitter (Nicolas & Laetitia). (Générique : Franz Liszt, Angelus ! Prière Aux Anges Gardiens—extrait du disque Miroirs de Jonas Vitaud, NoMadMusic.) This is a public episode. If you would like to discuss this with other subscribers or get access to bonus episodes, visit www.nouveaudepart.co |